L'évolution des peuples ressemble à des lignes géométriques. Il est des lignes droites et des lignes brisées. Contrairement aux pays d’Europe, la ligne d’évolution du Maghreb s’est historiquement brisée, au moins à trois reprises,au cours de trois mille ans : lorsqu’il est exclu du courant millénaire de la civilisation carthaginoise, pour se latiniser et se christianiser progressivement, sous la férule des Romains ; puis lorsqu’il rompt avec l’influence romaine, pour s’arabiser et embrasser l’Islam. Son arabité et son Islam deviennent les leviers de sa gloire nationale et les fondements de la grandeur de ses empires. La ligne se brise une troisième fois lorsque le Maghreb s’est trouvé incapable de suivre le rythme de l’évolution globale de la civilisation humaine. C’était au cours des siècles de la féodalité et de l’inertie. Il s’est trouvé au cours du 19e siècle face à l’impérialisme international, alors qu’il était miné à l’intérieur par les séquelles de l’asservissement et de l’arbitraire. Il ne pouvait relever les défis historiques, face aux impératifs de l’urgence et du déséquilibre des forces matérielles. Il ne pouvait faire face à un monde plus complexe et mieux armé. Sa seule chance, c’est qu’il n’était pas seul. Il s’est trouvé dans le même camp que les autres peuples arriérés comme lui, mais qui étaient tous décidés, dans les trois continents, à gagner la bataille du destin.
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Extrait
ABDALLAH IBRAHIM Traduit par Hassan Benaddi
CONTRE VENTS Essai d’explication de l’histoire du Grand Maghreb ET MAREES
ESSAI D’EXPLICATION DE L'HISTOIRE DU GRAND MAGHREB
AVA N TPROPOS
înquante ans sont passées, cet ourage a traersé e temps C sans aucune rîde.Cette traductîon pertînente propose de rééer une approche hîstorîque du Grand Maghreb y comprîs dans son dîsposîtîf crîtîque, ain de ’întroduîre dans e débat poîtîco-cuture maghrébîn, et présente au ecteurs francophones une assîse de réleîon încontournabe. Cette œure èe e oîe sur ’étendue d’un terraîn înaoué à décourîr. Maîs ee faît égaement beaucoup pus. Ee ne se dîssîpe pas dans e poîtîquement correct. Et, surtout, ee nous încîte à aer pus oîn dans une réleîon orîentée ers un aenîr pus responsabe. La meîeure manîère, probabement, de îreSomoud Wassatal Issar(Contre vents et marées)edans eoonté », st de ’aborder comme une « sens de: «L’hîstoîre, et ’Hîstoîre oîntaîne ee-même, recèent objectîement des îndîcatîons posîtîes pour comprendre notre présent. » Hassan Benaddî offre à a Fondatîon Abdaah ïbrahîm, à traers cette traductîon, une contrîbutîon remarquabe tant sur e pan humaîn que poîtîque. C’est aec beaucoup de inesse et d’habîeté qu’î înterprète ’œure de Abdaah ïbrahîm. ïs se sont côtoyés sur e chemîn de a poîtîque et du syndîcaîsme
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et autour de dîscussîons rîches et denses d’enseîgnements sur des thèmes arîés cutures ou d’actuaîté.
Tarîk Ibrahîm
Présîdent de la Fondatîon Abdallah Ibrahîm
PR ÉFACE
’auteur du tete que j’aî décîdé de traduîre en angue L françaîse, pour e mettre à a portée des ecteurs marocaîns francophones en partîcuîer, et maghrébîns en généra, n’est pas à présenter. Abdaah ïbrahîm fut un grand homme poîtîque et une grande igure de ’înteîgentsîa du Maroc moderne. ï aaît sîgné son engagement dans e combat pour e ’îndépendance, dès e mîîeu des années trente du XX sîèce, par e soucî permanent de a mobîîsatîon et de ’organîsatîon des masses popuaîres. Les paysans, es artîsans et es petîts commerçants d’abord, es ourîers ensuîte, quand î quîtta, ers e mîîeu du sîèce dernîer, sa Marrakech natae pour s’înstaer à Casabanca, furent toujours au centre de ses préoccupatîons. Parmî es eaders du natîonaîsme marocaîn, on peut dîre que son camp étaît choîsî, dès e départ. ï fut ’un des concepteurs et des anîmateurs de ’éoutîon quî aaît, très tôt, doter e Mouement natîona d’une puîssante organîsatîon syndîcae. Au endemaîn de ’îndépendance, fort du soutîen de cette dernîère et de son prestîge parmî es jeunes cadres de a résîstance, î fut appeé à jouer dans a gestatîon du Maroc moderne, poîtîquement et înteectueement, un rôe de premîer pan. Après une partîcîpatîon dans es premîers gouernements de ’îndépendance en tant que mînîstre, î se oît chargé par
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Mohammed v de présîder e premîer gouernement progressîste du Maroc îndépendant. Ce dernîer, quî n’a duré qu’un peu pus de deu ans, n’a pas manqué de marquer fortement a mémoîre poîtîque des Marocaîns et a marque encore aujourd’huî. Somoud Wassatal Issar, c’est e tître du îre que je présente, est e fruît d’une médîtatîon ; cee d’un homme poîtîque sur ’échec d’une epérîence; cee d’une tentatîe de réforme par e sommet. Au-deà de ’amertume que peut engendrer une grande déceptîon, serî par sa cuture et sa grande érudîtîon, Abdaah ïbrahîm a pu se hîsser au-dessus des pérîpétîes du moment, pour embrasser du regard es contradîctîons et es probèmes du ong cours. Ceu-cî ne s’epîquent que par ’Hîstoîre et dans eur contete géographîque érîtabe. Les probèmes sur esques enaît de buter ’epérîence de ce gouernement progressîste, sî enthousîaste et sî prometteur, dépassent es aanîes poîtîcîennes et es compétîtîons de cîrconstances. Pour ’auteur, îs sont enracînés dans es profondeurs de troîs mîe ans d’hîstoîre et concernent, au-deà du Maroc, ’ensembe des contrées du Grand Maghreb. ï décîde donc de se pencher sur es troîs mîénaîres d’hîstoîre connue de cette régîon, pour dégager es dîficutés pérennes, es constantes et es déis persîstants. Pour A. ïbrahîm, c’est au cœur de ces probématîques que résîde a érîtabe epîcatîon des échecs. Ees sont au nombre de quatre : - ’organîsatîon poîtîque ou a questîon des înstîtutîons, - e statut de a terre ou a questîon de ’éoutîon socîo-économîque, - e probème de a angue ou a questîon de ’îdentîté cuturee,
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- e probème de a constructîon du Maghreb ou a questîon de ’unîté. C’est autour de ces enjeu que se noue e drame du Maghreb quî demeure (contrée sî rîche dont es habîtants sont paures) en quête permanente d’une unîté întrouabe ! Partant de a sîtuatîon poîtîque du Maroc, à a in des années soîante du sîèce dernîer, Abdaah ïbrahîm remarque que e Maghreb a inî par adopter, en ’adaptant, ’apport înstîtutîonne de ’îsam. Le système du caîfat (quî n’est en faît que a forme de pouoîr objectîement possîbe, maîs non prescrîte, étant donné es condîtîons et e contete géopoîtîque quî furent ceu de ’epansîon musumane) sera onguement négocîé par es structures et a personnaîté d’un Maghreb modeé par son hérîtage punîque, ses tradîtîons « démo-anarchîques » et sa ongue et coûteuse résîstance à a domînatîon romaîne. L’adoptîon du modèe du caîfat orîenta doît toujours faîre a part de a fronde cycîque (sînon permanente) et d’une grande unérabîîté de toutes es constructîons, pourtant grandîoses, par esquees se dîstînguèrent en maînts domaînes, aussî bîen es dynastîes berbères que chérîiennes au Maghreb musuman. Quoî qu’î en soît, e système poîtîque inît par ne pus être trop dîfférent de ceuî en îgueur dans e reste du monde musuman : un pouoîr personne hérédîtaîre et à base théocratîque. La reîgîon fonctîonne comme înstrument de soumîssîon et surtout comme justîicatîon de a censure. L’opposant porte atteînte auîjmaa(unanîmîsme quî eut passer pour sacré) et se oît assîmîé à un rebee. A. ïbrahîm souîgne que es deu epressîons (égaement mauaîses) du choî dans un te système étaîent soît e cute du chef, a lagornerîe courtîsane et a serîîté ; soît des tentatîes