A la recherche de Sélène
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A la recherche de Sélène , livre ebook

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Description

A la recherche de Sélène : chemin d’un père endeuilléPerdre un enfant est une épreuve à nulle autre pareille. Ce livre est d’abord l’histoire du drame de la perte d’une jeune fille de 21 ans d’un cancer. Il donne ensuite les étapes d’un chemin pour surmonter la douleur de ce drame.« À la recherche de Sélène » est l’histoire d’un parcours inspiré par l’amour que lui portait ses parents. Ce livre se veut être d’abord un hommage à cette fille perdue, cette fille d’en haut désormais, qui leur avait donné tant de bonheur et qu’ils veulent faire vivre encore. Il est aussi le récit d’une recherche « désespérée » pour trouver les moyens de la retrouver ou plutôt d’espérer la retrouver, peut-être un jour …De la lecture des livres des philosophes aux rencontres avec les meilleurs médiums, en passant par les expériences données par des rencontres, des partages, des conférences, et jusqu’à la découverte, certes superficielle, d’une physique quantique déstabilisante mais si prometteuse, ils ont suivi un chemin qu’ils n’auraient probablement jamais suivi sans Sélène.C’est ce que raconte ce livre.Dans l’espoir toujours conservé que la fin de vie sur terre n’est pas la fin de l’existence des êtres.Tous les produits de la vente de ce livre seront versés au fonds de dotation« Au nom de Sélène » qui œuvre à la promotion d’une agriculture responsable et bio.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782492126291
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bernard GERVAIS
 
 
 
 
 
 
À la recherche de Sélène
 
Chemin d’un père endeuillé
 
 
 
PLAN
 
Introduction
 
L’épreuve
L’hôpital
Pendant l’hôpital
Les derniers moments
Juste après Sélène sur terre
Réagir pour ne pas sombrer
L’écriture, les lettres à Sélène
Les signes
Les médiums
Les livres
Les stages, contacts et conférences
Les groupes de paroles
Les projets
Marie après Sélène
 
Changer
Mon évolution
Le cancer, une maladie de civilisation contagieuse ?
 
Changer et faire changer
Mon cadre de réflexion
Mes engagements
L’exemple des entrepreneurs sociaux
Les Fermes de Sélène
 
Conclusion
 
 
 
 
Introduction
 
 
Sélène est ma fille. Elle est partie le lundi 9 juin 2014 à midi. C’était un lundi de Pentecôte et il faisait beau. La veille, il y eut un orage avec des éclairs et du tonnerre, comme les trois coups avant une pièce de théâtre : était-ce pour marquer son entrée au ciel ?
Je ne parle pas du départ de Sélène avec le mot traditionnel qui marque la fin de la vie sur terre. Ce mot me fait peur, je n’en veux pas car je veux garder l’espoir que je la reverrai un jour. Depuis qu’elle est partie, je n’ai de cesse de la chercher. Ma fille d’en haut désormais, je n’accepte pas de la perdre.
Sélène est ma seconde fille. La vie m’a gâté avec mes deux filles, Tamara et Sélène, que j’admire autant que je les aime : elles sont intelligentes, belles et ouvertes aux autres et à la vie. Je me suis toujours demandé si je méritais ce bonheur-là. La réalité avait dépassé mes rêves.
Sélène qui n’est plus là, ce qui m’oblige ainsi à prendre l’imparfait, était tout en charme. Elle avait 21 ans. Elle savait vous envelopper de chaleur humaine, de douceur, de sourires enjôleurs. Elle savait vous emmener dans son monde, vous « ensorceler » et ce, toute petite déjà, au point de tromper, consciemment ou non, ses instituteurs sur ce qu’elle faisait vraiment. Elle était très drôle car originale, très libre et détachée des conventions que nous nous étions pourtant, mon épouse Linda et moi, évertués à lui inculquer, pour la protéger croyions-nous. Son monde, c’était celui de la tendresse, de l’affection, de la fantaisie, de l’amitié, de la bienveillance. Elle savait vivre pleinement le moment. Elle savait en fait, de façon quasi innée, ce qui était vraiment important dans la vie.
Cela, je l’avais perçu très vite. Lorsqu’elle était toute petite déjà, j’étais sous le charme, séduit par cette personnalité originale, différente, indépendante, rebelle et allergique à toutes les injustices qu’elle pouvait voir. Elle était entière et n’aimait pas les compromis, et encore moins les concessions. Elle aimait la légèreté sans être jamais superficielle, elle avait besoin d’idéal et aimait l’utopie, le rêve, tout en étant capable de traits de lucidité étonnants. Elle était généreuse, chaleureuse, excessive. Pour elle, soit on était capable de ressentir et on pouvait parler, soit on ne vibrait pas et on devait la fermer. On ne voit bien qu’avec le cœur , telle était sa conviction. Les domaines artistiques l’attiraient : la poésie d’abord, elle nous a d’ailleurs laissé des poèmes prémonitoires étonnants, puis la comédie ensuite dont elle voulait faire son métier. Je me souviens de son premier théâtre : Ruy Blas, à la Comédie Française. Elle était fascinée, hypnotisée pendant que je somnolais en la suivant du regard, étonné. Elle aurait pu jouer facilement toutes les passions car elle les connaissait si bien pour les vivre ou les subir de temps à autre.
Elle voulait garder son insouciance, avait-elle dit à sa marraine Françoise, comme pour garder une certaine pureté qu’elle craignait de perdre, peut-être, au contact de ce monde d’adultes désespérément raisonnable, froid et inhospitalier. Le vrai monde pour elle était celui de l’enfance, celui de la nature et des animaux qu’elle aimait regarder et toucher. Voulait-elle grandir ? Pouvait-elle grandir en gardant ses conceptions ? Sans concessions ? Sa vie s’est en effet arrêtée à la fin d’une enfance qu’elle avait su prolonger.
Je pourrais continuer cet hymne à ma Sélène chérie, ma « Chélène », mais je dois avouer qu’elle n’était pas toujours très facile, même si je croyais bien la comprendre. Elle se promenait en ballerines en plein hiver, et en bottes en plein été. Elle ne savait ni le jour ni l’heure que l’on était. Elle buvait beaucoup de lait en regardant des émissions de télé que je détestais, et ne mangeait pas de façon très équilibrée, aimait le sucré, et elle répugnait à fournir des efforts sur ces sujets aussi. Elle a commencé à changer son alimentation au moment de la maladie.
Son cancer, un rabdomyiosarcome, a été découvert en juin 2013. Il l’a emportée un an plus tard après que la première salve de chimiothérapie nous ait fait croire qu’elle était sauvée en décembre. Avant qu’une rechute ne nous soit annoncée en mars.
Avec elle, nous nous sommes battus comme des chiens. Elle n’a pas passé une seule nuit seule à Cochin, sauf quand elle était en aplasie. On l’a gorgée d’amour et d’espoir pour la garder, la peur bien cachée au fond du ventre. Elle est partie quand même. S’il suffisait d’aimer !
Nous n’avons pas vécu une épreuve, Linda, Tamara et moi, nous avons vécu une torture pendant un an. Et même quand l’oncologue m’a pris à part pour me dire qu’elle ne pouvait plus rien, que la médecine « moderne » baissait les bras, deux mois avant son départ, je n’ai rien dit ; je n’ai pas baissé les bras et j’ai continué de croire à ce qui serait désormais, aux yeux de la science, un miracle. Il le fallait. Mais aurais-je eu le courage de la regarder en face pour lui dire qu’elle allait partir et que nous allions partager ces derniers moments ensemble ? Non, je n’en aurais pas eu la force.
Aujourd’hui, toutes les images de cette période, tous ces souvenirs, je les ai mis dans une boîte douloureuse que je ne dois pas ouvrir. Je vais pourtant le faire pour écrire ces lignes et essayer de dépasser mon chagrin.
Ma Sélène, ma Chélène, ma fille, est partie. Et depuis je la cherche. Je ne suis pas certain que son départ m’ait changé mais ce dont je suis sûr, c’est que j’ai découvert, à cause de son départ, des chemins que je n’imaginais même pas. Les dire, les commenter, est certainement impudique, mais pourquoi ne pas la remercier pour tout ce qu’elle m’a fait faire ? C’est une façon de la célébrer encore. Tout s’est inversé, c’est elle maintenant qui me fait grandir.
 
 
 
 
 
 
 
 
L’épreuve
 
 
 
 
 
 
 
L’hôpital
Nous étions une petite famille de quatre personnes, Linda, Tamara, Sélène et moi, très soudés affectueusement. J’étais heureux au milieu de toutes ces femmes et jeunes femmes que je regardais, admiratif, tous les jours. Tout était « normal » et je ne savais pas encore la fragilité de ce que nous croyions avoir ou être.
Tout est parti d’une petite collision bénigne au ski en février 2013. Sélène a été heurtée par un jeune skieur qui ne l’a même pas fait tomber. Un hématome est apparu à la cuisse. Il ne se résorbait pas. J’aurais dû m’en inquiéter, moi, ancien joueur de rugby, qui en ai eu quelques-uns, d’hématomes !
Mais comment imaginer alors que ce pouvait être le début d’un cancer ?
Évidemment, nous sommes allés voir notre médecin qui nous a envoyés ensuite voir un chirurgien. Plusieurs fois. Rien de décelé, que des crèmes comme médicament.
Un soir d’avril nous sommes même allés aux urgences de Saint Joseph car Sélène avait mal au bas ventre. C’étaient évidemment les premières métastases. La jeune interne nous a fait attendre plus de trois heures avant d’arriver, visiblement complètement harassée par sa journée. Elle est repartie presque tout de suite, appelée pour une autre urgence, sans avoir pu regarder vraiment ce qu’avait Sélène, en nous promettant de revenir au plus vite. À une heure du matin, Sélène a décidé de rester seule à l’hôpital pour des examens, qui ne donnèrent rien. Une occasion de perdue ? Cette pauvre interne aurait-elle deviné ? N’était-ce pas déjà trop tard ?
Il nous a fallu croiser, fin juin, un radiologue soupçonneux qui nous a demandé de faire une IRM.
Le résultat est arrivé très vite et le chirurgien-orthopédiste, maintes fois consulté, maintes fois aveugle, a usé de ses relations pour faire entrer Sélène à Cochin le 1 er juillet. Je ne lui en veux pas aujourd’hui. Je n’ai pas de colère contre lui, tant le poids du destin me paraît déterminant.
Il faisait une chaleur moite étouffante en ce début juillet et nous fûmes affectés d’abord au service chirurgie où un jeune chirurgien répondant à ma question sur la gravité du cancer de Sélène, ne prit aucun gant pour me dire que c’était extrêmement grave ! La brutalité de sa réponse, sans aucune chaleur ni bienveillance, je m’en souviens encore ! Premier coup de poing au ventre. Le début de la peur qui nous rongerait un an. Ne faudrait-il pas enseigner un peu d’humanité à ces « spécialistes » pour lesquels un malade est plus un cas qu’un être humain ? Ne peuvent-ils imaginer l’angoisse et la peur de parents affolés ? Ont-ils des enfants qu’ils aiment ? Peut-on se limiter à la technique froide pour soigner un homme ?
Je demandai de rester à côté de Sélène dans sa chambre, ce qui me fut accordé, avec un lit d’appoint. J’ai essayé de dormir à côté de Sélène, ma fille, ma fille condamnée, en cherchant déjà les branches auxquelles nous pourrions nous accrocher. Déjà, mon amour débordait de peur et j’imaginais qu’il serait aussi un médicament pour elle.
Le lendemain, elle fut transférée au service oncologie où la chimio démarra. Très vite, l’hématome dégonfla, nourrissant notre espoir : c’était le signe que le protocole fonctionnait. On entrait dans la bagarre, tous ensemble et on l’aurait Monsieur K ! comme Sélène l’appelait.
Il a fallu évidemment accepter les contraintes de la pratique de cette médecine de protocole : huit séances programmées de chimiothérapie, espac

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