Désirs de réforme : Relectures de la Constitution conciliaire sur la liturgie
159 pages
Français

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Description

Fruit d’une collaboration internationale, cette étude critique de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la réforme de la liturgie se veut une relecture de la question rituelle telle qu’elle s’est posée au sein de l’Église catholique depuis les cinquante dernières années. Interdisciplinaire, elle tient compte des différentes réalités socioculturelles ; chaque auteur se concentre sur une thématique majeure en proposant une lecture herméneutique du document à la lumière des enjeux actuels.
Des questions fondamentales sous-tendent l’essai : les rites chrétiens se célèbrent-ils encore ? Dans quels contextes et quelles situations ? Plus de cinquante ans après Vatican II (et la Révolution tranquille au Québec), qu’en est-il du renouveau liturgique et de la place accordée aux femmes ? Pourquoi étudier les rites, notamment les rites chrétiens, et comment le faire ? Cet ouvrage à la fois érudit et accessible ouvre un grand nombre de perspectives sur la Constitution conciliaire et sur ce que signifie véritablement, profondément, la liturgie dans le monde moderne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 novembre 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760638983
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mise en page: Véronique Giguère
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Désirs de réforme: relectures de la Constitution conciliaire sur la liturgie /
sous la direction de Ângelo (Manuel dos Santos) Cardita.
(Matière à pensée)
Comprend des références bibliographiques.
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-7606-3896-9
ISBN 978-2-7606-3897-6 (PDF)
ISBN 978-2-7606-3898-3 (EPUB)
1. Concile du Vatican (2 e : 1962-1965 : Basilica di San Pietro in Vaticano). Constitutio de sacra liturgia. 2. Église catholique - Liturgie. I. Cardita, Ângelo, éditeur intellectuel.
BX1970.D47 2018 264’.02 C2018-941367-0
C2018-941368-
Dépôt légal : 4 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2018
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).


Introduction Les défis actuels de la Constitution Sacrosanctum Concilium
Ângelo Cardita
Quand les Pères conciliaires ont commencé à débattre de la liturgie, l’Église possédait déjà plusieurs réponses valables aux questions que celle-ci soulevait. Parmi ces réponses, avancées de façon «charismatique» par les chrétiens engagés dans le mouvement liturgique un peu partout, celle de la réforme de la liturgie a vite été comprise comme la condition de possibilité de toutes les autres. La réforme de la liturgie était déjà en cours et, d’une certaine façon, elle a aussi préparé le terrain pour le Concile et pour le renouveau plus ample qui a commencé avec les débats conciliaires.
Considérer que la réforme de la liturgie a été l’effet qu’avait envisagé le Mouvement liturgique et qu’une fois assumée sur le plan magistériel et disciplinaire elle en décrète la fin est une erreur dont nous souffrons encore aujourd’hui. Le Mouvement liturgique n’a pas eu besoin de la réforme de la liturgie pour «commencer à bouger», d’après l’expression de Bernard Botte 1 . C’est la réforme de la liturgie qui a eu – et a encore – besoin du Mouvement liturgique pour être accueillie et interprétée, et cela pour une raison très simple: le Mouvement liturgique est, d’abord, une prise de conscience – pratique et théorique – de la question liturgique, c’est-à-dire une prise de conscience des changements socioculturels ainsi qu’ecclésiaux et théologiques qui touchent l’expérience rituelle dans le contexte de la modernité.
Ce que le Mouvement liturgique nous apprend, ce n’est pas seulement qu’il faut impérativement établir un dialogue explicite, conscient et honnête avec la modernité, mais aussi que le refus de ce dialogue représente l’acceptation implicite, naïve et inconsciente du point de vue de l’autre et, donc, la dilution de notre identité. Le dialogue est un impératif parce qu’il est le seul moyen d’affirmer l’identité sans ignorer ni nier la différence. Les auteurs du Mouvement liturgique ont appris à l’Église à dialoguer avec les autres confessions chrétiennes et même avec les autres religions. Le père du Mouvement liturgique, Lambert Beauduin, n’a-t-il pas été aussi l’un des pères du Mouvement œcuménique? Maurice Festugière n’a-t-il pas été l’un des premiers à redéfinir le traité apologétique sur la religion en fonction de la philosophie moderne? Ils ont été suivis par Odon Casel, Romano Guardini, Cipriano Vagaggini, Carlos Cubells, Louis Bouyer, etc. 2 .
Le besoin de la réforme de la liturgie émerge de l’attention sérieuse et diversifiée accordée à la nature du rite en lien avec le fondement de la foi . En chemin, le Mouvement liturgique crée une nouvelle discipline théologique parce qu’il instaure aussi une nouvelle méthode qui trouve sa «source» et son «sommet» dans l’expérience rituelle. D’après ce point de vue, les défis posés à l’Église par la réforme de la liturgie assumée et relancée par le deuxième Concile du Vatican sont des défis secondaires et, pourtant, absolument nécessaires pour affronter le principal défi qui consiste en la redécouverte et le rétablissement du pouvoir symbolique de la médiation rituelle par rapport à l’immédiateté de la foi et de la grâce. Cette redécouverte et ce rétablissement sont les traits propres au Mouvement liturgique, et la réforme liturgique leur est subordonnée.
Toutefois, aujourd’hui, passé le seuil du cinquantenaire du Concile, des doutes surgissent et des hésitations s’installent. Les Pères conciliaires ont reconnu volontiers que l’enseignement du Concile devrait «encore être poursuivi et amplifié» ( Gaudium et Spes GS 91). La nature même de l’événement empêche de considérer ses décisions comme purement «contingentes». Assumée, relancée et ordonnée par un Concile, la réforme de la liturgie ne peut être soumise à aucune réforme. Au contraire, depuis le Concile, l’expérience liturgique a toujours besoin de se mesurer aux grands principes de la réforme qu’a énoncés la Constitution conciliaire sur la liturgie 3 .
Dans cette confrontation, nous ne pouvons pas séparer la «lettre» de l’«esprit», parce que, si la «lettre» nous communique l’«esprit», c’est l’«esprit» qui commande la lecture et l’interprétation de la «lettre». La Constitution Sacrosanctum Concilium (SC) ne laisse pas de doutes: «[…] la sainte Mère l’Église veut travailler sérieusement à la restauration générale de la liturgie elle-même.» Pour permettre la réforme, le Concile reprend la distinction entre «une partie immuable» et «des parties sujettes au changement». L’important est, cependant, la reconnaissance du caractère historique de la liturgie ainsi que l’affirmation du principe de la médiation. On dit, alors, que la partie immuable de la liturgie est d’institution divine et que la restauration des textes et des rites doit s’accomplir «de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient et que le peuple chrétien […] puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire» (SC 21).
D’après SC 21, il est clair que la réforme envisage autant la dimension syntaxique (l’organisation des textes et des rites) que les dimensions sémantique (les réalités saintes qu’ils expriment) et pragmatique de l’action rituelle (la participation pleine, active et communautaire). Si l’on se réfère à SC 7, on confirme que le rite est envisagé sous l’hori zon référentiel de la présence du Christ dans la diversité des signes qui composent la liturgie. Le Concile a appris tout cela du Mouvement liturgique. La différence entre les deux est que la réforme de la liturgie commence par la syntaxe, tandis que le Mouvement liturgique trouve son point de départ dans la pragmatique. La façon de relier syntactique et pragmatique est, cependant, la même: la pédagogie ou la formation, «d’abord des pasteurs eux-mêmes» (SC 14).
La réforme de la liturgie commence par la syntaxe rituelle et se con centre sur elle, c’est-à-dire sur les rites et les textes et, donc, sur les livres liturgiques. «Les livres liturgiques seront révisés au plus tôt en faisant appel à des experts et en consultant des évêques de diverses régions du globe.» (SC 25) À quels livres liturgiques pensent les Pères conciliaires? Sans doute aux livres liturgiques en vigueur en 1962.
L’adaptation de la liturgie prolonge la logique de la réforme dans le respect de l’«unité substantielle du rite romain» ( SC 38), sauf s’il s’avère «urgent d’adapter plus profondément la liturgie» (SC 40). Selon le commentaire de Martimort, de 1965, SC 40 envisageait la possibilité de l’apparition de nouvelles familles rituelles et devrait être interprété au-delà du principe de l’unité du rite romain énoncé par SC 38 4 . Le début du paragraphe commençant par «mais» (en latin: cum tamen ) le confirmerait. La quatrième instruction pour l’application de SC, sur l’inculturation de la liturgie, ferme cette porte en imposant l’interprétation de SC 40 à partir de SC 38 5 .
L’adaptation prolonge et concrétise la réforme sur le plan des conditions contextuelles de réalisation de l’acte du culte. Effectivement, le Mou vement liturgique avait rencontré la ferveur missionnaire qui grandissait dans l’Église depuis le xix e siècle et, par conséquent, les Églises des pays de mission avaient trouvé dans la liturgie une possibilité d’exprimer leur identité chrétienne autant que leur volonté d’émancipation des dépendances sociopolitiques à l’égard des colonisateurs européens. C’est surtout dans le champ de la musique et des arts que les ouvertures préconciliaires se situent. En Europe, notamment à la suite du fameux Motu proprio «Tra le sollecitudini» de 1903, le mouvement grégorien essayait de redonner vie aux anciens répertoires sacrés. Dans ce même document, Lambert Beauduin trouve le mot d’ordre de la participation active qu’il s’approprie pour lancer le Mouvement liturgique et pour faire entrer dans la liturgie des chants populaires, c’est-à-dire des chants, souvent destinés aux dévotions, dans les langues vernaculaires 6 .
Dans les pays de mission avaient commencé les premières tentatives d’introduction de chants populaires dans la liturgie. Ce mouvement a des affinités avec le Mouvement liturgique, mais il s’agit, ici, de chants inspirés de la culture musicale de tradition orale des peuples non européens.
En Europe, le mouvement musical «sacré» et le mouvement musical «populaire» ne se rencontreront jamais, sinon sur la «lettre» de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium qui accueille aussi le mouvement musical «ethnologique». La musique et le chant sont déterminants pour l’action liturgique, comme l’affirme le Concile: «[…] la musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion plus étroite avec l’action liturgique […]. Mais l’Église approuve toutes les formes d’art véritables, si elles son

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