Des ponts interculturels à la rivière Romaine? : Développement nordique et territorialités innues

Alexia Desmeules, Laurie Guimond

Description

Depuis 2009, la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, a été transformée en mégacomplexe hydroélectrique par la société d’État Hydro-Québec. Au point culminant des travaux, plus de 2 000 personnes y ont œuvré : ils ont déboisé et construit une route, des campements, quatre barrages et autant de centrales et de réservoirs, pour un coût estimé à 6,5 milliards de dollars. Cet ambitieux projet se situe en plein cœur du Nitassinan, territoire ancestral des Innus, et de la municipalité régionale de comté de Minganie. Si, dans les balbutiements du projet, cette réalité territoriale interculturelle nordique a été reléguée à l’arrière-scène, la réalisation des travaux a ramené les territorialités innues et non autochtones à l’avant-plan.
Au-delà des retombées économiques et géopolitiques bien connues et des autres effets multiformes, positifs ou négatifs, qu’il a engendrés, quels sont les legs interculturels du chantier de la Romaine ? S’agit-il d’une occasion pour les membres des différentes communautés innues et minganoises de se rapprocher, celles-ci partageant plusieurs enjeux communs de développement ? Quelle est la place des Innus au sein de ce projet d’envergure ? Comment se décline la vie quotidienne des travailleurs des mégachantiers nordiques d’aujourd’hui ? Quels sens confèrent-ils à la mobilité, au travail et à leur espace social ? Voilà autant de questions explorées dans le présent ouvrage, qui permet une immersion dans l’expérience des artisans du territoire ayant façonné le chantier de la rivière Romaine.
Laurie Guimond est professeure au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal. Elle oeuvre à valoriser le rôle essentiel des relations interculturelles dans le développement territorial du Québec du Nord. Ses travaux se penchent aussi sur les mobilités et les migrations nordiques et rurales contemporaines. Les recherches partenariales nord-côtières qu’elle mène depuis 2003 se concentrent en Minganie, en Basse-Côte-Nord et dans le Nitassinan.
Alexia Desmeules est conseillère à la Direction des négociations et de la consultation du Secrétariat aux affaires autochtones. Son mémoire de maîtrise en géographie a exploré les effets du chantier hydroélectrique de la Romaine sur les rapports au territoire, tant matériels
qu’idéels, des Innus de la communauté d’Ekuanitshit. Elle collabore également à d’autres projets de recherche interculturelle sur la Côte-Nord.

Sujets

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Informations

• Publié par: Presses de l'Université du Québec
• Date de parution: 12 juin 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782760551473
• Langue: Français

Extrait

Des ponts interculturels la rivi re Romaine?
Presses de l Universit du Qu bec
Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Qu bec (Qu bec) G1V 2M2
T l phone: [phone]
T l copieur: 418 657-2096
Courriel: [e-mail]
Internet: www.puq.ca
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Canada
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Sof dis, 11, rue Soufflot, 75005 Paris, France - T l.: 01 5310 25 25 Sodis, 128, avenue du Mar chal de Lattre de Tassigny, 77403 Lagny, France - T l.: 01 60 07 82 99
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Laurie Guimond et Alexia Desmeules
Des ponts interculturels la rivi re Romaine?
D veloppement nordique et territorialit s innues
Pr faces de Caroline Desbiens et Jean-Charles Pi tacho
Catalogage avant publication de Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada
Titre: Des ponts interculturels la rivi re Romaine?: d veloppement nordique et territorialit s innues / Laurie Guimond, Alexia Desmeules.
Noms: Guimond, Laurie, 1979- auteur. Desmeules, Alexia, 1989- auteur.
Collections: G ographie contemporaine; 39.
Description: Mention de collection: G ographie contemporaine; 39 Comprend des r f rences bibliographiques.
Identifiants: Canadiana (livre imprim ) 20190017449 Canadiana (livre num rique) 20190017457 ISBN 9782760551459 ISBN 9782760551466 (PDF) ISBN 9782760551473 (EPUB)
Vedettes-mati re: RVM: D veloppement conomique-Aspect social-Qu bec (Province)-Minganie. RVM: Barrages-Conception et construction-Aspect social-Qu bec (Province)-Romaine, Rivi re. RVM: Innu (Indiens)-Qu bec (Province)-Minganie-Conditions sociales. RVM: Ouvriers de la construction-Qu bec (Province)-Minganie-Conditions sociales. RVM: Mingan (Qu bec: R serve indienne)-Relations interethniques.
Classification: LCC HC117.Q8 G84 2019 CDD 306.309714/178-dc23

R vision Genevi ve Lemoine
Correction d preuves Myl ne Viens
Conception graphique Marie-No lle Morrier
Mise en page Interscript
Image de couverture Luc Leclerc
D p t l gal: 2 e trimestre 2019
Biblioth que et Archives nationales du Qu bec
Biblioth que et Archives Canada
2019 - Presses de l Universit du Qu bec Tous droits de reproduction, de traduction et d adaptation r serv s
Imprim au Canada
D5145-1 [01]
Nous d dica ons ce livre aux artisans du chantier hydro lectrique de la rivi re Romaine, aux Innus d Ekuanitshit et d ailleurs et leur Nitassinan, ainsi qu aux Minganois et aux Nord-C tiers.
PREMI RE PR FACE
Depuis Megiscane, Kikendatch, Manicouagan, Aux Outardes, Bersimis, en passant par les Caniapiscau, Chisasibi, Grande Baleine, Eastmain, Sarcelle, Rupert, Toulnustouc, P ribonka, et combien d autres milieux de vie autochtones touch s par l ing nierie des cours d eau, le livre de Laurie Guimond et Alexia Desmeules tait n cessaire.
Des ponts interculturels la rivi re Romaine? : l ouvrage s annonce d embl e comme un questionnement. Ce faisant, il nous rappelle que - furent-ils men s distance de la frange urbaine du Qu bec - les relev s de terrain, les calculs de potentiel hydrique ou la construction d infrastructures ne sont pas, apr s tout, les faits et gestes de pionniers uvrant en r gions neuves. La Romaine, ses enjeux, ses retomb es se vivent encore au pr sent, mais ce que les deux chercheuses nous proposent, c est l histoire d un tr s vieux territoire: une histoire qu on pr sente ici travers les relations et l espace quotidiens des travailleurs de chantiers. Ainsi, les ponts interculturels interrog s sont galement des ponts entre les images du pass et les exp riences du pr sent. Qu on passe par la raison ou par l motion, qu on assume une posture militante ou qu on aspire l objectivit , rien dans ce mat riau n est facile aborder, et personne n aura le dernier mot. Les auteures le comprennent et c est pourquoi, au-del des aspects techniques de la collecte de donn es, leurs plus importants outils de recherche sont le dialogue, l coute et le respect. Port s aux nues dans l historiographie du Qu bec moderne, les ouvriers de la Romaine ne subissent pas moins les al as d un travail exigeant, rude et expos aux caprices du march . Ce livre pr sente leurs exp riences, avec tout le respect qui leur est d , et il honore aussi la parole des Innus; ceux du chantier et, plus largement, ceux des communaut s.
Car c est partir de leur territorialit , soit l Innu Aitun ancestral et ses manifestations actuelles, que la transformation de la Romaine - Unaman Shipu , rivi re du vermillon, pour les Innus, en r f rence ses d p ts d ocre rouge - est abord e. Analyser le d veloppement nordique sous l angle de la territorialit autochtone, c est replacer l hydro lectricit dans un ensemble historique, g ographique et social qui d passe largement la seule trajectoire des descendants de la Nouvelle-France, et sa mise en r cit en tant qu pop e. Du trait de c te jusqu l int rieur des terres, les Inuit et les Premi res Nations du Qu bec ont humanis le vaste r seau des bassins versants de la province, faisant de ses rivi res, rapides, ruisseaux et lacs autant de lieux patrimoniaux. Il s agissait d un environnement g n reux certes, mais seulement au terme de patientes avanc es techniques. De g n ration en g n ration, les peuples du Nord sont devenus sp cialistes d une g ographie capillaire, d un territoire tout en ramifications qui, liant les familles aux cours d eau et l assemblage de plantes et d animaux qu ils irriguent, lient les g n rations et les gens entre eux. Il faut reconna tre ces faisceaux de relations pour comprendre l id e de responsabilit envers le territoire ( tipentamun ) qui m ne n cessairement son gardiennage ( kanauentamun).
l instar d autres territorialit s nordiques, l Innu Aitun est un fait de culture qui perdure. Quelles aspirations nourrissent donc les Innus en ce qui a trait au d veloppement culturel et conomique du Nitassinan? Alors que la pens e lib rale maintient que le d veloppement de l conomie moderne et le d veloppement des pratiques ancestrales sont mutuellement exclusifs, Guimond et Desmeules, pour leur part, donnent penser un autre mod le. Et si Innu Aitun et hydro lectricit taient vus comme les deux faces d une m me m daille? Apr s tout, les deux partagent le m me espace. Ainsi, ne devraient-ils pas tre maintenus en quilibre - surtout en cette p riode o les concepts de "d colonisation , de "r conciliation et de "justice spatiale circulent dans les discours des citoyens, et m me parfois dans ceux des politiciens? Les auteures le disent bien: "L exclusion des Autochtones par le haut agit sur leur exclusion par le bas . Pourtant, la table est mise pour transformer les vieilles structures coloniales . Comme le d montre l analyse du chantier de la Romaine, l id e qu il existe un espace pour la culture industrielle et un espace pour la culture autochtone arrive tranquillement sa fin. M me si la pr sente tude n apporte pas toutes les r ponses, elle nous aide sortir des anciens sillons pour ouvrir de nouvelles voies d action. Les Innus font partie du territoire et donc du chantier, et ceci avant, pendant et apr s son d ploiement.
Au final, quel portrait du d veloppement nordique ressort travers le prisme des territorialit s innues et des relations interculturelles la Romaine? Compromis et ambigu t sont parmi les mots-cl s qui se d gagent du livre. Nous ne sommes pas ici dans la certitude et les opinions tranch es. Toutefois, un autre concept traverse les chapitres: celui de "relation . Relation des Qu b cois avec Hydro-Qu bec, relation des Innus et des Nord-C tiers avec Unaman Shipu , relation des ouvriers avec le chantier, relation de ces derniers entre eux, toutes origines culturelles et r gionales confondues. L thique du territoire laquelle renvoient tipentamun et kanauentamun nous enseigne que toute forme de relation est aussi un engagement. Loin d tre inerte, le milieu naturel appelle le respect et la responsabilit . Il est temps de d laisser les figures de style et de s engager, concr tement, sur ce pont interculturel que nous tendent les soci t s autochtones pour renouveler les approches de d veloppement des ressources. Gr ce au travail de Laurie Guimond et d Alexia Desmeules, gr ce aussi ceux et celles qui ont accept de partager leurs exp riences, nous avons ici un riche ouvrage pour faciliter cette urgente travers e.
Caroline Desbiens Professeure titulaire, D partement de g ographie, Universit Laval
SECONDE PR FACE
Dans un premier temps, je tiens remercier les auteures d avoir pris le temps d tre venues chez nous, Ekuanitshit. Politesse certes, mais s jour incontournable afin de pouvoir cerner certains enjeux du pass et du pr sent grandement influenc s par ce projet hydro lectrique (quatre barrages, deux lignes lectriques et une route) sur notre Nitassinan.
En plus d tre situ au c ur de notre territoire traditionnel, ce chantier a galement atteint le c ur de mes membres. Par cons quent, un r f rendum fut requis afin de trancher le sort de