Le masochisme social
160 pages
Français

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Le masochisme social , livre ebook

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Description

Dans cette oeuvre, le masochisme est envisagé comme un processus sociologique et non plus comme un ensemble de pratiques sexuelles considérées comme déviantes. L'auteur a pu observer dans différentes sphères de la vie sociale des mécanismes rappelant, sans leur être forcément identiques, ceux à l'œuvre dans une relation sadomasochiste. Ce processus s'avère également être selon l'auteur, un fondement de la constitution de tout groupe social, de toutes sociétés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 268
EAN13 9782296233867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L E MASOCHISME SOCIAL
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions


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Lionel ARNAUD, Sylvie OLLITRAULT, Sophie RÉTIF et Valérie SALA PALA (dir.), Mobilisations, dominations, identités , 2009.
Alain BERGER, Pascal CHEVALIER, Geneviève CORTES, Marc DEDEIRE, Héritages et trajectoires rurales en Europe , 2009.
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Eguzki URTEAGA, La sociologie en Espagne , 2008.
John TOLAN (dir.), L’échange , 2008.
Brigitte ALBERO, Monique LINARD, Jean-François ROBIN, Petite Fabrique de l’innovation à l’université, Quatre parcours pionniers, 2008.
Françoise DUTHU, Le Maire et la Mosquée , 2008.
Damien LAGAUZERE


L E MASOCHISME SOCIAL


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-09555-7
EAN : 9782296095557

Fabrication numérique : Socprest, 2012
« Tout ce qui vit obéit » {1}
INTRODUCTION
Il est nécessaire de rappeler dès à présent que les réflexions qui vont suivre s’inscrivent dans la continuité du travail de recherche que nous avons effectué dans le cadre de la préparation de notre thèse de doctorat en sociologie. Il s’agissait pour nous à l’origine d’étudier, dans une perspective ethnographique, un groupe considéré comme déviant en raison de ses pratiques sexuelles hards en général et sadomasochistes en particulier. Il s’était alors peu à peu imposé à nous une image du masochisme sexuel comme étant un corps humain à « disséquer » afin d’en comprendre les mécanismes fondamentaux. Il s’agissait en fait de mettre en évidence les modalités et les motivations communes à chaque pratique masochiste, quelle qu’en soit la forme (bondage, flagellation, humiliation verbale…). Une fois arrivé au « squelette », nous avons alors compris que si nous l’habillions avec d’autres muscles, une autre peau, nous obtenions une seconde « créature », différente certes, mais régie par des mécanismes qui, sans être forcément identiques présentaient toutefois des similitudes significatives. Ainsi s’esquissait ce qui allait devenir ce concept que nous avons nommé masochisme social.
Notre étude du sadomasochisme (SM) et des pratiques qui en découlent nous avait conduit dans un premier temps à comprendre le masochisme non pas tant comme un simple ensemble de pratiques, ni même une relation, mais plutôt dans sa dimension dynamique et s’articulant autour des notions de contraintes, et non plus seulement de douleur, puis de délai introduit entre un désir et sa satisfaction. C’est de là donc que tire ses racines notre conception du masochisme en tant que processus par lequel nous introduisons un délai contraignant entre nos désirs et leur satisfaction sous la pression de la communauté, du social en action. Toutefois, ce processus ne saurait être complet, ni même mériter l’appellation de social, s’il ne se doublait d’un second par lequel, de condition de la satisfaction des désirs, ce délai devient, en soi, une source de satisfaction, conséquence de sa sanction positive par les autres membres du groupe social. Cette publicité de la contrainte est en effet un élément clé du masochisme sexuel car elle explique les tendances exhibitionnistes du masochiste qui cherche à se faire reconnaître, à se faire sanctionner positivement par les autres membres de son réseau de relations sadomasochistes.
Par conséquent, nous avons choisi d’appeler masochisme social ce processus dès lors qu’il se déroule dans des situations ne relevant plus obligatoirement du domaine de la sexualité. Il se décompose donc en trois phases qui sont l’introduction d’un délai nécessaire mais contraignant ou au moins perçu comme tel entre le désir et sa satisfaction, l’attribution d’un nouveau sens déterminé et imposé à l’individu par sa culture à cette contrainte – soit la part du processus par laquelle le délai comme moyen ou condition de l’obtention de la satisfaction devient une satisfaction en soi, sa propre fin – et enfin la sanction positive de ce processus par les autres membres du groupe social, qui y sont également soumis, afin de le légitimer à leurs yeux à tous. Par l’exhibition de cette contrainte volontaire, ce sont le collectif et par là même le sacré qui interviennent en nous faisant nous sentir l’instrument du sacré afin de faire primer l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel.
Gardons également à l’esprit que, d’une manière générale, la nécessité du maintien de la cohésion sociale suppose une division du travail social qui permet entre autres de contenir la violence qui constitue, nous le verrons, une des principales menaces pesant sur tout groupe humain. Cette division du travail permet une spécialisation de chaque membre de la société, qui devient par là même indispensable aux autres, ainsi que le développement du réseau d’interdépendance et de la chaîne de l’exercice du pouvoir. Elle suppose donc la mise en place d’une hiérarchie afin de coordonner l’action collective, de substituer l’intérêt collectif à l’intérêt individuel – notamment par le processus de déresponsabilisation et la genèse du sentiment de participer à une grande œuvre – et permet finalement de contrôler la violence des uns et des autres. Dans un tel schéma, le masochisme social introduit la contrainte, la légitime et la rend acceptable par tous en en faisant l’objet d’une sanction positive.
Le masochisme social permet également de diminuer la violence au sein d’un groupe social en contenant et orientant les pulsions individuelles. Il participe à la mise en place d’une hiérarchie et à son intériorisation. Il favorise la substitution des buts collectifs aux buts individuels. Enfin, il crée du lien social selon des modalités qui vont permettre à la société de répondre avec le plus d’efficacité possible aux besoins de ses membres. En cela, le masochisme social se trouve être le producteur de mécanismes sociaux qui vont présider à l’élaboration et au maintien de structures sociales spécifiques qui vont avoir pour conséquences non seulement de renforcer sa propre action et sa propre perpétuation mais aussi de modifier les schémas de perception, de pensée et d’action de l’ensemble des membres du groupe.
Aussi, quand il reprend la question posée par Hobbes, ou encore par La Boétie, à savoir pourquoi le plus grand nombre obéit au plus petit, Schneider répond tout simplement que c’est par le système symbolique que les individus s’insèrent dans un ordre structurant et préétabli qui va dire à chacun quelle y est sa place, ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Or, les principales caractéristiques d’un système symbolique sont : un ordre de langage, un ordre sur lequel l’individu n’a pas de prise, un ordre dérivé du rapport entre les sexes, un ordre fondé sur la notion du temps, un ordre lié au négatif et à la mort, enfin un ordre dont la fonction paternelle est le garant.
« Je ne

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