Un missionnaire français au coeur de la décolonisation (Tome II)
384 pages
Français

Un missionnaire français au coeur de la décolonisation (Tome II) , livre ebook

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384 pages
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Description

Les rapides considérations à propos des colonisations et décolonisations rapportées dans ce livre sont destinées à mieux saisir le contenu des 91 lettres qui ont ponctué le demi-siècle de la vie missionnaire de l'auteur, parti vers l'Afrique en 1957. Quelques années en pleine brousse congolaise, suivies de nombreux déplacements pour partager avec autrui interrogations et convictions en vue d'une meilleure évangélisation, l'ont amené à percevoir autrement l'activité missionnaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 20
EAN13 9782296512504
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

t
l’activité missionnaire. Quelques menus aménagements ne pouvaient suffire à un
Michel LEGRAIN
UN MISSIONNAIRE FRANÇAIS AU CŒUR DE LA DÉCOLONISATION
Eglises d’Afrique
Tome 2
Un missionnaire français au cœur de la décolonisation Tome 2
Collection EGLISES D’AFRIQUE Dirigée par François Manga-Akoa Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ? Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ? Autant de questions et de problématiques que la collection « EGLISES D’AFRIQUE» entend étudier. Dernières parutions Michel LEGRAIN,Un missionnaire français au cœur de la décolonisation, Tome 1, 2012. Georges NJILA Jibikilayi,La triple exégèse de la révélation chez Hans Urs von Balthasar, 2012. Armand Brice IBOMBO,L’œuvre missionnaire de Mgr Propser Augouard au Congo-Brazzaville (1881-1921),2012. Joseph Ntap NGOUPOU,De la souffrance à la délivrance : le pardon, Eveil pour une vie plus heureuse, 2012. Gaston OGUI et Francis BARBEY,Pensées théologiques et e communicationnelles pour l’Afrique du 21 siècle. Comment l’Afrique peut-elle défendre son identité dans le jeu universel ?, 2012. Aimable Uwimana RUKUNDO,Sainte Thérèse de l’enfant-Jésus, L’amour rédempteur et la souffrance dans la théologie vécue, 2012.
Michel LEGRAIN
Un missionnaire français au cœur de la décolonisation Tome 2 L’Harmattan
Ouvrages du même auteur
Mariage chrétien, modèle unique ? Des questions venues d'Afrique,Le Chalet, 1978. Le Corps humain, du soupçon à l'évangélisation, Bayard, 1978, réédition 1992. Questions autour du mariage, permanences et mutations, Salvator, 1983. Les personnes divorcées remariées, Bayard, 1987, réédition 1994. Aujourd'hui le mariage, Mame, 1988. Les Chrétiens face au divorce, Bayard, 1991. Remariage et communautés chrétiennes, Salvator, 1991. Le Père Adolphe Jeanjean, missionnaire au Congo, Cerf, 1994. Se remarier après un divorce, édition L'Atelier, 2004. L'Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique, 3 tomes, L'Harmattan, 2009. Le mariage des catholiques selon la diversité des cultures, en Occident et en Afrique2010, l'Harmattan, © L'Harmattan, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00243-9 EAN : 9782336002439
Deuxième partie La correspondance en question - suite -
n° 58Iles Mascareignes, juillet-août 1975Chers amis, Quittant Paris le 2 juillet à 22 h, je vois luire les lumières de Gênes dès 23 h 30, tandis que s'achève le souper tardif servi par Air-Madagascar. Après 3 h d'un sommeil médiocre, le jour levant rougit le ciel et, de mon hublot. je contemple le désert africain qui longe la Mer Rouge. Apparaît enfin un îlot de civilisation dans ce paysage cahoteux, tourmenté, sans trace de vie : Djibouti. On peut enfin, après 6 h. de vol, se dégourdir les jambes. J'avance ma montre de 2 h. Il est 6 h. du matin, et il fait déjà 30°. Comme partout, on flâne devant les étalages hors-taxe de 1'aérogare,pour tuer la temps,selon la formule un peu bébête sans cesse reprise.La bouteille de whisky que vous payez 40 Fr. chez l'épicier du coin, vous la voyez ici affichée à 16 Fr. Partout, des militaires; dans le ciel, des parachutistes s'entraînent; les avions sont gardés...Ensuite, on survole l'océan Indien durant 4 h avant d'apercevoir la vaste baie de Majunga. Des plages de sable rouge, puis des crêtes violettes, mais dénudées et inhabitées. Les hauts-plateaux deviennent ensuite plus imposants, et en approchant de Tananarive, on aperçoit| des villages, des rizières qui brillent au soleil, et des routes partant en tous sens. La voix caressante de 1'hôtesse nous a gentimentpréparés,tour à tour en malgache, en français et en anglais, afin de nous faciliter l'arrivée dans un pays jeune et dynamique. Le gros des passagers est malgache. Il vibre d'enthousiasme et applaudit à 1'atterrissage.Tananarive, tempérée par l'altitude, n'accuse que 17° à midi. On quitte le Boeing 707 qui, depuis Orly, a brûlé la bagatelle de 66 tonnes ds kérosène. Un Boeing 737, petit frère du 707 et plus confortable que lui, m'amène à Saint-Denis de La Réunionmilieu d'après-midi. Des amis m'attendent, en me promènent, m'expliquent. MM Debré et Stirn sont arrivés quelques heures plus tôt, et la manifestation officielle est doublée d'une contre-manifestation qui réclame à la fois du travail et et l'autodétermination. Parmi les slogans peints en lettres énormes, je note celui-ci :Assez de chômage : tous en grève !Qui dit mieux ? Les aléas des voyages me donnent une escale réunionnaise de 24 h,, mais j'y reviendrai pour une petite semaine autour du 15 août, l'essentiel de mon activité se déroulant à l'île Maurice. L'arrivée àMaurice est sensationnelle : on longe la côte sud, depuis le Grand Morne qui abrite 1'Ile-aux-Bénitiers, du nom de ces grands coquillages que s'arrachaient jadis les églises, jusqu'à l'aéroport de Plaisance. L'océan est habillé des couleurs les plus féeriques, selon les profondeurs et les jeux du soleil. Les récifs coralliens brisent les vagues et permettent à de splendides plages de se former. De telles richesses touristiques en nombre 7
manquent à l'île de La Réunion, sa plus jeune sœur. De là-haut, on devine une population nombreuse et laborieuse qui aurait usé des générations d'esclaves à rassembler ces millions de m/3 de roches, afin d'assainir les champs. Cela donne un damier magnifiquement vert, piqueté de pyramides noires et divisé par des murettes. Les champs de canne, épierrés, triomphent. Actuellement, l'épierrage se fait au bulldozer, et l'on se contente d'entasser les roches de place en place, ce qui gâche souvent un paysage charmant par ailleurs. L'archipel des Mascareignes, du nom d'un navigateur portugais, comprend 3 grandes îles : La Réunion (2.500 km/2, et 480.000 h), Maurice (2.100 km/2, et 850.000 h), et Rodrigue (110.000 km/2, et 26.000 h). Les deux grandes îles si elles sont sœurs par le climat et par le peuplement, ne sont pas sœurs jumelles. La Réunion est un énorme volcan conique de 3.000 m. et encore partiellement en activité. Des routes le ceinturent, le pénètrent, mais ne le domestiquent pas. Les volcans de Maurice, eux, sont éteints et usés et ne sont plus que des pustules. Une crête de petites montagnes qui ne dépassent pas 850 m. fait le tour de l'île et prend les allures d'un décor de théâtre très découpé et sans profondeur. Certains géologues prétendent que ce sont les pourtours d'un immense volcan dont le centre se serait effondré et aurait donné naissance à l'actuel plateau central. L'histoire de Mauricenavigateursest très récente. Point de relâche des Arabes dès le X° siècle, ils 1'appelèrent Dinarobin. Elle était encore inhabitée lorsqu'au début du XVI°siècle les Portugais la découvrirent à leur tour, et la baptisèrent Ile du Cygne. Ils ne firent qu'y passer. Les Hollandais se l'approprièrent en 1598, lui donnant le nom de leur prince : Maurice (de Nassau) Après deux tentatives de colonisation, ils quittent l'île en 1710, découragés par les cyclones et les rats. Ils avaient pillé les ébéniers des forêts. Ils y laissèrent tout ce qu'ils avaient importé de Java : la canne, les cerfs, les sangliers, le tout retournant vite à l'état sauvage. Ils n'avaient jamais beaucoup cru dans l'avenir de l'île, et leur petite troupe se replia sur le Cap. D'après le recensement de 1706, ce petit reste comptait 111 hommes, 58 femmes et 67 esclaves. Mais les Français de l'île Bourbon (future La Réunion) poussèrent Louis XIV à s'assurer de cette île voisine, distante de 160 km, pourvue de bons ports naturels, et fort bien située sur la route des Indes. Dès 1715 c'était chose faite, et on la nomma l'Isle de France. Elle végéta une vingtaine d'années, avec un millier d'habitants, envoyés à partir de 1721 par la Compagnie des Indes, enfin rétablie. Avec l'arrivée du gouverneur Mahé de la Bourdonnais, en 1735, le miracle se réalisa en quelques années : tandis
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que Bourbon était vouée à 1'agriculture, 1'Isle de France reçut vocation portuaire et maritime, tout en se couvrant de canne à sucre. Pour une telle réussite, il a fallu importer des dizaines de milliers d'esclaves africains et malgaches, sans parler des artisans venus de 1'Inde. Dans les textes de l'époque, on parle decargaison de bois d'ébène, selon l'expression ignoble et hypocrite alors reçue. Si certains esclaves étaient traités humainement, d'autres étaient torturés ou fouettés pire que bétail. Les fautes, même bénignes, étaient tarifiées. On a vu donner 100 coups de fouet, 3 jours de suite, à un noir dont on pansait chaque jour les plaies avec des cendres chaudes et du vinaigre, et le lendemain on faisait sauter cet emplâtre d'une nouvelle volée de coups de fouet. La fuite était difficile, et lenoirmarron, ou fuyard, réfugié dans les forêts, devait sortir la nuit, pour voler de la nourriture. On le traquait comme gibier. Repris, châtié durement, il était puni de mort après le 3°marronnage. Le droit criminel français se montrait pareillement fort sévère pour le maître abusif qui tuait sans raison un esclave : il était passible de la peine capitale. La Bourdonnais rayonna bien au-delà 1'île. A travers tout l'Océan Indien et jusqu'aux Indes, où il prit Madras aux Anglais (1746). L'île était lancée, et des expéditions lointaines apportaient des plantes, des oiseaux et des animaux qu'on s'efforçait d'acclimater. C'est au Port-Louis que se construisaient et réparaient les navires de la flotte française de 1'Océan Indien, tant en temps de paix que de guerre. On dépendait administrativement de Pondichéry, mais les établissements français de l'Inde avaient besoin des chantiers et magasins de l'Isle de France. En 1767, avec la faillite de la Compagnie des Indes, les îles furentroyalisées et administrées avec fermeté par des officiers de marine. Durant la guerre de 1'indépendance américaine (1778-83), Suffren, à la tête de 15.000 soldats et marins, combat l'Angleterre à travers tout l'Océan Indien. Bourbon sert de grenier et l'Isle de France de base navale. On se bat et on s'amuse, tout en s'enrichissant par la guerre de course. L'île atteint son apogée, et devient1'étoile et la clef de la mer des Indes.A noter au passage qu'aujourd'hui encore, l'opinion publique est périodiquement mobilisée par des espoirs de découvertes des trésors cachés par les flibustiers et les corsaires qui, deux siècles durant, écrémèrent l'une des plus riches routes maritimes connues. Bernardin de Saint-Pierre fait paraître en 1789Paul et Virginie, roman lié au naufrage du Saint-Géran (1744), mais dont les descriptions ne correspondent plus du tout à la réalité déjà si éloignée du temps des pionniers. Depuis longtemps en effet, on avait construit des gentilhommières dont le mobilier, aujourd'hui encore, fait l'admiration des connaisseurs. Certaines de ces belles maisons renferment des trésors du XVI° au XIX°siècles : meubles, bijoux, porcelaines, émaux, et ces mille objets magnifiquement ouvragés dont le grand monde d'alors
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