Femmes dans l'entreprise

Marion Polgé, Colette Fourcade, Caroline Debray, Agnès Paradas

Description

Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à la situation des femmes dans les entreprises. À travers divers témoignages de chef(fe)s d’entreprises, de responsables des ressources humaines, de l’égalité femmes-hommes, ou encore de responsables politiques, le lecteur découvre la richesse des initiatives engagées face à la variété des situations rencontrées. Les récits rassemblés ici offrent un panorama de l’existant, mais ils soulignent par ailleurs la fragilité de la vie professionnelle des femmes.

Les contributions présentées suivent deux perspectives. En premier lieu, elles interpellent sur les enjeux liés à la vie professionnelle des femmes : quels constats ? Quels problèmes ? Quels stéréotypes ? En second lieu, la question de la mixité est posée relativement à ses apports pour l’entreprise : quelle gouvernance ? Quelle performance ? Quels droits ?

Cette publication fait suite au premier colloque « Femmes dans l’entreprise » organisé par la Chaire CoCréatec (octobre 2016) qui a rassemblé les acteurs de toute la France impliqués dans des démarches de valorisation de la mixité et/ou d’égalité entre les femmes et les hommes. L’objectif fixé pour ces premiers échanges a été d’établir un état des lieux des situations observées en croisant les expériences et les bonnes pratiques.

La coordination a été menée par quatre enseignantes-chercheures qui animent des programmes de recherche-action dans le cadre de la Chaire CoCréatec, traitant de l’humain dans l’entreprise.

Coordonné par Marion POLGE, Colette FOURCADE, Caroline DEBRAY et Agnès PARADAS, avec les contributions de Renaud ALLAMANO-KESSLER, Muriel AVINENS, Cécile BIASIO, Céline CAMMARATA, Caroline CAZI, Anne-Marie COSTALATFOUNEAU, Véronique CSANYI-VIRAG, Pierre DANTHEZ, Carole DELGA, Sophie DELORME, Sébastien DENAJA, Michel ESTIMBRE, Agnès FICHARD-CARROLL, Diane GAGNÉ, Laure HELTERLIN, Jocelyne JAUMES, Farida KHODRI, Isabelle LE DRÉAU, Sylvie MERCIER, Anne MIONE, Françoise MORVAN, Françoise NAUTON INGLIS, Philippe SAUREL, Edwige UCHAN et Katia VIDIC.

Sujets

• Entreprise
• Femme

Informations

• Publié par: Éditions EMS
• Nombre de lectures: 18
• EAN13: 9782376870715
• Langue: Français

Extrait

INTRODUCTION

Agnès Paradas,Université d’Avignon, Université de Montpellier

Cet ouvrage est e premîer tome d’une sérîe quî s’întéresse aux enjeux et aux pratîques de a mîxîté emmes-hommes dans es mî- îeux proessîonnes et à son împact sur a perormance de ’entre- prîse. Reposant sur des témoîgnages d’entrepreneurs, de pratîcîens d’entreprîses, de chercheurs et d’autres acteurs concernés par e sujet, î propose des pîstes de rélexîon et d’actîon permettant de dîfuser de nouvees représentatîons, attîtudes et comportements au seîn des structures. Tout e travaî quî a été engagé repose sur a convîctîon et ’observatîon seon esquees a mîxîté seraît un acteur de meîeur cîmat, de meîeure réputatîon et de meîeurs résutats pour es or- ganîsatîons quî a avorîsent. Maîs ces assertîons n’îgnorent pas tous es paradoxes, dîIcutés et questîons que recouvre e déi. ï nous a sembé que a meîeure açon de mettre à pat tous ces aspects étaît de soîcîter es acteurs sur e terraîn et es chercheurs quî travaîent en prospectîve sur e sujet.

Depuîs queques décennîes, assez ongtemps après e changement démographîque quî a vu es emmes accéder au monde du travaî, e marché montre encore des déséquîîbres dans ’accès des deux sexes à certaînes actîvîtés. ïncuse dans e mouvement pus arge de a dîversîté, a mîxîté aît ’objet de toutes es attentîons, de a part des pouvoîrs pubîcs, des înstîtutîons et des entreprîses. La Charte de a Dîversîté, en 2004, montre a voîe d’une partîcîpatîon commune au progrès en aIrmant sa utte contre toute orme de dîscrîmînatîon. La charte évoque caîrement a mîxîté emmes-hommes (MFH) comme

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une des appîcatîons de a dîversîté, es emmes représentant envîron a moîtîé de a popuatîon actîve. Pourtant, des réseaux de soutîen à a condîtîon émînîne se dressent contre a conusîon entre a prîse en compte des mînorîtés (dîversîté) et e traîtement équîtabe de a moîtîé de ’humanîté (égaîté-parîté-mîxîté). La dîversîté concerne a prîse en consîdératîon des dîférences, aors que es emmes aspîrent à une prîse en consîdératîon égaîtaîre. ï reste encore à a questîon de a mîxîté à adopter un posîtîonnement au regard de ces débats. La mîxîté s’înscrît égaement dans e courant de a responsabîîté socîae de ’entreprîse (RSE), constîtuant une réee préoccupatîon des res- ponsabes înstîtutîonnes et s’exprîmant dans ’égaîté pus que dans a mîxîté. La égîsatîon rançaîse s’est d’aîeurs enrîchîe ces dernîères années de oîs majeures quî témoîgnent d’un chantîer en marche vers ’égaîté, comme a oî Copé-Zîmmerman (janvîer 2011) quî apporte une premîère avancée vers une améîoratîon de a représentatîon des emmes dans es conseîs d’admînîstratîon et de surveîance. Sau exceptîon, a MFH est tantôt « à hégémonîe numérîque émînîne », dans es secteurs ducare, tantôt « à hégémonîe numérîque mascu- îne » dans es actîvîtés de productîon (28 % de emmes îngénîeures en 2015, enquête ïESF 2015). Ee est paroîs proche de « ’équîîbre » (du poînt de vue de a dîversîté) ou, au contraîre, ortement déséquîîbrée.

Accompagnant ces préoccupatîons socîétaes, des recherches de pus en pus nombreuses înterrogent e rapport de a MFH avec a perormance. Ain que es avantages potentîes de a MFH s’exprî- ment peînement, a part des emmes dans es empoîs quaîiés et très quaîiés devraît converger vers un équîîbre avec cee des hommes. Sodexo (2015) dans une enquête înterne portant sur 50 000 mana- gers dans 80 pays entre 2010 et 2012 aît un constat sans appe sur a perormance des iîaes ayant un management mîxte : un ratîo emmes-hommes comprîs entre 40 % et 60 % avorîse une croîssance et une productîvîté pus stabes, prévîsîbes et durabes. ï s’agît donc d’apporter des correctîons aux handîcaps des emmes sur e marché du travaî en matîère de quaîicatîon, de promotîon, d’ouverture des proessîons encore très mascuînes, à travers des poîtîques d’orîenta- tîon scoaîre, de ormatîon proessîonnee et d’artîcuatîon amîe- empoî.

Ces constats amènent à a questîon majeure des reîns et des motî- vatîons à a MFH dans es entreprîses. La MFH mérîte en efet une ré- lexîon éargîe, en vîsant à mobîîser un cadre conceptue de réérence et à ofrîr des pîstes de rélexîon tant théorîques que managérîaes, voîre même entrepreneurîaes. Au travers des dîférents témoîgnages

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de nombreux acteurs concernés, cet ouvrage propose donc de traîter ces questîons, a dîversîté des auteur(e)s permettant une dîversîté des regards portés sur a mîxîté.

Dans une premîère partîe, ’ouvrage propose une présentatîon quî pose es jaons d’une sîtuatîon compexe et rîche, en consîdérant deux vîsîons opposées de a mîxîté, comme probème ou comme opportu- nîté.

Le premîer chapître aborde aînsî certaînes dîIcutés auxquees se heurtent es emmes dans eur carrîère proessîonnee. Sî a questîon de a MFH progresse, c’est autant par a voonté des înstîtutîons ou de certaîns dîrîgeants que par cee des emmes ees-mêmes, quî aspîrent de pus en pus à une sîtuatîon juste dans eur travaî. Le phénomène est socîéta. Partout es débats se mutîpîent, et comme dans e reste de a socîété, es questîons d’équîté s’împosent au seîn des organîsa- tîons. Aînsî, sur eur chemîn proessîonne, es emmes ont encore des combats à mener, rencontrant des obstaces, maîs égaement des sou- tîens. Et c’est inaement ’accumuatîon et a combînaîson de toutes es orces posîtîves quî permettront d’accéérer a marche vers une mîxîté équîîbrée.

C’est ce que va exporer e second chapître de cette partîe, d’une part en reatant a nécessîté socîoéconomîque de reever ce déi et d’autre part en témoîgnant de bonnes pratîques voontarîstes et enga- gées. Sî certaîns changements socîétaux ont pu être réaîsés à travers des ruptures brutaes et déinîtîves, ce n’est pas e cas de a mîxîté, quî non seuement progresse doucement, maîs aussî quî peut être à tout moment remîse en questîon. Les pratîques quî s’ancrent pas à pas dans es organîsatîons voontaîres réduîsent ce rîsque, tout comme a communîcatîon autour des progrès et des avantages humaîns et éco- nomîques qu’ees permettent.

La deuxîème partîe se sîtue dans une vîsîon pus prospectîve, au- tour de certaînes questîons majeures – a gouvernance, a pace des stéréotypes et e rôe du droît – quî eront chacune ’objet d’un cha- pître.

Le premîer se ocaîse donc sur a sîtuatîon partîcuîère des emmes et du pouvoîr. Dîrîgeantes, cadres supérîeures, emmes poîtîques ou membres de conseîs d’admînîstratîon témoîgnent souvent du ong leuve turbuent sur eque ees ont dû navîguer pour arrîver au port, quand ees y arrîvent… La questîon des quotas est toujours très dé- battue, maîs cette mesure est aujourd’huî putôt reconnue comme e-

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icace. Ee n’est bîen sûr pas e seu evîer, a égîsatîon ou es actîons coectîves en réseau pouvant égaement être évoquées. S’î est tant besoîn de mesures, c’est certaînement pour contreba- ancer es stéréotypes et représentatîons toujours très puîssants dans e domaîne de a mîxîté. Enermant es emmes et es hommes dans des rôes bîen déinîs, ces îdées préconçues jouent bîen des tours aux acteurs, dans e sens où îs n’en sont pas toujours conscîents. Les deux sexes sont concernés et quequeoîs es emmes ees-mêmes sont eurs meîeures ennemîes ace au déi de a mîxîté. Aînsî, réussîr a mîxîté seraît avant tout réussîr à îdentîier et déconstruîre ses propres sté- réotypes dans e sens d’une pus grande égaîté. L’État et certaînes entreprîses en ont prîs a mesure et proposent des outîs pour évouer vers une vîsîon pus ouverte des caractérîstîques et comportements de chacun des deux sexes. L’enjeu sembe se sîtuer très en amont, dès ’écoe. L’exîstence de bocages puîssants est égaement vîsîbe îndîrecte- ment dans e troîsîème chapître quî pose a questîon de ’eIcacîté de ahard law– îssue d’un cadre égîsatî orme –vsasot law– pus toérante –, a premîère apparaîssant pus înluente que a seconde. Au ina, î apparat assez caîrement que es actîons doîvent se pro- duîre de manîère concourante, en utîîsant toutes es méthodes quî s’ofrent, de açon à aîre évouer es mentaîtés pour aîre évouer es pratîques. Consîdérant que e changement est en cours, a concusîon va aors poser a questîon des efets de ’arrîvée des emmes dans es entre- prîses sur e système de gestîon et sur es modes de management. La responsabîîté socîae des entreprîses ofre une grîe de ecture înté- ressante, quî permet d’exporer ces efets en termes socîétaux, socîaux, économîques et envîronnementaux.