Trophée des plumes 2022 - Le prix à payer
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Trophée des plumes 2022 - Le prix à payer , livre ebook

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Description

Cette nouvelle relate l'histoire de Rachel, qui doit faire un choix. Ce choix risque de bouleverser le cours de sa vie d'une façon ou d'une autre. En sera-t-elle capable ?

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 238
Langue Français

Extrait

Le prix à payerde Akouvi Tetey
C’était une de ces belles matinées estudiantines. Elle s’était réveillée de bonne heure pour ne pas rater son bus. Le premier départ étant prévu pour six heures, il lui fallait donc se hâter pour être à l’heure. Il était cinq heures 45 minutes lorsqu’ellequitta la maison. Ce trajet, elle le connaissait comme sa poche. Il lui fallait longer la voie principale, sortir par une ruelle derrière son bâtiment et ensuite atteindre la gare de bus non loin de là. Comme à son accoutumée, elle faisait son chapelet en chemin.
 Pour elle, se connecter au monde spirituel dès le matin entrouvrait de bonnes ondes positives pour toute la journée. Le bus était à l’heure comme toujours. Après avoir présenté sa carte, elle prit place sur le premier siège vide devant elle. Tout le trajet que fit le bus pour l’université, elle se plongea dans son intimité spirituelle, ne s’occupant pas de ce qui se passait autour d’elle. Elle ne fit donc pas attention à ce beau jeune homme qui venait de prendre place sur le siège en face. Ces moments-là lui paraissaient presque ne durer qu’un instant car elle était toujours interrompue par la voix du conducteur qui annonçait leur arrivée. C’était aussi la fin de la prière.
La journée pouvait alors démarrer au carbure. L’université était un endroit fort impressionnant. Elle qui avait opté pour des études de droit, n’en était pas moins impressionnée par tous ces syndicats estudiantins qui semblaient vouloir changer les choses. Ils avaient vraiment l’air d’y croire, d’autant plus qu’ils ne se lassaient jamais d’embarquer avec eux une ribambelle d’étudiants de tous les genres pour marquer cette diversité qui au fond était illusoire. Rachel n’avait pas de temps à perdre avec ces pseudos révolutionnaires. Elle n’avait qu’une chose en tête : finir son année et ensuite se lancer dans le monde du travail.
C’était la dernière ligne droite, et elle n’avait pas droit à l’erreur. Du haut de ses 1m70, des courbes généreuses à en faire pâlir de jalousie les filles de son amphi, un visage si doux et finement sculpté, et des cheveux soyeux comme de la soie, elle avait su valider les années précédentes, ses UV sans aucun crédit, et se voyait très mal en cette année de licence perdre pied et tomber dans des caprices d’enfants gâtés. Elle avait bien mieux à faire.Ses études étaient sa priorité. Elle se devait de rendre sa mère fière. D’ailleurs, elle refusait systématiquement toutes les invitations qui s’offraient à elle. Elle n’avait que faire de toutes ces choses.
Ce qui avait de l’importance pour elle, s’était de finir ses études et elle y comptait bien. Enfin, elle arriva à l’amphi. Le cours ne tarderait pas à commencer. Huit longues heures se succèderaient et enfin elle pourrait rentrer chez elle. Mais les choses ne se passèrent pas tout à fait de cette façon. Il était presque dix-neuf heures à sa montre, lorsqu’elle prit le chemin de la gare située à l’aile nord du campus. Rachel s’empressa car c’était l’heure de pointe et les bus se faisaient rares à cette heure-là.
Elle ne remarqua pas qu’elle était suivie par une voiture. Lorsqu’elle arriva enfin à la gare, il était déjà trop tard. Elle venait de rater l’avant-dernier départ et il lui fallait donc attendre quelques heures avant l’arrivée du dernier bus. La déception était palpable sur son visage lorsque la voiture qui la suivait, s’arrêta à son niveau. L’homme lui proposa donc de la raccompagner, chose qu’elle refusa dans un premier temps puis dans un moment d’hésitation, accepta. C’était totalement absurde de faire cela, se dit-elle intérieurement, mais elle s’en rassura aussitôt. Après tout qu’avait-elle réellement à craindre. Il n’avait pas l’allure d’un psychopathe.
Tout le long du trajet, ils n’échangèrent aucun mot. Elle remarqua néanmoins qu’il lui jetait des regards furtifs par moment, ce qui n’était pas fait pour lui déplaire.
Elle le trouvait assez mignon, s’interrogeait de ce qu’il pouvait faire comme métier mais n’osait pas le lui demander. Après tout, ce n’était pas ses oignons. Ils étaient presqu’arrivés. Elle le remercia de l’avoir raccompagné. Puis ils échangèrent leurs numéros. Ce n’était qu’un échange de numéros ! Et il n’y avait pas mort d’homme, aucun engagement et rien de vraiment dramatique qui entraverait le bon déroulement de son année universitaire. Sur sa carte de visite, on pouvait voir écrit Stephen James, avocat. Le hasard avait bien ficelé cette rencontre et elle comptait bien saisir cette belle occasion pour se faire un réseau professionnel. Cependant, plus les jours passèrent, plus elle était à mille lieues d’imaginer qu’elle tomberait sous son charme.
Il venait la déposer les matins, la chercher le soir, l’invitait au resto, lui offrait des cadeaux hors de prix, et ne se lassait pas de lui dire à quel point elle avait été divinement façonnée.
Plus leur relation grandissait, plus elle se voyait déjà vivre une vie de luxe à ses côtés, sans pour autant avoir à fournir le moindre effort. Son quotidien se résumait maintenant à passer du temps chez Stephen et à répondre aux exigences d’une vie de couple totalement accomplie. Ses rapports avec sa mère qui autrefois étaient des plus paisibles, se dégradèrent chaque jour un peu plus. Elle ne voyait pas d’un très bon œil cette relation et ne s’était pas cachée de le lui dire. Rachel, quant à elle ne voulait qu’une chose, faire le bonheur de Stephen. Elle était follement tombée amoureuse à cet âge où on rêve de se construire une belle carrière professionnelle. Alors du haut de ses vingt-trois ans, il lui sembla donc logique de s’installer avec lui contrela décision de sa mère. D’ailleurs, maintenant, sa famille c’était Stephen.Les tentatives de sa mère pour lui faire entendre raison, ne semblaient pas la faire réagir. Elle avait beau avoir réussi ses examens, elle n’en demeurait pas moins l’ombre d’elle-même. Il y avait quelque chose de changer en elle. Ce scintillement qui ressortait de ses yeux avait disparu. Elle était méconnaissable. Elle s’était repliée sur elle-même, ne donnait plus de ses nouvelles, avait arrêté le stage qu’elle avait tant désiré et s’était enfermée dans une routine infernale.
Au début, on crut d’abord à ce changement subit qui était le quotidien de toutes les femmes dans sa condition, car Rachel allait bientôt être maman. Mais au bout du compte, rien ne s’améliora après son accouchement. Elle ne voulait pas en parler mais elle souffrait énormément. L’absence de sa mère, son quotidien de femme au foyer sans aucune activité
professionnelle lui était pénible à supporter mais ce qu’on ne se savait pas c’était l’envers du décor.De l’extérieur, pour tous ceux qui la jalousaient, elle vivait une vie de rêve.
Son lot de malheurs, elle ne put le partager. Malgré le fait qu’elle se soit réconciliée avec sa mère, elle ne pouvait lui en parler. Elle se disait qu’elle pouvait le chan ger, qu’être père lui ouvrirait les yeux et avec ses promesses de mariage, elle croyait être sur la bonne voie.
Mais était-ce son sort que de vivre cela ? N’avait-elle pas le choix ? Elle s’était imaginé plusieurs fois des scénarios pour quitter Stephen. Il lui fallait une échappatoire, une nouvelle chance de sortir de ce calvaire. Et les rêves de Rachel s’effondrèrent ce jour-là. C’était la fois de trop. Elle se sentait prise au piège mais il fallait en finir une bonne fois pour toute. Elle se saisitde la première chose à sa portée. Devant ce chapitre désastreux qu’était sa vie, fallait-il en arriver là ? Ce nouveau départ dont elle semblait si sûre, devait-il passer par ce drame ? Elle savait qu’elle devait au plus vite quitter cette maison avant d’y être retrouvée morte.
Elle ne savait pas ce qui la tuerait : lui ou la peur de finir assujettie toute sa vie à ses côtés. Il n’y avait aucun engagement, pas de fiançailles, ni de mariage. Toutes les promesses qu’il lui avait faites n’étaient qu’un leurre depuis le début. Elle venait enfin de se réveiller d’un très long cauchemar. Les yeux rivés sur ce qu’elle tenait en main et sa fille dans l’autre, perdue dans ses pensées, elle ressassait encore et encore le film de ces derniers mois avec lui. Elle l’avait aimé, et elle l’aimait encore aujourd’hui. Mais elle ne pouvait pas infliger à sa fille une si atroce existence, celle desubir au quotidien les affres d’un homme qui ne l’aimait pas. Elle s’était trop longtemps laisser mourir. A cet instant, il fallait affronter son destin et décider de vivre, loin de tout.
Et elle se dit en elle-même : - « Et si demain se construisait aujourd’hui ? Je n’aurai plus à me soucier du qu’en dira-t-on. ! Ahah, sacrée idée ! Se laisser vivre ! Voilà une bien bonne idée ! Pour moi demain s’écrit aujourd’hui. Me reconstruire une vie, sans ennuis, apprendre à MariePascale ce que c’est que l’amour, le vrai. Celui que je n’ai pas reçu aux côtés de son père mais que j’ai appris à contempler dans ses yeux à elle ! Un amour pur, sans aucun artifice, c’est ça mon essentiel, c’est cela mon équilibre. Et si je lutte aujourd’hui contre mes vieux démons, c’»est pour toi, mon enfant. Car morte, je ne le pourrai pas. Tous ces mois de souffrances avaient marqué son histoire, sa vie. Cette même histoire qui mine le quotidien de plusieurs femmes comme elle, et qui un jour ne se réveilleront peut -être jamais, et il sera trop tard pour elles de trouver l’équilibre…Et ce corps qui gisait devant elle à l’instant, était le sien, le corps de celui qu’elle aimait. Que fallait-il faire ?
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