Souhaitant rompre un silence éditorial de moins en moins justifiable, les textes ici réunis répondent à un double projet : réhabiliter les Contes moraux de Marmontel, sans oublier de faire surgir, à travers un parcours guidé, l'univers du philosophe et sa spécificité. Dans ses fictions, d'ailleurs, « l'ingénieux académicien » s'est montré à la fois moraliste et homme du monde ; à la peinture des nuances mobiles des ridicules, il a joint les couleurs durables de la morale, ouvrant ainsi une nouvelle carrière dans le domaine des lettres. C'est pour ces mêmes couleurs, nuancées ou vivifiées en fonction du texte, que les contes marmontéliens méritent d'être connus, car si d'une part ils s'insèrent dans une époque la France de Louis XV dont ils fournissent un témoignage unique, de l'autre ils sont porteurs d'une leçon éternelle, un message toujours valable qui engage les hommes et leur nature profonde.
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Extrait
Jean-François Marmontel -Alcibiade ou le Moi, Les Quatre Flacons et autres contes Textes réunis et présentés par Pierino Gallo -
Alcibiade ou le Moi,
Les Quatre Flacons
et autres contes
Jean-François Marmontel
Alcibiade ou le Moi, Les Quatre Flacons et autres contes
INTRODUCTION « Le conte moral appartient à Marmontel comme la fable 1 à La Fontaine ou le conte philosophique à Voltaire . » Si 2 l’illustre Limousin n’en fut pas l’inventeur, il fut du moins, parmi les écrivains qui s’y essayèrent, celui qui le pratiqua le mieux, en mettant ces récits brefs à visée moralisante en accord avec le goût contemporain. Cette attention au public, d’ailleurs, lui était dictée, du moins dans ses premiers essais, par une conception du genre proche de la comédie : s’apparentant au théâtre, les contes marmontéliens, en 3 particulier ceux rédigés de 1755 à 1765 , étaient conçus pour être lus et écoutés dans les salons, dans le but déclaré, disait l’auteur, d’émouvoir et d’instruire plus facilement les membres de l’auditoire.
En 1761, date de la première parution en volume des 4 Contes moraux, le succès fut éclatant : les éditions se multiplièrent rapidement ; plusieurs textes du recueil furent adaptés au théâtre ; en France comme à l’étranger, la formule mise au point par Marmontel fut appréciée et
1 Jean Sgard, « Marmontel et la forme du conte moral », in J. Ehrard (dir.), De l’Encyclopédie à la Contre-Révolution. Jean-François Marmontel (1723-1799), postface de J. Fabre, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, coll. « Écrivains d’Auvergne », 1970, pp. 229-237. 2 Sur la vie et la carrière de Jean-François Marmontel (1723-1799), voir la Chronologie en fin de volume. 3 Marmontel revint sur ce type d’écriture à deux reprises, en produisant deux groupes de contes différents : le premier entre 1755 et 1765 (Contes moraux) ; le second entre 1790 et 1792 (Nouveaux contes moraux). C’est aux contes de la première période que nous nous intéressons ici. 4 Contes moraux, suivis d’une Apologie du théâtre, La Haye, 1761, 2 vol.