La Science voilée
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La Science voilée , livre ebook

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Description

Physicienne reconnue et personnalité politique de premier plan en Tunisie, Faouzia Farida Charfi offre avec ce livre un vibrant plaidoyer pour la science et l’autonomie de la pensée. Puisant dans l’actualité récente mais aussi dans l’histoire, elle retrace ici les relations entretenues par l’islam et la science. Des relations qui, après un véritable âge d’or des sciences arabes et la période réformiste du XIXe siècle, sont désormais marquées du sceau de l’ambiguïté : oscillant entre le rejet et la fascination, les islamistes se livrent aujourd’hui à des tentatives pour concilier les théories scientifiques et le Coran, dénaturant ainsi et la science et l’islam sous prétexte de modernité. Faouzia Farida Charfi analyse aussi le créationnisme pour dénoncer l’alliance objective des fondamentalismes – anglo-saxons ou musulmans – et le sort qu’ils réservent aux femmes. Elle rappelle enfin qu’on peut les combattre et ouvre quelques pistes en ce sens. Un appel pour que la Tunisie se donne les moyens de son avenir. Faouzia Farida Charfi est physicienne et professeur à l’Université de Tunis. Militante de la première heure, dès la présidence de Habib Bourguiba, elle a été nommée secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement provisoire issu de la révolution du 14 janvier 2011. Elle en a démissionné peu après pour reprendre sa liberté de parole et d’action. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mai 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738176639
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, MAI 2013
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7663-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À la mémoire de Mohamed Charfi
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Chapitre 1 - De l’astrolabe à la lunette de Galilée
Ptolémée et l’astronomie arabe
L’école de Marāgha et l’Occident médiéval
Copernic et Galilée, le tournant
Chapitre 2 - De la clôture à la renaissance musulmane du XIXe siècle
Une comète passe, un observatoire disparaît
Quand l’islam redécouvre la science
Chapitre 3 - Le tourbillon des coïncidences
Quand la science se mêle des versets coraniques
La théorie du Big Bang
Les faussaires de la science
Chapitre  4 - La théorie de l’évolution à l’épreuve en Occident
L’origine des espèces
Du procès du singe au créationnisme « scientifique »
L’intelligent design
Chapitre 5 - La théorie de l’évolution en terre d’Islam
Quelques repères et points de vue
Le récit coranique de la Création et l’évolution
Le créationnisme turc
Chapitre 6 - L’école, un enjeu convoité
Des théories alternatives à celle de l’évolution
Exemple de quelques pays musulmans
La Tunisie restera-t-elle fidèle à son histoire ?
Conclusion
La science, un questionnement sans contrainte
Notes
Remerciements
Introduction

« Toi, cesse donc, sous prétexte que la nouveauté te fait peur, de rejeter mon système ; mais n’en aiguise que mieux ton jugement, pèse mes idées ; si elles te semblent vraies, rends-toi ; ou bien si tu n’y vois que mensonge, arme-toi pour les combattre. »
Lucrèce, De la nature.

Œuvrer pour la construction d’une société du savoir est un objectif politique, impliquant un mode de gouvernance garantissant les libertés fondamentales d’opinion et d’expression et sollicitant l’ensemble des acteurs dans la société pour prendre en main leur avenir. C’est l’objectif proposé par les auteurs – chercheurs et leaders d’opinions arabes – du deuxième Rapport arabe sur le développement humain , Vers une société du savoir , publié par le Programme des Nations unies pour le développement 1 . Dans sa présentation du rapport, la secrétaire générale adjointe des Nations unies et directrice régionale du bureau du PNUD pour les États arabes met l’accent sur la nécessité d’institutions économiques, sociales et politiques efficaces pour la construction d’une « société du savoir » viable et ajoute que « les maillons manquants sont […] étouffés par des idéologies, structures sociales et valeurs qui inhibent l’esprit critique, privent les Arabes de leur riche patrimoine de connaissances, et bloquent le libre flux d’idées et d’apprentissage ». Le développement d’un modèle arabe de savoir authentique, tolérant et éclairé, est un des piliers d’une société arabe du savoir à laquelle appellent les auteurs du rapport. Il « suppose de libérer la religion de l’exploitation politique et de respecter la recherche indépendante ; d’enrichir la langue arabe par de sérieuses recherches et réformes linguistiques ; de récupérer les forces intellectuelles du patrimoine culturel arabe 2  ».
Cet appel est plus que jamais d’actualité. Aujourd’hui, deux années après les révolutions arabes nées de l’exigence de liberté et de dignité et de l’aspiration à la mise en place d’un régime démocratique, la construction d’une « société du savoir » est sérieusement menacée.
Nous assistons en Tunisie à un affrontement entre deux orientations. L’une rétrograde, passéiste, avec sa « culture de mort », sa violence, sa négation de l’autre et sa pensée unique, sa lecture exclusive du texte sacré. L’autre prônant le respect de la diversité et le droit de chacun à la différence, allant de pair avec les libertés de pensée, d’expression, de conscience et de croyance, la liberté d’accès à l’information, mais aussi la liberté de la recherche universitaire et la liberté de création. Chokri Belaïd, avocat et militant politique tunisien, s’est résolument placé du côté des libertés le 23 janvier 2012, suite aux agressions visant des avocats, des journalistes, des universitaires venus soutenir la liberté de création et d’expression, lors du procès contre une chaîne de télévision privée, accusée d’« atteinte aux bonnes mœurs et aux valeurs du sacré I  ». Il était l’un des avocats de cette chaîne de télévision, Nessma TV, dont le directeur et deux techniciens étaient poursuivis en justice, suite à la diffusion le 7 octobre 2011 du film Persepolis de Marjane Satrapi. Le 6 février 2013, Chokri Belaïd est assassiné. Le jour de ses funérailles, plus d’un million de Tunisiens sont sortis dans la rue pour dire non à la violence, non au pouvoir installé depuis les élections du 23 octobre 2011 – pouvoir qui trahit le souffle de la révolution de la dignité et de la liberté –, non au retour de la confusion entre l’État et le parti dominant Ennahdha, non à l’ordre islamiste que ce parti veut imposer. La société tunisienne a exprimé son inquiétude sur l’avenir de la démocratie après les espoirs nés d’une révolution tant attendue. Chokri Belaïd avait osé s’attaquer aux forces obscurantistes, « aux ennemis jurés de l’intelligence tunisienne 3  », ceux qui veulent tout contrôler – les institutions, les partis politiques, les associations, la culture –, exerçant la violence politique à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme, et en particulier les avocats, les universitaires…
L’université a été le lieu de nombreux actes de violence dans l’indifférence des forces de l’ordre. La faculté des lettres, des arts et des humanités de l’Université de La Manouba a été particulièrement visée, dès le 25 octobre 2011, soit deux jours après le résultat des élections qui ont donné aux islamistes une majorité relative confortable à l’Assemblée nationale constituante. Des militants salafistes se sont opposés au conseil scientifique et au doyen de l’institution, Habib Kazdaghli. Ils exigeaient la non-mixité, la création de salles de prière, l’interdiction aux enseignants de donner des cours à des étudiants de sexe différent, ainsi que le port du niqab , lequel n’est pas autorisé pendant les cours, les examens et lors de l’inscription à l’université II . Ils ne se sont pas contentés d’exprimer leurs revendications, ils ont occupé la faculté. En mars 2012, deux étudiantes en niqab ont investi le bureau du doyen, Habib Kazdaghli, et dispersé des documents administratifs. Le 5 juillet 2012, ce dernier comparaissait devant le tribunal correctionnel de La Manouba, pour « des actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », encourant une peine de cinq années de prison III . La solidarité des universitaires et plus largement de la société civile reste cependant très forte devant ces abus manifestes.
Un autre procès contre les libertés académiques est en cours. Un mandat d’amener a été lancé contre Rajah Ben Slama, professeure de littérature arabe à la faculté des lettres, des arts et des humanités de La Manouba, le 21 février 2013, dans le cadre d’une plainte pour diffamation d’un député du parti islamiste Ennahdha à l’Assemblée nationale constituante (ANC), rapporteur général de la Constitution. Lors d’un débat télévisé en novembre 2012, l’universitaire et psychanalyste avait été invitée à commenter un reportage concernant l’article de la Constitution en cours d’élaboration par l’ANC, relatif à la protection de la liberté d’expression et la liberté d’information. Cet article fondamental avait été, selon Rajah Ben Slama, « illégalement modifié » par le rapporteur général de la Constitution. Le mandat d’amener contre Rajah Ben Slama est une manifestation de plus du harcèlement judiciaire pratiqué par le pouvoir en place contre l’élite du pays, déjà victime de censure sous le régime de Ben Ali, et qui revendique la liberté d’expression, le droit de critiquer la classe politique.
La question des libertés mobilise la société civile tunisienne, qui résiste au projet de société des islamistes au pouvoir, un projet incompatible avec l’instauration d’un État démocratique. La société civile a fait reculer le parti Ennahdha sur plusieurs points, notamment celui, essentiel, relatif à la référence à la charia comme source de législation dans le premier projet de Constitution. Celle-ci n’est toujours pas votée, elle aurait dû l’être au plus tard le 23 octobre 2012. Nous en sommes encore à un avant-projet de la Constitution en date de décembre 2012, objet de débats mobilisant les citoyennes et citoyens, nombre de représentants d’associations, de partis politiques, de syndicalistes, pour la reformulation de plusieurs articles en faveur de l’ordre religieux, tels que celui introduisant la protection du sacré et en défaveur de la référence à la Déclaration universelle des droits de l’homme, sous prétexte qu’elle est un legs de l’Occident.
Nous assistons à un travail de destruction du patrimoine culturel arabo-musulman opéré par les tenants de l’islam politique. Exerçant la violence pour aboutir à leur projet dominateur, de surcroît dépourvus de culture, ils invitent la jeunesse musulmane à camper dans le « pré de malédiction, comme l’écrit le penseur tunisien Abdelwahab Meddeb, pour entretenir les suppôts du démon et la séquence de la haine destructrice 4  ». Au cours du mois de janvier 2013, en Tunisie, plusieurs mausolées soufis, datant de p

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