Anouk’chet : Une fillette au pays des Khmers rouges
65 pages
Français

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Anouk’chet : Une fillette au pays des Khmers rouges , livre ebook

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Description

Cambodge, 1975. Anouk'chet a cinq ans et file une enfance heureuse dans un milieu aisé. Sa vie bascule lorsque les Khmers rouges saisissent le pouvoir. S'ensuit une dictature d'une extrême violence. Les Khmers rouges évacuent les villes et chassent les habitants de leurs maisons, les obligeant à laisser leurs biens derrière. On les envoie travailler dans les campagnes. Ils sont mal logés, privés d'eau, de riz et de toute nourriture digne de ce nom.
Âgée d'à peine sept ans, Anouk'chet doit aider à bâtir des digues dans les rizières. Au cours des quelque trois ans qui suivent, elle est séparée de sa famille, souffre de faim, de soif et d'un sentiment d'abandon. Constamment surveillée et contrainte d'obéir aux ordres, elle rêve de liberté. Ce désir de liberté et sa force de caractère permettront de se révolter intérieurement et de survivre aux ignominies du régime.
Ce récit est une histoire de résilience. Anouk’chet est à l’image du lotus qui émerge des eaux stagnantes pour éclore et manifester toute sa beauté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895977391
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ANOUK’CHET
Henriette Levasseur
d’après le récit d’Anouk’chet Suong
Anouk’chet
Une fillette au pays des Khmers rouges
RÉCIT
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Anouk’chet : une fillette au pays des Khmers rouges / Henriette Levasseur, d’après le récit d’Anouk’chet Suong.
Noms : Levasseur, Henriette, 1944- auteur. | Suong, Anouk’chet, auteur.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20190153806 | Canadiana (livre numérique) 20190153997 | ISBN 9782895977148 (couverture souple) | ISBN 9782895977384 (PDF) | ISBN 9782895977391 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM: Suong, Anouk’chet. | RVM: Atrocités politiques— Cambodge —Récits personnels. | RVM : Réfugiés politiques— Cambodge —Biographies. | RVM : Cambodge— Histoire —1975-1979—Biographies.
Classification : LCC DS554.83.S96 L48 2019 | CDD 959.604/2092— dc23

Nous remercions le Gouvernement du Canada, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa pour leur appui à nos activités d’édition.



Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 3 e trimestre 2019
À ceux et celles qui ont disparu À ceux et celles qui ont survécu À ceux et celles qui sont encore là À tous leurs descendants
Note de l’auteure
Ce livre est le fruit d’une étroite collaboration entre Anouk’chet Suong et moi-même. Nous nous sommes rencontrées à la Maison Mathieu-Froment-Savoie, un centre de soins palliatifs à Gatineau, où nous étions toutes deux bénévoles. Lorsque j’ai pris connaissance de son passé sous le régime des Khmers rouges au Cambodge, je l’ai encouragée à raconter son histoire, puis elle m’a demandé de prendre la plume en son nom.
La beauté ne peut fleurir que dans la liberté. Jiddu K RISHNAMURTI

Avant-propos
T RÈS LONGTEMPS, mon passé est resté en dormance. Le présent m’occupait pleinement et je n’avais pas l’occasion de parler de mon enfance. Lorsque mes sœurs et moi échangions nos souvenirs du Cambodge, c’était pour nous rappeler les bons moments, les jours heureux avant l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges 1 . Aussi nos enfants ont-ils été étonnés d’entendre des bribes de notre histoire, étonnés surtout que nous soyons « normales » après ce que nous avions vécu. Nés au Canada, que pouvaient-ils comprendre de notre passé cambodgien ? Encore jeunes, pouvaient-ils même s’y intéresser ?
L’histoire racontée dans ces pages n’est pas seulement la mienne. C’est aussi celle des Cambodgiens et Cambodgiennes qui ont connu le règne des Khmers rouges entre 1975 et 1979. Il s’agissait d’un parti politique et militaire d’inspiration communiste. À leurs débuts, dans les années 1950, les Khmers rouges, inspirés par l’idéal marxiste-léniniste, proposaient une alternative à un régime corrompu où les nantis s’enrichissaient et les pauvres s’enfonçaient encore plus profondément dans leur misère. Leur programme reposait sur la défense des Cambodgiens les plus démunis, soit les paysans. De nombreux Cambodgiens éprouvaient de réelles sympathies à leur égard et ont accueilli leur victoire contre le régime en place avec enthousiasme et optimisme, espérant qu’elle mette fin à la guerre civile qui sévissait depuis cinq ans.
Cette guerre opposait l’armée cambodgienne, sous la direction du chef d’État Lon Nol, appuyé par les États-Unis, et les Khmers rouges, soutenus par la Chine et le Viêt Nam communistes. C’est à l’occasion d’un coup d’État en 1970 que Lon Nol avait délogé Norodom Sihanouk, qui avait longtemps dirigé le Cambodge à divers titres : roi sous le protectorat français, premier ministre et chef d’État. Malgré des bombardements intensifs contre l’ennemi dans le nord du Cambodge, le long de la frontière vietnamienne — forçant des milliers de villageois à migrer vers le Sud —, les États-Unis n’ont pas réussi à faire reculer les forces communistes. Devant l’avancée des Khmers rouges en direction de la capitale de Phnom Penh en avril 1975, les États-Unis ont quitté le pays en catastrophe et les Khmers rouges ont pu saisir le pouvoir.
Les dirigeants des Khmers rouges, notamment le chef Pol Pot, étaient des révolutionnaires professionnels endurcis. Au cœur de la révolte, toutefois, se trouvaient de jeunes paysans, plutôt frustres et analphabètes, qu’on avait recrutés au fil des ans en les persuadant que la « ville » perverse les exploitait et propageait des valeurs anti-rurales.
La principale politique des Khmers rouges, dès leur entrée dans la capitale de Phnom Penh en avril 1975, a été de vider les villes pour détruire toute opposition et résistance possibles. En quelques jours, les deux millions d’habitants de la capitale — dont de nombreux réfugiés de la guerre civile qui avaient envahi la ville — ont dû partir, laissant derrière eux toutes leurs possessions. L’évacuation s’est poursuivie dans tous les grands centres urbains, dont Battambang, ma ville natale et deuxième ville en importance au Cambodge.
Le gouvernement, formé par les Khmers rouges, s’est donné le nom de « Angkar » : « organisation » en langue khmère. C’était l’administration gouvernementale dirigée par Pol Pot. Elle commandait et faisait les lois, déterminant ce qui était permis et ce qui ne l’était pas. Plus important encore, l’Angkar formait une espèce de religion. C’était le dieu des Khmers rouges, une entité invisible, toute-puissante et omniprésente qui transmettait des ordres par l’intermédiaire de ses chefs auxquels tous devaient obéir aveuglément. Les Cambodgiens étaient tenus d’honorer l’Angkar et de se sacrifier pour cette autorité suprême. Leur vie en dépendait.
L’objectif de la nouvelle administration était de faire table rase du passé et de repartir de zéro. Il fallait créer un monde nouveau habité par de « vrais » Khmers, soit des paysans qui travailleraient la terre dans un esprit de soumission pour le plus grand bien d’une société sans classes sociales, libérée de l’influence capitaliste et coloniale, ainsi que de toute forme de spiritualité, principalement le bouddhisme.
Soudain, les moines bouddhistes, vénérés des Cambodgiens pour leur sagesse, leur accueil et leur enseignement, étaient considérés comme des hérétiques. On leur reprochait non seulement leur ferveur religieuse, mais aussi leur non-productivité sur le plan économique. Traités de parasites, ils ont été contraints d’abandonner leurs habits religieux et de travailler dans les champs, parfois comme des bêtes attelées à des charrues. Avec interdiction formelle de s’adonner à des exercices spirituels ou de transmettre leur savoir.
Les Khmers rouges ont également fermé les écoles et miné les frontières pour éviter la fuite d’habitants et l’entrée d’étrangers. Ainsi, le monde extérieur ne savait pas très bien ce qui se passait au Cambodge et aucune grande puissance n’est intervenue pour aider à mettre fin au nouveau régime.
Les années de noirceur du règne des Khmers rouges ont été marquées de crimes inimaginables, dont les mariages forcés ne sont pas les moindres. Longtemps demeurées taboues, ces unions ont laissé des traumatismes qui hantent les victimes encore de nos jours. Tous les garçons et filles de quatorze à vingt ans pouvaient être contraints à de tels mariages. Dans le cas de jeunes filles unies à des hommes beaucoup plus vieux, l’alliance était souvent suivie de viols.
Quelque deux cent à trois cent mille Cambodgiens et Cambodgiennes se sont pliés au choix d’un conjoint ou d’une conjointe imposés par le régime. La plupart d’entre eux ne se connaissaient pas. Ils unissaient leur destin dans une sinistre cérémonie collective dénuée des riches traditions culturelles du pays. Ces mariages avaient pour but de créer une génération de révolutionnaires libérés des anciennes valeurs bourgeoises, autrement dit, de produire une « race pure » qui aurait pour tâche de reconstruire le pays. Campés face à face, les « époux » répétaient des vœux dictés par le chef du village, notamment la promesse de demeurer loyal à l’Angkar et de lui faire des enfants pour repeupler le pays dévasté par la guerre.
Pour soustraire la société aux contraintes de l’argent, le nouveau régime a aboli le riel, la monnaie en cours, et l’a remplacé soi-disant par le système de distribution de l’Angkar, le dieu bienfaisant qui allait pourvoir à tous les besoins : nourriture, vêtements, hébergement. Nul besoin d’argent donc ! Le riel n’ayant plus aucune valeur, les fortunes familial

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