Tauromachie et flamenco
268 pages
Français

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Tauromachie et flamenco , livre ebook

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Description

Entre le XIXe et le XXe siècle, alors que le flamenco et la tauromachie étaient les ambassadeurs de la culture espagnole à l'étranger, ils devenaient, en Espagne, l'espace de déchirements internes. Face à cette image futile ou sauvage, émerge, en Espagne, un front "anti-flamenquiste" qui lutte à la fois contre le flamenco et les corridas. Ce livre tente de comprendre pourquoi un très grand nombre d'intellectuels, de journalistes et d'hommes politiques ont alors rejeté ces deux aspects incontournables et populaires de la vie artistique espagnole.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 149
EAN13 9782336278346
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1 @wanadoo. fr
9782296040465
EAN : 9782296040465
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Recherches et Documents – Espagne PROLOGUE - Aux grands maux ... les grands mots INTRODUCTION Chapitre 1 - Flamenco et tauromachie Le cheminement identitaire de la culture andalouse Chapitre 2 - Deux spectacles de masse à l’avant-garde de la commercialisation du loisir Chapitre 3 - Le mouvement anti-taurin et anti-flamenco Chapitre 4 - Les supports de la polémique Chapitre 5 - La logorrhée verbale Chapitre 6 - Les réseaux anti-taurins et anti-flamencos Chapitre 7 - La répression Chapitre 8 - Régionalismes et nationalismes CONCLUSION LEXIQUE INDEX ONOMASTIQUE BIBLIOGRAPHIE REMERCIEMENTS
Tauromachie et flamenco

Sandra Alvarez
Recherches et Documents – Espagne
La collection Recherches et Documents-Espagne publie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques, des documents et des recueils de documents.
Dernières parutions
MONER M. et PÉRÈS C. (textes réunis et présentés par), Savoirs, pouvoirs et apprentissages dans la littérature de jeunesse en langue espagnol. Infantina, 2007.
COSTA PASCAL Anne-Gaëlle, María de Zayas, une écriture féminine dans l’Espagne du Siècle d’Or , 2007.
GALÁN Ilia, Naissance de la philosophie espagnole. Sem Tob et la philosophie hispano-hébraïque du XIV e siècle , 2007.
MARIN Manuel, Clientélisme et domination politique en Espagne. Catalogne, fin du XIX e siècle , 2006.
SOMMIER Béatrice, Aimer en Andalousie du franquisme à nos jours. Une ethnologie des relations hommeslfemmes, 2006.
MOLERO Valérie, Magie et sorcellerie au Espagne au siècle des Lumières (1700 – 1820), 2006.
CARRIÈRE-PRIGNITZ G., DUCHÉ-GAVET V.,
LANDEROUIN Y. (coord.), Les Pyrénéens, une frontière? , 2005.
DOMINGUES Caroline, Identité régionale et médias : qui influence qui ? L’exemple de la Galice , 2005.
ZURLO Yves, Ceuta et Melilla. Histoire, représentations et devenir de deux enclaves espagnoles , 2004.
FOZ Braulio, Vie de Pedro Saputo, Roman d’apprentissage, 2004.
MARGUET Christine, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, XVI e — XVII e siècles, 2004.
COPETE Marie-Lucie et CAPLÁN Raúl, Identités périphériques, 2004.
FERNÁNDEZ SEBASTIÁN Javier et CHASSIN Joëlle (coord.), L’avènement de l’opinion publique, Europe et Amérique, XVIIIe-XIXe siècles , 2004.
FLEPP Catherine, La poésie de jeunesse de Rafael Alberti , 2004.
PROLOGUE
Aux grands maux ... les grands mots
Les taureaux et le flamenco... Depuis des siècles, on s’étripe, on s’invective, on polémique, on clabaude, le plus souvent avec fougue et passion, même (ou surtout) si l’on y connaît pas grand-chose, ce qui est, il faut bien le reconnaître, le cas le plus fréquent. Que savent de la corrida ou du flamenco ces savants professeurs, intellectuels et autres beaux esprits qui dissertent haut et fort sans n’avoir jamais (ou si peu, avec répugnance) mis les pieds dans une arène ou un spectacle de flamenco, ces pudibondes Anglaises qui n’ont pas quitté les bords de la Tamise, mais n’en glapissent pas moins contre ces mœurs de sauvages et lancent des campagnes européennes pour l’éradication de la corrida (ou contre le gavage des oies et des canards ou contre la vivisection... pauvres bêtes !). Cette ardeur des protecteurs de la condition animale est d’ailleurs un trait culturel qui remonte à loin, bien avant 1898 : elle est un indice intéressant de l’évolution des mentalités et de la sensibilité collective, curieusement très lente à se concrétiser, qu’il s’agisse, par exemple, d’imposer le peto et de protéger les chevaux pendant la corrida, ou de mener des campagnes nationales et internationales contre la corrida, les combats de coqs ou de chiens, avec une violence qui contraste quelque peu avec la gravité des crises politiques et sociales de l’époque : l’extrême virulence de ceux qui dénoncent la barbarie taurine, en 1914-18, par exemple, à l’époque de Verdun, ne fait pas sourire. Les Sociétés Protectrices des Animaux organisent leurs premiers congrès en Espagne en 1869 à Madrid, à Barcelone en 1881, surtout obnubilés par la lutte contre la corrida. Et, en 2007, Barcelone, qui a toujours été à la pointe du combat abolitionniste, envisage très sérieusement de fermer ses arènes et même d’interdire les spectacles d’animaux dans les cirques!
Même en Espagne, les Espagnols « initiés » à l’art taurin ou à l’art flamenco ne sont pas légion, loin de là : les Galiciens, les Basques, les Catalans, beaucoup de Castillans, et même un certain nombre d’Andalous chatouilleux de leur (mauvaise) image, ne sont ni des pratiquants ni même des amateurs, et encore moins des « connoisseurs ». Ce n’est pas une raison pour ne pas entrer dans la querelle ; d’ailleurs, la Raison au nom de laquelle tout se dit et se fait en sort plutôt malmenée, bousculée qu’elle est par la véhémence des propos. Il est peu de débats où les raisons les plus contraires ne soient brandies (assénées serait plus juste) avec la même énergie depuis des siècles, sans que l’on puisse déclarer vainqueur l’un ou l’autre camp, même très provisoirement. Depuis l’origine, le conflit se pose en termes quasiment identiques : pour ceux qui sont contre, taureaux et cafés (flamencos, entre autres) sont des lieux de perdition, de barbarie, de violence, où le pêcheur sombre dans l’oisiveté, l’alcoolisme, la dépravation des mœurs, et bien pire encore.
L’extrême violence du discours des « anti-flamenquistes » surprend et on en trouvera de savoureux exemples dans cet ouvrage, à commencer par ceux de cet énergumène d’Eugenio Noel, personnage tout à fait singulier mais, au fond, pathétique dans son double échec. Échec du combat de toute une vie, d’abord, car sa quête de soutiens (même s’ils sont disposés à soutenir sa cause, on sent bien qu’il indispose des intellectuels comme Unamuno et Azorín ) et de notoriété nationale sombrent dans l’indifférence. Échec littéraire, surtout, car ce qu’il prend pour une rénovation de l’écriture n’est que du vent (très agité, mais du vent) et, quelque part, un constat d’impuissance à dépasser l’écriture bourgeoise conventionnelle, comme c’est le cas pour la plupart de « bohèmes » espagnols. La logorrhée, la gesticulation verbale, le goût du macabre et du sensationnel qui peuvent atteindre des degrés d’outrance et de délire lexical inconcevables aujourd’hui, me paraissent représentatifs de deux choses : d’une part, de la faiblesse de la raison discursive qui ne se meut que dans l’excès et la convulsion et ne voit la victoire que dans la violence physique et le conflit sectaire. D’autre part, quand le langage lui-même s’avance sous le masque de l’« « énerguménisme », on ne peut qu’imaginer chez leurs utilisateurs une sorte de jouissance des mots et de l’art oratoire, presque un plaisir de l’incantation apocalyptique. Cet « énerguménisme » langagier qui enflamme le pays et qu’on sent poindre même chez des grandes figures comme Unamuno, Baroja ou Pérez de Ayala, est révélateur des liens complexes qui relient le mot et la chose, la réalité et le langage, c’est-à-dire révélateur d’une crise du signe, en Espagne, à cette époque en particulier où le débat d’idées et la conscience de la crise exigent une réforme des instruments permettant d’appréhender le réel.
Les défenseurs de la corrida et du flamenco, rarement aussi farouches et tonitruants, ont bien du mal à résister à ces flots d’imprécations et ne peuvent qu’opposer, pour exalter leur foi, que des arguments de culture, de création et, surtout, de l’art, ce qui n’est pas rien, mais manque de vigueur oratoire. Le plus cocasse serait sans doute que tout le monde a raison (un peu, beaucoup, le dosage n’a aucune importance si le plateau de la balance ne s’infléchit pas de façon définitive), mais que cela ne résout rien. On n’en sortira donc jamais !
Peut-on, donc, parler sereinement de taureaux et de flamenco ? Il faut bien essayer et les thèses (fort peu nombreuses, en vérité, sur le sujet) sont faites pour ça. Dans ce livre, il ne sera question que de la période qui court entre 1885 et 1920, une période particulièrement féconde et contrastée en c

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