Mirror Lake
191 pages
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Description

Robert Moreau ne pouvait se douter, le jour où il a débarqué à Mirror Lake, que les forces du destin s'étaient mises en branle pour transformer son rêve en cauchemar et lui faire perdre ses dernières illusions quant à la possibilité de trouver un havre de paix sur cette planète surpeuplée. N'aspirant qu'à reprendre contact avec la virginité de la nature, Moreau apprendra rapidement, avec l'aide de Bob Winslow, son voisin d'en face, que la virginité est une notion d'un autre siècle.
Traversé par le thème du double, ce roman ne pouvait se passer ailleurs que sur les rives de Mirror Lake, lieu enchanteur où Robert Moreau, le narrateur de cette fable tragi-comique, n'a d'autre choix que de regarder droit dans les yeux celui qu'il est devenu, puis de voir, à travers les miroitements de l'eau claire, celui qu'il aurait pu être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 août 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764426425
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure

La Femme de Sath , QA compact, Québec Amérique, Montréal, 2012.
Rivière Tremblante , Québec Amérique, Montréal, 2011.
Lazy Bird , Québec Amérique, Montréal, 2009.
Le Pendu de Trempes , Québec Amérique, Montréal, 2004.
Projections (en collaboration avec la photographe Angela Grauerholz), J’ai vu, coll. L’image amie, Québec, 2003, photos.
Le Ravissement , L’instant même, Québec, 2001. Prix littéraire du Gouverneur général 2001, catégorie « romans et nouvelles ». Prix littéraire des collégiennes et des collégiens 2002 (Collège de Sherbrooke).
Les derniers jours de Noah Eisenbaum , L’instant même, Québec, 1998.
Alias Charlie , Leméac, Montréal, 1994.
Portrait d’après modèles , Leméac, Montréal, 1991.
La Femme de Sath , Québec Amérique, Montréal, 1987.

Nouvelle édition dirigée par Raphaelle D'Amours, adjointe à l’édition en collaboration avec Isabelle Longpré, éditrice
Mise en pages : André allée — Atelier typo Jane
Révision linguistique : Diane Martin et Sabine Cerboni
Conception de la grille graphique : Isabelle Lépine
Image en couverture : © Les Films Christal, Les Films Séville, Novem Communications. Avec Maxim Gaudette, Laurent Lucas, Laurence Lebœuf et Benoît Gouin.
Conversion au format ePub : StudioC1C4
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
L’auteure remercie le Conseil des Arts et des lettres du Québec pour son soutien dans la réalisation de ce projet.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada
Michaud, Andrée A.
Mirror Lake
(QA Compact)
Édition originale : c2006.
Publié à l'origine dans la collection : Collection Littéraire d'Amérique.
Texte en français seulement.
ISBN 978-2-7644-2549-7 (version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2641-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2642-5 (ePub)
I. Titre.
PS8576.I217M57 2013 C843'.54 C2013-941083-X
PS9576.I217M57 2013

Dépôt légal : 3 e trimestre 2013
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc. et Andrée A. Michaud, 2013.
quebec-amerique.com
ANDRÉE A. MICHAUD

Le roman qui a inspiré le film Lac Mystère , d’Érik Canuel
À Pierre, qui m’a confié son lac
Aussi longtemps que les hommes croiront à l’infini, on croira que quelques étangs sont sans fond.
Henry David Thoreau, Walden ou La vie dans les bois
M irror Lake est un lac dont l’opacité masque des fosses que certains disent insondables, mais dont je crois avoir, pour ma part, mesuré la profondeur. Son nom lui vient de sa brillance et de son calme, mais aussi des reflets des montagnes l’enserrant, dont les masses immobiles, à certaines heures silencieuses, rendent presque affolante la noirceur des eaux qui se fendent sous la barque, parcourues d’irisations ne venant pas de la couleur des cieux, mais du plus creux des gouffres, dirait-on, où ont chuté les victimes de Mirror Lake, innocents promeneurs dont l’embarcation s’est un jour renversée sans que l’on sache pourquoi ils n’avaient jamais reparu, ni dans quels fascinants paysages leur corps s’était abîmé. Ce ne sont cependant pas là les véritables motifs ayant poussé des hommes, il y a de cela si longtemps que leur témoignage se perd dans la rumeur de l’histoire non écrite, à baptiser ce lac du seul nom qui pouvait lui convenir. Pour avoir des milliers de fois arpenté ses rives, j’ai appris que Mirror Lake tenait son nom de ce que le miroitement de ses eaux trompeuses vous pousse à vous regarder droit dans les yeux et à vous demander qui vous êtes, qui vous auriez pu être, pendant que le miroitement s’estompe et que vous constatez qu’il n’est pas de réponse à cette question.
Après quelques années passées à l’ombre des montagnes, j’ai donc cessé de me demander qui était cet homme las dont l’image inversée me suivait pas à pas sur la grève. J’aurais pourtant aimé, quand les voix du passé se taisaient en moi, connaître ce reflet qui avait mon visage, découvrir quel destin m’avait conduit à Mirror Lake, en ce lieu même où, à la suite des innocents promeneurs, je m’effondrerais dans l’obscurité du lac. J’aurais assurément tenté d’ouvrir dans le sable chaud quelque chemin menant à la lumière si Mirror Lake ne m’avait fait comprendre que les efforts que nous déployons pour contrecarrer le destin ou incurver le cours d’événements ne pouvant plus être infléchis sont aussi vains que les bourdonnements affolés de la mouche tombée dans un pot de miel, si l’expérience ne m’avait montré que la résolution de la fatalité n’a d’égale que la rapidité de la mort.
Avant de m’établir à Mirror Lake, je croyais naïvement que la fatalité pouvait se résumer à un grincement de pneus sur la chaussée mouillée, aux giclées de sang qu’un dérèglement de la mécanique projetait sur les murs sales à travers le boucan des machines. Je l’avais donc rangée dans la catégorie des mouvements aveugles du temps, de cette forme de calamité qui pousse les hommes à se taire, au bar du village, quand la nouvelle d’un drame inexpliqué commence à courir de table en table, et ne pensais pas qu’elle puisse être ordonnée ni avoir de plan précis. En fait, je ne m’étais jamais rendu compte, pas même quand l’accumulation des hasards est devenue telle qu’il m’aurait fallu donner un autre nom à cet engrenage organisant le chaos, que la fatalité pouvait s’installer dans le déroulement d’une vie et en déterminer le cours. Aussi ne me suis-je pas douté, le jour où j’ai mis les pieds à Mirror Lake, que les forces du destin s’étaient mises en branle.
Quelque part, de l’autre côté du lac, un carillon teintait doucement une mélodie douce-amère, un huard lançait sa complainte, une rame incisait la surface claire de l’eau dans un chuintement évoquant l’indifférence de la lenteur, et voilà, le sort en était jeté, le premier de la série de dominos qu’un faux geste allait balayer venait d’être posé. Mais je n’en savais rien, je me croyais libre, alors que la musique hallucinée du carillon m’avait déjà ensorcelé, comme le font toujours ces musiques que je dis folles, ces airs mélancoliques répétant à l’infini des motifs plats, monotones, qui vrillent en vous les blessures d’un incurable et lointain ennui : l’ Adagio pour cordes de Samuel Barber, le Paris, Texas de Ry Cooder, les Gymnopédies d’Érik Satie, la plupart des compositions moins immortelles de Thomas Newman, puis cette pièce d’Arvo Pärt, Für Alina , qui s’était glissée ce matin-là dans le mol entrechoquement des chimes, mot que je préfère à carillon, pour sa sonorité, d’abord, puis pour le mystère qu’il recèle à mes yeux, issu de sa quasi-homonymie avec cet autre mot, charms , dans lequel se camouflent les pouvoirs maléfiques de la séduction.
J’avais découvert cette pièce, Für Alina , peu de temps avant de m’installer à Mirror Lake, dans un film de Gus Van Sant tout aussi halluciné que la musique, où deux hommes marchent dans un désert et ne font que cela, marcher, dans la tristesse exténuée d’Alina. Pendant des jours, je m’étais aussi avancé dans un désert, poursuivi par Alina, quelques notes de piano, et le sentiment que je ne retrouverais jamais l’issue de ce chemin de sable réchauffant mes pieds nus. Puis une autre musique, venue d’un autre film, avait rompu l’enchantement, me permettant de me reposer un peu de la douleur d’Alina.
C’est toujours ainsi que ma vie s’est déroulée, d’images en mélodies, la musique ne pouvant aller chez moi sans les scènes desquelles je finis par la croire issue. Je ne connais donc de la musique que ce que m’en ont appris le rêve et le cinéma, à travers ces histoires où je tentais d’oublier la mienne avant d’aller dormir quand les écrans cathodiques faisaient partie de mon quotidien. Je me déshabillais, je m’installais dans le salon à la lueur de la télé, avec Jeff, une bière ou un bourbon, et je me laissais raconter n’importe quoi, la guerre des étoiles ou du Viêt Nam, l’assassinat de Bob Kennedy, les aventures érotiques ou pornographiques d’une fille dont la vie tenait dans l’ampleur de son soutien-gorge, n’importe quoi, pour oublier que ce qui se passait derrière ma fenêtre ne reflétait que la platitude de mon existence.
Le jour où j’ai entendu les chimes m’interpréter du Arvo Pärt dans la déroutante tranquillité de Mirror Lake, j’ai cru que la réalité prenait enfin les couleurs rassurantes de la fiction, et j’ai acquiescé à la folie de la musique. Cela n’aurait toutefois pu se produire ailleurs, il fallait que l’envoûtement ait lieu dans ce coin perdu du Maine que j’avais choisi pour son total isolement. Mais quand je dis perdu, je ne veux pas seulement dire loin de tout, car ce mot pourrait alors s’appliquer à l’ensemble des régions de cet État, dont il suffit d’emprunter l’un des chemins de bois pour tomber sur le petit frère de Daniel Boone, qui ne sait pas que le monde a prétendument évolué depuis l’invention de la poudre à canon et qui s’en fout, qui continue à chasser le pécan et le castor en pestant contre ces bêtes sans se demander qui empiète sur le territoire de l’autre ni qui est le plus bête. Quand je dis perdu, je pense aux liens qu’entretient ce mot avec l’idée de la perte, de la perdition, et je vois un navire s’échouer sur un cap orageux.
Je me suis installé sur la rive nord, en face de la musique des chimes et de la lumière des crépuscules, qui colore l’autre côté du lac de roses à vous fendre le cœur, si vous en avez un, si la vie ne vous a pas enlevé cette

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