Magny et le piétisme romand - 1699-1730
43 pages
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Magny et le piétisme romand - 1699-1730 , livre ebook

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Description

Un mouvement piétiste, dû à l’influence de quelques hommes dont Spener est le plus célèbre, avait agité l’Allemagne protestante à la fin du dix-septième siècle ; il s’était propagé en Suisse, à Zurich, à Berne. De petits groupes se formaient çà et là au milieu des églises protestantes : on y voyait fleurir la vie religieuse, les idées mystiques, l’indépendance et la ferveur de la foi. Entre les membres de ces cénacles, il y avait une intime communion d’esprit et des liaisons étroites.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346080663
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Eugène Ritter
Magny et le piétisme romand
1699-1730
PRÉFACE
Jean-Jacques Rousseau a passé sa jeunesse auprès de M me de Warens. L’auteur des Confessions a tout dit sur elle : le bien, le mal, la pitié qu’elle eut pour lui et le charme qui le séduisit dès le premier regard, les séparations, les retours, la longue intimité, les faiblesses et les fautes. La pauvre femme a été livrée sans voile au jugement du lecteur. Longtemps on ne l’a connue que par le témoignage de Jean-Jacques.
La première partie des Confessions avait paru en 1780. Il faut écarter, comme de plates supercheries, les prétendus Mémoires de M me de Warens et de Claude Anet (1786) et ceux du chevalier de Courtilles (1789). Depuis une quarantaine d’années, la biographie de M me de Warens a donné lieu à quelques travaux plus sérieux. On a publié, en Savoie et à Genève, un certain nombre de documents intéressants et de lettres inédites. Mais ce n’étaient là que des préludes. Dans ces derniers mois, ont paru deux ouvrages 1 qui seront désormais, à côté des livres II à VI des Confessions, les sources à consulter pour l’histoire de M me de Warens.
M. Albert de Montet a raconté la jeunesse de l’amie de Rousseau jusqu’au moment où elle quitta le pays de Vaud, à vingt-sept ans. Il a tracé ce tableau avec la fidélité que seul pouvait y mettre un enfant du pays, de ce beau vignoble des environs de Vevey. Il fallait pour réussir comme lui, à la fois être familiarisé par de longues années de recherches historiques avec les particularités de l’organisation ancienne de cette contrée : lois, coutumes, moeurs locales ; être habitué à fouiller dans les archives, et connaître ces dépôts de vieux papiers dans tous leurs recoins ; et, en même temps, compléter à chaque instant ces documents arides par la vue des lieux, par les souvenirs personnels, par toutes les connaissances que donne un commerce ancien et journalier avec la population avenante et laborieuse au milieu de laquelle M me de Warens a passé ses jeunes années.
Cette personne infortunée a vécu en Savoie le reste de sa vie (1726 à 1762). M. Mugnier, conseiller à la Cour d’appel de Chambéry, a raconté le lent déclin de cette existence, qui fut longtemps si rayonnante. Il l’a suivie pendant ces années fécondes où des ailes maternelles couvaient un génie ignoré. Il a accompagné M me de Warens jusqu’à sa lamentable fin. Le savant magistrat a porté partout la lumière qu’un esprit judicieux et mûr, une expérience consommée, un jugement formé par le commerce du monde et des hommes, peuvent répandre sur un intéressant sujet.
Le présent travail se rattache à ceux dont je viens de parler. Le piétisme romand est l’atmosphère religieuse au milieu de laquelle M me de Warens a passé son enfance et sa jeunesse. Son père, ses tantes, sa belle-mère étaient piétistes. Magny a été son maître de religion, son directeur. Quand elle était encore demoiselle, il était l’ami de sa famille qu’il visitait souvent ; il fut le tuteur de la jeune fille pendant les mois qui précédèrent son mariage, et elle logea alors chez lui ; il resta ensuite en correspondance avec elle. Quand elle eut quitté son pays, sa famille, et abjuré la religion protestante, le vieux piétiste, déjà près de sa fin, fit le voyage d’Annecy pour témoigner sa sympathie à sa jeune amie, et il revint satisfait de l’état de son âme 2 .
Le mouvement ecclésiastique dont Magny était un des chefs, sollicite sans doute l’attention de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de nos cantons romands et du protestantisme français. Il a compté au nombre de ses adeptes quelques-uns des meilleurs enfants de notre pays : Béat de Muralt, l’auteur des Lettres sur les Anglais et les Français ; Marie Huber, dont les livres de théologie étaient avidement lus au siècle dernier ; le major Davel, dont la noble figure grandit à chaque génération dans le souvenir reconnaissant du peuple vaudois. Mais ce mouvement, par une répercussion lointaine, a eu des résultats aussi importants qu’inattendus. Je me suis donné pour tâche de le suivre dans toutes les manifestations qu’on en peut étudier dans les documents de l’époque ; j’ai accumulé les renseignements sur cette agitation religieuse qui se produisait dans nos contrées, au temps de la jeunesse de M me de Warens ; j’ai essayé ensuite de montrer que le piétisme romand, Magny, et Mme de Warens, ont été trois anneaux qui relient la pensée et la piété germaniques aux idées religieuses que Jean-Jacques Rousseau a développées dans le récit de la mort de Julie de Wolmar, et dans la Profession de foi du Vicaire savoyard.
Il y a cinq points à considérer, où s’accordent entre eux le piétisme romand d’origine allemande, les souvenirs que M me de Warens a gardés des enseignements qu’elle a reçus de Magny, et les vues religieuses que Rousseau a portées devant le public français. Un sentiment de piété qui tient une grande place dans l’âme sincère, dans la vie de tous les jours 3  ; — une indépendance complète en face de l’autorité traditionnelle : le sens individuel se mettant au-dessus de tout ; — une grande indifférence pour les questions controversées entre les protestants et les catholiques, et une certaine manière de planer au-dessus des barrières confessionnelles ; — la présence de Dieu cherchée et sentie ; l’idée de Dieu, absorbant et comme engloutissant les autres idées théologiques, et constituant presque à elle seule toute la dogmatique ; — l’attente et la joyeuse espérance de l’éternel avenir.
Les jalons que place le présent travail dans une direction inexplorée jusqu’ici, pourront paraître marquer une route aventureuse 4  ; et je voudrais moi-même les voir en plus grand nombre et moins espacés. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de mettre au jour certains documents qui seraient faits pour appuyer mes dires, (voir la page 322 du présent mémoire). Il y a des portefeuilles qui ne se sont point ouverts, et des tiroirs qui sont restés fermés. La postérité, cette grande décacheteuse de lettres, comme on l’a appelée, a quelquefois affaire à des dépositaires trop réservés et discrets, dont les refus la désespèrent. Toujours est-il que je tiens de bonne source et de première main l’assurance que les lettres de M me de Warens à Magny, si elles sont un jour publiées, viendront corroborer les vues que j’ai esquissées dans les pages qui suivent.
1 Madame de Warens et le Pays de Vaud, par M. Albert de Montet. Lausanne, Georges Bridel et C ie , 1891. Ce volume est un tirage à part du tome III (seconde série) des Mémoires de la Société d’histoire de la Suisse romande Il en est de même du présent opuscule ; j’ai cru faire en n’y changeant rien à la numérotation des pages. On ne s’étonnera donc pas de voir à la seconde page le chiffre 258.
Madame de Warens et Rousseau, par M. François Mugnier. Paris, lib. Lévy. 1891.
2 Madame de Warens et le Pays de Vaud, p. 14, 22, 27, 28, 165, 174, 224.
3 Voir l’ouvrage de M. Mugnier aux pages 140 et 306 ; Sayous, Le dix-huitième siècle à l’étranger, tome premier, p. 236 et suivantes ; et dans les Confessions, au livre VI : « Je me levais tous les matins avant le soleil tout en me promenant, je faisais ma prière... » et au livre XI : « Ma lecture ordinaire du soir était la Bible, et je l’ai lue entière au moins cinq ou six fois de suite de celte façon. »
Bernardin de Saint-Pierre, dans les Harmonies de la nature, raconte une anecdote sur Jean-Jacques Rousseau : « Sur la fin de ses jours, il s’était fait un petit livre de quelques feuilles de l’A

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