Lien social et mythe au fil de l histoire
170 pages
Français

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Lien social et mythe au fil de l'histoire , livre ebook

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Description

La question du lien social est au centre de la réflexion contemporaine ; dans les sociétés traditionnelles, mythes et discours religieux fournissaient les légitimations nécessaires à l'entretien de ce lien social qu'il soit de nature ethnique ou nationale. Qu'en est-il des rapports du mythe et du lien social dans nos sociétés sécularisées et multiculturelles. Telle est la question qui traverse les différents chapitres de ce livre, quelle que soit par ailleurs la diversité de leur contenu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 95
EAN13 9782296691001
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lien social et mythe au fil de l’histoire
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot

En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Josette COENEN-HUTHER, L’égalité professionnelle entre hommes et femmes : une gageure , 2009.
Mahir KONUK, Jeunes originaires de Turquie entre l’école et la communauté , 2009.
Eguzki URTEAGA, Andoni EIZAGIRRE, Perceptions sociales sur la science et la technologie en Pays basque , 2009.
Evelyne PERRIN, Identité nationale , amer ministère. Ce qu’en pensent de jeune franciliens, 2009.
Michel VERRET, Lectures sociologiques , 2009.
Yann GUILLAUD, Jean WIDMER (dir.), Le Juste et l’Injuste. Emotions , reconnaissance et actions collectives , 2009.
Chantal NICOLE-DRANCOURT (dir.), Conciliation Travail-Famille : Attention travaux , 2009.
Catherine LEJEALLE, La télévision mobile. Usages , contenus et nomadisme , 2009.
Claude GIRAUD, De la dette comme principe de société , 2009.
David MANDIN, Les systèmes d’échanges locaux (SEL). Circulations affectives et économie monétaire , 2009.
Pierre BARACCA et al., Les animateurs face à l’intégrisme religieux et à l’oppression des femmes. Témoignages , discussion, enjeux de formation, 2009.
Catherine AGULHON et Angela Xavier DE BRITO, Les étudiants étrangers à Paris. Entre affiliation et repli , 2009.
Alexandre DUCLOS, Des formes modernes de cosmopolitisme , 2009 .
Eric FORGUES, L’activité symbolique. La formation de soi et de la société , 2009.
Atmane AGGOUN (dir.), Enquêter auprès des migrants , 2009.
Jacques CHAVANES, La cité au travail. L’insertion des jeunes de « banlieue » d’origine maghrébine , 2009.
Anna AURKEN REGLIN, Danseuses de cabaret. De la lumière à l’ombre , 2009.
Jean-Pierre SIRONNEAU


Lien social et mythe au fil de l’histoire


L’Harmattan
Du même auteur

Sécularisation et religions politiques, Mouton, 1982.
Figures de l’imaginaire religieux et dérive idéologique, L’Harmattan, 1993.
Métamorphoses du mythe et de la croyance, L’Harmattan, 2000.


© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10848-6
EAN : 9782296108486

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Remerciements
Je voudrais remercier tous les collègues qui, en m’invitant à des colloques ou en me sollicitant pour des revues, ont permis à ce texte de voir le jour. Je remercie également pour leur aide précieuse Mélanie de Klerk ayant saisi le texte et mon collègue et ami Peter de Klerk, professeur à l’Université Stendhal de Grenoble qui a bien voulu relire et corriger le manuscrit et dont j’ai apprécié les remarques et suggestions.

Jean-Pierre Sironneau
Introduction : Mythe et nation
En publiant en 1923 leur livre devenu classique, « Des clans aux empires », Davy et Moret tentaient d’élaborer une typologie historique des principales formes de groupements sociopolitiques. Depuis cette date, les sociologues ont forgé le concept de « société globale » pour caractériser la forme dominante de groupement qui apparaît à telle ou telle époque.
Le terme de « société globale » cherche à désigner l’institution qui, dans chaque cas, produit la plus grande et la plus intense solidarité entre les membres d’une collectivité. De même que la tribu, la cité, l’empire ont pu être, dans le passé, des types dominants de sociétés globales, de même la nation, ou pour être plus précis, l’Etat-Nation, est la forme moderne d’existence la plus répandue de la société globale ; cette forme s’est imposée depuis la fin du Moyen Âge, et surtout pendant les deux derniers siècles. Historiquement, les nations européennes, au sortir de la féodalité et après l’effacement du Saint Empire romain germanique, se sont constituées en ensembles plus ou moins importants, correspondant à une ou plusieurs ethnies, sous l’autorité d’un monarque, roi, prince électeur, voire empereur, s’agissant du Reich allemand. Dans ce processus, des aléas de l’histoire ont joué un rôle prépondérant, ce qui explique que certaines nations (Angleterre, France, Espagne) se soient constituées très tôt, alors que d’autres ont mis beaucoup plus longtemps à réaliser leur unité (Italie, Allemagne, etc.). Ce qui explique aussi que l’idée même de la nation a pu donner naissance à des conceptions juridico-politiques très diverses, selon qu’a été privilégié la culture (unité de langue, de race, d’ethnie, de coutumes, de religion) ou la volonté politique, selon qu’a été choisie une forme unitaire ou une forme fédérale. Il s’ensuit que jamais aucune définition de la nation ne sera pleinement satisfaisante, la réalité sociologique de la nation étant toujours dépendante d’une histoire singulière. On en est réduit, si l’on veut malgré tout aboutir à une définition, à ne retenir que des critères très généraux (passé commun, volonté de vivre ensemble) ; la célèbre définition de Renan illustre ce caractère très général : « une nation est une âme, un principe spirituel. La nation comme l’individu est l’aboutissement de tout un passé d’efforts, de sacrifices et de dévouement… Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. » {1}
Ce qui par contre est significatif, c’est qu’aucune nation ne s’est constituée sans produire une représentation de son unité enracinée dans l’histoire, c’est-à-dire sans produire un mythe fondateur. Le terme mythe fondateur, s’agissant des nations au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire des nations-ethnies, semble préférable au terme mythe d’origine. En effet, les mythes d’origine ont une signification beaucoup plus large que les mythes fondateurs des cités et des nations. Ils évoquent le grand temps mythique des origines, d’avant toute création ; ils évoquent la totalité et la primordialité originelles. Sans doute peuvent-ils raconter comment une institution, un groupe social, ont été créés par les dieux, mais ils nous parlent la plupart du temps de cosmogonies, de création de l’univers. Le terme « mythe fondateur » évoque plus particulièrement la fondation d’une cité, d’une ethnie à partir d’un ancêtre commun dans un temps déjà historique, à un moment de l’histoire.
En effet, un mythe fondateur se constitue souvent par mythologisation d’un événement historique, voire de plusieurs. Ainsi, le mythe de la nation française, s’il fait référence parfois au héros grec Francion, revenu de la guerre de Troie, n’oublie pas d’intégrer, dans son récit, les grands hommes du passé : Vercingétorix, Clovis, Hugues Capet, et, plus près de nous, Robespierre ou Napoléon. Il n’existe pas à ce propos un seul mythe ou un seul archétype. Il n’existe pas une « France éternelle » qui resterait toujours la même à travers les changements historiques, qu’il s’agirait de célébrer et de conserver comme une substance sacrée. L’identitaire n’est pas l’identique : l’histoire introduit toujours des ruptures, des contradictions, des réaménagements, dans l’idée qu’une collectivité se fait d’elle-même. Par ailleurs, il y a des identités multiples (familiale, ethnique, de sexe, d’âge, professionnelle, religieuse et enfin nationale). Les sociologues ont l’habitude de distinguer les identités résultant de la socialité primaire (famille, groupe de travail, village) des identités liées à la socialité secondaire (ethnique, religieuse, politique, nationale) qui viennent se surimposer aux premières. Chaque personne vit plusieurs formes d’appartenance, avec toutes les tensions, les conflits, les transactions que cela suppose.
Le caractère pluridimensionnel de l’identité ainsi que son caractère historique font que l’identité collective (et donc nationale) n’est jamais donnée une fois pour toutes, qu’elle se construit progressivement et conflictuellement dans la relation d’un ind

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