Sortilèges de l oeil
44 pages
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Sortilèges de l'oeil , livre ebook

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Description

L'oeil de l'auteur se pose, scrute, dévisage des personnages qui n'attendaient que ses mots pour exister. Le lecteur devient témoin de ces sortilèges dont le mot-piège par excellence est «?rouge?», qu'il s'agisse de la tuque du père Noël, des premières menstruations ou de la froidure sur la peau nue d'un enfant ayant besogné toute la nuit.

José Claer laisse des empreintes dans la neige qui se remplissent rapidement de sang, dénonçant un imaginaire de conteur à l'écriture dense, foisonnante de moments magiques. Toujours, il nous surprend et nous déstabilise par ses pirouettes lexicales parfois très amusantes. Et la subtilité y abonde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896993642
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières




Du même auteur
Catalogage
Pensée

Le jour où le soleil vint au monde
Témoignage de l’œil
Hommage aux cent statues du jardin
Entre somnambule et insomniaque
Ils arriveront sous peu au bout du temps
Le maître de énigmes
Partir seul dans un miroir
Rue des Grands Écornifleurs de Vérités
Treizième lune
Une infraction dans le merveilleux
Le guéridon
Sorcière de neige
Portrait d’une Américaine par Degas
Ce matin, j’ai enterré mon père
Rouen cent ans après Monet
Perdu dans les bois dormants
Première et dernière aube
La chapelle du lac des fées


Sortilèges de l’œil


Du même auteur




Chez le même éditeur
À l’abattoir des anges. Mémoire des Enfants-Taupes , poésie, 2012.
Squatteur d’imaginaire ou la désobéissance considérée comme un des beaux-arts, poésie, 2010.

Chez d’autres éditeurs
Le cercle des totems , nouvelle du recueil collectif Des nouvelles de Gatineau ! , Gatineau, Vents d’Ouest, 2012.
30 – Trente – XXX, collectif d’auteurs, sous la direction de Vincent Théberge et de Michèle Bourgon, nouvelles, Gatineau, Vents d’Ouest, 2009.
La nuit des gueux, collectif d’auteurs, textes en prose rassemblés par Yanni Kin, Trois-Rivières, Les Éditions La Plume Libre, 2006.
Les Nymphéas s’endorment à cinq heures, roman, Gatineau, Vents d’Ouest (coll. « Azimuts »), 2004.
Nue, un dimanche de pluie, roman, Hull, Vents d’Ouest, 2001.
Son premier texte publié sous le nom de Josué Jude C : Chambre d’hôtel, collectif sous la direction de Minou Petrowski, Paris et Montréal, Robert Laffont en collaboration avec la Société Radio-Canada, 1998.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Claer, José, 1963-
Sortilèges de l’oeil [ressource électronique] / José Claer.

(Vertiges)
Nouvelles.
Monographie électronique.
Publ. aussi en format imprimé.
ISBN 978-2-89699-363-5 (PDF).--ISBN 978-2-89699-364-2 (EPUB)

I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges (En ligne)

PS8555.L195S67 2013 C843’.6 C2012-907573-6




Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613 748-0850 / Téléc. : 613 748-0852
Adresse courriel : commercialisation@interligne.ca
www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

ISBN : 978-2-89699-364-2
© José Claer et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : premier trimestre 2013
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays










Les vérités font bien pâle figure
Devant les mensonges qui nous font rougir.
Maintenant, trouvez le personnage de nouvelle
à qui cette phrase irait comme un gant… chirurgical.


Le jour où le soleil vint au monde




À main levée, Galilée pouvait tracer un cercle des secrets presque parfait. Être rond ? N’en est-il pas ainsi des planètes, de la tonsure d’un moine, de la cour intérieure d’une prison et du tour de taille d’une femme enceinte ? Voilà à quoi songe Lucie-Louise dans son monde de porcs-épics, de pentacles, de pyramides où les anges pendent leurs ailes aux étoiles pour les faire sécher. D’habitude, elle rechigne devant les questions et se résigne à habiter un phylactère de bande dessinée lorsqu’elle est optimiste, un trou de la mémoire collective lorsqu’elle est réaliste.
Cette nuit originelle qui est son lot est pourtant réconfortante avec ses vampires qui prennent le mors aux dents, ses voyageurs sans passeport, la tête encagée dans une volière, qui tournent en rond, dansent des pas perdus de minuit à quatre heures du matin. Jamais plus loin, et cela dans le temps comme dans l’espace. Vrai ! nul avant Lucie-Louise n’avait souhaité s’aventurer au-delà de la ligne de démarcation entre le conscient et l’inconscient, personne n’osait penser à autre chose qu’à des idées noires. Or au-delà de cette zone hirsute, tout n’est que points d’interrogation.
Mise debout par les éléments, Lucie-Louise avance, sans vraiment s’avouer son but ; elle doit faire fi des miroirs qui flottent sur les sables mouvants et dans lesquels, avant elle, ont disparu les enfants siamois qui marchaient sur trois jambes. La légende qui, ici, est une tradition de l’œil plus que de l’oreille, raconte qu’ils souhaitaient récupérer, grâce à un entonnoir, la matière première pour les sabliers, avant la fin du décompte des heures nocturnes ; oui, avant que le jour éclose avec son soleil que l’on n’a jamais vu sous ces latitudes et que l’on compare à une crête de coq. Le soleil ? Une autre rondeur. Quel fantasme pour ceux qui comme Lucie-Louise se piquent la curiosité aux aspérités des choses triangulaires et vivent dans les ténèbres millénaires !
Nyctalope, elle s’est habituée à son territoire fait d’ombres, de matières grises, à toute cette déclinaison de choses sans couleur. Maintenant, poussée par je ne sais quelle urgence du ventre, l’imagination épuisée, elle cherche d’autres pâtures. Déjà ses extrémités s’engourdissent, s’effacent jusqu’à l’inexorable. Alors, il n’y a qu’une solution : répondre « présente » à cette démangeaison de l’inconnu, de l’ailleurs. Oser. Même si elle sait pertinemment qu’elle ne pourra revenir en arrière, remonter le fil d’Ariane de l’histoire. Marcher jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni balise ni réconfort.
Sous ses pieds nus, la terre est froide. Lucie-Louise avance sans peur, écarte les branches auxquelles les épouvantails pendent comme des sémaphores ; ils sont les derniers à monter la garde sur la frontière entre l’invisible et le visible. Le compte à rebours des sens est commencé. Presque imperceptiblement, l’air qu’elle respire passe du poivre au sel, les araignées du soir-espoir laissent la place aux araignées du matin-chagrin, le sol qu’elle foule passe de l’encre à la craie.
Il y a sûrement plus de quatre heures qu’elle marche en ligne droite et, maintenant, elle ne sait plus au bout de quel point cardinal elle se trouve. La fatigue, comme des épaisseurs de vêtements, la tient au chaud et la force à courber le dos. Plus aucun repère ; la forêt danse sur ses racines, les animaux jouent à cache-cache, aucune empreinte humaine ne saurait la guider. Elle retient son souffle. La nuit perd des plumes.
Le tue-tête d’une pensée obsédante, le rythme saccadé d’un cœur qui bat la chamade, lui parviennent du lointain ; mais ici la distance n’a plus cours, elle s’érige en mur. Blanc et dur comme un œuf. Lucie-Louise, la sage-femme, donne de petits coups, le décoquille. Elle comprend d’instinct. C’est la première robe du jour. La brume de l’aube. Jusqu’ici, elle n’avait connu que le brouillard du crépuscule. On dirait l’hymen d’une statue de la Sainte Vierge.
Mains en premier, pareille à une somnambule qui ferait envie à Jean Cocteau, l’aventurière déchire la chrysalide du jour. Impression sur la peau de barbe à papa. Il y a des couches successives à cette mandorle. Lucie-Louise voudrait fermer les yeux, se concéder cette peur, mais elle est trop curieuse, et s’inquiète moins de son propre sort que de celui d’une manne qui l’accompagne et qui devient sous ses yeux, en franchissant la lumière, un papillon monarque. Elle est le verbe oser dans le spectre de l’arc-en-ciel. Et comme nulle avant elle, elle se sent devenir plus grande, plus femme, plus vivante.
Sans d’autres heurts que ces peaux mortes qui lui collent au visage et salissent les ongles, Lucie-Louise prend une première respiration en harmonie avec les couleurs de la vie et se dit qu’ici elle pourrait être peintre. Le jour n’est encore que prémices, pourtant elle aurait envie que tout se précipite, qu’il y ait des manèges de chevaux en feu sécrétés par l’imaginaire d’un schizophrène génial qui s’appellerait Van Gogh.
C’est de là-haut que notre héroïne croit que lui viendra le sceau de l’immortalité. Mais le ciel n’est encore qu’un casse-tête dont il manque la pièce essentielle. Des oiseaux s’élancent comme des flèches ; ils chantent en volant. Lucie-Louise écoute leur poésie au goût d’eau de jouvence. Et l’eau monte, justement. Elle se fait source, mare, marée, mer. Une tache de bleu après l’autre vient mouiller et empeser les pans de sa robe de velours foncé désormais incompatible avec le paysage qui l’entoure. La nuit greffée à sa peau n’a plus raison d’être, la dame devient indécence ; un geste après l’autre, elle se dénude. Triangle d’or en haut des cuisses, seins q

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