Des Géorgiens pour la France
184 pages
Français

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Description

Durant la guerre de 1939-1945, pourquoi et comment des Géorgiens, exilés politiques en France depuis les années 1920, ont-ils choisi de résister, avec les Français, aux Occupants nazis de leurs pays d'accueil ? Cette recherche retrace les parcours de ces hommes et de ces femmes, engagés pour la liberté et la Libération de la France. Voici le tableau d'une émigration géorgienne, traversée par les tensions de l'histoire du 20ème siècle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 185
EAN13 9782336255347
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.libfatfiehafmattan.com diffusion.hartnattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296036222
EAN : 9782296036222
Des Géorgiens pour la France
Itinéraires de résistance, 1939-1945

Révaz Nicoladzé
Françoise Nicoladzé
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Œuvres de Françoise NICOLADZÉ : Dedicace Préface Préambule 1. - Les exilés géorgiens en France Aperçu historique et trajectoire politique 2. - Les Guerriers de la Légion Etrangère 3. - Le “sauvetage” des juifs géorgiens dans la France occupée 4. - La Résistance 5. - Des exilés géorgiens dans la Wehrmacht 6. - Des Géorgiens de l’Armée Rouge dans la Résistance française 7. - Une vie à l’épreuve de l’idéal Postface REMERCIEMENTS Graveurs de mémoire - Dernières parutions
Œuvres de Françoise NICOLADZÉ :
-LA DEUXIEME VIE DE JORGE SEMPRUN
Aux Editions Climats, 1997.
-PASSANT, SOUVIENS TOI !
MONTPELLIER LIEUX DE MEMOIRE 1940-1945 Aux Presses du Languedoc , 1999.
-LA LECTURE ET LA VIE : JORGE SEMPRUN ET SON LECTORAT
Aux Editions Gallimard , 2002.
A Roman, l’aîné de nos petits - enfants qui, de premier, nous a menés vers cette recherche mémorielle et à Ana, Laure, Manuela, Tariel, Marc, Mathilda, Robin , Noé, tous unis dans notre affection.
“La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.”
René Char, Fureur et mystère .
Préface
La tradition orale des faits historiques, on doit le constater, connaît vite ses limites. Qu’un chaînon fasse défaut ou qu’il n’y ait pas de transmission, et tout est définitivement perdu. Or l’histoire de l’occupation et de la Résistance en France, de 1939 à 1945, n’a pas encore été faite complètement, tant les enjeux politiques, historiques et de mémoire sont encore vifs. Il faut donc saluer avec enthousiasme la parution du livre de Françoise et Révaz Nicoladzé, consacré à l’étude des Géorgiens de France pendant cette période.
Comme les Français, et parce que, ayant été accueillis par la France au début des années 1920, ils se sentaient un devoir de gratitude envers elle, les Géorgiens vivant en France ont alors vécu des temps difficiles. Il leur fallut choisir comme les Français. Mais à cause de leur histoire propre, après juin 1941 et l’invasion de l’U. R. S. S. par les Allemands, il leur fallut opter entre la réalité proche : la libération de leur terre d’accueil et le rêve permanent: la libération de leur patrie perdue.
La nature humaine commune, que nous connaissons bien pour la partager, pouvait, là aussi, laisser présager des pages sombres. Sans les occulter, les auteurs n’ont pas voulu s’y attarder : on leur en saura gré.

Cette étude, qui a joint scientifiquement la mise en œuvre des sources écrites et de nombreuses enquêtes orales, était nécessaire. Dans quelques années, à cause de l’âge des témoins, elle ne serait plus possible.
Elle était nécessaire, d’abord, pour les Géorgiens. Une culture, fière de sa tradition multiséculaire, éclairée jusqu’à nos jours par les exploits du Chevalier à la peau de tigre , devait pouvoir fournir à ses jeunes générations vivant en France toute la lumière sur les événements de ces années difficiles. Les glorieux faits d’armes n’y ont, cette fois encore, pas manqué. Cette étude sera utile aussi en Géorgie même : idéologie obligeait, on y a ignoré les engagements des émigrés géorgiens en France et des prisonniers géorgiens des Allemands qui ont réussi à s’échapper pour rejoindre la Résistance.
Cette étude sera également profitable aux Français. Ils y découvriront, rapidement esquissée, une histoire moderne de la Géorgie, puis des pages ignorées devenues leur propre histoire. Cela me paraît d’autant plus utile actuellement que l’accueil des réfugiés politiques ne rencontre plus le même élan aujourd’hui que dans les années 20 du siècle passé. L’histoire a pourtant, ici aussi, tranché : elle a bien montré combien cet accueil a été alors récompensé.
Cette étude sera utile aussi pour les historiens. Tout particulièrement, la relation du sauvetage des juifs géorgiens - un seul périt - et de bien des juifs non géorgiens, est une page particulièrement glorieuse dans cette dure époque. Elle méritait d’être pleinement mise en valeur.
Françoise Nicoladzé avait déjà étudié la Résistance à Montpellier. Révaz, Français d’origine géorgienne, avait les portes ouvertes, sans nul besoin d’interprète, pour enquêter auprès des Géorgiens. Ce travail en couple a permis aux auteurs de prendre le recul nécessaire.

Nous avons donc ici une étude pionnière. Ouvre ces pages, lecteur : de belles rencontres t’y attendent, du lieutenant-colonel Amilakhvari au saint martyr Péradzé !
Bernard Outtier
Préambule
Paris, février 1943. Soir gris, triste. Dans la salle à manger, la famille emmitouflée se groupe autour de la table qu’éclaire une lumière parcimonieuse. Ma petite soeur lit à voix haute un conte géorgien de géants à trois têtes. Maman, après avoir découpé nos tickets d’alimentation, reconstruit une cigarette avec les mégots de ses amis. Mon grand-père marmonne, en piquant des petits drapeaux sur la carte d’Europe, punaisée derrière la porte.
Tassée sur sa chaise, ma douce grand-mère semble couver le poste de TSF qui crachote des sons bizarres. Elle soupire de dépit : les informations guettées de Radio Londres, ce soir, sont inaudibles. Une de ses filles vit en Angleterre, mariée à un général qui lui a fait composer, à partir du géorgien, un code chiffré pour les Services Secrets. Nous l’apprendrons après la guerre ! Une autre fille est loin, aussi, peut-être en danger, attendant en Afrique du Nord, son mari, militaire en Indochine.
Le tintement du marteau, sur les semelles de bois que mon père bricole, rythme une veillée adoucie par l’affection. Est-ce que mes chaussures seront prêtes demain, pour le lycée ? Nous vivons tourmentés par une inquiétude sourde mais constante. Il fait froid et j’ai toujours faim.
Partir le matin à la cueillette des éclats d‘obus 1 , tombés après la dernière alerte aérienne, ne nous amuse même plus, nous les enfants.
Cette guerre n’en finit pas de neiger sur les hommes. Boulevard Saint Michel, des affiches rouge sang me font peur. Dans mes cauchemars, aboient des mots allemands : Bekanntmachung ! Avis ! ...
Longtemps après, au soir de ma vie, ces images reviennent défiler en boucle dans ma mémoire. Elles m’incitent à raconter l’histoire de quelques Géorgiens qui ont vécu ces temps d’horreur mais en ont aussi partagé l’honneur.
Révaz Nicoladzé

Evoquer la traversée des années noires de 1939 à 1945 que les Géorgiens de France vécurent aux côtés des Français s’appuie aussi sur le désir de nouer un dialogue intergénérationnel. En effet, la quatrième génération, issue souvent de doubles origines, s’interroge avec un intérêt, parfois inquiet, sur cette période grave de sa filiation. Nos petits-fils nous questionnent sur les choix et les destins de leurs ancêtres, lors de l’Occupation nazie de la France.
Entre les mythes fondateurs, farouchement cultivés en terre étrangère et les réalités affrontées en terre française, comment se sont-ils situés, ceux dont l’exil avait été le prix de la survie et qui n’en étaient pourtant pas quittes avec l’Histoire ? Quelle France avaient-ils choisie dans ces années 40 ?
Appartenant, de chair ou de cœur, à la première génération née en France, nous avons voulu leur répondre pour deux raisons : d’abord pour fortifier des repères identitaires devenus flous entre mythifications réductrices ou silences dévastateurs. La compréhension nuancée du passé, le dépassement des passions estompées pourraient y contribuer. Ensuite - et cette seconde motivation vibre très fort en nous - pour rappeler la mémoire des Géorgiens et des Géorgiennes qui ont porté haut la dignité de leur communauté. En s’opposant à l’ennemi de leur pays d’accueil, en refusant, avec les résistants français, une id

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