Lettre du grand nord: de Yaoundé au pont de la vie
129 pages
Français

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Lettre du grand nord: de Yaoundé au pont de la vie , livre ebook

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Description

Face aux dégradations que connaît l'environnement, les générations de demain ne pourront plus vivre la magie de la nature vierge. Le pouvoir politique, l'argent, les cultures étrangères imposant des mutations, ne permettent plus la construction de la société sur des valeurs et des croyances anciennes. Mais il n'est pas trop tard, car selon l'auteur, cette profonde spiritualité portée par l'intelligence façonne notre monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2010
Nombre de lectures 162
EAN13 9782296701670
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettre du Grand Nord
de Yaoundé au Pont de la Vie
Kousséri-N’Djamena
Adamaou Ndam Njoya


Lettre du Grand Nord
de Yaoundé au Pont de la Vie
Kousséri-N’Djamena


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12195-9
EAN : 9782296121959

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Tel un essaim d’abeilles, la reine suivant, les grosses et petites cylindrées ont envahi les vastes plaines au sortir de Maroua, vers les portes de la commune de Petté. En ces jours des élections municipales, les enfants du pays, du grand Nord, sont tous là comme pour lever le plus grand défi : gagner les partielles à Pétté, gagner contre les autres enfants du pays qui ne sont pas dans la formation politique gouvernante, gagner contre leurs alliés, gagner contre le parti politique qui a pu avoir des sièges en juillet 2007. Tous les villages de la commune sont quadrillés, l’argent se distribue sans compter : membres du gouvernement, députés, maires, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires, tout le monde, ces jours-là, est mobilisé : gagner à tous les prix ! La trame très serrée est des plus fortes ici ; peut-être, est-ce ainsi, partout où il y a des élections partielles ? En tout cas, les immensités des plaines aux portes de Maroua sont sillonnées dans tous les sens ; quel safari ! Aller de village à village, de quartier à quartier dans un espace sans routes où les paysages se suivent et se ressemblent est l’apanage de quelques initiés sinon, il faut une moto taxi pour vous guider. Mais nous étions déjà ici, et, avions découvert, avec les enfants du pays, les chemins les plus rapides pour aller à Fadéré, Djouljouldé…, Pété, partout ; oui, ces hommes et ces femmes, fils et filles du grand nord, aux grosses cylindrées, ne sont plus les seuls à maîtriser le terrain. Il y a désormais d’autres acteurs, d’autres témoins. Pour avoir été aux Affaires Etrangères, à l’Education Nationale comme ministre, nous avons aiguisé notre goût pour apprendre, découvrir, vivre intensément les réalités. Ici, au grand Nord, que de merveilles méconnues par ceux qui, venant comme enseignants, fonctionnaires, agents de l’Etat se croyant exilés, punis, manquèrent de vivre profondément les innombrables trésors répandus dans des grands espaces appelant à la découverte, à la création. D’autres temps, d’autres réalités, d’autres approches et méthodes ; plus que jamais, nous sommes en marche pour la fin de l’isolement, la fin de la confiscation : isolement d’une région, des populations, confiscation d’une région, des populations ; et cela par ceux-là et celles-là qui ont réussi à sortir de la région, à échapper des mille problèmes et à se faire des places au soleil dans les institutions du pays, jouissant des richesses, des bienfaits qu’y tirent les responsables et tous ceux et celles qui gravitent autour, se plaisant comme porte-parole d’une région et des populations rendues muettes et entretenues pour le demeurer. Aussi, très ancré dans les privilèges au Sud, revient-on le temps des élections, pour, après, couper les ponts, préoccupé par les problèmes personnels, la construction de son empire ! Le maire, le député, le membre du gouvernement, pour quoi faire ? La question est à poser et reposer car ici, on ne ressent pas toutes les conséquences de la présence des enfants du pays dans les rouages essentiels du pouvoir, de l’administration : les ressources humaines ne sont point exploitées, les enfants ne sont pas bien encadrés et beaucoup ne vont pas à l’école ! Et quand bien même ils y vont, les établissements scolaires sont insuffisants, mal équipés quand il y en a, sans enseignants en nombre et en qualité requis pour dispenser des formations et une éducation dignes ; plus que tout cela, l’eau potable, la santé, l’agriculture, la communication ne bénéficiant point de tous les concours nécessaires, les riches potentialités humaines, économiques, culturelles, touristiques dorment. Heureusement que face à tout cela, s’élèvent d’autres discours par les réalités imposés, les discours de la République, les discours de la démocratie qui font parler les faits… oui, des discours et des actes et actions qu’imposent les réalités, les mutations de notre société d’aujourd’hui, de notre environnement qui s’affirme chaque jour comme celui d’un village planétaire.
Nous sommes allés au grand Nord pour vivre ces réalités, chanter et danser, et les chants et les danses de la vie dans notre monde, de vie grouillant ; oui cette vie, aux mille facettes, chantant les chants de l’éternité, à l’amour à la paix ses fils et ses filles appelant pour leur commune humanité exalter.
La nature vous parle ;
Dans la nature,
Les animaux vous parlent
Les arbres vous parlent
Les herbes vous parlent
Les insectes,
Dans leur multitude,
Vous parlent
Les oiseaux du ciel
Voltigeant,
Pour vous chantent
Tout vous parle
Tout, pour vous,
Chante !
Mais écoutez-vous ?
Entendez-vous ?
Comprenez-vous ?
Les hommes vous parlent
Les hommes
Revendiquant,
Contestant,
S’affirment
Vous parlent,
Pour vous,
Chantent,
Le chant de la vie
Le chant de l’éternité !
Le vendredi 4 juillet, alors qu’au cours de la conférence de presse, parlant de notre voyage dans le grand Nord, j’annonçais que je sortirai la lettre, le message du grand Nord, un journaliste d’un air désabusé, dépité, me demanda si ce sera un autre mémorandum du grand Nord et à quand est-ce que je sortirai la lettre, le message du grand Sud, du grand Est, etc.
Il y avait là, au-delà d’une préoccupation légitime ou de la provocation journalistique, l’expression d’une certaine culture ai-je compris et ai-je fait comprendre à tout le monde dans la salle :
Il est question d’un chant,
Le champ labourant,
Oui, il est question d’une chanson
D’une merveilleuse chanson
Le champ de la vie
Le champ et du sorgho et du mil,
Le champ et des oignons et de l’ail…
Labourant
Oui, il est question de quelque chose d’autre, loin des récriminations, des complaintes, de la revendication du pouvoir perdu par ceux-là mêmes qui, non seulement ont contribué à cette perte, mais aussi, ont nourri les dérives du pouvoir justement parce qu’ayant eu tous les pouvoirs sans partage, ils n’ont pas fait ce qu’il fallait : répondre aux aspirations des populations dans le dialogue avec elles, dans la dynamique du partenariat où chaque personne est partenaire partie prenante ! Demain, ai-je poursuivi, je serai dans le Sud profond et la lettre, le message de Kyo Essi, vous l’aurez ! Aux frontières de la Guinée et du Gabon avec le Cameroun, un autre chant, peut-être vous habituerez-vous à ces chants, ces merveilleux chants qui disent que la politique par la joie doit se faire, oui se fera ! Puis aussi ces chants, chants de joie, chants du bonheur que les hommes, les êtres humains, la nature autour de vous, en vous, vont, vibrant, sans cesse créant… Encore faut-il les saisir, ces merveilles divines…
Tu me demandes de t’écrire, de te raconter ce que j’ai vu et vécu…
Tu me demandes où j’étais, et tu me dis combien tu as toujours voulu voyager, oui cherché à partir, partir pour ton pays découvrir, pour le monde découvrir, pour rencontrer d’autres personnes, pour avec elles rire les rires de l’amour, de la paix, de la fraternité !
Que veux- tu que je te dise lorsque je revois les huit jours qui se sont écoulés comme si cela n’était qu’un instant ? Le temps du clin d’œil ! De Yaoundé à Foumban et puis de Foumban à Kousséri après Magba, Bankim, Mayo Darlé, Banyo, Tibati, Ngaoundéré, Garoua, Maroua ! Par monts et par vaux, par les routes changeantes, par les ponts branlants mais sûrs, par les radiés dans les lits secs des cours d’eau ou des grands ponts enjambant les rivières de sables qui, en un instant, du fait d’une courte pluie, se transforment en torrents, en immenses fleuves furieux roulant fort, comme par des forces invisibles poussées, oui allant leur chemin, balayant tout au passage. Qu’y vois-tu sinon les forces de la nature par lesquelles naissent les instants de furie vite remplacés par le calme, la quiétude, tout se su

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