Dits et non-dits de nos campagnes
128 pages
Français

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Dits et non-dits de nos campagnes , livre ebook

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Description

Voici quelques témoignages sur la vie dans les campagnes, des récits recueillis en Vendée, au pays cathare, dans le Jura, les Savoie et les Cévennes. De La lettre du mousse, en Vendée, au Médecin de Cucugnan, en pays cathare, ces riens, ces dits et non-dits de la vie ordinaire, nous font découvrir des personnages pittoresques, prisonniers de traditions et accrochés à des habitudes sécurisantes dans la rudesse de l'environnement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 255
EAN13 9782336271187
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Graveurs de mémoire
Dernières parutions
Raymond Louis MORGE, Michelin, Michel, Marius, Marie et les autres... Une famille de salariés et l’Entreprise Clermontoise, 2007.
Michel ISAAC, Si tu savais..., 2007.
Roger FINET, J’avais dix ans en 1939, 2007.
Paul VANNIER, Un si bel été, Petits mémoires de la Drôle de Guerre, 2007.
Djibril Kassomba CAMARA, Mon itinéraire, 2007.
Tassadite ZIDELKHILE, Tatassé. Mes rêves, mes combats. De Béjaïa à Ivry-sur-Seine, 2007.
Françoise et Révaz NICOLADZÉ, Des Géorgiens pour la France, 2007.
Bernard NGUYEN, Entre le Capitole et la Roche Tarpeienne, 2007.
Jacqueline BRENOT, La dame du chemin des crêtes, 2007.
Pierre AMIOT, Nomades des fleuves et de la route, 2007.
Fateh EMAM, Au-delà des mers salées..., 2007.
François ESSIG, En marche vers le 21 ème siècle, 2007.
Doris BENSIMON-DONATH, Quotidien du vingtième siècle. Histoire d’une vie mouvementée, 2007.
Antoni JAXA-BYKOWSKI, Le sourire de Maman. Un enfant à Auschwitz et Mauthausen, 2007.
Xavier ARSENE-HENRY, « Arrêtons-nous quelques instants », 3 ème étape du long voyage d’un architecte, 2007.
Jean-Jacques BERNARDINI, En route pour Varsovie, 2007.
Francine AUGUST-FRANCK, Les feux follets de bourg d’Iré, 2006.
Boubacar COULIBALY, De Tombouctou au Lac Léman, 2006.
Francis DUCREST, L’aviateur, 2006.
Maurice et Stéphane WOLF, Es Brennt, un combattant dans la tourmente, 2006.
Jacques NOUGIER, Carnet d’Afriques, 2006.
Mathilde POIRSON (coord.), Sur le chemin du cœur, pour un pas de plus, 2006.
Dits et non-dits de nos campagnes

Yolande Moyne Larpin
Du même auteur
Musique pour renaître, Desclée de Brouwer, 1988 (épuisé). Musique au fil de l’âge, Desclée de Brouwer, 1994 (épuisé). Formation aux pratiques musicologiques en gérontologie, Desclée de Brouwer, 1999.
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296049437
EAN : 9782296049437
Sommaire
Graveurs de mémoire Page de titre Du même auteur Page de Copyright Les riens de tous les jours En Vendée
La lettre du mousse Voyage de noces
En Cévennes
Miss Ellen, versez-moi le thé... La demande en mariage Le berger devenu chasseur Le sanglier qui avait le vertige
Du Jura à la ‘Iaute’
Le docteur et le curé L’eau du pastis L’héritage de Robinson Crusoë La lambine Un Noël pas comme les autres La vigne du Seigneur Le cinq à sept de l’agrégée La mésaventure du cantonnier
En pays cathare
La clé Le médecin de Cucugnan
Les mots, miroir du temps
Les riens de tous les jours
Notre vie est faite de riens. Mais ces riens sont significatifs. Ils peuvent faire l’objet de contes.
Une série d’histoires courtes mais presque vraies, dans le style et le contexte qui les ont vu naître, tels sont ces Dits et non-dits de nos campagnes.
Le ‘dit’ se raconte et se recueille. Le ‘non-dit’ se tait, mais c’est l’espace où se déroule l’imaginaire.
A partir de récits sommaires entendus ça et là, d’anecdotes ou de situations cocasses racontées en famille, j’ai tenté de restituer quelque chose du parler et des usages du lieu. Ainsi ont pris corps des personnages pour la plupart inconnus, venus nous parler, dans leur langage imagé, de leur quotidien et de leurs aventures.
Si La lettre du mousse et Voyage de noces font revivre pour nous des coutumes ancestrales que les insulaires n’ont pas oubliées, avec La demande en mariage, les Cévennes nous parlent d’un temps où la vie était aussi rude que ses habitants. Ailleurs, Le docteur et le curé campent des personnages marqués par le devoir et la tradition dans un environnement austère, tandis que L’eau du pastis met en scène une paysannerie sans instruction, cramponnée de toutes ses forces à des riens, à ces manques engendrés par la pauvreté.
Dans cette vie âpre et sans fioritures, parfois un épisode inattendu, une réflexion spontanée font affleurer l’humour innocent des gens du terroir.
Pas très loin de ce monde révolu, notre quotidien de citadins peut aussi réserver des rencontres insolites.
Voici donc des histoires bien de chez nous, ces riens de tous les jours où s’entremêlent le vrai, le vraisemblable et la fiction.
En Vendée
La lettre du mousse
- Pourquoi vous l’avez laissé partir ? répétait tous les jours la grand-mère sous sa coiffe noire. Un gamin qui apprenait tout ce qu’il voulait ! Pensez donc, à 11 ans, premier au certificat !
Elle savait bien, la vieille Léonie, que si l’aîné des garçons s’était embarqué sur le plus gros chalutier vendéen, c’est qu’on n’avait pas pu faire autrement. N’empêche, de le dire, ça soulageait un peu sa peine.
Le lendemain du Certificat d’Etudes primaires, était arrivé le patron de pêche. On le connaissait bien. C’était un homme solide. On avait confiance. Il avait demandé :
- Quel âge a-t-il, votre aîné ?
- 11 ans, tout juste, avait répondu le père.
- J’ai besoin d’un mousse. Il sera bien traité.
- Si jeune… ? s’était inquiétée la mère.
- S’il embarque avec nous, il verra du pays, en apprenant le métier. Logé, nourri, avec sa première solde quand il reviendra. Sinon, qu’est-ce qu’il fera ici, dans l’île ?
Et comme les parents du gamin restaient silencieux, le capitaine avait ajouté :
- On lève l’ancre demain. Au petit jour. Si c’est d’accord, vous savez où me trouver.
La journée s’annonçait morne et soucieuse. Le père avait questionné son fils :
- Et toi, garçon, maintenant que tu as ton Certificat, qu’est-ce que tu en penses ?
Il ne savait pas trop, le garçon. Il était partagé. Partir, c’était quitter la maison, l’île, et l’enfance, il le sentait bien. Mais… rester, c’était attendre quoi? Une autre occasion de chalut, pour apprendre le métier ? Car la mer, les intempéries, l’absence, c’était le sort de tous les gars, sur l’île. Et puis, quand on a été reçu premier au Certificat d’Etudes, on n’a pas le droit de s’esquiver, sans passer pour une poule mouillée. Alors, un peu plus tôt, un peu plus tard…
Pendant les jours qui suivirent le départ du mousse, le père et la mère restèrent silencieux. Ils n’osaient plus se regarder. Il leur semblait que ce fils, ils l’avaient en quelque sorte vendu. Même les petits, ceux qui, d’habitude, couraient autour de la maison sans souci, les petits prenaient parfois un air grave, comme si l’absence du grand frère Yves pesait sur leurs épaules.
Et la vie reprit, un peu plus sévère, dans l’attente d’une lettre qui ne venait pas.
La mère du garçon, qui, pendant des jours, s’était postée sur le chemin à l’heure du facteur, la mère, maintenant, savait, sans le regarder, que le préposé des postes n’aurait à son adresse que le même signe de regret. Le signe que, non, ce ne serait pas encore pour aujourd’hui.
Comme à toutes les femmes de l’île, l’océan prenait un père, un frère, un mari, un fils. Avec la grâce de Dieu, il les rendrait peut-être un jour, méconnaissables, le père sous un cuir tanné comme une bête de somme, le frère ou le mari avec une barbe qui lui mangerait la figure, le fils devenu un homme sans qu’on ait eu le temps de le voir grandir.
Noël passa. Cela faisait maintenant six mois que le fils s’était embarqué sur le Marie-Joseph. Et toujours aucune nouvelle.
Bien sûr, on savait que le chalut allait son train, par tous les temps. S’il avait eu une avarie, ça se serait dit dans le coin. Mais un mousse qui n’a guère que 11 ans, ça peut disparaître comme rien, dans un coup de vent.
Quand le ciel était chargé, le vent violent, la mer mauvaise, et que, pendant des semaines, on était sans nouvelles du Marie-Joseph, on priait Saint Yves, le patron des marins, et, en plus, celui du gamin. Mais Saint Yves lui-même arriverait-il à protéger le petit mousse contre tous les pièges de l’océan ?
Et puis, un matin, le père rencontra, sur le port, un capitaine qui était natif de l’île. Le capitaine était venu embrasser ses vieux parents entre deux voyages. Il avait des nouvelles fraîches du chalut. Oui, l’équipage était au complet,

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