L Orphelin du Vel  d Hiv
183 pages
Français

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Description

16 juillet 1942. A 4 heures du matin, je suis réveillé par les polices françaises. En quelques secondes, ils prennent d'assaut tous les étages et, en un tour de main, toutes les serrures de porte sont défoncées à coups de crosse de fusil. Toute ma famille, à l'exception de mon père qui avait disparu la veille au soir, est en état d'arrestation. Direction : Pithiviers et l'antichambre de la mort, Drancy... Qu'avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Rien. Foudroyé à 5 ans par la rafle du Vel' d'Hiv, me voilà seul, sans famille, sans abri, tel un arbre déraciné, tel une ombre errant dans les rues...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 305
EAN13 9782336277271
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Édition revue et augmentée de l’ouvrage Vent printanier , L’Harmattan, 2009
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296097759
EAN : 9782296097759
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Graveurs de mémoire Dedicace INTRODUCTION - Seuls les morts ne meurent pas PREMIÈRE PARTIE - La guerre
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
DEUXIÈME PARTIE - Les années d’après-guerre
1. 2. 3. 4 . 5.
TROISIÈME PARTIE - La quête de vérité
1. 2. 3. 4. 5.
QUATRIÈME PARTIE - La Mort en face
1. 2. 3.
Remerciements
L'Orphelin du Vel' d'Hiv

Stéphanie Krug
Robert Weinstein
Graveurs de mémoire
Dernières parutions
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Henri BARTOLl, La vie , dévoilement de la personne, foi profane, foi en Dieu personne , 2009.
Frédérique BANOUN-CARACCIOLO, Alexandrie, pierre d’aimant , 2009.
Jeanne DUVIGNEAUD, Le chant des grillons. Saga d’une famille au Congo des années trente à nos jours, 2009.
Jean BUGIEL, La rafle, Récits de circonstances extraordinaires d’une vie médicale ( 1936 - 1994 ), 2009.
Pierre VERNEY, Mon ciel déchiré , 2009.
Francine CHRISTOPHE, Mes derniers récits , 2009.
Charles JOYON, Le jeune Français de Vienne. 1943 – 1945 , 2009.
Bernard LETONDU, Fonctionnaire moyen , 2009.
Claude-Alain SARRE, Un manager dans la France des Trente Glorieuses . Le plaisir d’être utile , 2009.
Robert WEINSTEIN et Stéphanie KRUG, Vent printanier. 39-45, la vérité qui dérange , 2009.
Alexandre TIKHOMIROFF, Une caserne au soleil. SP 88469, 2009.
Véronique KLAUSNER-AZOULAY, Le manuscrit de Rose , 2009.
Madeleine TOURIA GODARD, Mémoire de l’ombre. Une famille française en Algérie (1868-1944) , 2009.
Jean-Baptiste ROSSI, Aventures vécues . Vie d’un itinérant en Afrique 1949-1987, 2008.
Michèle MALDONADO, Les Beaux jours de l’Ecole Normale , 2008.
Claude CHAMINAS, Un Nîmois en banlieue rouge (Val-de-Marne 1987 - 1996 ) suivi de Retour à Nîmes (1996-1999) , 2008.
Judith HEMMENDINGER, La vie d’une juive errante , 2008.
Ce livre est dédié à Denise et Fred Milhaud ainsi qu’à cette famille franco-italienne qui m’a recueilli, aimé comme un des leurs, nourri et caché au risque de leur vie. Sans eux, ce récit n’aurait pu voir le jour.
À mon père et ma mère morts pour la France.
J’ai retrouvé mes soeurs et mon frère à l’âge de 20 ans. En mai 2008, nous nous sommes réunis pour la première fois depuis le 16 juillet 1942, Berthe, Gaston et moi. Hélène, mon autre sœur, est décédée en 2003. La famille tout entière fut rassemblée après 66 ans....
« La vérité attend l’aurore à côté d’une bougie.»
René Char
« Cette crise de la modernité n’est pas seulement une crise de la pensée, elle est engendrée par les événements traumatiques du XX e siècle et principalement les expériences totalitaires du nazisme et du stalinisme. Le monde est désormais déraciné, sans tradition aucune. La transmission est devenue sans signification, sans utilité. Il nous faut, à présent, prendre conscience des risques dramatiques de cette rupture avec l’origine. La chute de la tradition et de l’autorité nous incite et nous permet paradoxalement d’opérer un retour au commencement et d’en apprécier la teneur. »
La Crise de l’éducation Hannah Arendt
« To speak to the name of Death, make them live again. »
Ancient Egyptian Belief
INTRODUCTION
Seuls les morts ne meurent pas
Partir à la recherche des traces, dans un présent troué de souvenirs et de fantômes qui rôdent. errer à la recherche d’un frère, d’une sœur, d’un père, d’une mère, des portés disparus... Revenir pour la première fois sur les lieux du crime, reconnaître l’église, son parvis avec ses marches, revoir les scènes d’horreur et les camions de la mort qui conduisaient aux premiers camps de la déportation... Un immeuble piteux, une porte battante, un grincement, silence... Scruter le deuxième étage, et regarder si, par moments, le rideau frétille... Peut-être que les morts sont revenus... « un signe de ma mère»... une ombre qui passe... silence glacial...
Le présent est habité d’un seul souffle, celui de la respiration des morts. Fragments, lambeaux de souvenirs, discontinuité, chevauchement du passé avec le présent, mobilité de la mémoire se laissent deviner dans les dédales de cette quête de vérité, dans l’errance d’un enfant foudroyé qui part à la recherche de son histoire.
Revenir sur ses pas et tenter de comprendre, trouver des preuves, des faits, des indices qui démontrent et révèlent l’Inhumain vécu. Chercher les morts, puisque plus rien n’existe. Tel est le destin de tous les survivants des camps, de tous les déportés, de tous ceux qui ont connu le grand drame de l’anéantissement.
Les récits des survivants sont souvent fragmentés, à l’image de leur psyché. Survivre à l’horreur, c’est le pari de triompher de la psychose.
Regarder derriére... un tombeau de ruines, de mensonges. On a refait l’histoire, on a tout falsifié, on a tout effacé. Des pans entiers sont partis. Ce qui reste des archives est souvent précaire et très lacunaire, On a brûlé tous les livres, la mémoire s’est volatilisée. Des décennies après le cataclysme, la vérité repose sous des monticules d’oubli. Les survivants savent mais on ne les entend pas ou si peu...
Face à ce passé réduit à néant et ce présent désolé, les morts restent souvent l’ultime recours... On les appelle, ils nous reviennent en rêves, en larmes... C’est un sourire qu’on a gardé, un visage, une photo souvenir qu’on se fabrique en mémoire, ensevelie sous des montagnes de cendres et de désespoir... Il y en a pour qui seuls les morts parlent, quand les vivants sont devenus de vulgaires fantassins incapables d’entendre l’inouï, l’horreur, ce qui ne sera jamais consolé ou réparé, de beaux comédiens trop occupés par leurs petits enjeux de représentation. Alors tout vacille, plus rien n’a d’importance, plus rien n’est tangible, c’est la disparation des référents, du sol qui nous tient debout...
Devant ce grand danger, dans ce trou béant qu’est devenu la vie, il n’y a plus rien que ce défi à la mort, ce grand enjeu de la survie et le pari de retrouver ailleurs, dans un autre temps, un autre espace, ceux qu’on aimait et qui nous furent arrachés, ceux qui ne reviendront plus... Les absents sont présents, plus présents que jamais; les présents sont absents, ils sont pareils à un mirage qui passe; ils ne laissent aucune trace dans la mémoire, ils ne retiennent pas non plus, ils envoient des signaux incompréhensibles ou trop futiles pour qu’on les entende... Les survivants ne sont jamais tout à fait là, ils semblent être au monde, mais ne sont plus de ce monde, ils ont déjà rejoint ceux qui sont morts avant eux. C’est peut-être pour cela que les survivants nous donnent le sentiment d’avoir transcendé la mort, que leur vie se confond à ce mariage subtil avec la transcendance, sans quoi leur vie, leur corps qui fut réduit à sa plus basse expression, ne serait pas soutenable.

Le but de l’extermination nazie était de faire de la disparition des Juifs d’Europe un événement qui ne laisserait aucune trace. Les nazis avaient tout prévu pour garantir l’oubli et l’effacement des traces : pour toutes preuves, des photos montrant les amas de corps devant les bulldozers au camp de Bergen-Belsen en avril 1945, premier camp libéré par les Britanniques, puis à Auschwitz, les tonnes de cheveux, milliers de valises, d’assiettes, de blaireaux, de peignes et des amoncellements faramineux de brosses à dents...
Dans Les Naufragés et les Rescapés, Primo Lévi, témoin du discours d’un SS à Auschwitz, nous renseigne sur les buts ultimes de l’entreprise nazie : « De quelque façon que cette guerre finisse, nous l’avons déjà gagnée contre vous, aucun de vous ne restera pour porter témoignage, et même si quelques-uns en réchappent, le monde ne les croira pas. Il

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