Eglise conciliaire et années soixante
240 pages
Français

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Eglise conciliaire et années soixante , livre ebook

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Description

La crise postconciliaire en Occident est souvent interprétée sous l'angle du rapport du catholicisme avec une modernité qu'il s'agirait de rejoindre tant bien que mal, modernité identifiée à tort à certains phénomènes reliés aux années soixante qui pourraient s'avérer incompatibles avec le christianisme. Dès lors, la posture postconciliaire d'ouverture au monde a pu constituer une inadaptation. C'est à travers ce prisme que l'auteur analyse ici les effets du concile Vatican II.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296475076
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Église conciliaire
et
années soixante
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56692-7
EAN : 9782296566927

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Louis Rade


Église conciliaire
et
années soixante


L’Harmattan
Religions et Spiritualité
dirigée par Richard Moreau,
Professeur émérite à l’Université de Paris XII
et André Thayse,
Professeur émérite à l’Université de Louvain

La collection Religions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus.
La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux.


Dernières parutions

Francis LAPIERRE, Saint Paul et les Evangiles, 2011.
Maurice VERFAILLIE, L’Identité religieuse au sein de l’adventisme (1850-2006), 2011.
Philippe BEITIA, Les traditions concernant les personnages de la Bible dans les martyrologes latins , 2011.
Dr Francis WEILL, Dictionnaire alphabétique des psaumes, 2011.
Céline COUCHOURON-GURUNG, Les Témoins de Jéhovah en France. Sociologie d’une controverse, 2011.
Pierre HAUDEBERT, Théologie lucanienne. Quelques aperçus, 2010.
Pierre EGLOFF, La Messe sur l’univers. Les Nourritures du Ciel et de la Terre, 2010.
Marie LUCIEN, 10 maîtres de vie dans la Bible, 2010.
Philippe BEITIA, Le baptême et l’initiation chrétienne en Espagne du III e au VII e siècle, 2010.
Michel GIGAND, Michel LEFORT, Jean-Marie PEYNARD, José REIS et Claude SIMON, La sortie de religion, est-ce une chance ?, 2010.
Francis LAPIERRE, Saint Luc en Actes ?, 2010.
Georges BONDO, Analogie de l’Avent. Transcendance de l’extériorité et critique anthropologique, 2010.
André THAYSE, Dieu caché et Réel voilé. L’une et l’autre Alliance, 2010.
NGUYEN DANG TRUC, Bouddha, un contemporain des Anciens Grecs, 2010,
Philibert et Dominique SECRETAN, Fêtes et raisons. Pages religieuses, 2010.
"Cette rupture constitue une grande énigme. J’en suis réduit à en prendre acte sans l’expliquer vraiment (…). Me frappe particulièrement, un effacement brutal de la culture religieuse que je date du milieu des années soixante".

René Rémond, Le christianisme en accusation, p. 64.
Introduction
Si l’on jette un coup d’oeil rapide aux statistiques mondiales d’ordinations annuelles, en hausse notable depuis 1980, on aura compris que la crise la plus grave de l’Église catholique ne concerne que certaines Églises occidentales, au clergé vieillissant et allant s’amenuisant, dont on ne peut même pas dire à coup sûr que le nombre soit insuffisant, puisque les fidèles disparaissent à un rythme sans doute comparable avec des variantes selon les régions. L’on peut certes chercher à prendre de la hauteur historique, voir les choses dans la foi et se dire du point de vue de Sirius que le catholicisme en a vu bien d’autres, et qu’il faut savoir ramener nos histoires locales à de justes proportions et ne pas évoquer trop vite la crise la plus grave de l’histoire. Cela ne dispense toutefois pas de tenter de lire les nouveaux signes des temps postconciliaires, si frappants et massifs, qui donnent à penser que le scepticisme de la minorité du concile n’était pas sans fondement. Trois ans à peine après la clôture de ces assises Paul VI déclarait en une allocution dramatique souvent citée depuis : "l’Église se trouve en une heure d’inquiétude, d’autocritique, on dirait même d’autodestruction. C’est comme un bouleversement intérieur, aigu et complexe, auquel personne ne se serait attendu après le concile" {1} . Faisant suite à un bon nombre de commentateurs on peut continuer à se demander : que s’est-il donc passé ? Pourquoi la pratique religieuse a-t-elle chuté ? Pourquoi le message moral de l’Église passe-t-il mal et son message sociopolitique plutôt bien alors qu’il y a un siècle c’était l’inverse ? Pourquoi les vocations se sont-elles taries malgré des efforts sérieux ? Après bien des réponses, souvent contradictoires et qui contribuent à de nouvelles tensions, on voudrait apporter dans ces pages une contribution à l’édifice interprétatif, en fournissant un schéma hypothétique pouvant s’accorder avec un maximum de faits et surtout tenant compte des plus récentes analyses de ce qui se passa vraiment dans les années soixante en Occident riche, et dont le concile est un épisode.
Car enfin il est frappant de noter que la majorité conciliaire, où il y avait des plus excellents évêques qui se puissent imaginer et un certain nombre de saints, avec des intentions d’une très grande élévation mais d’une certaine naïveté, se trouva dès le départ sous la direction des épiscopats de ces régions européennes où s’est déroulée depuis la crise la plus aiguë. Un hasard ? Bien des postconciliaires locaux aiment faire remarquer que le déclin des vocations ne date pas du concile, mais n’est-il pas hautement vraisemblable que ce dernier, joint à d’autres facteurs, l’ait décuplé, en décuplant l’effet de ces facteurs préexistants qui avaient précisément amorcé la crise, accomplissant ainsi le contraire de ce qu’il fallait, au moins sous certains aspects ? Il faut une bonne dose d’amour-passion du concile pour enjamber légèrement le fait brutal des mille ordinations françaises de 1950 comparées à la centaine de la période actuelle, ou alors se dire qu’il ne faut pas être prophète de malheur, comme le déclarait Jean XXIII il y a quarante ans, énoncé promu au statut de vérité anhistorique et intemporelle par ceux-là mêmes qui en affichent le moins de goût.
Mais une fois qu’on a admis que quelque chose ne va pas, surtout si l’on sait que les néotridentins traditionalistes ont, eux, conservé le taux proportionnel d’ordinations de 1950, reste à poser le diagnostic. On connaît l’opinion de Mgr Lefebvre : c’est le concile, et il fallait s’aveugler volontairement dès le départ pour ne pas craindre le pire. Il n’a jamais varié à ce sujet, ajoutant la Puissance du Mal comme cause première, prévoyant en 1975 la décadence et l’anéantissement, rejetant plus tard expressément l’approche du Cardinal Ratzinger en son Entretien sur la foi, pour qui le coupable est le postconcile avec son "anti-esprit du concile" à la dérive, et une révolution culturelle sous la houlette de la "nouvelle bourgeoisie du tertiaire, avec son idéologie libéralo-radicale de type individualiste, rationaliste, hédoniste" {2} . Notons toutefois que si Mgr Lefebvre ne voit qu’une différence de degré entre le concile et son "anti-esprit" défini par la soif de nouveauté et le recommencement à partir de zéro, les points de vue convergent pour préconiser le rétablissement d’une opposition à l’esprit du monde {3} . Il devient alors quelque peu difficile de mettre le concile hors de cause, lui qui a brisé cette opposition. Ou l’a-t-il vraiment brisée ? Où est le plus vraisemblable dans ces appréciations ? Et peut-on questionner ainsi le concile ? Apparemment oui, puisque les postconciliaires locaux eux-mêmes questionnent le concile de Trente et les différentes évolutions de l’Église. Le problème, c’est que la notion de cause est complexe et risque d’être interprétée différemment. Des documents conciliaires imprudents ici ou là ont pu simplement permettre indirectement telle ou telle catéchèse aux effets autodémolisseurs. Peut-on dire que le concile en serait la cause ? Oui et non. Des notions telles qu’ouverture et adaptation portent en elles bien des possibilités contradictoires. Qu’est-ce qui est ouvert ? L’Église ? Le texte même préconisant l’ouverture, qui doit alors pouvoir s’ouvrir à la fermeture ?
On voudrait ici apporter différentes hypothèses à propos de l’écheveau de complexité dans lequel le concile a pu agir et réagir. Le concile a certainement causé l’ouverture peut-être sans le vouloir, non seulement à l’égard de la "nouvelle bourgeoisie du tertiaire", mais aussi à toute l’idéologie marquante des années soixante, que nous appellerons "soixantiste", non pa

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