Médecin du contingent en Algérie
157 pages
Français

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Médecin du contingent en Algérie , livre ebook

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Description

Ce récit n'est pas un ouvrage sur la guerre d'Algérie, mais le point de vue d'un jeune médecin parisien brusquement plongé dans un pays et une époque (1959-1960) fort troublés. Mêlé à la vie militaire (c'est un appelé du contingent) et à la vie civile tant européenne qu'algérienne (le besoin de médecins est aigu), François Berton traverse une histoire unique dont il garde le souvenir et la richesse d'expérience, qu'il retrace dans ce livre au gré de ses rencontres et du foisonnement bariolé des univers côtoyés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 283
EAN13 9782296929913
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Médecin du contingent
en Algérie
(1959-1961)
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10015-2
EAN : 9782296100152

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
F rançois B ERTON


Médecin du contingent
en Algérie
(1959 – 1961)


L’Harmattan
Graveurs de mémoire


Dernières parutions

Michèle PERRET, Terre du vent. Une enfance dans une ferme algérienne , 2009.
Pauline BERGER, Bruits de couloirs. Dans les coulisses d’un internat de jeunes filles (1951-1958) , 2009.
Franco URBINI, La libération de la France, l’Indochine. Souvenirs de guerre d’un 2 e classe (1941-1947) , 2009.
Rémy MARCHAND, Les mémoires d’un poilu charentais , 2009.
SHANDA TONME, Les tribulations d’un étudiant africain à Paris. Livre I d’une autobiographie en 6 volumes , 2009.
Attica GUEDJ, Ma mère avait trois filles. 1945-1962 : une enfance algérienne , 2009.
Roby BOIS, Sous la grêle des démentis. Menaâ (1948-1959) , 2009.
Xavier ARSÈNE-HENRY, Les Prairies immenses de la mémoire , 2009.
Bernard LAJARRIGE, Mémoires d’un comédien au XX e siècle. Trois petits tours… , 2009.
Geneviève GOUSSAUD-FALGAS, Les Oies sauvages. Une famille française en Tunisie (1885-1964) , 2009.
Lucien LEMOISSON, Itinéraire d’un pénitentiaire sous les Trente Glorieuses , 2009.
Robert WEINSTEIN et Stéphanie KRUG, L’orphelin du Vel’ d’Hiv , 2009.
Mesmine DONINEAUX, Man Doudou , femme maîtresse , 2009.
François SAUTERON, La Chute de l’empire Kodak , 2009.
Paul LOPEZ, Je suis né dans une boule de neige. L’enfance assassinée d’un petit pied-noir d’Algérie , 2009.
Henri BARTOLI, La vie, dévoilement de la personne, foi profane, foi en Dieu personne , 2009.
Frédérique BANOUN-CARACCIOLO, Alexandrie, pierre d’aimant , 2009.
Jeanne DUVIGNEAUD, Le chant des grillons. Saga d’une famille au Congo des années trente à nos jours , 2009.
PRÉ – TEXTE
Ce texte ne se veut pas un témoignage sur la guerre d’Algérie, il en existe beaucoup. Mais un récit très subjectif écrit à partir de souvenirs, de notes, et de lettres retrouvées. Le point de vue d’un tout jeune médecin brusquement plongé du monde universitaire parisien protégé, dans un autre environnement, environnement en grande effervescence, en pleine révolution, en guerre même.
Ce grouillement confronte diverses communautés. Civiles ; locales et importées, elles-mêmes très subdivisées. Militaires, de carrière ou d’obligation. En coupes verticales, d’opinions politiques très variées, de milieux sociaux culturels hiérarchisés, d’aspirations, de besoins, d’intérêts tellement différents. Ces tissus s’interpénètrent sans jamais beaucoup se mêler.
Peu militaire, n’ayant jamais épousé le prétexte de cette guerre, ignorant auparavant que l’Algérie fut vraiment la France et encore moins persuadé ensuite qu’elle puisse l’ètre, il y est devenu médecin.
Ce jeune toubib a pu exercer son métier dans des circonstances tellement bizarres et imprévisibles que tout le reste de sa vie professionnelle a bénéficié de cette assurance que, quelle que soit la difficulté du moment, il en avait rencontré d’équivalentes. Elles avaient toujours reçu non pas leur, mais une solution. Il a conscience d’avoir été privilégié sans s’être dérobé et d’avoir trouvé dans la réalité des conditions de survie et d’efficacité sans se donner des obligations de conviction ou d’appartenance.
Nous avons essayé de conserver le caractère de carnets au jour le jour, respectant les humeurs passagères, les opinions rendues inévitables par le manque de recul ou le poids de l’environnement. Les sujets les plus variés se chevauchant comme ils arrivaient ; leurs contrastes violents et leurs oppositions illustrant les contradictions de la situation.
Puisse ce document apporter aussi une information sur une société et un monde aujourd’hui disparus. Que l’on comprenne les points de vue pas toujours « politiquement corrects » des uns ou des autres. Qu’ils soient remis dans le contexte ou l’émotion du moment.
Il y a maintenant prescription.
Mardi 13 octobre 1959
"Vous devez le même respect à vos chefs militaires qu’à vos patrons dans les hôpitaux…"

Cette adresse d’un colonel instructeur, aux cent trente jeunes médecins, élèves officiers de réserve, à Lyon, soulève un certain mouvement de surprise, un étonnement ironique et dubitatif ; voire un début d’hilarité.
Ces trois mois d’initiation à une vision militaire de la médecine, celle qui nous attendait, et l’apprentissage de quelques éléments relatifs aux armes et à l’armée, ne s’étaient pas trop mal passés. Et nous étions prêts, sinon à combattre les rebelles en Algérie, du moins à y exercer le métier que nous avions choisi, ce qui, en regard de l’immense majorité des appelés, devenait un privilège.
Nous allions être nommés médecin-aspirant, et un commandant nous apprend que, rapidement, après le service, nous passerions, pour repousser la limite d’âge d’un éventuel rappel, aux grades de lieutenant puis capitaine (de réserve). Immédiatement nous avons tous eu la même question : savoir si on pouvait refuser les galons… Stupeur et indignation de l’officier qui nous parlait. Il n’y aurait – parait-il – que les médecins qu’une telle question effleure. Les "autres" n’y songent point.
Ce à quoi il fallait songer, le temps d’instruction terminé, certains de partir pour l’Algérie, c’est à boucler les paquetages. En plus du réglementaire, une valise personnelle m’assure un nécessaire culturel de survie pour maintenir un environnement rassurant dans un monde sur lequel courent tant de bruits inquiétants. Nous sommes encore entre nous et sentons que nous allons vivre l’expérience individuelle qui manque à notre formation, habitués que nous étions à rester protégés en équipe tant universitaire qu’hospitalière.

Nous prenons le train ce soir pour Marseille, avant minuit.
Jeudi 15 octobre.
À Marseille, les bons vieux camions GMC nous emmènent au camp Sainte Marthe, bien connu de tous ceux qui ont transité pour l’Afrique du Nord. Toutes les armes, tous les grades s’y croisent à l’aller ou au retour. Les informations tuyaux et bobards y circulent vite. Les "professionnels", c’est-à-dire les soldats de carrière, nous regardent avec amusement.
En fin de journée par de petites rues détournées pour éviter les avenues centrales, occasions de manifestations hostiles à l’envoi de l’armée en Algérie, nous rejoignons le bateau.
Départ dans un soleil couchant d’automne méditerranéen, sur le pont, entre copains, entre semblables, silencieux, les figures contraintes de sourires crispés. Quarante heures de traversée, une transition pour devenir différents, quitter la protection de la structure étudiante et hospitalière, et finalement, commencer une autre vie.
Vendredi 16 octobre.
Cette transition présagerait bien de l’avenir. Dîner excellent, bien arrosé ; des compagnons agréables. C’est ça la vie militaire en mer ? Je m’engage ! En revanche le temps sévit, et le cœur versé au bord des lèvres regrette l’excellent déjeuner que nous avons fait.
Samedi 17 octobre.
Vision attendue du port d’Alger sous le frais soleil et la grande lumière du petit matin. L’aventure commence. Sur le quai, comme dans les voyages organisés, il s’agit de ne pas perdre son groupe dans un mélange de militaires de toutes paroisses. Et, bien sûr, je me retrouve au milieu d’un peloton de gendarmes dont le rôle capital, je l’apprendrai, fait charnière entre le droit civil et les interventions militaire : nous sommes quand même en guerre (mème si, officiellement, le terme n’est jamais employé) dans un territoire dépendant en partie de la loi française. C’est fort complexe.
De la ville sourd une atmosphère particulière de très haute surveillance.
Jusqu’à une date récente, cette métropole avait été tenue à l’écart des actions brutales de la guerre et ce qui s’était produit avait toujours été vivement réprimé. Mais en septembre 1956 une série d’explosions donne le ton, et attentats, ratissages urbains, grèves et ratonnades sauvages ont vite créé un climat de violence et de suspicion, un fossé entre les communautés, voulu par le FLN.
Le général Massu a été chargé de rétablir l’ordre, ce qui a demandé une longue année. Depuis deux ans (8 octobre. 57) – l

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