Paires et Impairs
184 pages
Français

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Description

Si tu veux tout savoir, ça a commencé à cause d’un gus bizarroïde qu’on a retrouvé transformé en méchoui dans un terrain vague. Je te raconte pas de charres, banane, c’est la vérité vraie : même qu’y fumait encore, le keum, plus cramé qu’une entrecôte sur ton barbecue du dimanche. Moi, tu me connais : j’ai scotché au passage un super beau mec qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Solo dans Starwars ; ça m’a menée à la fois droit dans son pieu et dans une de ces embrouilles que tu m’en diras des nouvelles. Mais pourquoi je te raconte tout ça, moi ? Après tout, t’as qu’à ligoter le bouquin !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2013
Nombre de lectures 21
EAN13 9782312010885
Langue Français

Extrait

Paires et Impairs

Vic Duvall
Paires et Impairs















LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur :
L’œil au Beur Noir.
La Recette de l’Abbé Harnez.
Gauloise Blonde contre Gitane Mahousse.
La Poule aux yeux d’or.
Messes Noires.
Stock en Coke.
May Queen.























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01088-5
La connerie, c’est le repos de l’intelligence.
Serge Gainsbourg

Repose donc la tienne en lisant ce book, et te scandalise surtout pas, bonhomme : je l’ai écrit juste pour te faire marrer.
Quant à mon style, il est grand temps que tu t’y mettes, ça me boufferait l’intestin grêle que tu clabotes en n’ayant ligoté que Malherbe ou La Boétie.

(Ceci dit, y a un petit dico à la fin de ce magnifique ouvrage, pour les ceusses qu’entraveraient pas l’argomuche ou le Petit Momo des banlieues).
En hommage aux kilomètres de lecture désopilante et aux jéroboams d’humour que m’a apportés mon maître Frédéric. C’est souvent qu’il me manque.
1
L E FEU DE L ’E NFER EST UN FEU FROID (O CTAVIO P AZ )
Enfin, froid… pas pour tout le monde.

J’ai à peine posé le cul dans ma chignole que mon bigophone se met à couiner « y a dl’a joie, bonjour, bonjour les hirondelles »…
Sonnerie on ne peut plus ringarde, je te l’accorde. Mais si Trenet n’est pas ma tasse de thé, ben cet air-là, tu vois, moi je l’aime bien. Il est gai. Il sautille. Chaque fois que mon portable sonne, ça me chatouille agréablement les étagères à mégots. Ça me met de bon poil, quels que soient le temps, la température, le découvert de mon compte en banque, brèfle, quelles que soient toutes les merdouilleries qu’on peut subir dans notre vie de tous les jours.
Le temps d’extirper l’engin, paumé dans le bordel infâme qui encombre mon sac, paf ! La messagerie vocale a pris le relais.
Ce coup-ci, ma bonne humeur est de courte durée : j’ai eu juste le temps de voir s’afficher le numéro de mon boss. Pour qu’il m’appelle de si bonne heure, ce naze, c’est qu’il y a urgence, faut croire.
En soupirant, j’enclenche la clé de contact, le bigo scotché à l’esgourde, en écoutant sur mon répondeur la voix grasse du Commissaire Boulat. Ton sec et désagréable comme d’habitude :
– Duvall, rappliquez illico au n° 53 de la rue Béolle, à Montrouge. Je vous y attends. Et tâchez de vous magner le train !
Voilà. C’est clair et net, hein ?
Mais pourquoi tant de précipitation ?
Quelle est l’affaire tellement pressante qui nécessite aussi urgemment ma présence ?
Mystère et boule de gomme.
Boulat a raccroché sans me filer la moindre explication. Il adore jouer dans le flou, le Commissaire. Ça l’amuse. Son plaisir, quand il balance un ordre, c’est de laisser ses subalternes ramer face à un immense point d’interrogation, avec une seule alternative possible : lui obéir aveuglément, séance tenante. En évitant de poser des questions, c’est encore mieux.
Moi, tu me connais, mec : en règle générale, je suis une petite nana très disciplinée, qui respecte les ordres de sa hiérarchie (aussi conne soit cette dernière). Alors, en bonne fliquette bien obéissante, je démarre et j’y go.
Et puisque ça urge, je colle le gyrophare sur le toit de ma Rino Clito, en appuyant sur le champignon.
La circulation est dense, comme toujours dans Paname et ses environs, surtout à cette heure matinale où tout le monde se précipite au taf.
Tout en zigzaguant entre les bagnoles et les motos, évitant un piéton par ci, une bécane par là, en empruntant quelques couloirs de bus, je cogite ferme. Qu’est-ce qu’il me veut, le Commissaire Boulat ? Qu’est-ce qu’il a encore inventé pour m’emmerder ? Et qu’est-ce que je vais trouver rue Béolle ?
En arrivant sur place, ce que je constate tout d’abord, c’est que le n° 53 ne correspond à rien du tout.
Pas d’immeuble, pas de bicoque. Le n° 53 donne sur un vaste terrain vague en friche, vaguement planqué derrière une vague palissade dont les planches vermoulues ont été arrachées par endroits. Je n’ai aucun mal à repérer le lieu, puissamment balisé par la Maison Pouleman. Laquelle a déployé le grand jeu : ça fourmille de superbes uniformes au dos desquels faudrait être miro pour pas voir marqué « POLICE », comme si on pouvait décemment confondre la tenue sublime de nos forces de l’ordre avec celle des membres de l’Armée du Salut.
Je note également la présence du complément habituel de la cavalerie : un véhicule du SAMU, une bagnole des Sapeurs-Pompiers, et quatre guindes barrées tricolore, gyrophares en action. Deux d’entre elles bloquent carrément les extrémités de la rue : interdit d’emprunter la schtrasse.
Je stoppe à quelques mètres d’un bouquet de keufs complètement inoccupés et j’actionne le lève-vitre (eh oui ! c’est comme ça que ça s’appelle) pour baisser ma vitre.
Un poulet s’approche, démarche nonchalante, pouces glissés dans la ceinture, roulant les mécaniques comme s’il était Johnny Depp dans Donnie Brasco. Il se penche :
– La rue est barrée, ma p’tite dame, vous voyez pas ? aboie-t-il, l’air aussi aimable qu’un Mâtin de Naples auquel on essaie de faucher son os.
Sourire n° 68 bis figé sur mes lèvres pulpeuses, qu’une couche de Dior Addict a rendues toutes roses et brillantes, je lui carre ma brême sous le pif et j’annonce la couleur :
– Capitaine Duvall. Le Commissaire Boulat m’attend.
Il se redresse, deux doigts à hauteur de la casquette et deux autres sur la couture du pantalon :
– Je fais immédiatement dégager la voie, Capitaine ! Vous pourrez stationner un peu plus loin, voyez : il y a de la place derrière le bahut du SAMU.
– Merci.
Des banderoles striées ont été tendues tout autour du terrain vague. « Police Technique et Scientifique », c’est pas marqué dessus comme sur le Port-Salut, mais je devine que la P. T. S. est sur place. Et si elle est là, c’est que ça doit être grave. Neuf chances sur dix pour qu’il s’agisse d’un cadavre.
Deux matuches aux allures de Rottweilers {1} , plantés devant ce qui semble être un antique portail de bois aux trois-quarts déglingué, interdisent l’accès au terrain vague.
Chance : je connais l’un d’eux, un petit brun moustachu taillé comme une ablette. Il bosse au Commissariat de Montrouge, dont je dépends, et se farcit souvent la permanence à l’accueil, ce qui fait qu’on se croise presque quotidiennement. Lui aussi me reconnaît, sa face de rat se fend d’un large sourire.
– Tiens, bonjour, Capitaine Duvall, quel bon vent vous amène ?
Je me creuse le cigare à la vitesse grand V pour me rappeler son blaze, ouf, heureusement ça me revient :
– Salut, euh… Brigadier Hochon, c’est ça ?
– C’est ça. Hochon, Paul Hochon.
– Dites-moi, Brigadier, qu’est-ce qui s’est passé ici ? On a scrafé un mec ?
– Ouais. Cette nuit. Et par-dessus le marché, on a fait cramer le corps. Voyez, y a déjà des types de la PTS, là-bas. Interdit d’entrer, ordre du Commissaire Boulat. Désolé.
– C’est lui qui m’a demandé de venir, Hochon. Alors, bougez-vous de là, que je puisse passer, voulez-vous ?
Maté, il s’empresse d’obtempérer, et prend un air important pour me souffler discrètement, sur le ton de la confidence :
– Faites gaffe où vous posez les pieds, Capitaine, paraît qu’y faut pas écrabouiller les indices.
– Merci du conseil, Hochon, je n’y aurais sûrement pas pensé toute seule !
Je fais prudemment quelques pas.
Au beau milieu du terrain, six mecs sont agglutinés autour d’une masse noirâtre, allongée, aux formes rebondies.
Boulat se trouve parmi eux, reconnaissable entre mille grâce à son bide volumineux et aux quelques crins rouquinos qui se battent en duel au sommet de son crâne en pain de sucre. Il me tourne le dos, occupé à jacter au téléphone, et ne m’a donc pas vue rappliquer.
L’un des types m’aperçoit, me fait de grands signes en moulinant l’air avec ses bras. L’air furieux, il gueule :
– Hé, vous, là

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