Promenade romantique à Pôle Emploi

Colette Coutarel

Description

Il y a un mythe Pôle Emploi. Trop de désillusions génèrent de l'agressivité. Et voilà qu'une conseillère sort du rang pour nous en dire aussi du bien. De l'intérieur, elle dévoile des vécus : joies et failles vues des deux côtés du guichet. Né de la fusion avec l'ANPE, Pôle Emploi n'apporte pas de remède universel, restant un mode de traitement du chômage. Sujet récurrent s'il en est : le rapport au travail.

Sujets

• Sociologie, société et politique
• entreprises
• Gestion
• Témoignage
• Travail social
• Récit
• Autobiographie
• Management

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2014
• Nombre de lectures: 21
• EAN13: 9782336363646
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Rue des Écoles

Rue des Écoles
Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques.
Déjà parus
Baillet (Dominique), L’absence , 2014.
Zelwer (Charles), Face au miroir sans reflet , 2014.
Flouzat, (Denise), Le journal d’E , 2014.
Barraux (Roland), La bicyclette de Hong Kong , 2014.
Lecomte (Emmanuelle), Lafi, récit de vie au Burkina , 2014.
Cambona (Christophe), Apologie du grand âge , 2014.
Girard (Marc), Ces géants qui m’ont précédé , 2014.
Monteil (Pierre), Les mensonges de l’Histoire, Tome 2 , 2014.
Duflot (Patricia), La compagnie des ailes , 2014.
Maen, Au cœur de l’Afrique , 2014.
Merlin-Dhaine (Martine), Les masques sont silencieux , 2014.
Lafontaine (Geneviève), La vie crisocal , 2014.

Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr
Titre

Colette C OUTAREL







Promenade romantique à Pôle Emploi
Copyright























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
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EAN Epub : 978-2-336-71375-5
Citation


Au pire, ça laissera une cicatrice.
Caroline, sur son lit d’hôpital,
janvier 2014.
1 Sur le chemin
La vie est faite de hasards et de coïncidences. Et tout cela s’enchaîne avec plus ou moins de bonheur, nous rappelant parfois cruellement le paradoxe même de l’existence : quand on a enfin l’expérience et la maturité, il y a hélas belle lurette que la jeunesse et la fougue se sont enfuies. Ah, si seulement on pouvait avoir tout cela d’un seul coup, ce serait le gros lot…
Malgré tout, il arrive que les chemins chaotiques que nous empruntons soient comme animés d’une volonté propre et nous conduisent au bon moment au bon endroit.
Pour ma part, le chemin professionnel s’apparente plus à une errance libertine dans un délicieux jardin à l’anglaise truffé de buissons tantôt voluptueusement fleuris, parfois cruellement épineux, mais tous curieusement différents. A une scolarité brillante des jeunes années, a succédé un désengagement typiquement adolescent et une renonciation aux études supérieures « pour raisons familiales ». La question se pose alors, incontournable : comment vais-je gagner ma vie ? Car dans ma culture familiale, il n’est absolument pas concevable d’envisager l’avenir autrement qu’en assurant moi-même mon pain quotidien. Et souvent je m’interroge sur cette imprégnation morale que je dois sans doute à mes plus jeunes années, à mes premiers balbutiements. Il ne me serait même pas venu à l’idée de raisonner autrement qu’en terme de devoir, d’obligation, de respect, d’amour-propre, de responsabilité… Oh là là, ça fait vieux jeu hein tous ces mots-là ? C’est presque déjà du vieux français, et je ne serai pas plus surprise que ça si ces mots venaient à disparaître du dictionnaire.
Bref, comme il faut effectivement gagner sa vie dans mon univers un peu étriqué par la morale et le bon sens paysan, et que finalement je ne sais pas faire grand-chose à l’aube de mes 18 ans, je prends le premier job que me propose l’ANPE de l’époque à St Martin d’Hères où je réside alors, et je deviens Barmaid dans un petit bar de quartier. C’est alors mon tout premier contact avec l’ANPE et je suis loin d’imaginer que je passerai de l’autre côté du bureau quelques années plus tard. J’habite à 4 ou 5 km du café, et je n’ai pas de voiture. Les horaires de bus sont inadaptés à mes contraintes professionnelles. No problem, je rachète d’occasion le vélo d’un apprenti pâtissier client du bar, et j’ouvre le champ des possibles ! Très vite, je vais découvrir l’univers typique de ces petits bistrots qui font le lien social des quartiers de banlieue dans toutes les grandes villes. Grenoble, à l’époque, défraie la chronique avec un procès retentissant sur la prostitution des mineures. Inutile de vous dire que tout n’est pas toujours très calme dans les alentours… et je découvre un monde qui m’est jusqu’alors inconnu : celui des grandes solitudes urbaines, de la dérive sociale, des excès de boisson et de tabac, des machines à sous qui dévorent allègrement les 4 sous gagnés péniblement, et des horizons étroits gangrenés par le désœuvrement.
Très vite, j’en viens à penser que tant qu’à exercer un métier qui peut s’apprendre sur le tas, autant aller l’exercer en Allemagne où je pourrai perfectionner ma connaissance de cette langue et peut-être ensuite travailler comme bilingue allemande. C’est décidé, je boucle une valise et je saisis au bond l’invitation que j’ai reçue de deux polonais réfugiés politiques en Allemagne et que j’avais rencontrés en Pologne quelques mois plus tôt. Je tombe alors sur une petite annonce publiée par une jeune entreprise d’engineering allemande qui a décroché un chantier en Algérie et ferme les yeux sur mon piètre allemand au bénéfice de mon excellente connaissance de ma langue maternelle et de ma débrouillardise manifeste additionnée d’une audace propre aux inconscients. Et voilà que je suis bombardée secrétaire de chantier dans l’Algérie des années 80 : mort de Houari Boumédiène et prise du pouvoir par Bendjedid Chadli… Un tournant dans l’histoire de ce pays !
Pour faire court, je suis passée du métier de barmaid à celui de secrétaire, responsable administrative, assistante de direction bilingue, technico-commerciale, responsable de planning dans le levage, vendeuse en meubles haut de gamme, chef d’agence intérim, et enfin… à l’issue de ce parcours en zigzag saupoudré de quelques passages douloureux par l’ANPE en tant que Demandeuse d’Emploi… je finis par passer le concours et deviens Conseillère Emploi pour cette très fameuse institution et tout aussi fameux outil politique qu’est alors et encore l’Agence Nationale Pour l’Emploi.
Quelques années plus tard, la fabuleuse fusion de l’ASSEDIC et de l’ANPE fera naître l’actuel « Pôle Emploi ».
Cela fait à présent plus de 14 ans que j’exerce mon métier de conseillère, avec ses périodes d’enthousiasme, de doute, de lassitude, et de révolte. Une seule constante tout au long de ces années, ce sera la régularité avec laquelle mon métier sera porteur d’enseignements riches sur le genre humain. Je suis l’élève assidue de l’une des plus formidables écoles de la Comédie Humaine qui soit. C’est aussi l’école de l’humilité.
Et ne comptez pas trouver dans ce livre un règlement de comptes vis-à-vis de mon employeur, vous seriez déçus. Bien entendu, je n’adhère pas forcément aux orientations prises par nos instances supérieures, et ce d’autant plus que la politique est la grande maîtresse chérie de notre institution et que nous sommes manipulés sans ménagement par la raison d’État. L’éducation que j’ai reçue a aussi privilégié mon esprit critique et développé un côté frondeur de libre penseur qui me laissent lucide face aux évolutions de mon métier depuis l’an 2000. Mais dans toute entreprise il y a les bonnes et les mauvaises décisions, les arbitrages hasardeux d’un management dépassé, les prévisions mises à mal par une économie chamboulée. Quoi qu’il en soit, c’est mon employeur, et ne serait-ce que par loyauté pour tous ceux que j’ai côtoyés durant ces années, il ne m’apparaît pas opportun de verser dans la critique acerbe. Et puis, si l’exercice de mon métier ne me convient plus tout à fait car il n’est plus en phase avec mes attentes, il m’apporte encore beaucoup de satisfactions au quotidien.
Durant ces années, il m’est arrivé d’avoir le besoin fondamental de me ressourcer, loin de la civilisation et de sa corrosion, et mon chemin – partagé avec tant d’autres pèlerins &