L islam de l Afrique noire
234 pages
Français

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L'islam de l'Afrique noire , livre ebook

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Description

Cet ouvrage collectif se veut une introduction à l'islam dans le monde négro-africain. De quelle manière le code musulman affecte-t-il la vie des femmes sur le continent ? Quand l'islam s'est-il étendu en Ouganda ? Pourquoi son déploiement à Madagascar est-il une légende difficilement vérifiable ? Pourquoi certains parlent d'un islam en Afrique alors que d'autres affirment qu'il existe un islam noir ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 119
EAN13 9782296494053
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’islam de l’Afrique noire
Ferran Iniesta (éd.)

L’islam de l’Afrique noire
Traduction / Révision :
Mira Max Rabemila / Carine Dubois Mouton

© L’Harmattan, 201 2
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Pari s
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-57038-2
EAN : 9782296570382
Introduction Les chemins de l’islam au sud du Sahara

Ferran Iniesta

Lors d’une rencontre à Barcelone dans le cadre de l’Université Internationale Menéndez y Pelayo, un groupe de spécialistes de l’islam subsaharien a eu l’occasion de présenter ses analyses et de confronter ses hypothèses qui ne coïncidaient pas toujours. Presque toujours d’accord sur les faits et les processus décrits, ceux qui étaient présents ont exposé leurs différentes évaluations du signifié et leurs perspectives des transformations perceptibles dans le monde musulman africain. Les données présentées étaient fiables grâce à la rigueur de sociologues, d’historiens et d’anthropologues, sans que l’on puisse pour autant offrir une vision unique et homogène d’un phénomène social de l’envergure de l’islam au sud du Sahara.
L’ouvrage que nous présentons ici examine attentivement dans sa première partie l’islam ancien et récent, ses transformations, ses crises et ses projets actuels. Au sud du Sahara, l’idée coranique ne s’est pas répandue militairement, et durant plus de mille ans elle n’a pas eu recours aux armes mais s’est appuyée sur le commerce et sur une influence culturelle perceptible, comme le signale Iniesta, grâce à une adaptation aux forces hiérarchisées et aux coutumes négro-africaines. Quand, un peu avant l’attaque coloniale, des djihads militaires furent déclenchés, ils furent toujours endogènes, africains. Supposer une religiosité musulmane de parcours éphémère est l’une des erreurs commises par ceux qui ne connaissent pas l’histoire des peuples du Sahel ou de la côte orientale africaine, historiquement perméable à l’islam.
L’action islamisante des turuq soufis au XIXe siècle fut muselée par les gouvernements coloniaux qui, malgré le passe-droit politique des hiérarchies musulmanes, ne purent que constater l’expansion de l’islamisation. Et justement, cette tendance n’a pas disparu avec les indépendances, tel que l’indique Costa Dias, puisque tant dans le camp soufi majoritaire que dans le camp réformiste minoritaire des da’wa , nous pouvons constater aujourd’hui une expansion de la pratique islamique, un avancement de la connaissance coranique et une montée exorbitante des excès des gouvernants. Sans chercher à attaquer le pouvoir central, le nouvel islam d’inspiration scolaire internationale est un important facteur de changement social.
Pour Coulon, nous assistons à une insertion croissante de l’islam africain dans l’ umma , la communauté internationale des croyants, en grande partie avec l’aide des nouveaux systèmes de communication parmi lesquels se distingue l’ umma virtuelle à laquelle on accède informatiquement. La mondialisation est une réalité qui n’annule pas la particularité locale, de même que la plus grande démocratisation des États subsahariens ne suppose pas non plus une sécularisation – rêvée par le laïcisme républicain d’un certain Occident – mais stimule au contraire une effervescence et une visibilité de la religiosité. En Afrique, selon l’expression de Mbembe, la religion est le laboratoire dans lequel se produisent les changements.
Dans la deuxième partie du livre, l’islam est examiné dans son quotidien, légal et populaire, dans sa pratique familiale et publique. Aixèla souligne l’aspect patriarcal extrême de l’arabitude originale et ses conséquences sur les pratiques et les codes des familles des États subsahariens à majorité musulmane. Le contraste est particulièrement évident face aux sociétés encore aujourd’hui matrilinéaires et, de fait, où la femme est beaucoup moins fréquemment reléguée au second plan dans les domaines publics. On observe un conflit croissant entre les tendances législatives de caractère démocratique et les codes civils qui s’inspirent partiellement de la sharia pour la récupération de la visibilité sociale féminine dans les pays africains.
Le texte de Guèye, axé sur les célébrations des magal du califat soufi mouride au Sénégal, raconte la récente expansion de cette activité religieuse qui tend à renforcer les liens collectifs et stimuler la foi des sympathisants. Il existe des magal centrées sur la féminité (Porokhane), sur la déclaration nationale contre l’exil du cheikh fondateur ou sur l’éloge du charisme du calife dans sa capitale de Touba, à l’intérieur du pays. La vie cofradique des voies ou turuq soufis négro-africaines, loin de reculer, montre sa force et son occupation croissance de l’espace public avec ces énormes pérégrinations-concentrations qui tentent de démontrer de la force, de réaffirmer des fidélités et de construire de nouveaux charismes.
Apparemment à l’opposé de ce travail se trouve le texte de López Bargados qui analyse le développement de la musique rap en Mauritanie. La popularité, surtout parmi les peuples dits négro-mauritaniens, du rap comme voie de contestation verbale et rythme corporel est une donnée révélatrice dans le panorama culturel du pays. Les groupes de musique, y compris ceux formés par des femmes, mélangent jusqu’à une douzaine de langues, de l’anglais et le français jusqu’à l’arabe et le soninké, afin d’obtenir un message critique vis-à-vis du pouvoir et égalitaire, sur la base de l’islam mais aussi de la démocratie. Le puissant impact global du rap dans l’espace local mauritanien n’annule pas, mais renforce plutôt la ferveur islamique, bien que sous d’autres traits.
La troisième et dernière partie de l’ouvrage analyse les limites, les frontières de l’islam africain et, d’une manière très spéciale, des côtes de l’océan Indien occidental. Farré décrit les secteurs musulmans minoritaires des zones nord et sud de l’islam swahili : l’Ouganda avec sa guérilla nordiste et le Mozambique avec ses villes de la côte septentrionale ouvertes sur l’océan Indien et très critiques vis-à-vis du pouvoir gouvernemental du FRELIMO. Il n’existe pas de tendance à la formation de partis islamiques mais, facteur nouveau dans ces régions de l’islam fragmenté et minoritaire, une contestation ascendante parmi les jeunes boursiers qui reviennent au pays après leurs études en Iran, en Arabie Saoudite, en Lybie ou au Pakistan et qui manifestent leur contrariété au sein d’une société à majorité non musulmane.
Par contre, le texte de Penrad se positionne au sein même du monde swahili et analyse l’extraordinaire résistance dans le temps du modèle hiérarchique enseigné dans l’école coranique ainsi que la persistance des identités ethniques dans l’implantation de l’islam, sans être pour autant opposées à l’idée universelle de l’ umma ou communauté de fidèles. Comme dans le chapitre précédent, l’auteur souligne l’amélioration de la formation générale dispensée dans les écoles coraniques de l’Afrique de l’Est, l’influence croissante dans les pratiques rituelles et dans les idées des étudiants boursiers qui reviennent des pays musulmans du nord, et la préoccupation politique croissante des musulmans qui, pour la plupart, ne se concrétise pas lors de mouvements politiques. L’apparition des États-Unis dans la région pourrait se révéler un moyen d’ouvrir une voie à l’islam swahili.
Enfin, le travail de Roca sur le très minoritaire, bien qu’historique, islam malgache, signale une autre frontière extrême de l’islam en Afrique. Bien que la condition exogène de l’islam à Madagascar soit très marquée durant plusieurs siècles, il n’en existe pas moins d’importants usages endogènes de l’islam, que ce soit parmi les ombiasy – ou devins – ou dans l’écriture en espagnol avec des caractères arabes connue sous le nom de sorabé . Pour beaucoup d’analystes, l’islam serait extérieur et ces pratiques musulmanes jugées locales ne mériteraient pas la dénomination d’islam : l’auteur reproche cette attitude universalisante d’un supposé islam pur ou orthodoxe défendue habituellement par des spécialistes à l’attitude déconstructiv

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