L’expérience de la différence religieuse dans l Europe moderne (XVIe – XVIIIe siècles)
226 pages
Français

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L’expérience de la différence religieuse dans l'Europe moderne (XVIe – XVIIIe siècles) , livre ebook

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Description

Cet ouvrage collectif aborde les thématiques de la coexistence confessionnelle et du dépassement des frontières religieuses dans l’Europe des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Il entend ouvrir de nouvelles pistes de discussion à l’échelle européenne, par le biais d’un dialogue entre des chercheurs s’inscrivant dans des traditions nationales bien différentes (France, Pays-Bas, Suisse, Allemagne). Il s’agit dans les contributions rassemblées ici d’analyser les possibilités et les modalités des contacts interconfessionnels, en prenant comme point de départ l’expérience de la différence religieuse : l’expérience vécue d’acteurs sociaux très divers – ecclésiastiques, magistrats, lettrés ou bourgeois – mais aussi l’expérience tentée par les autorités politiques. Les approches utilisées sont diverses : étude de trajectoires individuelles, histoire intellectuelle et culturelle, histoire sociale et politique. Les recherches présentées, dans leur diversité, s’inscrivent dans un contexte historiographique marqué par la remise en cause des paradigmes insistant sur l’étanchéité des frontières confessionnelles.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889300655
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

B ERTRAND F ORCLAZ ( DIR .)









L’ EXPÉRIENCE DE LA DIFFÉRENCE RELIGIEUSE DANS L’ E UROPE MODERNE ( XVI e - XVIII e SIÈCLES )








É DITIONS A LPHIL -P RESSES U NIVERSITAIRES S UISSES
Copyright







© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2012
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
www.alphil.ch
Alphil Distribution
commande@alphil.ch
EAN Epub : 978-2-889300-65-5
Ce livre a été publié avec le soutien :
– du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.
– de la Commission des publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel
Illustration de couverture : Rijksmuseum – Amsterdam
Fishing for Souls. Adriaen Pietersz van de Venne (1614).
Responsable d’édition : Jacques Barnaud
R EMERCIEMENTS
Arrivé au terme de cette entreprise collective, c’est avec plaisir que j’aimerais remercier vivement celles et ceux qui m’ont aidé dans la préparation et l’organisation du colloque dont cet ouvrage constitue les actes : mes collègues de l’Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel, et en particulier Olivier Christin et Jean-Daniel Morerod pour leurs conseils avisés, Arlette Bagnoud et Jérôme Salmeron pour la gestion efficace des aspects organisationnels.
Mes remerciements s’adressent aussi à celles et ceux dont l’aide a été précieuse pour l’édition de l’ouvrage : mon assistante Franziska Kissling, qui m’a secondé dans la mise en forme du manuscrit et l’établissement de l’index ; mes éditeurs, Alain Cortat et Jacques Barnaud, qui m’ont accompagné de façon efficace et amicale ; les deux collègues anonymes qui ont bien voulu expertiser l’ouvrage.
Mes remerciements vont enfin au Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique et à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Neuchâtel pour leur appui financier, qui a permis la publication de cet ouvrage.
Cet ouvrage est dédié à Willem Frijhoff, à l’occasion de son 70 e anniversaire.
A VANT-PROPOS
B ERTRAND F ORCLAZ
Au cours des dernières années, la thématique de la coexistence religieuse et des contacts supraconfessionnels dans l’Europe moderne s’est imposée comme un objet de recherche central. Les causes de cette émergence sont diverses : s’il s’avère impossible d’en établir ici une liste exhaustive, elles renvoient de toute évidence à deux mouvements de fond, l’un sociétal, l’autre historiographique, qui sont bien sûr liés. La sécularisation des sociétés européennes au cours des dernières décennies a permis de poser un regard plus détaché sur les conflits religieux de l’époque moderne, tandis que les défis posés par la coexistence avec l’Islam incitent à chercher des pistes de réponse dans le passé, et dans le difficile apprentissage de la pluralité confessionnelle qu’a connu l’Europe 1 . Sur le plan historiographique, la laïcisation et la « déconfessionnalisation » de l’histoire religieuse, tout d’abord, ont permis aux chercheurs de mettre en œuvre de nouvelles approches, moins tributaires du point de vue des autorités politiques et ecclésiales. Ce changement de regard ainsi que l’affaiblissement des grands modèles interprétatifs, comme le paradigme de la confessionnalisation, ont ensuite entraîné la redécouverte de l’étonnante diversité confessionnelle que connaissaient de nombreux territoires de l’Europe à l’époque moderne. L’adéquation proposée par les tenants de la confessionnalisation entre imposition de l’uniformité confessionnelle d’une part, affirmation de l’« État moderne » de l’autre – le fameux cujus regio, ejus religio – se voit donc nuancée par les travaux les plus récents 2 .
Cet ouvrage, qui réunit les actes d’un colloque tenu en octobre 2010 à l’Université de Neuchâtel, entend ouvrir de nouvelles pistes de discussion à l’échelle européenne, par le biais d’un dialogue entre des chercheurs s’inscrivant dans des traditions nationales bien différentes. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il peut s’avérer utile d’offrir quelques pistes de réflexion historiographique, afin de baliser le parcours que nous proposerons au lecteur 3 . De façon schématique, on peut distinguer trois étapes dans l’historiographie des quarante dernières années.
Si les premiers travaux étudiant en profondeur la coexistence religieuse et les contacts interconfessionnels remontent aux années 1970, il convient de rendre justice à un précurseur, le jésuite français Joseph Lecler , qui, dès 1955, dans son Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme , s’intéressa non seulement aux penseurs de la tolérance mais également aux conditions, notamment politiques, qui permirent la cohabitation – pérenne ou temporaire – des confessions rivales dans plusieurs pays d’Europe 4 . À sa suite, ce furent des historiens français et néerlandais – Elisabeth Labrousse , Robert Sauzet et Willem Frijhoff – qui, les premiers, étudièrent la coexistence, les conversions et les mariages mixtes : ce n’est sans doute pas un hasard si ces deux pays avaient connu une homogénéisation confessionnelle tardive, dans le cas de la France , ou une situation de coexistence durable, dans celui des Pays-Bas 5 . Dans les pays où prédomina le principe de territorialité des confessions, comme le Corps helvétique ou le Saint-Empire , l’étude de la coexistence confessionnelle fut plus tardive : le cas des villes paritaires, comme Augsbourg , étudié notamment par Étienne François , était plutôt envisagé comme une exception 6 .
Si ces travaux restaient relativement isolés, à partir des années 1990, en revanche, on constate une multiplication des recherches sur la coexistence confessionnelle, en particulier pour les villes des Provinces-Unies , la France ou l’Angleterre ; pour les territoires bi-confessionnels du Corps helvétique et du Saint-Empire , le paradigme de la confessionnalisation a longtemps freiné cet essor 7 . Les mutations historiographiques plus larges se sont évidemment répercutées dans ce domaine également : ainsi, les travaux lancés par Kaspar von Greyerz en Suisse sur les écrits personnels ( Selbstzeugnisse ) ont permis de mettre en évidence la traversée – parfois temporaire – des frontières confessionnelles au niveau de l’expérience individuelle 8 .
La dernière étape est celle dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui : il s’avère évidemment plus difficile de l’historiciser. Elle se caractérise tout d’abord par une spécialisation thématique : comme l’on dispose maintenant d’études générales, les recherches se focalisent sur des paramètres spécifiques et centraux de la coexistence, tels les conversions et les mariages mixtes. On observe également une européanisation de la discussion, qui se traduit non seulement par une dimension comparative, mais aussi par un élargissement géographique à l’Europe centrale et orientale. Enfin, alors que les recherches se sont longtemps concentrées sur les confessions chrétiennes et, le cas échéant, les minorités juives, les chercheurs s’intéressent désormais également aux situations, évidemment moins fréquentes, de coexistence avec des musulmans – un effet indiscutable de la conjoncture religieuse, sociale et politique dans laquelle s’inscrit l’historiographie contemporaine 9 .
Plusieurs défis nous attendent aujourd’hui. Il convient en particulier de dépasser la focalisation sur les situations de coexistence pour étudier les contacts supraconfessionnels dans les zones de frontière, encore plus nombreuses, et sur lesquelles nos connaissances restent encore limitées. Par ailleurs, il importe de proposer une réflexion plus systématique sur les frontières confessionnelles et sur leur caractère plus ou moins poreux, ainsi que l’a fait Keith Luria : en poussant cette réflexion plus loin, il convient de s’interroger sur les différents régimes de coexistence – parité, paix de religion, semi-clandestinité des minorités confessionnelles, etc. – et leurs effets sur les rapports interconfessionnels au quotidien 10 . L’évolution de la coexistence religieuse au XVIII e siècle reste encore mal connue, de même que la situation des zones rurales, pour lesquelles les sources s’avèrent évidemment plus lacunaires que dans les villes. Enfin, si nous tendons à mettre l’accent sur la coexistence et son caractère souvent pacifique, il convient cependant de ne pas oublier les conflits, au risque de tomber dans une vision irénique de l’histoire religieuse de l’Europe à l’époque moderne.
Il s’agit donc, dans cet ouvrage, de proposer un état des lieux, évidemment non exhaustif, à partir de différentes études de cas et recherches en cours. La catégorie d’expérience, qui constitue le fil conducteur de l’ouvrage, offre une vision centrée sur les acteurs historiques, dans toute leur diversité : magistrats urbains, évêques catholiques, théologiens réformés, érudits et scientifiques, mais aussi notables villageois… On s’en rendra compte à la lecture des différents articles, les perspectives proposées sont très différentes.
L’ouvrage est organisé en quatre parties. Dans son introduction générale, Willem Frijhoff , se fondant sur son expérience de recherche, illustre les évolutions de l’historiographie au cours des dernières décennies, et en particulier la redécouverte des « trajectoires du vécu », l’émergence des identités confessionnelles et la conceptualisation de la coexistence entre des confessions certes rivales, mais conscientes de leur héritage commun.
La première partie s’intéresse à « la régulation de la différence religieuse », en particulier dans les décennies qui ont suivi la Réforme, et examine quelques solutions mises en œuvre afin de permettre la coexistence confessionnelle – ou au contraire de la supprimer. Karine Crousaz , à partir de la chronique de Guillaume de Pierrefleur , un bourgeois d’Orbe , montre la mise en place, dans les bailliages communs des cantons de Fribourg et Berne , d’une coexistence fondée sur la liberté de conscience individuelle, mais aussi le pass

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