LE SAPIN Enjeux anciens, enjeux actuels
400 pages
Français

LE SAPIN Enjeux anciens, enjeux actuels , livre ebook

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400 pages
Français

Description

La forêt est l'emblème des Vosges. Le sapin unifie, mieux, identifie la contrée. Mais la pureté des peuplements engendre des problèmes. Problèmes sanitaires en raison de l'absence de cloisons végétales pour contenir les maladies, les attaques parasitaires. Problèmes commerciaux en raison d'une production insuffisamment diversifiée. Ces difficultés préoccupent également les voisins transalpins, helvétiques et germaniques, ainsi que l'aire scandinave. Le présent ouvrage compare diagnostics et solutions. Il révèle ainsi le Sapin européen dans tous ses états, au propre comme au figuré.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2001
Nombre de lectures 190
EAN13 9782296268692
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SAPIN
ENJEUX ANCIENS, ENJEUX ACTUELSsous la direction d'Andrée CORVOL
Groupe d'histoire des forêts françaises
Parc naturel régional des Ballons des Vosges
LE SAPIN
ENJEUX ANCIENS, ENJEUX ACTUELS«:>L'Hannattan, 2001
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris - France
L'Hannattan, Inc.
55, rue Saint-Jacques, Montréal (Qc)
Canada H2Y IK9
L'Hannattan, ltalia s.r.l.
Via Bava 37
10124 Torino
L'Hannattan Hongrie
Hargita u. 3
1026 Budapest
ISBN: 2-7475-1385-8REMERCIEMENTS
Cet ouvrage résulte du colloque « La Sapinière, du mythe de la
ligne bleue aux enjeux actuels, des enjeux contradictoires mais
complémentaires ». La manifestation européenne eut pour cadre La
Bresse, commune proche de Gérardmer (Vosges), les 29 et 30
septembre 1999. Les débats noués trouvèrent leur prolongement lors de la
séance inaugurale du Festival de Géographie «Nature. Vous avez dit
Nature? Nature de la géographie et de la nature» que
patronnait l'Association française de Géographie du 1er au 3 octobre
1999. Chaque année, à Saint-Dié (Vosges), l'initiative que lança le
maire de la ville, M. Christian Pierret, ministre de l'Industrie, obtient
un franc succès. Ceci indique que nos compatriotes détestent moins la
géographie qu'on le prétend. Cet été-là, la grande salle était pleine à
craquer non seulement parce que la préservation de la nature émeut
tout le monde, mais aussi parce que bon nombre d'assistants
revendiquaient l'originalité autochtone au travers du Sapin, tout en protestant
contre l'invasion des résineux. Ceux-là, ils n'en voulaient pas; ils les
dénonçaient comme «étrangers» à la contrée, introduits pour des
motifs bassement mercantiles, acidifiant les sols et obturant les
perspectives ; ils les voyaient en tueurs de la Nature - « rien ne pousse
làdessous et le gibier fuit vers d'autres horizons », entendait-on -, tandis
que le Sapin symbolisait, lui, la nature vosgienne. Le paradoxe
justifiait, s'il en était besoin, la tenue d'un symposium sur La Sapinière et
l'appui que son comité de parrainage et son comité d'organisation
reçut des instances économiques régionales et de la direction du Parc
naturel régional des Ballons des Vosges.
Rien n'aurait pu se faire sans le parrainage de l'ONF, de
l'IUFRO et de l'Université de Franche-Comté et sans le soutien
financier du Ministère de l'aménagement du territoire et de
l'environnement, les conseils régionaux d'Alsace, de Lorraine et de
FrancheComté. Rien n'aurait pu être fait, non plus, sans l'intervention du
Groupe d'Histoire des Forêts françaises, association pluridisciplinaire
de chercheurs, dont le recrutement est européen malgré un intitulé
d'apparence hexagonale. Que toutes ces bonnes volontés soient louées
pour avoir su apporter des subsides, soutenir l'entreprise, y assister et
dépasser les querelles ordinaires entre écologistes et sylviculteurs,
entre amoureux des feuillus et partisans des résineux, entre
défenseurs
-desfutaiesrégulières-etpraticiensdes-futaies-jardinée~;-entr~-humm~sde terrain et gens de cabinet. Ces rencontres montrèrent que tous ces
clichés n'étaient plus de saison, car des forestiers peuvent raisonner
sous l'angle du développement durable, car des universitaires peuvent
détenir un patrimoine sylvicole et le gérer habilement, car rien, jamais,
n'est acquis. Du coup, des vérités qui semblaient de toute éternité
devinrent relatives. démonstration était faite qu'elles fluctuaientbeaucoup, au gré des frontières et au gré du temps, et que cela ne
datait pas d'hier.
Le Sapin agit ainsi comme un mât de cocagne dressé sur la
place du village, au cœur de la communauté: il y eut plus de
consensus que de disputes, et l'arbre marqua une nouvelle fois qu'il unissait
davantage les esprits qu'il ne déchaînait les tempêtes. Las! les
tempêtes, c'est lui qui en pâtit puisque la France de l'Est connut des vents
sans précédent quelques semaines après la dispersion des auditeurs. La
catastrophe pose la question de la reconstitution de ces peuplements:
plus de sapins? moins de sapins? C'est dire que les Actes de ce
colloque ne sont pas prêts de quitter l'actualité. Les autorités
territoriales ont donc eu raison d'aider à son bon déroulement: voilà un livre
qui alimentera pendant longtemps les réflexions des gestionnaires, les
réflexions aussi de tous ceux qui prennent spontanément le chemin des
bois.PRÉFACE
par Andrée CORVOL*
Le Sapin est l'emblème de la région vosgienne. Il décore les
dépliants, les affiches et les souvenirs touristiques car résumant l'air
pur et le cadre sombre des stations thermales associées aux monts et
aux lacs. Il assure le succès des bonbons La Vosgienne et des sirops
antitussifs comme s'il garantissait à leurs consommateurs la belle
santé des bûcherons et autres travailleurs du bois, connus pour leur
ardeur à la besogne et leur endurance à la fatigue. Cette réputation
serait-elle une manipulation concoctée depuis que la défaite de 1870
avait attisé les rêves de tous les Piou Piou de France et de Navarre?
Que vienne vite le jour glorieux où le drapeau tricolore flottera
derechef sur les tours de la cathédrale! La Ligne bleue des Vosges, ligne
qui est moins bleue que verte au demeurant, a ainsi inspiré des
escadrons de politiques qui auraient perdu des électeurs par milliers s'ils
n'avaient su broder sur le thème de La Revanche. Du coup, le sapin
que, depuis les guerres louis-quatorziennes, on opposait au chêne des
Francs, cessait d'être un attribut du Germain lequel, soit dit en
passant, voyait aussi dans le chêne la marque du sacré, qu'il s'agisse du
religieux ou du souverain, et était chéri de tous les petits Français:
eux ne songeaient pas encore à la reconquête de l'Alsace en totalité et
de la Lorraine en partie mais aux mystères de la Noël, le bon saint
Nicolas faisant ici ce que le père Noël faisait ailleurs, à savoir
distribuer des jouets, de bois, bien sûr. Les enfants de familles pauvres n'en
avaient guère avant la Première Guerre Mondiale et même avant la
Seconde. Une orange suffisait à les ravir. Et lorsque celle-ci venait à
manquer, une pomme rouge faisait l'affaire. L'essentiel était dans
l'alliance de l'or et du vert, l'or du fruit et le vert des aiguilles, alliance
qui augurait bien pour la nouvelle année, alliance que rappelaient la
couronne et les guirlandes de branches, clouée à la porte ou installées
à travers la pièce à feu, chambre principale et parfois unique où l'on
mangeait, œuvrait, dormait et mourait. Le sapin était là, du berceau au
cercueil, présent dans toutes les fêtes et requis pour toutes les activités
des hommes, du métier à tisser à la herse au champ. On en perdait de
-vue-.1}ue-d-'autresessences--étaient-pfus---appré-ciées.. pour-te-ehauffKg~~
cas du charme et du chêne, ou bien meilleures pour nourrir le bétail,
cas du hêtre. On ignorait aussi qu'il n'était pas là de toute éternité,
qu'il lui avait fallu du temps pour coloniser cet espace et qu'un très
Directeur de recherche, CNRS, Présidente du Groupe d'histoire des forêts*
françaises.LE SAPIN. ENJEUX ANCIENS, ENJEUX ACTUELS
léger réchauffement suffirait à l'en faire déguerpir. On se contentait,
dans cet Est de la France, de l'aimer pour ce qu'il était: un arbre
toujours vert et pluri-fonctionnel. On continua d'ailleurs à l'y honorer
quand les autres Français cessèrent de regarder vers le Rhin et
déclarèrent que les résineux étaient des sujets indésirables hormis dans les
parcs et les jardins. Le pauvret était visé, lui qui incarnait à lui seul
toute la tribu des conifères! Son cône qui, jeté dans la cheminée,
crépitait joyeusement, n'avait-il pas la même vertu que la pomme de
pin. incarner la fécondité en étant prodigues de leurs semences?
C'est l'image, en tout cas, léguée aux autochtones et il n'était pas
question pour eux de vilipender un arbre qui avait permis à leurs
ancêtres de subsister bon an, mal an. On conçoit l'émotion des habitants
quand ils virent les cimes roussir et s'éclaircir dans les ann&#

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