Les carnets d Oana
136 pages
Français
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Description

Oana écrit sa vie à l'âge de quatre-vingt-deux ans, la mort l'emporte peu avant d'avoir terminé son récit. Elle nous parle avec passion et discrétion des petits et grands moments qui ont jalonné sa vie. Elle est issue d'une famille aisée, fille de diplomate, elle connait une jeunesse luxueuse alors que son pays commence sa descente aux enfers. Elle va vivre comme bien d'autres, un déclin inouï. Elle brave la Securitate, elle s'acharne à trouver les côtés positifs d'une vie qui n'en a que bien peu durant les quarante années du régime communiste instauré en Roumanie.

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Publié par
Date de parution 06 novembre 2017
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140050220
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Oana écrit sa vie à l’âge de quatre-vingt-deux ans, la mort l’emporte
peu avant d’avoir terminé son récit. Elle nous parle avec passion
et discrétion des petits et grands moments qui ont jalonné sa vie,
de 1922 à 2006. Lorsqu’elle naît, la Roumanie est une monarchie
constitutionnelle où règnent le roi Ferdinand et la reine Marie.
Lorsqu’elle décède, le pays est une république prête à entrer dans
l’UE, qui a traversé plus de quatre décennies sous le communisme.
Oana Conduraki est issue d’une famille aisée d’intellectuels et de
riches commerçants, flle de diplomate, elle connait une jeunesse
luxueuse alors que son pays commence sa descente aux enfers.
En 1943, elle épouse Dan Seceleanu, grand propriétaire terrien.
Elle va vivre, comme bien d’autres, un déclin inouï. Son mari, son
beau-père, ses amis sont emprisonnés. Elle brave la Securitate,
elle s’acharne à trouver les côtés positifs d’une vie qui n’en a
que bien peu durant les quarante années du régime communiste
instauré en Roumanie.
Anne de LigneAnne de Ligne nous propose ici ses carnets, introduits par une mise
en contexte historique, et complétés par quelques pages sur ce pays
qu’elle aime et où elle a vécu de 2002 à 2006.
Les carnets d’Oana
Photo de couverture : © Created by Onlyyouqj - Freepik.com
Bucarest, 1922-2006
9HSMDNG*daifgc+
ISBN : 978-2-336-30856-2
13 € www.editions-harmattan.fr
Anne de Ligne
Les carnets d’Oana© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École Polytechnique – 75 005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé
que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants
droit.
ISBN : 978-2-336-30856-2
EAN : 9782336308562Les carnets d’Oana
Bucarest, 1922-2006Encres de vie
Collection dirigée par Annemarie Trekker
Cette collection a pour objectif de publier des textes littéraires à caractère
autobiographique sous forme de récit (de vie), d’autofction ou de roman personnel, ainsi
que des témoignages et des écrits restituant et/ou mettant en scène la mémoire
collective.
Dans la même collection :
Agathe Gosse, À la source de mes mots, le feuve Congo , 2014.
Marie Fizaine, Le goût de la terre, 2014.
Anne Lauwers, Les couleurs de la musique, 2014.
Jean-Paul Procureur, Alesia, Lettre ouverte à ma mère, 2014.
Nelly Laurent, La rue des Songes ou les rêves d’une métamorphose, 2014.
Christian Leray, Amor do Mar – Amour de la Mer, 2015.
Michèle-Baj Strobel, D’Orient et d’ailleurs. Ateliers des voyages, 2015.
Laurence Leguay, Lettre à l’absent, 2015.
Bernadette Feroumont, Accompagner la vie jusque-là. Récits de volontaires en soins
palliatifs, 2015.
Jean-Pierre Outers, Un Voyage à l’envers, 2015.
Rachel Santerne, Les jours qui précédaient sa disparition, 2016.
Annemarie Trekker, Les maisons de pierre, 2016.
Marie Fizaine, Exode 1940. De la Gaume à la Bourgogne, 2016.
Bernarde Rousseaux, La mesure du neutre, 2016.
Jean-Pierre Vander Straeten, Chronique d’un étudiant à Louvain au temps du Walen
buiten, 2016
Henri Ostrowiecki, Mon Conservatoire, côté cour, 2016
Agathe Gosse, Présence, 2016.
Odette Philippart, En ce farfelu royaume, 2016.
Claudine Bonnet et Liz, Aime trop la vie !, 2016.
Louis Goffn, Ciels d’enfance, 2016.
Isabelle Schmidt, Ku muana. Genèse d’une folie, 2016.
Nicolas Gaspard, Ondes Positives. La radio racontée à Charlotte, 2017.
Manuela Varrasso, Le voyage d’Andrea, 2017.
Nathalie Goosse, Courir, les sentiers intérieurs, 2017
Annemarie Trekker et Jean-Pierre Vander Straeten, Daglan, Village d’artistes. Au
cœur du Périgord Noir, 2017Anne de Ligne
Les carnets d’Oana
Bucarest, 1922-2006
Collection : Encres de vieJe remercie pour tout, même pour les années de communisme, nous avons appris
des choses que nous n’aurions jamais apprises sinon, et puis, peut-être, effectivement,
avions-nous trop.
Oana Seceleanu,
née le 31 août 1922 et décédée le 2 février 2006 à Bucarest.Oana à quatre-vingts ansPréambule
Si les « carnets d’Oana », ses mémoires écrits, constituent la majeure
partie de cet ouvrage, il m’a cependant semblé important de recadrer
la vie d’Oana dans son contexte historique et familial, en introduction.
Dans ses souvenirs, il n’y a, en effet, que bien peu de références à
l’histoire du pays. Et avant cela, je n’ai pu résister à dire, en quelques pages,
ce que j’ai ressenti pour ce pays.
Ensuite, j’ai retranscrit telles quelles les pages couvertes de son
écriture appliquée, omettant toutefois certaines longueurs. À la fn,
j’ai imaginé comment elle aurait pu les terminer si la mort ne l’avait
emportée.
En fn de livre, j’ai souhaité ajouter quelques informations histo -
riques qu’il me tient à cœur de partager, qui n’ont peut-être que peu de
liens avec Oana en particulier. Des sujets peu connus chez nous, mais
importants pour les Roumains. Des cartes géographiques pour mieux
comprendre la fuctuation des frontières de la Roumanie ; quelques
pages sur les deux grandes reines, Élisabeth et Marie ; ensuite des
informations sur les Tziganes, si mal aimés ; et enfn, des précisions sur le
rôle de Napoléon III dans la naissance de la Roumanie.
9Préface
Ma rencontre avec Oana
J’ai passé cinq merveilleuses années à Bucarest, dans le cadre de ma
vie professionnelle, de 2002 à 2006.
Peu de temps après mon arrivée, je suis invitée à un concert à
1l’Ateneul Român. Ce lieu prestigieux semble incontournable à Bucarest.
J’arrive, le public bucarestois est déjà assis, installé à l’avance, et les
volutes de naphtaline émanant des manteaux de fourrure précieusement
conservés durant les années sans chauffage, vous prennent au nez. Les
Roumains ne jettent rien ; ils savent que tout peut être utile… les temps
si durs le leur ont bien montré. Ils ont tout perdu, et lorsqu’ils vont
au concert, ou au théâtre, ils s’habillent du mieux qu’ils peuvent avec
le peu qui leur reste. Ils sont entre eux, ils savent que personne ne se
moquera de leur parure vestimentaire si démodée ; leur voisin de siège
est aussi pauvre qu’eux, ou a été aussi riche peut-être.
Je suis assise à côté d’Oana, je ne la connais pas, mais la
conversation s’engage rapidement. Elle adore parler français, langue qu’elle
préfère au roumain, semble-t-il. Je me laisse envahir par son enthousiasme.
Elle porte une robe toute simple ; ses cheveux gris coupés trop courts
dans le cou, « elle doit avoir quatre-vingts ans ». « D’où vient-elle ? Qui
est-elle ? » À chaque pause musicale, Oana me parle, de sa petite voix
fuette. Son français si parfait m’interpelle. Son sourire est malicieux,
elle me regarde de ses yeux vifs et lumineux. Je suis impatiente d’en
2connaître plus sur son pays, sur elle, sur son histoire.
1 L’Athénée roumain (Ateneul Român), est aujourd’hui une salle de concert
prestigieuse, incontournable pour tout Bucarestois.
2 Voir Annexe 1 Chronologie comparée.
11Dès que nous nous sommes rencontrées, tu te rappelles, lors du concert de
l’Ordre de Malte, eh bien, je t’ai aimée tout de suite, comment dirais-je c’était un peu
comme un coup de foudre ! Je savais que nous allions nous entendre. Je suis si
heureuse de te connaître.
Je vais voir Oana le plus souvent possible, nous parlons, de tout.
Cela lui fait plaisir. À moi aussi. Comme si, durant toutes ces années
de silence, les histoires, les souvenirs, les ressentis emprisonnés dans
3sa mémoire peuvent enfn sortir. Je l’attends à la sortie de la messe
pour la raccompagner chez elle. Ces moments me procurent un réel
bonheur, elle est la joie vraie.
Elle me raconte des moments de sa vie, petits et grands. Je l’écoute
sans mot dire. Intéressée et émue. Passionnée.
***
Petit à petit, nous avons tout perdu. D’accord, nous étions probablement trop
fortunés, et je remercie le Seigneur de m’avoir fait vivre toutes ces choses, mais quand
même. D’abord, il y a eu les nationalisations, donc, les terres ont été réduites,

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