Le siècle d Augusta
198 pages
Français
198 pages
Français

Description

La maison est silencieuse, nous dit l'auteur de ce récit émouvant, dans la veine de son magistral Jardinier de Metlaoui, paru il y a huit ans. Il y évoque sa mère qui nous dit touchée par la mélancolie, un soir : « Je venais de comprendre qu'il me fallait arrêter mon journal intime, mes “Carnets de bord”. Définitivement. Et qu'il était temps de me lancer dans le « roman de ma vie ». Sans crainte, comme on se jette dans les mots pour conjurer les peurs.

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Informations

Publié par
Date de parution 08 juin 2016
Nombre de lectures 16
EAN13 9791030903782
Langue Français
Poids de l'ouvrage 20 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LQWLPH PHV © &DUQHWV GH ERUG ª'p¿QLWLYHPHQW (W TX¶LO pWDLW

François-G. Bussac

Le siècle d’Augusta

Le siècle d’Augusta

TÉMOINS/ TÉMOIGNAGES

DanielCohen éditeur
www.editionsorizons.com
Témoins / Témoignages

Témoins,chez Orizons,s’ouvreau récitd’une expérience
personnelle lorsqu’elle libère,au-delàde l’engagementmoral
etpsychologique, des perspectivespluslarges.S’il est vrai quechaque individu
est un maillon indispensableà tel ensemble, lesfaitsqu’ilrelate
recouvrent tantôt unréelsociologique ouhistorique,tantôt une
somme de détailsgrâceauxquels undocumentnaît— ensommeun
acte personnel profitableauplusgrand nombre.Ladite expérience
renseigne et conduit, par ce qu’elle implique,àla
réflexion.Biographie d’untel ou récit contracté d’un événementquiadynamisé,
voiretransformé la vie detelautre, geste d’une initiationcollective
parfois,sinon même miroirdesnationsprises sousle flash d’un
œil paressencesubjectif,Témoinsditetdiraleshommesdetoutes
obédiences.

ISBN : 979-10-309-0077-4
©Orizons,Paris,2016

Lesiècle d’Augusta

Dans lamêmecollection

Josy Adida-Goldberg,LesDeux pères,2008.
MauriceCouturier,Chronique de l’oubli,2008.
Chochana Meyer,Un juifchrétien ?,2008.

DavidMendelsohn,Millau,terre d’accueil des Juifs,2010.
François Wolff,Si venait aumondeun homme,2010.

Olivier Larizza,Couleur Mirabelle,2011.
MichelArouimi,FrançoiseHardy :pour un publicmajeur,2012.

PaulHeutching,Lebourreau a tuétroisfois,réflexions surdes sièclesde
traitesnégrières,2012.

Olivier Larizza,LeTourdeFrance dans tous sesétats!,2013.

HassnaAalouach-Belkanichi,Lesfruitsde la Hogra, lapremière marche
de la Révolutiontunisienne2010-11,2014.
LaurentBayart,Chroniquesdu tourdeFrance,2014.
IttamarBen-Avi,L’Enclave,2014.
François-G.Bussac,La«Révolution»tunisienne, Chroniques2011-2014,2014.
FrançoiseMaffreCastellani,Marta Hillers. Unscandale,2014.
RaduCiobotea,Journalistesfrançaisdansla Roumanie communiste,2014.
LouisNuceraetFanny Lévy,Faire de l’artavecunsouvenir, correspondance,
édition deFanny Lévy,2014.

GilbertBoillot,Dieu reconnaîtrales siens,2015.
MartineBreuillot,PromenadeslittérairesdansleTaygète,2015.
DominiqueDelouche,Ladernière place,2015.
SergeDufoulon,Itinéraire d’une grande gueule,2015.
HenriHeinemann,Jeunesses,2015.

LaurentBayart,Laprière du Sage,2016.
GeorgesKokossoulas,Deux ruesplusloin,c’était Missolonghi, puisAthènes...,
TraduitdugrecparJean-ClaudeDelzenne,2016.

François-G. Bussac

Lesiècle d’Augusta

2016

Dumêmeauteur

Comprendre la Casamance,essai,ssladir.de.Karthala,1994(épuisé)
Lajeune femme etla chambre noire,photosetcontesd’Afrique noire,
Sépia,1996
Plusjamaislà,nouvelles,L’Harmattan,2002
Nouvelles de larueLinné,nouvelles, photosNabilBouzouita,Orizons,
Paris,2010
Les garçons sensibles, nouvelles, photosMehrezLabidi,Orizons,2010
LeCousin,roman,Arabesques,Tunis,2013

Surla Tunisie:
LeJardinier deMetlaoui,roman,L’Harmattan,Paris,2009
LeJardinierdu Désert,livre lu, musique deKerimBouzouita,ArtVillage
Prod.2009
Tunis,CapTGM, nouvelles, photosdeMarianne.Catzaras,Arabesques,
2010
EclatsduSémaphore, nouvelles, illust. deNoura Mzoughi,La Nef,Tunis,
2011
Etlanave va.Chroniques,surlarévolution,Arabesques,2011
Vers uneTunisie libre ?Chroniques,surlarévolution,Arabesques,2012
La« révolution»tunisienne. Chroniques2011-2014.Orizons.2014

Pourlajeunesse,auxéditionsArabesques:
Levieil olivieretautrescontesfantasques,2011
Quatrecomédiesmusicales,2012:La petitesourisaux troismaris,
Lalégende duLousif,LechatdeSidiBouSaïd,Le vieil olivier duLycée
Carnot.Illus. d’élèves.
Le peuplea crié,poèmes,2012
L’affaire duHarlemShake, illust.ChaherMejri., policier(àparaître)
Lesdeuxamis,nouvelles, illust.Claire-RoseBarbier(àparaître2016)

En préparation:
Nouvelles grinçantes.

Remerciements

À Maryvonne,Yassine et Meriem pourleursprécieuxappuis techniques.
À Michel,Claire,Marianne etMahérezpourleurs soutiensaulongcours.

Lesdrôlesde petitsdessins,ainsi que lesextraitsde mescahiersmanuscrits
sontde moi,Augusta-Mireille.
Surleconseil de larédaction…

Il y a toujours quelquechose d’inconsolé en nous…

À Augusta, diteMireille, mamère. 1914-2001.

Àsespetites-filleset sesarrièrespetits-enfants.

Àmon frère.

Prologue
Lamaison est silencieuse

amaison est silencieuse.
L
J’aimecette heure oùlalumièrehésite encoreàrenoncerà
vivre.Oùelle laissesanshâte laplaceàl’ombre.Je n’ai jamais
comprispourquoibien despersonnes redoutent ce moment
entrechiensetloups.Oui, j’aimece pluriel, que
jesaisinusité.Je mecoltineavecdeshordes,àl’affûtde la vieille dame
« forte » et brinquebalante que jesuisdevenue !Je joue la
bravache ?Se peut!Petite, mamaman, ma bonneRose, me
menaçaitdesloupsdescendusdesmontagnes si je nerentrais
pas très viteavecle laitde laferme enbasdu village.Età
l’orée desdéserts, jeune fille, leshyènes sinistres,cesloups
des tropiques, hantaientmesnuitsd’insomnie.
J’ai faitamitiéavec cette heure ducrépuscule.
J’airetrouvécette nuit uneantique malle en osier, dansle
cagibiaufond ducouloir, encesjoursd’aprèsla Toussaint.Là
gisait,attendait, lecahierfripé descitationsdeGrand-papa.Je
suis tombéeauhasardsurcesmots:«Ce qu’ilyade plus
solitaireaumonde,c’est uneâme quise prépareàson mystérieux
etlointainvoyage. »Je nesais sic’estde lui oud’Augustin,
Érasme, ouThérèse d’Avila, qu’importe,
maiscelam’afrappée.Commeuncoup de poing.Je mesuis relevée, mamain
surmon genou,sonnée, etmesuis réfugiée dansma chambre,

14LE SIÈCLE D’AUGUSTA

au creuxdecetimposantfauteuilLouisXIV, qui m’encombre,
maisauqueltientbeaucoup le plusjeune de mesfils, quirêve
d’enhériter.Jereprismonsouffle, lentement.
Jevenaisdecomprendre qu’il me fallaitarrêtermon
journal intime, mes«Carnetsdebord ».Définitivement.Etqu’il
était tempsde me lancerdansle «roman de mavie ».Sans
crainte,comme onse jette danslesmotspourconjurerles
peurs.

Moi,Augusta, diteMireille.

I
C’est toutpetit cinqans

’est toutpetit cinqans.
C
Très tôtj’ai faitl’apprentissage de laséparation.Toute
petite fille.Je n’ai pascinqans, en1919, lorsqueMamanRose prend
de grand matin letrain deMetlaoui laville minière,versSfax, la
capitalerégionale, puisà Tunislagrandeville pourmeconfier
auxSœursdesaintJoseph de l’Apparition.L’armisticevient
d’êtresignée.La Francetriomphe, qui neremetpasencause
sadominationsurl’Afrique duNord.Lesfamillescomptent
leursmorts.Je nesavais rien detoutcela, maisjevoyais bien
que l’onrespiraitmieux, que grand-papariaitplus souvent, qu’il
avaitcessé d’écrireceslettresinterminablespourlesfamillesdes
combattantsitaliens,arabes, français, exilésaufront.
C’est toutpetitcinqans,voyez-vous.Maisil n’y avaitpas
d’écolecorrecte danscebled perduaunord deTozeuroù
mon père,Grand-papa,aurapassé prèsde quaranteansde
savie.Il m’avaitexpliqué,avecdeslarmesdanslagorge, qu’il
fallaitque j’étudie,comme mes tantesinstitutrices,comme lui,
maismieuxencore que lui.Avecune douceurinfinie, lui qui
« gueulait»volontiers, il m’avaitapprisà aimerleslivres,à
aimerapprendre.Jesavaisdéjàmeslettres!Maisj’ai
dûendurerde longsmoisce dédale des rueshumidesde lamédinade
Tunis, oùj’avaisdiablementfroid dansmon petitlitde feret

16LE SIÈCLE D’AUGUSTA

où je n’osais pleurertouthaut, decrainte que lesSœursn’en
fassentpartàmesparents.Déjàque mamanRoseavaitlecœur
briséà chaquevoyage,à Noël,à Pâques,auxgrandes vacances,
quantil fallaitme déposerau seuil de mon internat!Detoutes
mesforcesjevoulaisleurfaire honneur!Je n’ai jamaisétéune
chouineuse,une mijaurée.Jesavaisdéjàlavie difficile.
MamanRose,aux vacances, m’emmenait,à Metlaoui,
dansles ruellesparmi lespalmiersdattiers,bordéesde maisons
avachies, entorchis, oùde petitsenfantsavaientlafièvre et
meregardaientavecde grandsbeauxyeux sombres,sansdire
un mot.E

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