Les drogues, de l autre côté du miroir
242 pages
Français

Les drogues, de l'autre côté du miroir , livre ebook

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242 pages
Français

Description

Cet ouvrage souhaite informer sur les méfaits de la drogue, l'importance des trafics et le poids financier que ce commerce parallèle exerce dans le monde et en France particulièrement. L'auteur incite à s'informer sur les réalités de la drogue pour mener une révolte positive.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140054709
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Édouard Valensi
LES DROGUES, DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR Invitation à un combat
Les drogues, de l’autre côté du miroir
Édouard VALENSI
Les drogues, de l’autre côté du miroir
Invitation à un combat
Du même auteur, chez le même éditeur (dans la série « La Dissuasion nucléaire ») La dissuasion nucléaire : Manuel d’emploi, 2012 Les terrifiants outils de la paix, 2012 L’aventure nucléaire française : Les ergots du coq,2013 Prélude au désarmement, 2015 © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12881-8 EAN : 9782343128818
A L’AISE COMME UN POISON DANS L’EAU
Des drogues on en trouve presque partout en France ; devant votre porte, peutêtre pas, mais à coup sûr distribuées quatre enjambées plus loin ; jusque dans les collèges en vente libre. Rien que de très normal : pour deux cent cinquante millions de personnes, pour un adulte sur vingt dans le monde, les drogues sont les médiateurs irremplaçables du plaisir, du dépassement de soi.
UN CHER POISON QUI RONGE LE CŒUR Pour beaucoup, les stupéfiants, appréciés avec mesure, sont une des clés de la joie de vivre ; sans danger, ils permettent de s'envoler, d’entrer dans la fête les yeux pleins d’images.
Figure 1, Le cannabis, la drogue bonheur amour et paix
Assurément, ils promettent le bonheur, nourrissent un moment de bienêtre, mais il va se payer cher. Oui, les drogues sont dangereuses. Instantanément elles perturbent les mécanismes intimes du cerveau, les équilibres chimiques des jonctions entre neurones. Ce sont les déséquilibres
qu’elles font naître au plus profond de l’encéphale qui procurent le plaisir, mais en même temps meurtrissent. Toutes les drogues s’en prennent à l’homme, même le cannabis. A ceuxlà qui s’adonnent aux stupéfiants, on doit rappeler une terrible vérité : les drogues, jusqu’aux plus douces laissent des blessures, leur signature. Que l’on y revienne trop, elles vous détruisent. Comme ce visage naguère souriant, terrifiant après trois ans d’ecstasy.
Figure 2, Un visage de la drogue, Aline, 35 ans, en trente mois défigurée (source U.S. Department of Justice)
Un déchirement tragique, des images de cauchemar qui font horreur ; effroyables certes, mais qui proviennent d’une geôle américaine, retenues pour mettre en garde contre les excès. Car à celui qui reste mesuré, la drogue est permise. Pour soimême on peut prendre des risques. L’usage des stupéfiants est un droit, l’interdire c’est attenter à la liberté. C’est aussi une atteinte au bon sens. Interdire la drogue est absurde, puisque les législations punitives n’ont pas stoppé sa progression. Elles sont donc inutiles, mal venues mêmes, car elles contraignent les usagers à des pratiques clandestines qui les mettent en danger ; ne permettant pas l’achat au grand jour, elles font le lit des organisations criminelles. Le temps des hypocrisies doit trouver sa fin. D’une seule voix faisons savoir que la guerre à la drogue est perdue. Prenonsen acte : légalisons les drogues douces. La drogue ou la vie, entre le pour et le contre, pas de demimesure. Mais comment argumenter, se prononcer sur la légitimité des drogues, sans avoir pris la mesure de l’addiction de l’Occident, sans en avoir fait apparaître les enjeux, et les conséquences, et sans avoir entendu les arguments des uns et des autres ? C’est l’objet des chapitres de cet ouvrage, dont on peut dès à présent esquisser les articulations par quelques touches.
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LA DROGUE EN MAJESTE On voit grand en Occident, c’est par dizaines de tonnes chaque année que les stupéfiants sont distribués. En Europe, cent quarante tonnes de cocaïne, quatrevingtdix d’héroïne et deux mille de cannabis ; de l’autre côté de l’Atlantique les chiffres sont semblables. C’est un commerce très lucratif qui rapporterait trois cents milliards de dollars dans le monde, l’équivalent du PNB de Singapour ou du Danemark. Dans l’Union européenne, où l’on compte en euros, tous les ans on en achèterait pour une soixantaine de milliards de dollars, le revenu national du Luxembourg. C’est beaucoup, au point qu'en valeur, la drogue est la première des productions agricoles exportées dans le monde : il faut ajouter les expéditions de viande et de blé, pour égaler le chiffre d’affaires des trafiquants internationaux. Un produit de la terre dont les producteurs : les paysans colombiens qui cultivent le cocaïer, les Afghans à l’origine de l’opium, les paysans marocains qui récoltent la fleur de cannabis, ne bénéficient guère. Certes, on les dénonce, ils sont à la source des trafics, et on voudrait les voir se reconvertir, mais en réalité ce ne sont que des acteurs marginaux qui n’obtiennent au mieux pour leur travail que 2% de ce que les consommateurs acceptent de payer. C’est dans nos pays que se réalisent plus des trois quarts des bénéfices : ces dizaines de milliards d’euros que se partagent importateurs, intermédiaires, grands et petits dealeurs. Le mal est chez nous. A la tête des trafics paradent des individus qui n’ont rien de commun avec l’image acceptable, ou même sympathique, que peuvent leur conférer romans et films. Seul l’argent et le sentiment supérieur qu’ils ont d’eux mêmes les animent. Ce sont des hommes de sang ; il ne leur suffit pas d’empoisonner leurs semblables, dans un monde sans loi ; coutumiers du meurtre, il leur faut assassiner, pour maintenir un ordre favorable autour d’eux. Ce sont également des malins, qui investissent pour s’assurer de la bienveillance des pouvoirs. En Italie, le premier investisseur privé est la holding calabraise de la cocaïne, la ‘Ndrangheta, un GIE du crime. Tout au bout de la botte, elle contrôle le premier port de conteneurs du pays, Gioia Tauro, et peut y faire débarquer discrètement 80% de la cocaïne que l’on sniffera en Europe. Plus à l’Est, une des spécialités des trafiquants d’héroïne de la diaspora turque est de trahir leurs proches pour bénéficier de l’indulgence de la police et pouvoir commercer tranquilles. Une parfaite réussite : le premier des trafiquants d’héroïne turc a pu être photographié en discussion amicale avec le Président de la république Recep Tayyip Erdogan, son obligé !
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Beaucoup d’amis, donc beaucoup d’argent pour les réseaux criminels. Pour eux, la difficulté n’est pas d’amasser des liquidités, mais de pouvoir en tirer parti. Ils resteraient sans ressources sans la complicité des banques. En cela rien d’étonnant, mais ce qui est moins attendu, c’est qu’ils peuvent même compter sur la bienveillance d’Etats. Ainsi, les PaysBas sont devenus le hub de la drogue. On y maîtrise les hautes technologies de la drogue : graines et équipement de culture du cannabis, sites de production d’Ecstasy clés en main, techniques de commercialisation discrètes. Juste à côté, le Luxembourg du Commissaire européen JeanClaude Juncker, est la capitale mondiale du blanchiment. Sa spécialité : la distribution de billets de cinq cents euros, 87 milliards dans l’année, plus de deux fois le PNB du pays, bien utiles pour pouvoir discrètement traverser les frontières avec de l’argent sale. Un million d’euros ne pèse qu’environ deux kilos et tient sans difficulté dans un attaché case. L’aisance est là, au bout des trafics, pour les grands délinquants, c’est la drogue aux œufs d’or. C’est à des millions d’euros que se montent en fin d’année les bilans des réseaux ; en dizaines de millions, quand ils gèrent les approvisionnements depuis les pays sources. Il en est ainsi depuis des lustres, pourtant les années à venir s'annoncent moins heureuses, car ces grands trafiquants pourraient bien être les victimes collatérales de la guerre contre le terrorisme. Les polices dans le monde entier se voient dotées de moyens performants, les sciences, l’industrie, l’informatique, donnent aux enquêteurs des sens et une intelligence exacerbés. Tous les trafiquants d’importance, leur famille, leurs amis, leurs contacts se trouvent rassemblés sur les bases de données des polices européennes. A présent, un navire douteux ne peut plus prendre la mer sans être pisté et intercepté, la drogue en masse ne peut traverser les mers que cachée dans des conteneurs. Et voilà même que, pressés par le risque d’attentats, les pays coopèrent.
UNE FRANCE, DANS LE BROUILLARD, CONFUSE Et la France ! On la voudrait exemplaire, elle n’est céans qu’un pays parmi d’autres, qui ne peut plus se prévaloir d’une grande tradition exemplaire. Assurément, les plus gros trafiquants la fuient : l’argent s’y trouve sous surveillance étroite, Tracfin est trop réactif, la police acharnée à les atteindre saura les traquer pendant des mois ; ils se défient de sa justice parfois sévère, et à coup sûr de ses prisons dont l’hôtellerie est médiocre. En revanche, les consommateurs ne sont guère inquiétés, et la moyenne et la petite distribution prospèrent.
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La demande est là, les clients sont nombreux ; chaque année cinq millions de consommateurs goûtent à la drogue, et environ cinq cent mille se mettent en danger par un usage quotidien. Combien dépensentils ? Personne ne le sait. Du côté de l’Etat, on ne s’est pas montré très curieux ; les estimations s’étagent entre 1,5 milliard d’euros et 7,5 milliards ; quatre milliards d’euros paraît un chiffre raisonnable, deux fois plus que ce qu’avouent les ministres de l’Intérieur, prenant bien garde de ne pas alarmer l’opinion publique. Pourtant la drogue est le plus gros des budgets « plaisir » ; une fois déduite la subvention à l’audiovisuel public, qui n’atteint pas ce chiffre, c’est très audelà du budget de la culture pour le livre, le théâtre, le cinéma, les médias et les musées. La drogue est à présent un venin de grande consommation. Son succès est d’autant plus inquiétant qu’il touche toujours plus d’adolescents :-la progression de la cocaïne : sa rentabilité est sans égale, pour un gramme vendu, trente euros de bénéfice. On peut donc s’émouvoir, mais non s’étonner si, en quinze ans, la consommation s’est trouvée multipliée par six ; aujourd’hui sur vingt Français on trouve un consommateur, et à croire les statistiques, à dixsept ans trois adolescents sur cent en auraient goûté. Il y a pire, -la France est le seul pays en Europe où l’usage du cannabis a progressé chez les adolescents. Près d’un sur deux a fumé un joint au cours de sa scolarité. Plus préoccupant encore, 9% en font un usage régulier et sont guettés par le syndrome «amotivationnel » qui les laissera apathiques, incapables de concentration, d’attention, de présence sociale. L’éducation nationale, qui prétend former les jeunes, tolère la drogue pour ne fâcher personne.On en trouve partout. Le prix à payer, d’ici peu, à coup sûr : des milliers et probablement des dizaines de milliers de filles et de garçons transformés en zombies. Ce désastre annoncé laisse indifférent. A en croire de bien mauvais esprits, l’explication est d’évidence. Ces excès, ces prises de risque, la toxicomanie, sont ignorés, politiquement acceptés, car l’asservissement à la drogue est une tare tolérée, d’autant mieux supportée que ses symptômes restent discrets : les toxicomanes ne perturbent guère l’ordre public, pourquoi les tourmenter ? Ce sont des malades, ils n’ont pas à être condamnés. L’important est que des structures hospitalières spécialisées puissent prendre en charge les plus atteints, et qu’ils n’imposent pas leur déchéance au regard des passants. Elles connaissent le succès, précieuses car elles guérissent, sauvent de la mort un bon nombre de toxicomanes. De plus, et ce n’est pas
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