La persistance des idées traditionalistes en Colombie
336 pages
Français

La persistance des idées traditionalistes en Colombie , livre ebook

336 pages
Français

Description

Cette étude brosse un panorama historique de la fin du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle, qui expose et analyse les tensions politico-religieuses nées de l'alliance intransigeante entre l'Église catholique et le Parti Conservateur pour combattre la menace d'un État laïque et d'une société sécularisée, incarnée par le Parti Libéral. Cette étude de la pensée réactionnaire catholique offre une réflexion très actuelle sur l'instrumentalisation de la religion dans les stratégies politiques de légitimation d'un conflit armé.

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Publié par
Date de parution 01 février 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140000027
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Religions du Sud
HelwarHernandoFigueroa Salamanca
LA PERSISTANCE DES IDÉES TRADITIONALISTES EN COLOMBIE Religion et politique (18861952)
La persistance des idées traditionalistesen Colombie Religion et politique (1886-1952)
Religions du Sud Collection dirigée par Véronique LecarosLes pays du Sud, de l’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, connaissent, depuis la fin du XXème siècle, une effervescence religieuse qui bouleverse les appartenances et les identités. Les différentes dénominations et mouvements se lancent, pour le salut du monde, à l’assaut des âmes et parfois des biens terrestres. Conséquence de la globalisation, les formes de prosélytisme, de recrutement et de pratiques cultuelles, voire même les croyances s’influencent et interagissent. La collection Religions du Sud s’adresse à tous ceux qui décontenancés par ce foisonnement cherchent à comprendre des dynamiques nouvelles se jouant des distances et du temps, alliant l’hyper-modernité et ses techniques aux traditions millénaires. Dernières parutions Gabriel TCHONANG, Véronique LECAROS, José SANCHEZ PAREDES (Eds),Le pentecôtisme.Racines et extension, Afrique/Amérique latine,2014.
Helwar Hernando Figueroa Salamanca
La persistance des idées traditionalistesen Colombie Religion et politique (1886-1952)
Correction et mise en pages de l’ouvrage de Nicole de Roux© L'HARM ATTAN, 20165-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-06186-3 EAN : 9782343061863
À mon ami et maître, Rodolfo de Roux, humaniste critique et homme d'une inébranlable dignité. Cette investigation n'aurait jamais vu le jour sans son soutien.
Remerciements C'est à un groupe d'éminents professeurs, avec lesquels se sont tissés de solides liens d'amitié, que je dois ma formation académique. Mais en cette occasion, ma reconnaissance va tout particulièrement au professeur Rodolfo de Roux qui fut un guide attentif et chaleureux de ma thèse de doctorat à l'Université de Toulouse II en novembre 2010, intituléeConfessionnalisme, hispanisme et corporatisme en Colombie,1930-1952, et dont le présent ouvrage est une version abrégée. Je remercie également infiniment les professeurs Ana María Bidegain et César Ayala, de l'Université Nationale de Colombie, avec qui j'ai eu d'importantes discussions sur le fait religieux et sur l'histoire politique de la Colombie, auxquelles je dois une grande partie des éléments clés de cette investigation. Merci à mon amie, le professeur María Teresa Cifuentes, pour ses constantes contributions aux différents projets que j'ai entrepris jusqu'à présent. Merci aux historiens, compagnons d'étude et amis très chers, Alexander Pereira et Juan Carlos Sánchez, de m'avoir aidé à rassembler l'information des sources primaires. Cette phase est peut-être bien la plus épineuse mais aussi la plus passionnante du travail d'historien, et c'est celle qui met le plus à l'épreuve sa vocation. Un grand merci aussi à Ivonne Calderón, historienne de l'Université lndustrial de Santander, UIS, qui a énormément collaboré à la révision des documents du diocèse de Pamplona, Norte de Santander. Merci à ma chef et très chère amie, Isabel Corpas de Posada, directrice du Master en Études du fait religieux à l'Université de San Buenaventura, Bogotá, de m'avoir accordé le temps nécessaire à la réalisation de cette étude. Merci à Claire, Félicie et Guillaume, mes amis de Toulouse, qui m'ont hébergé, convié à leur table, offert leur compagnie et fait me sentir moins étranger en France : l'amitié qui nous unit est à présent à toute épreuve. Merci à Denise, ma chère amie et professeur de français, qui m'a donné les moyens de communiquer dans la très belle langue de Molière. Merci à mon frère, Elkin Figueroa, de m'avoir aidé à réaliser les cartes qui illustrent cette investigation, et à Nicole de Roux d'avoir rendu la lecture de ce texte agréable en français. Enfin, merci à Beatriz Jaime, une amie, qui me soutient dans tout ce que j'entreprends avec tendresse et compréhension, et dont les critiques implacables visent à rendre mes idées plus cohérentes et limpides.
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Prologue
L'ouvrage de Helwar Figueroa met en lumière de façon claire et bien documentée le rôle clé qu'a joué l'Église catholique dans la construction de la société colombienne sur le plan socio-politique et religieux, et qu'elle continue de jouer malgré l'érosion de son hégémonie ces dernières décennies. Ces trente dernières années, de nombreux travaux ont été publiés – certains remarquables – sur différents aspects de l'action politico-religieuse de l'Église catholique colombienne. Figueroa s'en sert avec intelligence pour e e faire un panorama historique de la fin du XIX jusqu'au milieu du XX siècle, dans lequel il présente les tensions politico-religieuses issues des tentatives avortées de laïcisation de l'État et de sécularisation de la société, de l'alliance étroite de l'Église avec le Parti conservateur au pouvoir pendant plus de quarante ans (1886-1930), et de son intransigeance à l'égard des libéraux au moment de leur retour au pouvoir en 1930. Un des grands mérites de l'auteur est qu'il montre et analyse la cohérence du projet global que nourrissait l'Église catholique pour la société e colombienne au milieu de XX siècle, tant sur le plan politique (un État confessionnel) qu'économique (un État corporatiste) et culturel (un « hispanisme » catholique et conservateur). L'État confessionnel garantissait à l'Église la possibilité de « tout restaurer dans le Christ » et de faire de la Colombie uneCristilandiacomme le proclamait, en 1951, le prêtre jésuite Felix Restrepo. L'État corporatiste était la réponse catholique au capitalisme et au socialisme. Quant à l'hispanisme, avec sa triadelangue, raceetreligion, il était considéré comme la meilleure arme culturelle contre la « menace » de l'athéisme « bolchévique et socialiste » et contre la modernité triomphante, anglo-saxonne et protestante, d'après la deuxième guerre mondiale. L'analyse de ce projet global de société, qui prônait le retour à une société théocratique, hiérarchique, organique et corporative, fait de l'ouvrage de Figueroa un bon apport à l'étude de la pensée réactionnaire catholique en Colombie – et de la pensée réactionnaire catholique tout court. Bien que l'investigation de H. Figueroa se concentre sur l'aile la plus conservatrice et intolérante du catholicisme colombien, il prend soin de signaler l'existence de secteurs moins intransigeants et souligne avec raison que l'institution ecclésiastique, loin d'être un bloc monolithique, a souffert dans son approche de la société et ses relations avec l'État d'une fragmentation.
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Les trois derniers et passionnants chapitres, consacrés à l'épineux sujet de la participation partisane et belliqueuse de certains membres du clergé lors de la tragique période dite de « La Violence » (au cours de laquelle environ 200.000 personnes ont trouvé la mort), méritent une mention spéciale. Figueroa y analyse le fanatisme politico-religieux de l'époque en se focalisant sur une partie particulièrement combative du clergé des départements d'Antioquia, Boyacá, Santander et Norte de Santander, qui revendiquait le bien-fondé de son intolérance et de son intransigeance et qui, par ses prêches enflammés, a contribué à radicaliser les affrontements sanglants entre libéraux et conservateurs. L'auteur trace, alors, les portraits saisissants de prêtres tels que Cayo Leonidas Peñuela, Agustín Amaya, Francisco Mora Díaz, Daniel Jordán et de l'évêque Miguel Angel Builes, en croisant une multitude de sources : presse catholique, conservatrice et libérale ; documents ecclésiastiques paroissiaux, diocésains et nationaux ; travaux d'investigation récemment publiés ainsi que d'intéressantes entrevues réalisées par l'auteur en personne. Apparaissent ainsi dans toute leur splendeur, pour ainsi dire, les figures de ces croisés qui ne craignaient pas d'en appeler à une guerre sainte contre les « ennemis du Christ ». Nul ne doute qu'au-delà de l’intérêt pour l'histoire de la Colombie, l'ouvrage de H. Figueroa peut être lu comme un épisode, en terres sud-américaines, de la lutte séculaire de l'Église catholique contre une modernité redoutée. Les diverses tentatives de laïcisation des États et les processus de e sécularisation de la société ont été considérés par le Vatican, depuis le XIX siècle, comme le fruit empoisonné d'une longue liste d'« erreurs modernes » : de laRéformeen passant par les protestante, Lumières, jusqu'à l'apostasie sociale et politique de laRévolution (française, mexicaine, bolchevique) et du sécularisme actuel. Petit à petit, l'autonomie de l'individu vis-à-vis du domaine religieux s'est accrue dans tous les aspects de la vie, privée et collective, ce que l'Église catholique considère comme une erreur fatale. Pour elle, seule la restauration d'une « société catholique » – dans laquelle la hiérarchie ecclésiastique aurait le droit de décider des principes constitutionnels et des normes fondamentales de la vie collective – peut conduire à un ordre social pacifique, prospère et heureux. Ce profond désaccord avec les fondements de la modernité, interprétée comme l'autonomie de l'organisation politique et sociale par rapport aux directives ecclésiastiques, est toujours d'actualité. Bien qu'après l'aggiornamentocommencé par Jean XXIII et continué par le Concile Vatican II, la papauté ait renoncé à définir les normes constitutionnelles et les structures de l'organisation sociale comme par le passé, l'Église a conservé la volonté de déterminer « les principes et fins » de la vie collective et n'a pas renoncé non plus à la possibilité de modeler la société d'après ses desseins. Pour conclure, et ce n'est pas une mince affaire, cet ouvrage suscite une réflexion autour des relations ancestrales entre religion et violence, d'une
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brûlante actualité avec le jihadisme. Au cours des nombreuses guerres civiles entre libéraux et conservateurs, non seulement en Colombie mais également dans d'autres pays hispano-américains, la religion a souvent renforcé la motivation politique des belligérants et donné aux conflits un air de guerre sainte au nom de la défense de la « nation catholique ». N'oublions pas qu'une tradition de guerre « juste et sainte » a donné lieu à toutes sortes de causes « légitimes » pour prendre les armes. LeDieu des arméesa été de toutes les batailles, bien que ses fidèles prêchent qu'il est unDieu de la paix sans y voir de contradiction. Depuis les temps d'Augustin d'Hippone, ils répliquent que la paix ne se limite pas à l’absence de guerre. Elle est, disent-ils, « la tranquillité de l'ordre » voulu par Dieu. Et si, pour rétablir cet ordre, la guerre est nécessaire, alors la guerre est une œuvre de paix ! Malheureusement, tout au long de l'histoire, l’interprétation divergente des desseins de Dieu a donné lieu à de mortelles et contradictoires cacophonies sur la géopolitique divine.  Rodolfo R de Roux
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