L'Islam en Asie du Sud - Le soufisme existe-t-il toujours en Inde ? - Charlie Hebdo et l'Inde

Françoise Bouysse, Shabnam Birnami, Nicolas Morelle, Louis Frédéric, Tariq Rahman, Qamar Dagar, Carl Ernst

Description

Au sommaire de ce numéro : L'Islam et l'Inde, Le soufisme, Le cachemire, L'Islam dans les autres pays.

Sujets

• Islam
• Philosophie et théologie
• Religión

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2015
• Nombre de lectures: 15
• EAN13: 9782336383262
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
L’ISLAM EN ASIE DU SUD – LE SOUFISME EXISTE-T-IL TOUJOURS EN INDE ? – CHARLIE HEBDO ET L’INDE
Éditorial


ÉDITORIAL
Nous devions à nos lecteurs, à la suite de l’attaque contre Charlie Hebdo , de faire ce numéro spécial sur l’Islam en Asie du Sud.
Si l’Europe découvre le terrorisme islamique aujourd’hui, l’Inde en a subi les affres depuis près de dix siècles. Selon l’historien Will Durant : « La conquête musulmane en Inde fut probablement la plus sanglante que l’humanité ait jamais vue. C’est une histoire décourageante, car sa morale évidente est que la civilisation est une chose bien précieuse, dont l’ordre complexe et la liberté peuvent être à tout moment piétinés par des barbares qui envahissent du dehors et se multiplient au dedans. »
Pourtant, c’est en Inde, que fleurit le soufisme le plus pur et que divers poètes et saints, tels Kabir ou Dara Shikoh, s’essayèrent à marier le Védanta hindou et le Coran. Nous rendons hommage dans ce numéro à ces précurseurs du dialogue inter-religieux.
On aimerait dire que le soufisme survit en Inde, mais c’est faux. Il a été progressivement éliminé par le radicalisme sunnite en provenance du Pakistan et d’Afghanistan. Nous avons été les témoins de ce génocide-là au Cachemire, où la dernière mosquée soufie, celle de Shrar-e-Sharif, entièrement construite en bois, fut brûlée par des jihadistes pakistanais au début des années 1990, au moment même où 400 000 hindous de la vallée du Cachemire étaient chassés par la terreur et devinrent des réfugiés dans leur propre pays.
La France sait-elle la terreur islamique en Asie du Sud ? Non, car les indianistes français du CNRS et de l’EHESS, ou même de l’Institut français de Pondichéry, continuent de nier la réalité, s’obstinant à nous parler des castes en Inde, de la pauvreté et d’un soit-disant fondamentalisme hindou, véritable contresens, car les hindous ont donné refuge au cours des siècles à toutes les minorités religieuses persécutées de par le monde. Demandez donc au Dalaï lama. Ces indianistes ont refusé de collaborer à ce numéro, qui pourtant donne la parole à tous.
Ce que tout gouvernement souhaite aujourd’hui, c’est de pouvoir dialoguer avec un Islam modéré, au Pakistan, au Maroc, en Égypte même. Mais c’est peut-être en Inde, pays démocratique, libéral, pro-occidental, où chiites et sunnites ne s’entretuent pas, où cohabitent hindous, bouddhistes, parsis, musulmans, chrétiens, et où chacun possède une grande liberté de culte, que cet Islam pourrait éclore à nouveau.
Bonne lecture !
Écrivain, journaliste et photographe, François Gautier a été durant huit ans le correspondant du Figaro en Inde et en Asie. Il est l’auteur d’une douzaine de livres sur l’Inde, dont : La caravane intérieure (Les Belles Lettres, 2005) Des Français en Inde (France Loisirs, 2008) Quand l’Inde s’éveille, la France est endormie (Éditions du Rocher, 2012)
Sommaire


L’ISLAM ET L’INDE
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L’Inde de l’Islam : LOUIS FRÉDÉRIC
L’Inde : JACQUES DUPUIS
Histoire de l’Inde moderne ( Fayard : ) FRANÇOIS GAUTIER
Histoire de l’Inde (Fayard) – extrait : ALAIN DANIELOU
L’architecture indo-musulmane – émergence, VIII e -XVI e siècles : NICOLAS MORELLE
Des musulmans gardent les synagogues de Kolkata : PRIYANKA BORPUJARI
LE SOUFISME
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Le soufisme – interview : PHILIPPE PRATX
Cheminer avec Kabir : SHABNAM VIRMANI
Le philosophe et le prince : ANDRÉ-JULIEN FABRE
Traductions mogholes des œuvres sanskrites en persan : PAVITRA S. RANGAN
Noor Inayat : FRANÇOISE BOUYSSE
La calligraphie : QAMAR DAGAR



LE CACHEMIRE
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Histoire du Cachemire : FRANÇOIS GAUTIER
Et le monde resta silencieux – un film d’Ashok Pandit : LAURENT BALDO
Les militants de LeT et du HM : CHRISTINE FAIR
Histoire des deux Cachemires par une victime : VIJAY KRANTI
Nous avons tous une identité multiple : CLAUDE ARPI
Médecine traditionnelle et conflits inter-religieux au Ladakh : DR LAURENT PORDIÉ
L’ISLAM DANS LES AUTRES PAYS
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Inde et Pakistan – une terre, un peuple, deux nations : SASHANK SHUKLA
Michel Boivin – interview : PHILIPPE PRATX
Les ahmadis au Pakistan : HUMAN RIGHTSWATCH
Déconstruire lesmythes de l’ourdou et du hindi : TARIQ RAHMAN
Afghanistan – hommage à un héros disparu : VINOD SAIGHAL
L’Islam mauricien : AMENAH JAHANGEER CHOJOO
Les Z’Arabes : PHILIPPE PRATX
CHARLIE HEBDO ET L’INDE
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Le divin, Charlie Hebdo, le rire et le nombre immobile : JEAN-YVES LUNG
Tuerie de Charlie Hebdo – commentaires : ALTAF AHMAD
Je suis Shireen Dalvi : JYOTI PULWANI
Vu d’Inde, qui sont les musulmans de France ? : NOOPUR TIWARI
© Image : internet
L’Islam et l’Inde
L’INDE DE L’ISLAM
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par Louis Frédéric
Louis Frédéric (1923-1996), de son vrai nom Louis Frédéric Nussbaum, était un grand spécialiste français du Japon, de l’Asie du Sud-Est et surtout un indianiste reconnu. On lui doit notamment une Encyclopaedia of Asian Civilizations en dix volumes.
On parle presque toujours de l’Inde classique, c’est-à-dire de l’Inde « hindoue » alors que l’Inde de l’Islam ou Inde musulmane, qui débute véritablement à la fin du XII e siècle avec l’invasion musulmane de la vallée du Gange, est plus généralement ignorée des non-spécialistes en dehors de l’Inde elle-même. Or, cette Inde musulmane, sans laquelle l’Union indienne actuelle ne serait pas ce qu’elle est, fut au moins aussi fertile et novatrice dans tous les domaines que l’Inde classique hindoue.
Car c’est grâce à l’Islam « manière indienne » que la civilisation moderne de l’Inde a pu s’élaborer, faite d’un mélange hétéroclite de coutumes et de modes de pensées souvent indiscernables à première vue, qui ont concouru à créer une culture, aux aspects quelque peu hybrides, mais singulièrement attachante.
L’impact de l’Islam sur le monde indien fut cataclysmique. D’une part, il participa à la disparition définitive du bouddhisme, déjà bien affaibli il est vrai, et de l’autre il introduisit en Inde des notions de prosélytisme actif et d’intolérance qui étaient étrangères à l’esprit hindou.
L’Inde tout entière se trouva politiquement et spirituellement scindée en deux camps qui s’opposaient radicalement tant sur le plan social que sur celui de la religion. D’une part, il y avait les conquérants étrangers, Arabes, Turcs, Afghans, et autres qui imposèrent leur domination aux populations de l’Inde et tentèrent de les convertir au culte d’une divinité unique et intransigeante, et de l’autre se trouvaient les hindous, très divisés entre eux, mais qui refusaient obstinément de se soumettre aux exigences des envahisseurs et qui tenaient par dessus tout, plus qu’à une liberté qu’il n’avaient jamais réellement eue, à préserver intactes leurs coutumes et croyances, si diverses qu’elles puissent être.
Ces deux positions apparemment inconciliables trouvèrent cependant avec le temps, de nombreux éléments de convergence.
Si la première période musulmane de l’Inde : « l’Inde des sultans », fut principalement conquérante et évangélisatrice, avec tout ce que cela peut comporter d’horreurs et d’iniquité, la deuxième, celle des Moghols, fut unificatrice et administratrice, malgré les innombrables conflits qui opposèrent le gouvernement central aux particularismes locaux comme aux ambitions des homme