Trophées  des Plumes 2022 - Le Capitaine de mon  bâteau
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Trophées des Plumes 2022 - Le Capitaine de mon bâteau , livre ebook

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Description

Cette nouvelle relate l'histoire d'un mari dictateur qui se croit tout permis dans un foyer en exposant ses multiples infidélités au nom de son uniforme de militaire il viole toutes les lois mais est surpris par son épouse qui décide de s'affranchir et d'affronter le regard social.

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2022
Nombre de lectures 49
Langue Français

Extrait

LE CAPITAINE DE MON BATEAU
Bill n'avait pas été gratifié par la nature mais la chance était très souvent de son côté. Cela ne faisait l'ombre d'un doute . Né dans une famille paysanne ,Bill descendait d'une chefferie traditionnelle. Les missionnaires polonais l'avaient accueilli au presbytère dès sa tendre enfance à cause de la précarité dans laquelle ce dernier vivait. La sœur Jacky l’avait sauvé du kwashiorkor de justesse. De l’âge de 4 ans à 18 ans , il avait vécu chez les missionnaires et avait été élevé dans la pure tradition catholique. En revanche, ce long séjour chez les toubabs n’ avait que très peu entamé sa fibre africaine : Bill était resté un authentique Haoussa. On pouvait remarquer les rudiments de l'éducation occidentale dans certaines de ses attitudes. Tout le monde lui reconnaissait l'affabilité , la générosité et l'humilité. Ces valeurs fondamentalement chrétiennes il les avait héritées de l'église Catholique Romaine. Il était le dur labeur personnifié parce que son père adoptif Père Zel lui avait appris que seul le travail portait au sommet , c'était la clé de l'épanouissement de l'Homme. Ainsi le jeune Bill avait fait ses classes à la mission pendant 14 ans. Ces années de travail acharné au service des prêtres avaient forgé l'homme qu'il était devenu. Quoiqu'il ne se comptât pas parmi les adonis de sa contrée, il était la coqueluche des jeunes filles. Il avait d'autres atouts. D'abord , il avait cette éducation occidentale et savait conter fleurette aux nanas. Très peu sincère en général , Bill savait trouver le mot juste et l’attitude Android pour les aguicher. Ensuite, contrairement à beaucoup de pantalons, il était un parfait cuisinier. Outre ses talents culinaires, Bill était un athlète de renom. Plusieurs fois champion des jeux Fenassco, il s’était très vite hissé au firmament de la scène sportive nationale. Après l'obtention de son probatoire, il est admis au recrutement militaire en qualité de sportif. En dépit de sa taille de guêpe et de son poids plume , il avait réussi à battre Goliath. C'était le début d'une belle et fructueuse aventure avec les nanas. À la fin de sa formation , il a observé trois ans de célibat avant d'obtenir la permission
de se marier. C'était un mari aimant , attentionné et responsable. Toutefois, il était un tyran qui pensait n'avoir de compte à rendre qu'à Dieu. Sa masculinité semblait lui accorder des pouvoirs divins : on pouvait reconnaitre le nordiste. Dans sa maison , il était le roi qui faisait la pluie et le beau temps au mépris des sentiments de sa femme. Sa sollicitude était tributaire de l’obéissance moutonnière de sa femme qui devait renoncer à sa personne. Le militaire était un caméléon d'une imbécilité ontologique et estimait que le monde devait vibrer au rythme de ses humeurs si versatiles. Et La gent féminine en quête de quelque avantage le confortait dans sa vision. En voulant régner sans partage comme Edi Amin Dada , le Sieur Bill avait fini par perdre le respect de son épouse. Arrivée chez lui en classe de seconde, il avait fait d'elle une bachelière puis , un professeur des lycées 1er grade. Ce qu'il ignorait était qu'une formation
d'enseignante la prédestinait au statut de leader. Une femme bien instruite avait généralement une estime de soi suffisante pour ne pas se laisser asservir par un homme. Une femme instruite était également un esprit libre qui ne vivait pas par procuration. Quoique bien imprégnée des principes moraux , elle savait se fixer des limites pour crier son ras- le -bol quand le besoin se fait sentir. Pour elle, l’amour se voulait fondamental mais elle ne pouvait le troquer contre sa dignité. Cette nouvelle Madame Bill, le roi ne l’acceptait pas du tout ; il vivait cette émancipation comme un affront et envisageait déjà de se séparer d’elle. Les trois années qui avaient suivi la formation de son épouse étaient particulièrement tumultueuses. Comme Bill aimait à se mêler de tout , son épouse se sentait asphyxiée par son pouvoir sans limite et avait fini par le lui dire. Pourtant, physiquement, Bill était moche. C’était un gars trapu à la peau noir-cendre, malgré ses vêtements sophistiqués , il lui manquait l’élégance car son phénotype ne payait pas de mine. Bill avait déclaré la guerre à Laura mais elle l’ignorait. Minutieusement , il mettait sa stratégie sur pied. Il lui était devenu impossible de vivre avec cette ingrate. À tout prix, il fallait s’en débarrasser. Aussitôt pensé, Bill passa à l’acte . En un laps de temps il avait conquis Katia qui était aussi belle que son épouse. La différence se situait au niveau des rondeurs de sa maîtresse. Ainsi la sveltesse de Laura contrastait avec les rondeurs de Katia . Pendant deux ans il vécut le grand amour avec elle. Il poussa son mépris à l' extrême quand il lui fit deux enfants : un garçon et une fille et l'emmena vivre dans son foyer malgré son mariage monogamique. Bill aimait ressasser qu'il était là loi. Il avait un tel mépris pour les femmes . À l'arrivée de la deuxième femme qu'il n'avait ni dotée ni épousée , il fit une réunion de crise pour dire à son épouse que désormais elles seraient deux épouses. Malgré les pleurs et cris de cette dernière , il martelait que si elle n'était pas d'accord, elle pouvait faire ses cliques et ses claques pour partir. Il lui arrivait d'être un monstre froid. Il savourait sa vengeance. Il se plaisait à chosifier les femmes pour être convaincu de sa valeur. Peut-être était-ce sa manière de se venger de la nature qui avait été ingrate envers lui. Après plusieurs mois de contestation, la dame avait fini par accepter cette pilule dont l'amertume était indescriptible ; elle souffrait le martyr en silence mais avait décidé de rester dans ce simulacre de ménage pour ses enfants. Trêve d'excuse. C’était toujours le même alibi. Ils avaient vécu trois ans dans ce capharnaüm matrimonial. La distance s'était créée entre Bill et Laura. Il se la coulait douce avec sa maîtresse-épouse. L'idiote ne manquait pas d'exiger qu'on aille voir ses parents pour la dot. Mais le malin Bill arrivait toujours à le convaincre en disant que le mariage ne se bornait pas au papier. Après plusieurs altercations, Katia ne supportait plus d'être la risée de sa rivale, du quartier et du ministère de la défense. Elle décida de faire ses bagages et de partir. Laura avait gagné. Elle disait d'ailleurs à qui voulait l'entendre que son mari était exécrable et qu'elle était la seule à pouvoir le supporter. La pauvre avait raison. Son mari Bill était Satan en version
améliorée. Au dehors, il montrait à quel point il était avenant . À l'intérieur il était un dragon contrôlant femmes et enfants. Sentant la rupture très proche, il eut l'occasion de faire la cour à un professeur de français pendant un concours organisé par leur service. Cette conquête ignorait qu'il voulait se servir d'elle comme souffre- douleur. Elle était plutôt affable et méfiante. Elle descendait de parents divorcés et abhorrait même les mâles. Alors il usa de toute la délicatesse possible pour lui dire que quoique marié, il l'aimait. Il n'hésitait pas à lui offrir des cadeaux, de l'argent , des services même. Il finit par gagner son estime. Il avait donc oublié Katia qui était partie. Il vivait la grande idylle avec Prof et envisageait même l'épouser. Prof qui était claire, elle ne l'épouserait que si elle avait la preuve que ce n’était pas un mariage en bigamie. Bill discuta avec Laura de la possibilité de divorcer pour contracter un mariage polygamique afin de se marier librement avec son nouvel amour. Laura fit mine d’ être d’accord. Rassuré, il alla porter plainte au tribunal. Interrogé sur les motivations du divorce, Le grand Bill expliqua fièrement que la décision était consensuelle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque son épouse prit la parole pour nier ses déclarations : - Madame le juge, je me demande s’il est normal d’être marié sous un régime monogamique , de ramener sa maitresse et ses enfants adultérins au foyer pour enfin imposer le divorce à sa femme. Son cher époux tombait des nues . Il écarquillait les yeux de honte comme un indien en
ville pour la première fois en marmonnant quelques explications. Étonnée, le juge renvoya le procès au mois suivant et le Sieur Bill rentra chez lui. Une fois à la maison, il grondait comme un tonnerre , menaçait mais Laura était très occupée à savourer sa victoire. Elle était heureuse, elle l'avait humilié solennellement. Monsieur Bill en avait eu pour son compte. Il Jura de se séparer d'elle définitivement. Madame lui répondit triomphalement : - ha ha. Comme si depuis cinq ans nous sommes encore mariés. Je m'en fous royalement de tes petits galons. Le mariage n'est pas la condition sine qua non de mon existence. Le procès avait duré deux ans et avec l’aide des avocats, on leur accorda le divorce. Malheureusement , quand Bill demanda ma main de sa dernière conquête Prof, elle lui dit non: - J'ai trop attendu et tu as été très méchant envers ta femme en violant ton foyer conjugal. Quelle est la garantie que le mien sera sacré. Non merci Finalement , l'égo du grand Bill avait été gravement blessé et la profondeur de la lésion nécessitait une intervention chirurgicale dans les mois à venir. Ainsi , il avait appris qu'une femme est un être doué d'intelligence, pas un torchon et un faire- valoir.
Il plongea dans une violente dépression en jurant que dans sa prochaine vie, il n'aimerait plus aucune femme. Possible : il pouvait bien devenir gay dans sa prochaine vie pour s’éviter les foudres du deuxième sexe… Il se croyait dans un film de science-fiction. La vie n'était un long fleuve tranquille pour personne. Pas même pour les sadiques. Ça le Capitaine le savait désormais d'expérience.
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