Se raconter entre violence et résistance
194 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Ce volume réunit des textes qui rendent compte de la multiplicité de l'expérience narrative du sujet contemporain et en font ressortir la dimension sociale et politique. Les contributions rassemblées abordent les multiples écueils du récit de soi et de son adresse dans des contextes de violences réelles et symboliques souvent extrêmes et interrogent le pouvoir d'affirmation et de résistance du récit et les limites qu'il rencontre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336376295
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
SE RACONTER ENTRE VIOLENCE
ET RÉSISTANCE




Sous la direction de
Christophe NIEWIADOMSKI
& Christine DELORY-MOMBERGER





Avec Vanessa Andrade de Barros, Michel Autès, Arsène Bolouvi, Josette Brassart, Katia Choppin, Ana Amelia Cypreste Faria, Claire Desmitt, Caroline Desprès, Carmen Teresa Gabriel, Patricia Janody, Elodie Jouve, Carole Mariotti, Lúcia Ozório, Lise Poirier Courbet, Carolyne Reis Barros, Isabelle Seret, Letitia Trifanescu.






Espace éditorial Le sujet dans la Cité/L’Harmattan
Hors-série Le sujet dans la Cité - Actuels n°4
mars 2015
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72640-3
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Sommaire INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE – SE DIRE AU RISQUE DES VIOLENCES ET TRAUMATISMES TRAUMA, DISCOURS ET SYMPTÔMES RÉCIT BIOGRAPHIQUE ET ÉCOUTE TESTIMONIALE LE POSITIONNEMENT DU SUJET FACE AU DISCOURS DE L’AUTRE NAZI CHEZ PRIMO LEVI ET ROBERT ANTELME RECONSTRUCTION DU SUJET ET ÉCRITURE DE L’EXPÉRIENCE TRAUMATIQUE DU VIOL UNE EXPÉRIENCE DE RECUEIL D’HISTOIRES DE VIE DANS L’UNIVERS CARCÉRAL AU BRÉSIL COMBATTRE L’INVISIBILITÉ DANS LE MILIEU UNIVERSITAIRE BRÉSILIEN : PLACE DES RÉCITS BIOGRAPHIQUES D’ÉTUDIANTS D’ORIGINE POPULAIRE UNE RECHERCHE COMMUNAUTAIRE DANS LA FAVELA DE MANGUEIRA À RIO DE JANEIRO DEUXIÈME PARTIE – TÉMOIGNER POUR RÉSISTER ET EXISTER METTRE SA SANTÉ EN PÉRIL : ANALYSE ANTHROPOLOGIQUE DES RENONCEMENTS AUX SOINS MIGRATION « CLANDESTINE » ET RECHERCHE BIOGRAPHIQUE : LE RÉCIT DE SOI COMME SUPPORT DE RÉSISTANCE COMMENT ADVIENT-ON COMME SUJET-MIGRANT ? RÉCITS BIOGRAPHIQUES DE FEMMES EN SITUATION DE MIGRATION LE RÉCIT DE TYPE BIOGRAPHIQUE À L’ÉPREUVE DE L’EXISTENCE EN HABITAT PRÉCAIRE : DE LA RÉCOLTE DES DONNÉES À LA RECONSTRUCTION DES PARCOURS D’HABITER FUNESTES DESTINS COLLECTIFS ? LA « GRANDE CLAQUE » DES ANNÉES 80 DANS LE NORD-PAS-DE-CALAIS LA FIGURE DU TRANSFUGE : ILLUSTRATION BIOGRAPHIQUE D’UN PARCOURS DE RÉSISTANCE ET DE RECHERCHE EXISTER/S RÉSISTER LE GESTE D’AGATA Les auteurs
INTRODUCTION
Christophe NIEWIADOMSKI
Christine DELORY-MOMBERGER

Le présent volume fait suite à la parution, en 2013, de deux ouvrages (Niewiadomski & Delory-Momberger, 2013a ; 2013b) en rapport avec la tenue d’un colloque international consacré à la recherche biographique. Organisée à Lille en mai 2011 1 , cette manifestation scientifique avait pour objet d’interroger la place et les enjeux de la recherche biographique en sciences humaines et sociales aujourd’hui. Nous tentions d’y préciser alors l’empan du développement actuel de la recherche biographique qui, loin de se limiter au seul domaine de la formation des adultes, explore aujourd’hui des domaines d’expérience pluriels où se déploient, à la faveur de la mise en récit de soi, la multiplicité de l’expérience narrative du sujet contemporain. Par ailleurs, l’exploration des territoires d’investigation de la recherche biographique nous avait également conduits à tenter de resituer les pratiques narratives dans leur variabilité sociohistorique, à interroger les conditions et les environnements dans lesquels les récits sont produits, à identifier les usages auxquels ils répondent, les fonctions qu’ils peuvent prendre et les effets individuels et collectifs dont ils sont le lieu. Pour plus de clarté, il n’est sans doute pas inutile de repréciser brièvement le projet scientifique que poursuit la recherche biographique. Celui-ci s’organise autour du souci de mieux comprendre les processus de construction du sujet contemporain en suscitant et en analysant les processus de « biographisation » d’individus et/ ou de groupes (Delory-Momberger, 2009). En d’autres termes, la visée de la recherche biographique consiste à interroger les rapports que l’individu entretient avec les choses, avec lui-même et avec les autres dans le monde historique et social en portant attention à l’étude des formes narratives que celui-ci donne à son expérience.
Cependant, cette orientation n’est pas sans conséquences épistémologiques. En effet, à la différence des « approches biographiques » qui se définissent avant tout par leur usage du récit à des fins de recherche et/ou d’intervention (Niewiadomski, 2012), la recherche biographique fait du récit le cœur de sa réflexion théorique. Elle considère en effet l’activité narrative comme condition même d’une connaissance de l’être humain dans les sciences sociales. À l’appui de cette orientation, Christine Delory-Momberger souligne combien l’individu contemporain se trouve désormais affecté par son inscription dans l’espace de la « condition biographique ». Celle-ci introduit en effet

« un renversement du rapport historique entre l’individu et le social, dans lequel les conséquences sur les existences individuelles des contraintes sociales et économiques et des dépendances institutionnelles sont perçues comme relevant d’une responsabilité individuelle et d’un “destin personnel” […] Dès lors, chacun est renvoyé à la construction réflexive de sa propre existence, à sa biographie […] Les rapports sociaux et les espaces qui leur correspondent ne sont plus conçus comme le fait de déterminations externes, ni même comme résultant de l’intériorisation de normes collectives, ils font l’objet d’une élaboration et d’une productivité individuelle, ils participent du processus de construction du moi et de l’existence. » (Delory-Momberger, 2009, p. 22-23)

Par ailleurs, si le projet éditorial de la revue Le sujet dans la Cité s’attache, depuis son origine, à signifier et à interroger les liens entre construction de soi et inscription sociale, entre projets personnels et pratiques collectives, entre réflexivité individuelle et délibération sociale, entre éducation et société, entre éthique et politique, d’autres questionnent également à leur manière les enjeux sociaux et politiques de la recherche biographique. Ainsi, notre collègue Danilo Martuccelli (2010) montre très bien comment la société contemporaine est aujourd’hui structurellement affectée par l’infléchissement de l’individualisme vers ce qu’il nomme le « singularisme », c’est-à-dire par un mouvement de fond où la vie sociale alimente aujourd’hui la singularité. À partir de ce constat, il propose de renouveler le regard et les méthodes de la sociologie en s’appuyant sur les expériences individuelles des individus pour décrire et comprendre comment les phénomènes sociaux se structurent. Ainsi, le biographique, en particulier à partir de la prise en compte des épreuves auxquelles se trouve confronté l’individu, devient ici un analyseur privilégié des rapports entre structures sociales et expérience individuelle. Pour sa part, Vincent de Gaulejac, compagnon de route depuis de nombreuses années, évoque, dans l’un de ses derniers ouvrages (2011), les mécanismes complexes qui affectent aujourd’hui l’individu dans son rapport au travail. Il décrit la désespérance psychique, le mal-être et la perte de sens dans les entreprises et les organisations et se fonde sur l’hypothèse selon laquelle ces phénomènes ne cessent d’augmenter à mesure que l’évaluation de la « rentabilité humaine » et de la culture du résultat se développent à marche forcée. Au carrefour d’une analyse du social, de l’individuel, de l’économique et du politique, il montre combien la prise en compte du récit de l’acteur social permet d’illustrer de manière saisissante de tels processus. Enfin, dans un ouvrage récent, Pierre Rosanvallon insiste sur la nécessité de développer le recueil de récits de vie au bénéfice de l’ouverture salutaire d’un espace d’expérimentation sociale et politique. Il précise :

« La démocratie est minée par le caractère inaudible de toutes les voix de faible ampleur, par la négligence des existences ordinaires, par le dédain des vies jugées sans relief, par l’absence de reconnaissance des initiatives laissées dans l’ombre. La situation est alarmante, car il en va à la fois de la dignité des individus et de la vitalité de la démocratie. Vivre en société, c’est en effet au premier chef voir son existence appréhendée dans sa vérité

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