Le contrôle policier de la « délinquance » des jeunes à Kinshasa
526 pages
Français

Le contrôle policier de la « délinquance » des jeunes à Kinshasa , livre ebook

526 pages
Français

Description

La délinquance juvénile à Kinshasa et son contrôle policier légalement organisé semblent au coeur de ce livre. Et pourtant, l'approche ethnographique choisie pour traiter ces objets dénonce leur objectivation juridique. À partir d'une ethnographie sur sa propre société, l'auteur fait preuve d'un effort conceptuel terrible et profondément ancré au point de mobiliser les concepts de bricolage et de capitalisation du contrôle policier de la délinquance des jeunes à Kinshasa.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296493117
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE CONTRÔLE POLICIER DE LA « DÉLINQUANCE »
DES JEUNES À KINSHASARaoul KIENGE-KIENGE INTUDI
LE CONTRÔLE POLICIER
DE LA « DÉLINQUANCE »
DES JEUNES À KINSHASA
Une approche ethnographique
en criminologie
Préface de Dan Kaminski
Postface de Pierre-Joseph Laurent
ÉDITIONS
KAZID/2011/4910/09 ISBN 978-2-87209-991-7
© BRUYLANT-ACADEMIA ÉDITIONS KAZI
e Grand’Place, 29 Imm. FORESCOM, 2 étage
B- 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE Avenue du Port n° 4
Belgique KINSHASA/GOMBE – R.D. Congo
Tél. +32 10 45 23 93 Tél. + 243 81 36 57 483
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www.academia-bruylant.be ekazi2003@yahoo.fr
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé
que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants
droit.
Imprimé en Belgique. À la mémoire de ma mère, Fabienne,
Et pour la consolation de mon père,
ConstantinREMERCIEMENTS
ette page, que le lecteur lira probablement en premier, est Cparadoxalement la toute dernière des pages de l’écriture de
l’ouvrage. Elle est placée en avant du texte de ce livre pour
pouvoir m’acquitter d’un très agréable devoir : remercier les
héros qui ont rendu possible la réalisation de la recherche dont
cet ouvrage rend partiellement compte. En les mentionnant
au début du livre, je donne au lecteur l’occasion de saluer leur
plein dévouement – ce mot est bien sûr pauvre – avant de
parcourir ce qu’ils ont rendu possible. De Dan Kaminski, il est très
diffcile de dire ce que je n’ai pas reçu durant les quatre années
qui ont marqué mon séjour au sein de l’École de criminologie
de l’Université catholique de Louvain, hormis mes propres
balbutiements, que Françoise Digneffe s’est, du reste, efforcée
d’atténuer par sa présence aussi discrète que remarquable.
Pierre-Joseph Laurent m’a permis de jouir de
l’interdisciplinarité grâce à l’inscription du projet dans les problématiques
anthropologiques africaines, me poussant ainsi à mieux me
connaître, tout en m’enseignant à ne pas faire une recherche
anonyme. Ce trio a bouclé ainsi le processus de formation en
criminologie déclenché à l’Université de Kinshasa par Madame
Joséphine Idzumbuir Assop depuis plus de dix ans, en
soutenant mon recours en vue de ma nomination comme Assistant
sous son encadrement en 1993. Ses encouragements lors de
l’épreuve du terrain m’ont permis de progresser en me fxant sur
l’objectif de la recherche doctorale. L’intérêt que Philippe Mary
a porté à mon travail m’a poussé à y mettre plus de sérieux.
Des collègues et du personnel de l’École et du département
de criminologie et de droit pénal de l’Université catholique de
Louvain, je retiens le plaisir du travail universitaire, de la libre 8 LE CONTRÔLE POLICIER DE LA « DÉLINQUANCE » DES JEUNES…
discussion sur des projets de recherche et surtout d’une franche
amitié. Comme l’a écrit Joseph Holzner, sans l’amitié, même le
génie le plus fort ne peut réaliser rien de fécond.
Le fnancement du projet de doctorat par l’actuelle
Administration des relations internationales de l’Université
catholique de Louvain, d’une part, et la collaboration de
l’inspecteur général de la police nationale congolaise ainsi que des
policiers, des jeunes, de leurs familles, des éducateurs et des
magistrats de Kinshasa, qu’il ne convient pas de nommer sans
qu’ils m’en veuillent, d’autre part, se sont avérés des
conditions sine qua non pour la réalisation de la thèse rendue dans
ce livre.
Beaucoup d’autres personnes ont été, chacune, d’un apport
unique tant pour mon séjour à Louvain-la-Neuve que pour
l’avancement de mon travail universitaire. Merci à vous tous !
PRÉFACE
a délinquance juvénile à Kinshasa et son contrôle policier Llégalement organisé semblent au cœur de ce livre. Et
pourtant, l’approche ethnographique choisie pour traiter ces objets
dénonce leur objectivation juridique. Délinquance, contrôle,
police, loi… Ces mots perdent leur valeur descriptive au fl de
la lecture du livre au proft d’autres mots bien plus proches des
activités réelles des uns et des autres.
Raoul Kienge-Kienge Intudi est arrivé en 2001 en Belgique
pour entamer un diplôme d’études approfondies en
criminologie à l’Université catholique de Louvain. Juriste engagé dans
son pays, avocat et chef de travaux à l’Université de Kinshasa,
il était venu chercher le trouble, l’épreuve pour laquelle il était
prêt. Son cheminement à l’Université catholique de Louvain
passe par un splendide examen de la généalogie coloniale du
décret de 1950 sur l’enfance délinquante ; ce travail, qui a reçu
le prix international de la coopération au développement de
2002, a été publié dans la Revue de droit pénal et de criminologie
de mai 2003. Dans la foulée de cette première recherche
criminologique et fdèle à ses conclusions, son auteur s’est engagé,
avec courage et sous ma direction non directive, dans un
travail de thèse résolument empirique dont l’ancrage théorique et
social ainsi que les conclusions sont aujourd’hui publiés dans
les pages qui suivent. Après avoir démontré l’ineffectivité «
congénitale » d’une législation, il s’agissait pour lui d’examiner les
pratiques effectives de gestion de la jeunesse délinquante,
avec, sans, contre ou sous la loi. L’excellent juriste s’est mué et
divisé en excellent criminologue et en excellent ethnographe
en évitant le piège qui consiste à considérer a priori
l’ineffectivité de la loi comme un dysfonctionnement et en acceptant de 10 LE CONTRÔLE POLICIER DE LA « DÉLINQUANCE » DES JEUNES…
penser que la régulation des situations-problèmes existe soit
sans le secours de la loi soit dans un recours original à la loi,
celle-ci devenant ressource dans des stratégies multiples que
le juriste ne peut qu’entrevoir avec horreur, mais que le
criminologue accepte de considérer comme des usages d’un objet ou
d’un outil, « presque » comme un autre, de la vie quotidienne.
Je ne peux passer sous silence les qualités de l’auteur du
livre qui s’ouvre ici : une force de travail et une intelligence
impressionnantes ; une ouverture tout aussi impressionnante
à des mondes disciplinaires diversifés et pourtant mobilisés
soigneusement au service de son projet ; une capacité à
absorber son interlocuteur sans jamais le fatiguer. J’ai eu l’honneur
et le plaisir d’occuper cette position pendant quatre ans ;
cet honneur et ce plaisir sont désormais celui du lecteur. Si
l’auteur prétendait me devoir quelque chose, j’ai tant appris
à son contact que la prétendue dette n’a pas arrêté de
changer de main dans un rapport africain de don et de contre-don
incessant.
L’ouvrage que l’on tient entre les mains présente au moins
trois traits singuliers que je voudrais mettre ici en exergue : il
témoigne, avant toute chose, d’une double contorsion
simultanée. Tout en étant un lecteur gourmand et jamais repu, son
auteur est devenu, comme il le formule lui-même, à partir de la
Belgique, ethnographe de sa propre société. Les allers et retours
entre le bureau du chercheur et son terrain sont toujours des
expatriations, des changements de continent, mais Raoul
Kienge-Kienge Intudi a vécu cette expérience aussi réellement
que métaphoriquement. La réalité de cet exil scientifque se
redouble lorsqu’il s’agit, comme il en a fait l’épreuve, d’être exilé
chez soi. Au contraire de l’impression que l’on pourrait avoir
que « c’est plus facile », je suis convaincu qu’être « chercheur
chez soi » constitue une épreuve « extrême ». La schizophrénie
de « l’ethnologue de sa propre ville » oblige à entendre avec
la même vigilance et la même étrangeté le policier qui dit du
chercheur à ses collègues « Il est des nôtres » et le vendeur du

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