Un couple d enseignants communistes
163 pages
Français

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Un couple d'enseignants communistes , livre ebook

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Description

Les personnalités d'André et Marcelle Blanc, formées entre les deux guerres au sein de familles engagées politiquement à gauche, sont caractérisées par un militantisme actif forgé à l'Ecole de la République. Tous les deux seront fortement impliqués dans le combat antifasciste. Après la participation active à la Résistance en Bourgogne, les succès universitaires du géographe André Blanc le conduisent en 1948 à Zagreb dans le cadre de ses recherches. Isolés à Zagreb André et Marcelle Blanc ne disposent d'aucun moyen d'analyse de la situation... C'est "l'affaire Tito", la rupture entre la Yougoslavie socialiste et le bloc soviétique, c'est l'époque des procès dans les "démocraties populaires".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2005
Nombre de lectures 203
EAN13 9782336280172
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747580731
EAN : 9782747580731
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Abréviations Aux lecteurs, INTRODUCTION CHAPITRE I CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV - Le procès EPILOGUE BIBLIOGRAPHIE Ouvrages du même auteur
Un couple d'enseignants communistes

Marcelle Denis
Abréviations
B.C.R.A. Bureau Central des Renseignements et d’Action
C.C. Comité Central
F.F.I. Forces Françaises de l’Intérieur
F.N. Front National
F.N.U. Front National Universitaire
F.T.P. Francs-Tireurs et Partisans
O.C.M. Organisation Civile et Militaire
P. Parti
P.C.F. Parti Communiste Français
Aux lecteurs,
Ces pages ont été écrites pour témoigner et essayer de comprendre.

Jamais je n’ai voulu faire ici un travail d’historienne. Juge et partie à la fois, je craindrais manquer d’objectivité alors que bien des données demeurent aujourd’hui encore bien discutables et inconnues.
Mais la génèse de “notre affaire” avec le Parti Communiste Français exige des analyses de situations, de caractères, de personnalités, et une certaine connaissance de l’histoire pour trouver la clé de l’engrenage dans lequel l’idéal de vie que nous nous étions forgé justifiait notre engagement moral, politique, voire physique.
Or, au fil des conversations, des discussions, des corrections d’épreuves d’examens et de concours - en particulier de celui de la Résistance - il faut bien admettre que les jeunes générations ne connaissent pas, ou mal, l’histoire de notre pays. Quant à la nôtre, celle qui s’éteint, moins longtemps scolarisée (l’enseignement n’était, pour elle, obligatoire que jusqu’à 12 ans...), elle avait le plus souvent étudié une chronologie de faits dans la perspective du Certificat d’Etudes et, dans le meilleur des cas, retenu les leçons de ses parents, témoins directs des faits contemporains, et de ses maîtres d’école, celles qui étaient officialisées par tout un programme qu’ils s’efforçaient de remplir en vue toujours des fameux certificats et concours des bourses.
On savait, en sortant de l’Ecole Primaire, que les faits ne se découpent pas en tranches mais qu’ils s’enchaînent, qu’ils relèvent de causes et de prétextes, et ne peuvent, en aucun cas, être perçus comme des flashes objectifs.
L’histoire, c’est un tout dont aucun événement, aucune période ne doit être appréhendée isolément, en dehors de la chronologie du temps et du degré de maturation des civilisations car l’homme, qui fait l’histoire en même temps qu’il la subit, se rapporte à la fois avec lui-même et avec les autres hommes. Chaque génération vit une expérience qui ne se transmet pas. L’histoire d’un individu cautionne celle de l’avenir et la marche de l’histoire emprunte la voie tracée et vécue depuis la nuit des temps. Dans cette perspective, il faut nécessairement analyser les faits présents en fonction du passé en tenant compte de l’individu et de la société.
L’être humain s’intègre dans un ensemble de circonstances relevant du temps et de l’espace qu’il dépasse pour faire l’histoire. L’emploi de termes différents quand on veut en parler - souvenirs ou devoir de mémoire - ne change rien.
Ainsi se justifie l’appréhension, même succincte, mais nécessaire, de faits historiques déterminants dans la formation de notre personnalité, dans la prise de conscience de notre devoir ; c’est la raison pour laquelle notre réflexion plongera ses racines :
- dans l’analyse de notre personnalité en fonction de notre origine, notre milieu familial engagé politiquement ;
- dans l’éducation civique que nous avons reçue de toutes parts ;
- dans une appréhension des faits politiques et historiques vécus ;
- dans l’étude des difficultés sous-jacentes rencontrées, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, par une Yougoslavie longtemps inféodée aux vieilles démocraties occidentales et qui cherche, résolument, une indépendance aussi bien économique que politique par une voie nouvelle sans toutefois se jeter dans les bras du modèle soviétique ;
- dans les conséquences à la fois politiques et humaines que la soumission au Komintern des partis communistes allait engendrer.
Et si nous nous retournons sur notre passé, encore bien proche, point n’est besoin ni de connaissances philosophiques approfondies, ni de reconnaissance officielle pour faire prendre conscience du nouveau sens de la vie qu’ont connue les femmes et les hommes de la génération qui disparaît. Déjà, que d’années à leur actif, plus d’un demi-siècle depuis la période de cette vie étrange qu’ils menaient pour eux et pour les générations à venir... Il ne s’agissait pas seulement de vivre, mais surtout de survivre.
Voilà bien une ambiguïté relevant du sens de la vie.
Et pourtant, quelle chance ont-ils eue... de rêver et de croire à un idéal de bonheur, de liberté et de paix. C’était leur jeunesse, leurs espoirs, même leur certitude. Leurs maîtres leur avaient appris à croire dans l’homme parce qu’ils croyaient en eux, en l’avenir parce qu’ils les avaient portés sur les fonts baptismaux de la connaissance, de la culture, du respect de l’autre.
La réalité s’est chargée du reste... qu’ils n’attendaient pas de la part de ceux pour lesquels ils avaient été prêts à faire le sacrifice suprême de leur vie.
Et la vie est belle quand on a 20 ans...
INTRODUCTION
“L’Affaire”, notre “affaire”, celle de mon mari André Blanc et la mienne, (c’est ainsi que nous appelions l’épreuve que nous avons subie), orienta nos vies bien indépendamment de nous-mêmes. Nous évitions de l’évoquer, même entre nous, et son énigme ne fut percée qu’avec le temps et l’expérience.
Il a fallu bien des années, plus d’un demi-siècle, pour que des révélations venues de l’extérieur m’obligent à ouvrir les yeux, à comprendre un enchaînement de faits systématiquement orchestré avec une hypocrisie inimaginable et telle qu’elle ne pouvait même pas effleurer l’esprit. Mon mari avait été moins naïf que moi. Certaines de ses réflexions me reviennent en mémoire et éclairent le passé. Il avait, depuis bien longtemps, compris, déjà peut-être même au moment de l’éclatement de “notre affaire”, en 1949, mais trop tard, que nous étions les victimes désignées d’une véritable cabale. Le temps a passé ; André s’est enfermé dans un si grand isolement qu’il a rompu avec toutes ses attaches anciennes, refusant de rencontrer ses camarades d’autrefois, ses amis de jeunesse, voire ses camarades de la Résistance. Déçu, amer, coupé de ses liens avec le passé, c’était désormais un homme seul, très seul, mais qui me resta attaché jusqu’à sa fin. Un suicide. Si j’ai réussi à le sauver de plusieurs tentatives, la dernière, en 1977, alors que j’étais à l’étranger, fut fatale. Malgré notre divorce en 1952 (un bien curieux divorce... sur lequel j’aurai l’occasion de revenir) notre couple tenait : très attachés l’un à l’autre nous avions partagé tant de choses heureuses et malheureuses. Trente années ont passé brisant un homme et un couple que pourtant tout le monde enviait, disloquant en même temps une famille. Cinquante années ont eu raison de ma crédulité.
Je l’ai dit, je le rappelle sans crainte de me répéter, que pour tenter d’analyser les faits il est nécessaire de connaître le terrain sur lequel ils se sont déroulés et il est indispensable pour le lecteur de se plonger dans le contexte du moment certes, mais de ne pas ignorer l’histoire, les conditions de vie, le rôle des “grandes puissances” qui ont modelé des civilisations trop souvent perçues en référence à la nôtre : on juge à travers soi.
Ce qui s’est passé à la charnière des années 50 (de 1945 à 1952) ne doit pas être considéré isolément, en découpant purement et simplement une tranche de l’histoire. Celle-ci n’offre pas une suite de faits isolés les uns des autres. Ils s’imbriquent. Leur enchaînement n’a rien d’un “fleuve tranquille”. S’ils se succèdent, c’est dans le passé qu’ils plongent leurs racines en fonction des hommes et des chose

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