La symbolique trinitaire
134 pages
Français

La symbolique trinitaire , livre ebook

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134 pages
Français

Description

Jésus à "piétiné" les us et les coutumes des juifs et bousculé toute une tradition au nom d'une relation particulière qu'il disait entretenir avec son père. Cette image de "père" entrait désormais dans la manière dont ses disciples après lui devaient se rapporter à Dieu. Furent ajoutées à cette image celles du Fils et de l'Esprit. A partir de l'oeuvre majeure de Christian Duquoc, cet ouvrage analyse l' importance de ces images pour les chrétiens et les confrontent aux sciences humaines, et notamment à la psychologie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296532663
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Gabrîel TCHONANG
La symbolîque trînîtaîre Une lecture de Christian Duquoc
La symbolique trinitaire Une lecture de Christian Duquoc
Gabriel Tchonang La symbolique trinitaire Une lecture de Christian Duquoc
© L'Harmattan, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00443-3 EAN:23430044 978 33
A V A N T - P R O P O S
C’est le dimanche 28 septembre 2008 que s’est éteint Christian Duquoc, l’un des plus grands théologiens dominicains français, après la génération d’Yves-Marie Congar et de Marie-Dominique Chenu. Il est né le 22 décembre 1926 à Nantes où il suit un parcours de séminariste avant de s’engager dans l’Ordre des Prêcheurs. Il y fait profession le 4 octobre 1949 et se consacre alors à la théologie qui deviendra le centre de son existence. Il dirigea de longues années la revue théologique Lumière et vie, et va publier de nombreux articles et ouvrages de théologie fondamentale. Sa carrière d’enseignant transconfessionnel l’inscrit dans la régularité d’un enseignement à la Faculté de Théologie catholique de l’université de Lyon et de Montréal, et à la Faculté de Théologie protestante de Genève. Sa production intellectuelle marque par son sens de créativité, par l’extraordinaire capacité qu’il a de sortir des sentiers battus d’une théologie classique, ordonnancée et mimétique, et par l’impulsion critique qui traverse toute son œuvre. Cette impulsion critique, parfois amère, est liée au constat d’un irréversible mouvement de sécularisation et d’un manque de confiance à l’institution-Église du fait, selon lui, de son histoire faite de tentatives de totalisation, de mépris et d’écrasement des « fragments ». Ceci donnera à sa théologie un caractère parfois subversif, le poussant à entretenir davantage un dialogue constant avec le monde des sciences humaines, ainsi qu’avec les visions du monde plurielles et éclatées que lui ont inspiré une lecture assidue et passionnée des romans des peuples non occidentaux. Son édifice théologique aura donc pour concepts-clés les termes liberté, différence, etdiscrétion. Aucune de ses réflexions ne se déploiera en dehors de cette structurante triade. Cette triade conceptuelle l’établira aisément dans le sillon d’une théologie 7
contextuelle, où la proximité de Dieu avec l’homme compte plus que la compréhension conceptuelle dont il peut être l’objet, où l’opacité de l’histoire devient le lieu par excellence de l’agir de Dieu. L’exaltation d’une approche narrative du salut le distancie et le rend critique vis-à-vis d’une approche sapientielle qui a largement dominé les travaux théologiques dans l’histoire de l’Église. Duquoc se situe à un niveau d’éclatement et de dispersion de la vérité dans lesfragmentscultures et de de relatives certitudes,différant ainsi lasymphonieseule la que récapitulation définitive en Dieu, à l’horizon de l’histoire, peut réaliser. Le temps de l’histoire est donc celui de l’inévitable différence et de l’irrépressible fragmentation de la vérité. Toute tentative de globalisation et de totalisation est donc suspectée par l’auteur. Toutes les expériences spirituelles sont sur le chemin. Elles ne sont pas à leur terme. La singularité de Jésus n’abolit donc pas d’autres singularités dit Duquoc, « mais elle les désigne comme fragments potentiels d’un tout inachevé et 1 inachevable pour nous. »
Pour Duquoc, seul le dialogue peut ouvrir la voie à l’accueil de l’altérité, ce que ne peut réaliser un objet de consensus faisant défaut. L’approche dialogale devient incontournable et se déploie dans un cadre qu’offrent les conditions d’une démocratie politique, définitivement affranchie des religions. Si cette approche dialogale s’ouvre sur le constat d’une vacuité, celle de l’objet consensuel, elle tend tout de même vers l’horizon d’une espérance voilée dans les fragmentations des vérités provoquées par les conflits de l’histoire et les déchirures intra-ecclésiales. Il s’ensuit qu’on ne peut plus évoquer l’idée d’une chrétienté qui prenne forme dans l’histoire. L’utopie d’un règne christique aux tentatives multiples ne s’est jamais réalisée. Car dit Duquoc, « les efforts pour incarner dans le temps politique et social cette visée unificatrice ont échoué : ils se sont heurtés à une contradiction
1 C. DUQUOC,L’unique Christ, la symphonie différée, Paris, Cerf, 2002, p. 129. 8
toujours insurmontée entre générosité universelle et éthique du sujet et les formes parfois violentes de ses réalisations inchoatives. Les lois visant en principe au bien de tous par l’instauration d’un gouvernement juste des personnes et des choses, reflet temporel du gouvernement divin, s’incurvèrent dans une direction partiale, suscitant des discriminations sociales et politiques qui contredisent dans le réel des relations humaines le projet de manifester dans le devenir de l’histoire la 2 vitalité bienfaisante du règne de Dieu. » L’amertume va ainsi traverser l’œuvre d’un auteur qui n’a envisagé l’espérance que comme voilée, incapable de penser dans le temps de l’histoire les virtualités d’un règne de Dieu, même en inchoation. Les débâcles historiques des tentatives d’instauration du règne le rendent définitivement sceptique et c’est dans l’aveu de l’impuissance du christianisme ou même du Christ à établir ou à se constituer en vérité totale que Duquoc mène ses nombreuses réflexions. Plus inouïe et incompréhensible est cette retentissante affirmation de Jean Baudrillart qu’il reprend à son compte sous nos yeux médusés : « nous croyons naïvement que le progrès du Bien, sa montée en puissance dans tous les domaines (sciences, techniques, démocratie, droits de l’homme) correspond à une défaite du mal. Personne ne semble avoir compris que le bien et le mal montent en puissance en même temps, et selon le même mouvement. Le triomphe de l’un n’entraîne pas l’effacement de l’autre, bien au contraire. On considère le mal, métaphysiquement, comme une bavure accidentelle. […] Le Bien ne réduit pas le mal, ni l’inverse d’ailleurs : ils sont à la fois irréductibles l’un à l’autre et leur relation est inextricable. Au fond, le bien ne pourrait faire échec au mal qu’en renonçant à être le bien, puisqu’en s’appropriant le monopole mondial de la puissance, il entraîne par là même 3 un retour de flamme d’une violence proportionnelle. »
2 Ibid.,p. 141. 3 Ibid., p. 254. 9
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