Les Témoins de Jéhovah en France
280 pages
Français

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Les Témoins de Jéhovah en France , livre ebook

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Description

La gestion par les pouvoirs publics français de la question des sectes, c'est-à-dire des groupes religieux controversés, constitue un exemple frappant de l'exception française en matière de gestion publique du religieux. Les Témoins de Jéhovah sont le seul groupe controversé qualifié de "secte" par l'opinion publique française, qui bénéficie des avantages conférés aux cultes. Pour en comprendre la singularité, l'auteur étudie la controverse autour des Témoins de Jéhovah, notamment depuis l'affaire du rapport parlementaire de 1995.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 111
EAN13 9782296718012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Témoins de Jéhovah en France
Nous sommes conscients que quelques scories subsistent dans cet ouvrage.
Vu l’utilité du contenu, nous prenons le risque de l’éditer ainsi et comptons sur votre compréhension.
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-14023-3
EAN : 9782296140233
Céline Couchouron-Gurung
Les Témoins de Jéhovah en France
Sociologie d’une controverse
L’Harmattan
Religions et Spiritualité
dirigée par Richard Moreau, Professeur émérite à l’Université de Paris XII et André Thayse, Professeur émérite à l’Université de Louvain
La collection Religions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus.
La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue interreligieux.
Dernières parutions
Pierre HAUDEBERT, Théologie lucanienne. Quelques aperçus, 2010.
Pierre EGLOFF, La Messe sur l’univers. Les Nourritures du Ciel et de la Terre, 2010.
Marie LUCIEN, 10 maîtres de vie dans la Bible , 2010.
Philippe BEITIA, Le baptême et l’initiation chrétienne en Espagne du III e au VII e siècle , 2010.
Michel GIGAND, Michel LEFORT, Jean-Marie PEYNARD, José REIS et Claude SIMON, La sortie de religion, est-ce une chance ? , 2010.
Francis LAPIERRE, Saint Luc en Actes ? , 2010.
Georges BONDO, Analogie de l’Avent. Transcendance de l’extériorité et critique anthropologique , 2010.
André THAYSE, Dieu caché et Réel voilé. L’une et l’autre Alliance, 2010.
NGUYEN DANG TRUC, Bouddha, un contemporain des Anciens Grecs , 2010,
Philibert et Dominique SECRETAN, Fêtes et raisons. Pages religieuses, 2010.
Roger BENJAMIN, Nature et avenir du christianisme , 2009.
Philippe PENEAUD, Le visage du Christ. Iconographie de la Croix, 2009.
Philippe PENEAUD, La personne du Christ. Le Dieu-homme , 2009.
Je dédie cet ouvrage à tous les collègues, proches et amis qui m’ont soutenue durant la dernière ligne (presque) droite de ma thèse, avec une pensée particulière pour Benoit Grison de l’Université d’Orléans.
C. C
Introduction
LE PAYSAGE RELIGIEUX français s’est complètement transformé ces trente dernières années. La France, comme la majorité des pays européens, voit en effet s’établir dans les années 70, un ensemble hétéroclite de groupes religieux en provenance des Etats-Unis. Ces « nouveaux mouvements religieux » très différents les uns des autres et qui n’ont finalement en commun que de conquérir le territoire national au même moment, s’implantent alors que le catholicisme français, traditionnellement en situation de monopole, connaît une crise sans précédent et laisse un espace ouvert pour d’autres types de croyances.
La France doit alors faire face à la demande de reconnaissance de ces mouvements, qui revendiquent les mêmes droits que les religions traditionnelles d’implantation plus ancienne. Alors que certains d’entre eux connaissent une intégration exemplaire, d’autres – souvent qualifiés de « sectes » – peinent à s’intégrer et souffrent d’une image très négative dans l’opinion.
Symptôme d’un malaise plus profond de la société démocratique, la question des sectes en France révèle le décalage qui existe de fait aujourd’hui entre l’idéologie proclamée et la réalité des pratiques. La gestion publique du religieux illustre bien ce décalage car si la constitution française garantit la neutralité de l’Etat en ce domaine, celui-ci ne cesse d’intervenir comme régulateur des pratiques religieuses. Il doit en effet garantir la liberté de croyance et encadrer l’exercice du culte en veillant à ce que l’ordre public et les droits fondamentaux des individus soient respectés.
Mais si l’Etat « ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte », comment peut-il opérer une distinction entre les groupes qui demandent à bénéficier du statut d’association cultuelle ? Comment expliquer que certains connaissent une intégration exemplaire tandis que d’autres, comme c’est le cas des Témoins de Jéhovah, n’y parviennent qu’au prix d’un long processus – lorsqu’ils y parviennent ?
Ni la date d’implantation du groupe, ni le nombre de ses fidèles ne semblent constituer un critère de distinction déterminant. Par contre, la nature controversée de certains mouvements en quête de reconnaissance, pourrait constituer une piste pertinente : comment expliquer alors la nature controversée d’un groupe ? Comment naît et se développe une controverse liée à un groupe religieux dans une société démocratique comme la France ?
Le cas des Témoins de Jéhovah est particulièrement intéressant : c’est en effet le seul groupe religieux controversé en France a avoir obtenu les avantages fiscaux accordés aux associations cultuelles. Ceci est d’autant plus surprenant que l’organisation jéhoviste est fréquemment épinglée par les pouvoirs publics français 1 ; ceux-ci participent en effet très activement à la controverse qui entoure le groupe.
Depuis le début des années 80, l’organisation des Témoins de Jéhovah se trouve très fréquemment mêlée à des « affaires » 2 : elle est régulièrement dénoncée dans les médias par d’autres acteurs (qu’il s’agisse de simples individus ou de collectifs civiquement constitués) et devient le centre d’une controverse c’est-à-dire, une accumulation d’affaires qui viennent se greffer sur une affaire initiale.
L’emprunt des concepts développés par Luc Boltanski dans le cadre de sa « sociologie de la critique », nous permet d’analyser l’ensemble des actions développées au cours de la controverse par les différents acteurs en utilisant les mêmes outils méthodologiques. Les théories et concepts utilisés dans le cadre de cette théorie peuvent être appliqués au terrain des controverses religieuses (ou liées à la religion). Mais notre travail n’a pas pour objectif d’en démontrer la portée heuristique, il s’agit plutôt ici d’expliciter les stratégies développées par les acteurs de la controverse. Les théories et concepts classiques de la sociologie des religions utilisés pour analyser les groupes chrétiens, comme la typologie élaborée par Max Weber puis Ernst Troeltsch, ne nous permettent plus de rendre compte des spécificités des groupes religieux tels qu’ils se sont transformés ces trente dernières années. Les chercheurs en sciences sociales des religions doivent donc élaborer de nouvelles méthodes et de nouveaux concepts pour en rendre compte. De nombreuses tentatives ont déjà été menées et notre travail de ce point de vue, ne constitue qu’une tentative parmi d’autres. La méthode élaborée par Luc Boltanski permet de saisir les compétences mises en œuvre par les groupes religieux en vue de leur intégration dans la société française. Son application à la controverse autour des Témoins de Jéhovah en France pourrait ainsi favoriser la prise en compte de la totalité des acteurs, tout en évitant les oppositions classiques de la sociologie et la segmentation des outils méthodologiques.
Le passage d’une sociologie critique à une « sociologie de la critique », nécessite également selon Luc Boltanski, la modification du rapport traditionnel entre le chercheur et les acteurs qu’il étudie. Le sociologue doit en effet d’après lui, reconstituer l’espace critique à l’intérieur duquel se noue et se joue l’affaire étudiée. Il doit enregistrer le rapport des acteurs, les suivre au plus près de leur travail interprétatif, prendre au sérieux leurs arguments et leurs preuves sans chercher à les réduire ou les disqualifier au profit d’une interprétation plus forte 3 . Le propos des acteurs doit ensuite être analysé en vue de sa clarification.
La méthode de Luc Boltanski vise donc à expliciter les implications métaphysiques des actions et des argumentations des personnes ordinaires de notre société, en partant du principe que pour comprendre les actions des individus ou des groupes, il faut saisir les contraintes qu’ils ont dû prendre en considération dans la situation où ils se trouvaient, pour rendr

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