La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 08 juin 2016 |
Nombre de lectures | 16 |
EAN13 | 9791030903782 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 20 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
LQWLPH PHV © &DUQHWV GH ERUG ª'p¿QLWLYHPHQW (W TX¶LO pWDLW
François-G. Bussac
Le siècle d’Augusta
Le siècle d’Augusta
TÉMOINS/ TÉMOIGNAGES
DanielCohen éditeur
www.editionsorizons.com
Témoins / Témoignages
Témoins,chez Orizons,s’ouvreau récitd’une expérience
personnelle lorsqu’elle libère,au-delàde l’engagementmoral
etpsychologique, des perspectivespluslarges.S’il est vrai quechaque individu
est un maillon indispensableà tel ensemble, lesfaitsqu’ilrelate
recouvrent tantôt unréelsociologique ouhistorique,tantôt une
somme de détailsgrâceauxquels undocumentnaît— ensommeun
acte personnel profitableauplusgrand nombre.Ladite expérience
renseigne et conduit, par ce qu’elle implique,àla
réflexion.Biographie d’untel ou récit contracté d’un événementquiadynamisé,
voiretransformé la vie detelautre, geste d’une initiationcollective
parfois,sinon même miroirdesnationsprises sousle flash d’un
œil paressencesubjectif,Témoinsditetdiraleshommesdetoutes
obédiences.
ISBN : 979-10-309-0077-4
©Orizons,Paris,2016
Lesiècle d’Augusta
Dans lamêmecollection
Josy Adida-Goldberg,LesDeux pères,2008.
MauriceCouturier,Chronique de l’oubli,2008.
Chochana Meyer,Un juifchrétien ?,2008.
DavidMendelsohn,Millau,terre d’accueil des Juifs,2010.
François Wolff,Si venait aumondeun homme,2010.
Olivier Larizza,Couleur Mirabelle,2011.
MichelArouimi,FrançoiseHardy :pour un publicmajeur,2012.
PaulHeutching,Lebourreau a tuétroisfois,réflexions surdes sièclesde
traitesnégrières,2012.
Olivier Larizza,LeTourdeFrance dans tous sesétats!,2013.
HassnaAalouach-Belkanichi,Lesfruitsde la Hogra, lapremière marche
de la Révolutiontunisienne2010-11,2014.
LaurentBayart,Chroniquesdu tourdeFrance,2014.
IttamarBen-Avi,L’Enclave,2014.
François-G.Bussac,La«Révolution»tunisienne, Chroniques2011-2014,2014.
FrançoiseMaffreCastellani,Marta Hillers. Unscandale,2014.
RaduCiobotea,Journalistesfrançaisdansla Roumanie communiste,2014.
LouisNuceraetFanny Lévy,Faire de l’artavecunsouvenir, correspondance,
édition deFanny Lévy,2014.
GilbertBoillot,Dieu reconnaîtrales siens,2015.
MartineBreuillot,PromenadeslittérairesdansleTaygète,2015.
DominiqueDelouche,Ladernière place,2015.
SergeDufoulon,Itinéraire d’une grande gueule,2015.
HenriHeinemann,Jeunesses,2015.
LaurentBayart,Laprière du Sage,2016.
GeorgesKokossoulas,Deux ruesplusloin,c’était Missolonghi, puisAthènes...,
TraduitdugrecparJean-ClaudeDelzenne,2016.
François-G. Bussac
Lesiècle d’Augusta
2016
Dumêmeauteur
Comprendre la Casamance,essai,ssladir.de.Karthala,1994(épuisé)
Lajeune femme etla chambre noire,photosetcontesd’Afrique noire,
Sépia,1996
Plusjamaislà,nouvelles,L’Harmattan,2002
Nouvelles de larueLinné,nouvelles, photosNabilBouzouita,Orizons,
Paris,2010
Les garçons sensibles, nouvelles, photosMehrezLabidi,Orizons,2010
LeCousin,roman,Arabesques,Tunis,2013
Surla Tunisie:
LeJardinier deMetlaoui,roman,L’Harmattan,Paris,2009
LeJardinierdu Désert,livre lu, musique deKerimBouzouita,ArtVillage
Prod.2009
Tunis,CapTGM, nouvelles, photosdeMarianne.Catzaras,Arabesques,
2010
EclatsduSémaphore, nouvelles, illust. deNoura Mzoughi,La Nef,Tunis,
2011
Etlanave va.Chroniques,surlarévolution,Arabesques,2011
Vers uneTunisie libre ?Chroniques,surlarévolution,Arabesques,2012
La« révolution»tunisienne. Chroniques2011-2014.Orizons.2014
Pourlajeunesse,auxéditionsArabesques:
Levieil olivieretautrescontesfantasques,2011
Quatrecomédiesmusicales,2012:La petitesourisaux troismaris,
Lalégende duLousif,LechatdeSidiBouSaïd,Le vieil olivier duLycée
Carnot.Illus. d’élèves.
Le peuplea crié,poèmes,2012
L’affaire duHarlemShake, illust.ChaherMejri., policier(àparaître)
Lesdeuxamis,nouvelles, illust.Claire-RoseBarbier(àparaître2016)
En préparation:
Nouvelles grinçantes.
Remerciements
À Maryvonne,Yassine et Meriem pourleursprécieuxappuis techniques.
À Michel,Claire,Marianne etMahérezpourleurs soutiensaulongcours.
Lesdrôlesde petitsdessins,ainsi que lesextraitsde mescahiersmanuscrits
sontde moi,Augusta-Mireille.
Surleconseil de larédaction…
Il y a toujours quelquechose d’inconsolé en nous…
À Augusta, diteMireille, mamère. 1914-2001.
Àsespetites-filleset sesarrièrespetits-enfants.
Àmon frère.
Prologue
Lamaison est silencieuse
amaison est silencieuse.
L
J’aimecette heure oùlalumièrehésite encoreàrenoncerà
vivre.Oùelle laissesanshâte laplaceàl’ombre.Je n’ai jamais
comprispourquoibien despersonnes redoutent ce moment
entrechiensetloups.Oui, j’aimece pluriel, que
jesaisinusité.Je mecoltineavecdeshordes,àl’affûtde la vieille dame
« forte » et brinquebalante que jesuisdevenue !Je joue la
bravache ?Se peut!Petite, mamaman, ma bonneRose, me
menaçaitdesloupsdescendusdesmontagnes si je nerentrais
pas très viteavecle laitde laferme enbasdu village.Età
l’orée desdéserts, jeune fille, leshyènes sinistres,cesloups
des tropiques, hantaientmesnuitsd’insomnie.
J’ai faitamitiéavec cette heure ducrépuscule.
J’airetrouvécette nuit uneantique malle en osier, dansle
cagibiaufond ducouloir, encesjoursd’aprèsla Toussaint.Là
gisait,attendait, lecahierfripé descitationsdeGrand-papa.Je
suis tombéeauhasardsurcesmots:«Ce qu’ilyade plus
solitaireaumonde,c’est uneâme quise prépareàson mystérieux
etlointainvoyage. »Je nesais sic’estde lui oud’Augustin,
Érasme, ouThérèse d’Avila, qu’importe,
maiscelam’afrappée.Commeuncoup de poing.Je mesuis relevée, mamain
surmon genou,sonnée, etmesuis réfugiée dansma chambre,
14LE SIÈCLE D’AUGUSTA
au creuxdecetimposantfauteuilLouisXIV, qui m’encombre,
maisauqueltientbeaucoup le plusjeune de mesfils, quirêve
d’enhériter.Jereprismonsouffle, lentement.
Jevenaisdecomprendre qu’il me fallaitarrêtermon
journal intime, mes«Carnetsdebord ».Définitivement.Etqu’il
était tempsde me lancerdansle «roman de mavie ».Sans
crainte,comme onse jette danslesmotspourconjurerles
peurs.
Moi,Augusta, diteMireille.
I
C’est toutpetit cinqans
’est toutpetit cinqans.
C
Très tôtj’ai faitl’apprentissage de laséparation.Toute
petite fille.Je n’ai pascinqans, en1919, lorsqueMamanRose prend
de grand matin letrain deMetlaoui laville minière,versSfax, la
capitalerégionale, puisà Tunislagrandeville pourmeconfier
auxSœursdesaintJoseph de l’Apparition.L’armisticevient
d’êtresignée.La Francetriomphe, qui neremetpasencause
sadominationsurl’Afrique duNord.Lesfamillescomptent
leursmorts.Je nesavais rien detoutcela, maisjevoyais bien
que l’onrespiraitmieux, que grand-papariaitplus souvent, qu’il
avaitcessé d’écrireceslettresinterminablespourlesfamillesdes
combattantsitaliens,arabes, français, exilésaufront.
C’est toutpetitcinqans,voyez-vous.Maisil n’y avaitpas
d’écolecorrecte danscebled perduaunord deTozeuroù
mon père,Grand-papa,aurapassé prèsde quaranteansde
savie.Il m’avaitexpliqué,avecdeslarmesdanslagorge, qu’il
fallaitque j’étudie,comme mes tantesinstitutrices,comme lui,
maismieuxencore que lui.Avecune douceurinfinie, lui qui
« gueulait»volontiers, il m’avaitapprisà aimerleslivres,à
aimerapprendre.Jesavaisdéjàmeslettres!Maisj’ai
dûendurerde longsmoisce dédale des rueshumidesde lamédinade
Tunis, oùj’avaisdiablementfroid dansmon petitlitde feret
16LE SIÈCLE D’AUGUSTA
où je n’osais pleurertouthaut, decrainte que lesSœursn’en
fassentpartàmesparents.Déjàque mamanRoseavaitlecœur
briséà chaquevoyage,à Noël,à Pâques,auxgrandes vacances,
quantil fallaitme déposerau seuil de mon internat!Detoutes
mesforcesjevoulaisleurfaire honneur!Je n’ai jamaisétéune
chouineuse,une mijaurée.Jesavaisdéjàlavie difficile.
MamanRose,aux vacances, m’emmenait,à Metlaoui,
dansles ruellesparmi lespalmiersdattiers,bordéesde maisons
avachies, entorchis, oùde petitsenfantsavaientlafièvre et
meregardaientavecde grandsbeauxyeux sombres,sansdire
un mot.E