La rationalité scientifique

Academie Des Sciences

Description

Les études sur les sciences se font actuellement dans des cadres divers, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des sciences proprement dites. Les contributions des scientifiques à la réflexion sur leurs propres domaines au cours du siècle dernier ont été particulièrement marquantes, mettant en valeur la singularité de l’entreprise scientifique. Qu’en est-il de la rationalité scientifique aujourd’hui, dans un contexte où les questions de société ont un rôle de plus en plus déterminant dans les orientations touchant les sciences et dans la conception de ce que sont les sciences par rapport à d’autres activités sociales ? Des spécialistes de disciplines variées réfléchissent sur leurs démarches propres et sur les voies de leur créativité.

Les textes réunis dans cet ouvrage sont pour la plupart issus du colloque « Les scientifiques et l’épistémologie : la rationalité scientifique aujourd’hui » (10 décembre 2014), organisé par le Comité Histoire des sciences et épistémologie de l’Académie des sciences.

Sujets

• Médecine
• Spécialités médicales
• Médecine de laboratoire
• Sciences expérimentales
• Histoire des sciences
• Laboratory Medicine
• Medical
• Biologie médicale

Informations

• Publié par: EDP Sciences
• Date de parution: 10 février 2017
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782759820573
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

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16 ans

A C A D É M I E D E S S C I E N C E S

LA RATIONALITÉ SCIENTIFIQUE AUJOURD’HUI

[ L E S A T E L I E R S D E L ’ A C A D É M I E ]

La raTîOnaîTé scîenTîique aujOurd’huî

SOus a dîrecTîOn de Caude DEBRU, Jean-Pîerre KAHANE eT ÉvarîsTe SANCHEZ-PALENCIA

ACADÉMIE DES SCIENCES

17, avenue du HOggar Parc d’acTîvîTés de COurTabœuf, BP 112 91944 Les Uîs Cedex A, France

Illustration de couverture :

« Louis Pasteur » par Robert Thom in Bender Georges A.Great Moments in Pharmacy Detroit: Northwood Institute Press, 1966. Détail.

C’est dans un ballon de ce type que Pasteur accomplit l’expérience la plus convaincante en réfutation de la notion de génération spontanée. Une fois stérilisé, le contenu du ballon ne se trouble, du fait de la croissance de microorganismes, que si ce contenu est mis en contact avec les poussières de l’air qui se sont déposées dans la partie basse du col.

(Les auteurs remercient Annick Perrot, Conservateur honoraire du musée Pasteur, et Maxime Schwartz, Membre correspondant de l’Académie des sciences, Directeur général honoraire de l’Institut Pasteur.)

Imprîmé en France

© 2016, EDP Scîences 17, avenue du HOggar, BP 112, Parc d’acTîvîTés de COurTabOeuf, 91944 Les Uîs Cedex A

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illi cite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 1224, L. 1225 et L. 3352 du Code de la propriété intel lectuelle). Des photocopies payantes peuvent être réalisées avec l’accord de l’éditeur. S’adresser au : Centre français d’exploitation du droit de copie, 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. Tél. : [phone].

ISBN 978-2-7598-1979-9

PRÉSENtAtIoN

Les éTudes sur es scîences se fOnT acTueemenT dans des cadres dîvers, TanT à ’înTérîeur qu’à ’exTérîeur des scîences prOpremenT dîTes. Les cOnTrîbuTîOns des scîenTîiques à a rélexîOn sur eurs prOpres dOmaînes au cOurs du sîÈce dernîer OnT éTé parTîcuîÈremenT marquanTes. Qu’en esT-î de a raTîOnaîTé scîenTîique aujOurd’huî ? Des spécîaîsTes de dîscîpînes varîées cOnTrîbuenT à ceTTe rélexîOn des scîences sur ees-mêmes, dans e nOuveau cOnTexTe scîen- Tîique, phîOsOphîque eT sOcîéTa.

Les TexTes réunîs dans ceT Ouvrage sOnT pOur a puparT îssus du cOOque « Les scîenTîiques eT ’épîsTémOOgîe : a raTîOnaîTé scîenTîique aujOurd’huî » (10 décembre 2014), Organîsé par e COmîTé HîsTOîre des scîences eT épîsTé- mOOgîe de ’Académîe des scîences.

LIStE DES AUtEURS

CaTherîne Bréchîgnac

ÉdOuard Brézîn

AnTOîne Danchîn

Caude Debru

Gerhard Heînzmann

Jean-Pîerre Kahane

BerTrand SaînT-Sernîn

ÉvarîsTe Sanchez-Paencîa

Cédrîc Vîanî

SecréTaîre perpéTue de ’Académîe des scîences Membre de ’Académîe des scîences – PrOfesseur émérîTe à ’ÉcOe nOrmae supérîeure eT à ’ÉcOe pOyTechnîque Membre de ’Académîe des scîences – PrésîdenT eT dîrecTeur scîenTîique d’AmabîOTîcs SAS Membre de ’Académîe des scîences – PrOfesseur émérîTe à ’ÉcOe nOrmae supérîeure PrOfesseur à ’unîversîTé de LOrraîne – DîrecTeur des Archîves Henrî POîncaré Membre de ’Académîe des scîences – PrOfesseur émérîTe à ’unîversîTé Parîs-Sud orsay Membre de ’Académîe des scîences, mOraes eT pOîTîques – PrOfesseur émérîTe à ’unîversîTé Parîs-SOrbOnne Membre de ’Académîe des scîences – DîrecTeur de recherche émérîTe au CNRS Membre de ’Académîe des scîences – DîrecTeur de ’InsTîTuT Henrî POîncaré

COOrdînaTîOn édîTOrîae : Jean-Yves CHAPRoN, dîrecTeur du servîce des pubîcaTîOns de ’Académîe des scîences, assîsTé de JOëe FANoN.

tABLE DES MAtIèRES

INTrODUcTîON – Là DémàrcHe scîeNTîiqUe OU es àNgàges De à ràîsON Catherîne Bréchîgnac

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CHàpîTre 1 – ReNcONTres fOrTUîTes DàNs e mONDe Des îDées : De à cHàNce eN recHercHe màTHémàTîqUe 13 Intervîew de Cédrîc Vîanî par Caude Debru

CHàpîTre 2 – SUr ’OrîgîNe eT à pOrTée Des cONcepTs màTHémàTîqUes Jean-Pîerre Kahane

CHàpîTre 3 – Le làîr Bertrand Saînt-Sernîn

CHàpîTre 4 – VérîTé scîeNTîiqUe eN DeçÀ Des PyréNées… vérîTé àU-DeÀ Édouard Brézîn

CHàpîTre 5 – RîgUeUr, àpprOxîmàTîON eT évOUTîON Des cONNàîssàNces Évarîste Sanchez-Paencîa

CHàpîTre 6 – COmpreNDre ce qU’esT à vîe : à bîOOgîe syNTHéTîqUe Antoîne Danchîn

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CHàpîTre 7 – Là ràTîONàîTé, UNe eT cOmpexe Gerhard Heînzmann

CHàpîTre 8 – Là ràTîONàîTé scîeNTîiqUe fàce À DeUx Déis DîsTîNcTs : e reàTîvîsme cOgNîTîf, ’àNTî-scîeNce Caude Debru

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IntRoduCtIon

La démarche scîenTîique Ou es angages de a raîsOn

CaTherîne Bréchîgnac

Au i du Temps, es hOmmes OnT accumué des savOîrs pOur cOmprendre, se prOTéger, se sOîgner, Ou TenTer d’agîr sur eur envîrOnnemenT. C’esT aînsî que a scîence esT déinîe dans eTrésor de a angue françaîse cOmme : «a somme de connaîssances qu’un îndîvîdu possède ou peut acquérîr par ’étude, a rélexîon ou ’expérîence». I esT caîr que, de nOs jOurs, un seu îndîvîdu ne peuT pOsséder à uî seu ’ensembe des cOnnaîssances déchîffrées par ’humanîTé, eT qu’î en resTe encOre beaucOup à acquérîr, ce quî engendre dans nOs sOcîéTés des quesTîOnnemenTs, vOîre des peurs, quanT à ’uTîîsaTîOn des cOnnaîssances sans en cOnnaïTre ’éTendue des effeTs, eT des crîTîques en- vers a scîence quî aîsse cerTaînes quesTîOns sans répOnse.

L’ObservaTîOn du cîe eT es maThémaTîques cOnsTîTuenT e berceau de a cOnnaîssance scîenTîique. Les Orîgînes de ’asTrOnOmîe remOnTenT au-deà de ’AnTîquîTé. La pîerre gravée, TrOuvée e 15 aOûT 2006 au nOrd-OuesT de a Chîne, mOnTre une représenTaTîOn de a Grande ourse quî daTe d’envîrOn 10 000 ans ; ee TémOîgne que ’hOmme scruTaîT e cîe î y a fOrT Ong- Temps. Avec ’apparîTîOn de ’écrîTure, es ObservaTîOns asTrOnOmîques sOnT cOnsîgnées avec sOîn eT cecî dans es quaTre fOyers de cîvîîsaTîOns qu’éTaîenT a MésOpOTamîe, ’ÉgypTe, a Chîne eT ce que nOus appeOns aujOurd’huî es cîvîîsaTîOns précOOmbîennes. Maîs à ceTTe épOque, quî nOus a Transmîs des

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L ’ a rationaLité scientifique aujourd hui

caendrîers d’une grande précîsîOn, aucune cîvîîsaTîOn ne cherchaîT à cOm- prendre e « pOurquOî » des phénOmÈnes céesTes Observés. La grande nOuveauTé vîenT de a GrÈce anTîque Orsque es maThémaTîques sOrTenT de ’uTîîTaîre pOur devenîr cOncepTuees, eT qu’émerge a phîOsOphîe. Avec thaÈs, e prîncîpe d’expîcaTîOn des phénOmÈnes Observés n’esT pus TranscendanTa maîs rée. Les Oîs sOnT dîcTées par a naTure eT des ThéOrîes ra- TîOnnees, Où es maThémaTîques sOnT dOmînanTes, prOcurenT des expîcaTîOns chîffrées Ou géOméTrîques. L’aTTracTîOn de PyThagOre pOur es rappOrTs numé- rîques dans es harmOnîes en musîque uî a permîs de déinîr a gamme quî fuT en usage jusqu’à a in du MOyen Âge. Sî une cOrde a une Ongueur quî dOnne un dO, une cOrde d’une Ongueur vîbranTe deux fOîs pus cOurTe dOnne un dO à ’OcTave supérîeure. I déinîT aussî a quînTe par sOn rappOrT 3/2 sur e mOnO- cOrde. Ce fuT a premîÈre maThémaTîsaTîOn de a musîque. CependanT, en ces Temps, des dîscussîOns phîOsOphîques menaîenT à des paradOxes dOnT ZénOn d’Éée fuT e pOrTe-parOe. Ceuî bîen cOnnu d’Achîe eT a TOrTue a rappOrT au Temps. Achîe cOurT pus vîTe que a TOrTue, maîs sî cee-cî parT avec queques mÈTres d’avance sur uî, un raîsOnnemenT cOnsTruîT par îTéraTîOns successîves mOnTre qu’î ne a raTTrapera jamaîs car Orsqu’î arrîvera au pOînT de déparT de a TOrTue, ee sera déjà pus Oîn. L’expérîence mOnTre qu’î n’en esT rîen, d’Où e paradOxe. Ce raîsOnnemenT, basé sur a dîchOTOmîe du Temps, n’esT pas apprOprîé pOur décrîre des mOuvemenTs cOnTînus. C’éTaîenT es prémîces de a démarche scîenTîique.

I fauT aTTendre encOre prÈs de 2 000 ans pOur vOîr pOîndre a « démarche scîenTîique » au sens Où nOus ’enTendOns aujOurd’huî. Ee esT née en EurOpe e au débuT du xvii  sîÈce. C’esT Gaîée quî en dOnna e cOup d’envOî. I cOnsTruîsîT des expérîences sîmpes, reaTîves à a chuTe des cOrps, eT déinîT es fOrmues quî es régîssenT. I afirme dansL’Essayeur, paru en 1623, que e îvre de a NaTure esT écrîT «en angage mathématîque».

Là DémàrcHe scîeNTîiqUe, àU seNs De à cONfrONTàTîON eNTre à THéOrîe eT ’expérîeNce, DevîNT ’UNe Des méTHODes pUîssàNTes qUî iT prOgresser à cONNàîssàNce. Ee s’éTeNDîT àU mONDe eN- Tîer, eT iT De ’EUrOpe e geyser De à scîeNce.

La démarche scîenTîique esT une démarche de pensée. La pensée esT în- dîssOcîabe du angage, eT ’écrîT aîde à ixer a pensée. on peuT se pOser a quesTîOn : pOurquOî, avanT nOTre Ère, es cîvîîsaTîOns OmÈque eT maya quî peupaîenT un côTé de a panÈTe, aînsî que a cîvîîsaTîOn chînOîse quî peupaîT ’auTre côTé eT dOnT a pensée esT rîche eT Orîgînae n’OnT-ees pas engendré, avec es mêmes ObservaTîOns que cees que irenT des sîÈces pus Tard es EurOpéens, a démarche scîenTîique ? Sî ceTTe quesTîOn esT sans répOnse, î esT à remarquer que es fOrmes înguîsTîques des angues chînOîse Ou maya basées sur des îdéOgrammes sOnT TrÈs dîfférenTes des angues aphabéTîques,