Milliardaire, mode d emploi
131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Qui sont les personnes qui vivent dans la richesse ?

Les hommes et les femmes les plus riches ont toujours fait rêver. Ils appartiennent à un autre monde : plus facile, plus passionnant, plus sexy que celui des autres.
Villas hors de prix, voitures de luxe, voyages aux quatre coins du monde, grandes soirées mondaines, ces milliardaires ne se refusent rien et semblent mener une vie paisible, sans ombre au tableau.

Mais qui sont-ils réellement ? À quoi ressemble leur vie ? Quels projets peuvent-ils encore nourrir lorsqu’ils possèdent déjà tout et bien plus encore ?

Ce livre lève le voile sur ces personnages qui font rêver. Mais attention, vous serez bien surpris...

EXTRAIT

J’avais réservé une table au restaurant de l’Hilton pour l’impressionner. Dès notre arrivée, le personnel se précipita pour l’accueillir.
— Mademoiselle Carrière, quel bonheur de vous revoir !
J’étais furieux. Je la revoyais encadrée au Club par deux « tempes grises » avec usines et châteaux.
Ironie du sort, je m’étais aligné sur la tenue vestimentaire qu’elle portait à « La Mort subite » : jean et col roulé. Anne, en revanche, exhibait la dernière création d’un grand couturier.
— On m’a prêté cette merveille…
Elle soulignait : « Prêté ».
On nous présenta la carte. Je choisis ce qu’il y avait de plus cher. Anne se contenta d’une salade.
Elle accepta néanmoins de goûter au Dom Pérignon recommandé par le sommelier.
J’entendis à ce moment quelques mains qui battaient, quelques exclamations. Je reconnus comme tout le monde une de ces starlettes qui alimentait la presse people. Et m’étranglai en découvrant celui qui lui donnait le bras.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Giuseppe Pignato est un écrivain avec un sens de l’observation qui pointe juste. Appartenant aussi à ce milieu, il met son expérience à profit et, d’une plume assurée et pleine d’humour, propose de découvrir ce qui se cache derrière ces hommes et ces femmes qui font rêver.

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782390091042
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Editions Jourdan © Giuseppe Pignato Paris http://www.editionsjourdan.fr Les Éditions Jourdan sont sur Facebook. Venez dialo guer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture. ISBN : 978-2-39009-104-2 – 9782390091042 Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.
Giuseppe Pignato
Milliardaire, mode d’emploi
AVERTISSEMENT
Milliardaire, mode d’emploiest une œuvre de fiction. Même si toute fiction emp runte dans une certaine mesure auvécu,l’imagination – et elle seule – est restée le moteur premier de cette entreprise littéraire. Dans ce roman, les noms, les lieux, les dialogues, les caractères, les réactions et les agissements de s personnages principaux ou secondaires sont donc entièrement imaginaires. Toute ressemblance ou similitude avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Aussi, si cet ouvrage évoque les mœurs d’une certaine société, le lecteur ne doit pas y voir pour autant ce qu’on a coutume d’appeler un roman à clés.
PROLOGUE
Pour illustrer son article sur la misère en Sicile, le journaliste avait voulu photographier un petit garçon assis sur une valisette en carton. L’enfant, se croyant abandonné, implorait des yeux sa maman qui, au loin, brandissait un quignon de pain. Une voix masculine ordonna : «Un sorriso, porca miseria! ». Le petit garçon ne comprenait pas. Il était triste et s’appelait Giorgio. C’était moi. J’avais huit mois. Plus tard, quelque part en Belgique, une équipe de cinéma venue pour filmer une séquence deLa vie passionnée de Vincent Van Goghpromena la caméra sur ces corons que le peintre, pasteur à l’époque dans ce Borinage noir de crasse, avait peut-être connus. Tout ici exprimait l’extrême pauvreté, une vérité à la Zola. Le réalisateur, Vincente Minnelli, décida de tourner en décors naturels à la manière des néo-réalistes italiens. La vedette du film s’appelait Kirk Douglas. Ma mère m’interdit ce jour-là de m’aventurer à l’extérieur, sinon… Sa main droite se mit à hacher l’air de haut en bas pour m’avertir de ce qui m’attendait en cas de désobéissance. J’aimais bien ma rue avec ses pavés défoncés et ses rigoles où l’on sautait à cloche-pied. Momo, « Tête à poux » et moi – douze ans à nous trois —, nous allions pisser sous la fenêtre de mémé Célestine qu’on savait trop vieille pour nous courir après. Derrière ses rideaux affaissés, elle nous menaçait de sa canne et nous crachotait des « sales petits macaronis ! » qui sortaient estropiés au travers de ses chicots. C’étaient de vilains mots et nous étions très fiers de les entendre. Mammasi excitée qu’elle ne cessait de répéter « Hollywood ! Hollywood ! Tu t était e rends compte ? » Je n’osais la contrarier. J’avais quatre ans. Une des maisons retenues pour les prises de vue était ma maison.
1
Je suis né le 24 février 1953 à Villarosa, province d’Enna, Sicile, à 22 h 10. Bien que la délivrance se présentât sous les meilleurs auspices, ma mère ne voulut en aucun cas déroger à la règle. Elle ameuta de ses cris tout le voisinage, afin que nul dans le quartier n’ignorât qu’elle enfantait dans la douleur, ainsi qu’il seyait à toute chrétienne digne de ce nom. La scène se passa au premier étage d’une habitation des plus modestes, le rez-de-chaussée étant, comme il était de coutume, réservé aux bêtes : une ânesse, trois chèvres, cinq brebis et quelques poules. Mes parents étaient hébergés par une grand-tante aussi compatissante qu’impotente, pour qui ma mère accomplissait quelques travaux domestiques. La sage-femme qu’on fit prévenir arriva en catastrophe une dizaine de minutes avant ma naissance – elle avait d’autres priorités. Elle examina avec attention ce colis sale et tiède fait de chair et de sang expulsé d’un ventre ô combien coupable. Elle songea sans doute :« Encore un malheureux qui grossira le lot des culs-terreux dans ce village d’arriérés ». Elle venait du Nord, d’un pays civilisé. Elle délivra son verdict : « complet », ce qui signifiait que j’étais bien pourvu d’une seule tête, de deux yeux, de deux oreilles, d’une bouche, de deux mains et de deux pieds. Elle se tourna ensuite vers l’accouchée pour ajouter : « C’est un garçon ». Mon père, Antonio della Rocca, dit Nino, faisait le maçon les jours fastes, le chômeur sans indemnités les jours de carême. Orphelin de père et de mère, il fut élevé par sa sœur aînée, lazia Maria-Pia, qui, n’ayant pas eu la chance de prendre le voile comme ses cadettes, n’attendait qu’une chose : être débarrassée au plus vite de ce fardeau encombrant. Aussi, accueillit-elle avec soulagement cette alliance inespérée du petit Nino avec Giuseppina Palermitano, dont le père tenait une épicerievia Butera. Une semaine après la noce, le dénommé Antonio della Rocca était appelé sous les drapeaux. Ma mère, seule et sans ressources, trouva à s’employer chez la vieillezia Carmelina, qui, à défaut de quelques lires, lui offrit le gîte et le couvert. La sainte femme étendit plus tard ses largesses à ce pauvre Nino, qui, libéré de ses obligations militaires, s’empressa d’engrosser sa femme pour combler le vide imposé par une longue période de disoccupazzione. Ce fut donc au domicile d’une grabataire de quatre-vingt-dix ans que je poussai mon premier vagissement. La rue cyniquement portait le nom deVia del Lavoro. Et la sage-femme m’en voulut de lui avoir fait raterLe voleur de bicyclettequ’on donnait au cinéma Cameo. La moitié du village avait déjà choisi de s’expatrier en Amérique. Mais c’était avant la guerre. Dans les années cinquante, les États-Unis et le Canada mirent un frein à l’obtention des visas. La Belgique, par chance, continuait à recruter à l’étranger la main-d’œuvre indispensable à l’extraction de sa houille. Mon père échoua au pied des terrils du Borinage. Après un passage à lacantine des Italiensanciens baraquements des prisonniers (les allemands), Antonio della Rocca obtint de nous faire venir,mammaet moi. La société des Charbonnages du Couchant de Mons nous octroya une vraie maison (deux pièces en bas,
deux pièces en haut). Nous disposions d’un cabinet d’aisance à l’extérieur (quelques planches à moitié pourries avec un trou au milieu pour laisser passer les mouches). Nous étions des privilégiés. Le travail au fond des mines était réputé dangereux. Il le devint plus encore lorsqu’un certain Achille Van Acker, Premier ministre, décréta qu’il fallait à tout prix gagner la bataille du « çarbon ». Pas un mois ne se passa sans que les sirènes des puits n° 7 et n° 9, situésà quelques centaines de mètres à peine des habitations, ne retentissent pour signaler à la population que le grisou avait frappé une fois de plus ou qu’une galerie s’était effondrée. Et, à chaque fois, c’était la même procession de gueules noires défilant, silencieux, dans les rues. Ils collectaient alors les quelques sous qui paieraient les cercueils de leurs camarades. Le 8 août 1956, à Marcinelle, sur les 275 mineurs de la pause du matin qui venaient de descendre, treize seulement remontèrent vivants à la surface. La plupart de ceux qui laissèrent leur vie faisaient partie de ces Italiens qui venaient manger le pain des Belges. Ce jour-là, rue de Wasmes au Grand-Hornu, mémé Célestine ne me traita pas de « sale petit macaroni ! » Ma mère ne manquait jamais la messe du dimanche. Après l’office, elle n’avait de cesse que de harceler le curé, afin qu’il lui obtînt un petit travail « sur le côté », de quoi suppléer au maigre salaire de mon père (il n’était que manœuvre). Dans cette commune viscéralement rouge où les gens fréquentaient plus assidûment la Maison du Peuple que l’église Saint-Martin, l’ecclésiastique ne pouvait rester insensible à tant de persévérance. Il dénicha pour cette brave Giuseppina une place de femme de ménage dans un établissement catholique de… Bruxelles. La perspective d’émigrer vers la capitale n’enchantait ni mon père ni moi. Il n’y avait pas de charbonnages dans cette ville lointaine et encore moins de rigoles où jouer à cloche-pied. Ma mère ne voulut pas en démordre. L’Expo universelle de 58 avait tracé une ère nouvelle pour le secteur de la construction. Antonio della Rocca n’avait-il pas été maçon avant d’être mineur ? C’est ainsi que le 18 mai 1959, débarquant de la gare du Midi, nous emménageâmes à la rue de Mérode. Nous allions occuper une de ces habitations tout en hauteur, que nous partagerions avec d’autres immigrés (une famille par étage). C’est là que je grandis entre un père ouvrier du bâtiment et une mère employée aux travaux domestiques dans une école tenue par des bonnes sœurs. L’Institut Sainte-Marie Immaculée était à l’origine destiné à pourvoir à l’éducation des filles pauvres. Une annexe fut ajoutée pour accueillir les garçons. J’y remplis à la fois mes obligations d’enfant de chœur et d’élève modèle, ce qui était la moindre des politesses envers les nonnes qui avaient eu la bonté d’accueillir ma mère comme femme d’ouvrage. À la chapelle, monsieur le curé m’obligeait à multiplier les génuflexions pour être digne de recevoir la sainte communion. En classe, monsieur Raphaël nous apprenait « Nos ancêtres les Gaulois » et nous faisait réciter les fables de La Fontaine. Chaque matin, je courais l’attendre à l’arrêt du tram pour avoir le privilège de porter son cartable. Les autres élèves me traitaient de lèche-cul : on ne pouvait être qu’un larbin quand on avait une mère qui nettoyait les chiottes de l’école. J’étais, bien sûr, premier de classe – statut qui, chez les garçons du quartier, était indéniablement assimilé à une tare. Je me vengeais à la cour de récréation : je les battais tous
aux billes. Je terminai ma sixième primaire en raflant des prix d’excellence dont je me serais bien passé, car je reçus auprès de mes camarades une volée de quolibets. Le prix le plus envié – et qui m’échappa – était incontestablement celui de gymnastique. Il fut attribué sous les applaudissements au grand Mimile. Malgré mes efforts, je n’arrivai jamais à rivaliser avec ce malabar de 1m65 taillé comme un Hercule de la Foire du Midi. Face à lui, je n’avais qu’à opposer mon mètre cinquante-trois et un physique de fillette que trahissaient mes fines attaches, mes yeux bleus et ma tignasse qui s’obstinait à rester d’une blondeur enfantine. Mimile surtout était le seul dont le jet d’urine pouvait s’élever à plus d’un mètre, exploit qui achevait de nous humilier tous autant que nous étions. Était-ce la raison qui lui valait d’avoir une « fiancée » qu’il embrassait sur la bouche ? Elle s’appelait Chantal Grumiaux et j’aurais troqué toutes mes billes contre un baiser de cette gamine en nattes et culotte courte. Je détestais le grand Mimile. Cet été-là, mes parents décidèrent que nous partirions en vacances. Nous irions retrouver ceux qui étaient restés au pays. Nous prîmes le train spécial affrété par le Consulat d’Italie. Un tarif réduit nous était consenti. Chacune des gares jusqu’à la frontière belge engloutissait son lot de candidats au voyage. À la station de Saint-Ghislain, je vis monter nos voisins du Grand-Hornu. Je reconnusà peine Momo. Il était aussi grand et aussi costaud que Mimile. Je voulus l’embrasser. Il me serra la main. On était presque des hommes maintenant. Les wagons étaient bondés. Seuls les adultes ayant droit aux places assises, les enfants se pressaient dans les couloirs, se battant parfois pour démontrer qui, originaires du Centre, du Pays de Charleroi ou du Borinage étaient les plus braves. Des taloches patriotiques volaient d’un peu partout pour rappeler s’ils l’avaient oublié qu’ils étaient Italiens avant tout. Momo et moi, du haut de nos douze ans, nous assistions en spectateurs amusés à ces guéguerres qui n’étaient plus de notre âge. Nous préférions nous affronter en mettant en avant des prouesses sportives que nous déclarions – croix de bois, croix de fer – avoir accomplies. Nous brandissions par la même occasion d’autres trophées : nos conquêtes féminines, lesquelles avaient pour commun dénominateur de plagier les « films d’amour » projetés sur les écrans de nos quartiers. Notre vantardise sur ce point ne connaissait aucune limite. Ainsi, je n’hésitai pasà prétendre – craché, juré, si je mens, je vais en enfer – avoir sauvé, véritable Zorro sans masque et sans épée, une dénommée Chantal des griffes d’un affreux Mimile qui voulait lui voler un baiser. Si, par méfiance, on s’informait de la manière dont j’avais été récompensé, je laissais traîner un regard vague, comme si ces choses-là ne se disaient pas. On insistait, on exigeait des détails. Avais-je été jusqu’à introduire ma langue dans la bouche de la bien-aimée ? Je me demandais ce qu’on voulait entendre par là. Après la frontière, le train fila d’une traite jusqu’à Milan. À partir de là, différentes destinations étaient prévues : Rome, Venise, Naples, Messine. Momo était Napolitain. J’étais Sicilien. Avant de nous séparer, nous fîmes le serment de nous revoir. Nous n’eûmes jamais l’occasion d’honorer cette promesse. Momo, qui avait toujours souffert de claustrophobie, préféra à quatorze ans mourir d’une pneumonie plutôt que descendre au fond d’une mine de charbon.
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