Le Calvaire d une femme battue
155 pages
Français

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Le Calvaire d'une femme battue , livre ebook

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Description

J’excusais sa rage parce que je ne pouvais pas supporter de le voir tel qu’il était vraiment. Il aurait fallu également que je me voie telle que j’étais, et je refusais d’être une femme battue.
L’abus ne pourrait cesser que si j’admettais cette vérité.
Tant et aussi longtemps que je ne réussirais pas à dire à haute voix ce qu’il avait fait, le manège de la douleur ne pourrait pas s’arrêter pour me permettre de descendre du cheval de bois et partir.
* *
Écrit avec intelligence et force, Michele Weldon nous raconte son histoire bouleversante et véridique d’abus conjugal.
Marié à l’homme « parfait » durant neuf années, l’auteure a fermé les yeux trop longtemps sur l’enfer que ce conjoint violent lui faisait vivre. Un jour, elle décide de s’échapper de son emprise, avec courage, pour élever seule ses trois enfants et refaire sa vie de femme libre et épanouie.
En nous livrant son combat pour retrouver sa dignité, elle démontre que toutes les femmes ont finalement le pouvoir de transformer leur rôle de victime en celui d’héroïne.
Journaliste depuis vingt ans, Michele Weldon a écrit pour Chicago Tribune, Los Angeles Times, New York Times, Woman’s Day, Parenting et d’autres publications. Elle est chargée de cours à l’école de journalisme Medill de l’Universié Northwestern.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 juin 2021
Nombre de lectures 29
EAN13 9782897931797
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’édition originale de cet ouvrage a été publiée sous le titre
I C LOSED M Y E YES : R EVELATIONS OF A BATTERED WOMAN
© 1999 Michele Weldon
avec l’autorisation de Hazelden Publishing
Conception de la couverture : Jean-François Szakacs
Illustration de la couverture : iStock
Tous droits réservés pour l’édition française
© 2001, Éditions Sciences et Culture Inc.
Paru sous le titre : J’ai fermé les yeux
et Impossible, pas moi ! Il m’aime, je l’aime
© 2020, Béliveau Éditeur
Dépôt légal : 4 e trimestre 2020
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 978-2-89793-178-0
ISBN Epub 978-2-89793-179-7

www.beliveauediteur.com
admin@beliveauediteur.com
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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada.
Reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition est illégal. Toute reproduction, utilisation d’un extrait du Epub ou du PDF, par quelque procédé que ce soit autre qu’autorisé par l’éditeur sera considérée illégale et une violation du copyright passible de poursuites pénales ou civiles. Tous droits de traduction et d’adaptation réservés.
À ma mère,
qui m’a fortement conseillé de tout écrire,
et à mon père,
qui m’a appris à vivre à cœur ouvert.
Et, évidemment, à mes garçons magnifiques,
Weldon, Brendan et Colin,
qui m’enseignent que l’amour
peut être pur et éternel.
T ABLE DES MATIÈRES
P RÉFACE


« M e pardonneras-tu un jour ? »
Sa voix était familière, plaintive et attirante par sa sincérité feinte. Mais maintenant, j’étais motivée et je ne voulais pas effacer le passé. Je connaissais trop bien cette voix, cette voix sombre et innocente, celle qui se manifeste toujours après, celle qui parfois se manifeste juste avant. Je l’ai entendue des centaines de fois. Et ce qu’il a fait est inexcusable.
« Non. »
Un refus dans un battement de tambour. Il y a eu un silence. Puis, il a demandé une faveur, modifier une visite, pour garder les trois garçons plus longtemps que le tribunal le lui permettait. J’ai refusé. Je ne lui pardonnerai pas simplement parce qu’il le demande. Je peux possiblement lui pardonner, car j’en suis rendue à l’étape où il est préférable pour moi de libérer la douleur. Mais pas maintenant, pas aujourd’hui. Pas à sa demande.
Sa voix a changé. Il m’a dit que, si je faisais l’amour, je serais moins intransigeante.
J’ai lu une multitude de livres et de magazines qui vantent les vertus libératrices du pardon, pourtant j’en doute. Je sais que c’est une idée populaire. Je sais que le pays s’est débattu avec l’idée de pardonner à un président. Les émissions populaires de télévision abordent fréquemment le thème du pardon, avec des invités qui viennent quémander leur salut pour une pléthore de trahisons, espérant être entendus alors que l’auditoire exige un dénouement heureux. Je sais que les atrocités entre personnes sont aussi facilement pardonnées que sont lancés les bonbons rouges et blancs d’un char allégorique lors de la parade du Jour du Souvenir.
Je sais que, pour plusieurs, une excuse dans une étreinte est libératrice. Mais, dans mon cas, les excuses m’ont emprisonnée. Honnêtement, je ne peux pas pardonner les abus à mon ex-mari. Je mentirais. Il prétend que tout ce qu’il a fait était sans gravité, alors que l’abus, non plus physique mais verbal et émotif, se manifeste par des appels téléphoniques amers et des litiges en apparence interminables, les enfants devenant des jouets selon sa convenance.
Pour moi, pardon veut dire absolution, passer l’éponge. Je ne peux pardonner à un homme qui, à mon avis, a abusé de moi délibérément et à répétition. Je ne le hais pas, mais je sais qui il est et c’est inexcusable. On ne peut passer sous silence ce qu’il m’a fait et ce qu’il continue de me faire. Parfois, la seule personne à qui on peut pardonner, c’est à soi-même.
Pendant un tiers de ma vie, soit les douze années entre mes vingt-cinq ans et trente-sept ans, le pardon non mérité m’a contrainte. Neuf années de mariage et trois enfants ont érigé un monument au pardon. C’est aussi le pardon qui a perpétué la spirale, une compassion forcée et nécessaire pour toujours comprendre et toujours gober des explications vides et indignes. Je me suis enlisée plus profondément dans ce bourbier par mon propre désir impérieux de réussir mon mariage, de réussir à tout prix, et de masquer les preuves évidentes que l’homme idéal que j’avais épousé n’était pas du tout celui qu’il paraissait être. Je comprends aujourd’hui qu’en lui pardonnant, j’autorisais la violence. En étant cette femme de caoutchouc indulgente, j’ai permis que cela se produise.
Peut-être devrais-je utiliser envers lui le mot compréhension plutôt que pardon. Cela pourrait me permettre de guérir. La colère s’apaise avec le temps. Elle s’éloigne, perdue dans la séparation de nos vies, dans la complétude que je ressens sans lui, dans la satisfaction d’un métier que j’aime et dans l’amour de mes garçons. Le temps et les nouvelles expériences émoussent les lames acérées de la rage que j’ai éprouvée d’avoir été dupe et naïve. Mais la rage demeure, malgré tout. Omniprésente, mais apprivoisée. La passion de mon indignation s’est atténuée, apaisée par la nouvelle vie honnête que j’ai entreprise le jour où il est parti.
Je sais qu’il serait futile de dire que j’oublierai. Je ne peux pas oublier que j’ai été la victime d’une violence étouffée et secrète. Cette violence fait autant partie de moi que mes trois petits garçons qui, dans des pièces au bout du couloir, crient désespérément pour obtenir mon attention. Oublier voudrait dire prendre le risque que tout cela puisse se répéter. Mes souvenirs, aussi agressifs et féroces qu’un tigre, ne me permettront pas d’oublier. Je prie pour qu’un jour je comprenne pourquoi il a fait ce qu’il a fait. Je commence à comprendre pourquoi j’ai accepté la violence ; cela ne m’a pas été facile.
Survivre à la violence conjugale équivaut à s’éloigner d’un violent incendie qui a détruit votre maison, votre vie et votre image de vous-même. Vous êtes tourmentée par les détails du début de ce terrible incendie, comment il s’est propagé et pourquoi il vous a fallu si longtemps pour vous mettre à l’abri. Parfois, il commence à cause d’une allumette oubliée, et avant d’être consciente du danger, votre vie est dévorée par les flammes.
En juin 1997, lors de mon trente-neuvième anniversaire, je suis rentrée à la maison après avoir soupé avec mon amie Mariann ; c’était son cadeau pour mon anniversaire. J’ai immobilisé ma vieille familiale Volvo 1990 dans le garage et j’ai monté l’escalier de service vers la cuisine. J’ai payé la gardienne pour la soirée et je l’ai regardée se diriger vers la voiture de ses parents, garée devant la maison. Je me suis attardée à la cuisine pour prendre un verre d’eau glacée, je suis montée doucement à l’étage et j’ai embrassé chacun des garçons, endormis dans leur lit.
Weldon, qui avait alors huit ans, était dans sa chambre décorée de motifs sportifs, ses livres favoris gisaient sur le sol, là où il les avait lancés. Brendan, six ans, et Colin, trois ans, dormaient dans la chambre où était la grange rouge vif que ma sœur avait fabriquée pour eux. Ils semblaient petits et paisibles, leurs cheveux blonds brillaient comme la lune sous la lumière du corridor.
Je suis allée dans ma chambre pour enfiler ma robe de nuit et me préparer à dormir. Tout en repensant aux fous rires que Mariann et moi avions partagés, j’ai ouvert l’armoire à médicaments de ma salle de bains pour y prendre la solution pour mes lentilles cornéennes. Une des trois portes vitrées du cabinet en chêne m’est restée dans les mains et est retombée sur moi, lourde et contondante, sans avertissement ; la foudre m’a frappée sur l’os de la joue et sur la poitrine. Mes bras se sont raidis pour empêcher la porte de s’écraser sur le sol. Je l’ai déposée lentement, contre le mur de tuiles grises.
Puis, le passé est réapparu de lui-même, des souvenirs que je ne pouvais contenir, comme des serpents de caoutchouc dans une boîte truquée.
La panique que j’avais connue au cours des années de pratique m’a envahie et a déclenché le rituel d’urgence bien appris. Glace. Arrêter l’enflure. Quelqu’un s’en rendra-t-il compte ? La figure me brûlait, la poitrine m’élançait. Comment pourrai

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