L Anti-Frédéric
26 pages
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L'Anti-Frédéric , livre ebook

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Description

L'Anti-Frédéric est un écrit politique qui traite du conflit entre la nécessité du pouvoir et sa tendance à se transformer en tyrannie.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 137
EAN13 9782820628435
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Essai»

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ISBN : 9782820628435
Sommaire


LETTRE DE M. DENIS DIDEROT
NOTES ÉCRITES DE LA MAIN D’UN SOUVERAIN A LA MARGE DE TACITE
L' ANTI-FRÉDÉRIC
LETTRE DE M. DENIS DIDEROT
SUR L’EXAMEN DE L’ESSAI SUR LES PRÉJUGÉS


L’auteur de l’ Essai s’est représenté le monde tel qu’il est, plein de menteurs, de fripons, d’oppresseurs en tout genre. Des rois despotes et méchants, il y en a dans ce monde, a-t-il dit qu’il n’y en eût point ? Des ministres violents, dissipateurs, avides, il y en a dans ce monde, a-t-il dit qu’il n’y en eût point ? Des magistrats corrompus, il y en a dans ce monde, a-t-il dit qu’il n’y en eût point ? Des prêtres fourbes, insensés, fanatiques, il y en a dans ce monde, a-t-il dit qu’il n’y en eût point ? Des hommes aveuglés par toutes sortes de passions, des pères durs et négligents, des enfants ingrats, des époux perfides, il y en a dans ce monde, a-t-il dit qu’il n’y en eût point ? Il n’a donc pas fait un monde idéal. Mais il a prétendu et prétend encore que l’homme aime la vérité. En tout genre l’homme aime la vérité, parce que la vérité est une vertu ; l’homme cherche sans cesse la vérité ; c’est le but de toutes ses études, de tous ses soins, de tous ses travaux ; il déteste l’erreur, parce qu’il sait bien qu’en quoi que ce soit, il ne saurait se tromper sans se nuire à lui-même ; son vrai bonheur est fondé sur la vérité. Depuis la plus haute des conditions jusqu’à la dernière, on s’occupe de la recherche de la vérité absolue ou de la vérité hypothétique. Les erreurs passent, mais il n’y a que le vrai qui reste. L’homme est donc fait pour la vérité ; la vérité est donc faite pour l’homme puisqu’il court sans cesse après elle ; qu’il l’embrasse quand il la trouve ; qu’il ne veut ni ne peut s’en séparer quand il la trouve. Il ne faut pas juger les hommes par leurs actions. Tous peuvent dire comme Médée : video meliora proboque, deteriora sequor .
Si le monde est plein d’erreurs, c’est qu’il est plein de scélérats prédicateurs du mensonge ; mais en prêchant le mensonge ils font à leurs dupes l’éloge de la vérité, mais leurs dupes n’embrassent le mensonge qui leur est prêché que sous le nom de la vérité ; il y a tant d’ennemis du vrai, du bon et du bien ; tant de fausses lois ; tant de mauvais gouvernements ; tant de mauvaises mœurs ; tant d’hommes qui trouvent leur intérêt dans le mal.
Tout mensonge attaqué est détruit et détruit sans ressource : toute vérité prouvée l’est à jamais.
Si la terre est couverte d’erreurs, c’est moins la faute de l’homme que des choses. C’est qu’en toute chose la vérité est une et que les erreurs sont infinies. C’est qu’il y a dix mille moyens de se tromper et qu’il n’y a qu’un moyen d’être vrai.
Si la vérité n’est pas faite pour l’homme, pourquoi ce critique de l’ Essai sur les préjugés a-t-il écrit ? pourquoi est-il surpris de trouver l’auteur de l’ Essai plein d’erreurs ? pourquoi le traite-t-il avec tant de mépris et de colère ? pourquoi un homme qui fait si grand cas de son temps, le perd-il à tracer des lignes qui ne serviront de rien ?
Le plus inconséquent des hommes est celui qui dit que la vérité n’est pas faite pour l’homme, et qui prend la plume en faveur de la vérité. Le plus absurde des hommes est celui qui écrit des vérités et qui écrit que l’homme est fait pour l’erreur.
La vérité se dérobe sans cesse aux recherches les plus pénibles de l’homme. Mais excepté la longitude et la quadrature, quelle est la vérité que ces recherches continues ne puissent découvrir ?
La force de la vérité arrache cet aveu à l’auteur ; il est donc sous l’empire même tyrannique de la vérité ; il est un de ses esclaves.
S’il prend la fatigue et la peine avec laquelle nous obtenons les choses pour preuve qu’elles ne sont pas faites pour nous, la vertu n’est pas faite pour nous, le bonheur n’est pas fait pour nous, la probité n’est pas faite pour nous ; car l’œuvre du bonheur ne s’accomplit pas sans peine ; la vertu est presque toujours un sacrifice pénible de soi ; la probité demande de la force, du courage, une vue bien claire, bien nette de ses propres intérêts bien entendus, l’oubli du moment, dont la récompense incertaine n’est que dans l’avenir.
Lorsque cet homme dit que la vérité n’est pas faite pour l’homme, que l’erreur est son partage, il va bien plus loin qu’il ne croit. C’est un enfant qui balbutie.
Il s’épuise en lieux communs sur la multitude des erreurs qui entraînent le monde ; et il ne voit pas le tableau des vérités qu’on lui pourrait opposer.
Si un prédicateur montait en chaire et qu’il débutât par ces mots : « Hommes, vous n’êtes pas faits pour la vérité, la vérité n’est pas faite pour vous », ne faudrait-il pas lui tourner le dos et le laisser prêcher tout seul ? Si quelqu’un de son auditoire se levait et lui disait : « Que fais-tu donc là, effréné bavard ? ce que tu vas dire est vrai ou faux : s’il est faux, tais-toi ; il y a déjà assez de faussetés sans les tiennes : s’il est vrai, cela n’est fait ni pour toi ni pour nous. »
Si la vérité nous est antipathique, inaccessible, inutile, pourquoi ne sommes-nous pas aussi barbares que nos premiers aïeux ?
Pourquoi les efforts successifs de l’esprit humain ont-ils eu quelques succès ? Pourquoi l’esprit humain a-t-il fait des efforts ? Quelle est la vérité utile à l’homme qui ne soit pas découverte un jour ?
Si cette vérité se trouve jamais dans la tête d’un roi sage, que ne produira-t-elle point ?
Hé bien, sublime raisonneur, la société ne peut donc subsister sans la vertu ? et la vertu, qui n’est que le vrai dans les mœurs, peut-elle être sans la vérité ? la société ne peut donc être sans la vérité. Ces vérités sont communes sans doute. Mais quelle espèce d’homme est celui qui les traite comme telles et qui les ignore ?
Quand on se met sur la ligne des réfutateurs, il faut commencer par avoir de la bonne foi. L’auteur a prétendu sans doute qu’il était inutile de dire à un homme qu’on avait trouvé sa femme, qu’il croit sage, entre les bras de son ami, qu’il croit honnête ; que fait cette vérité au bonheur de l’espèce humaine ? or il est évident que l’auteur ne parle que de ces dernières, et il est convaincu qu’il est d’un philosophe, d’un homme de bien, d’un ami de ses semblables, de les annoncer sans ménagement ; et les raisons qu’il en donne ou qu’il en peut donner, c’est que le mensonge ne peut avoir que des suites fâcheuses en corrompant le jugement et la conduite ; c’est que le mensonge est à l’origine de toutes nos calamités ; c’est que le bien qu’il produit est passager et faible et que les suites en sont longues et toujours funestes ; c’est qu’il n’y a aucun exemple que la vérité ait été nuisible ni pour le présent ni pour l’avenir. Ses progrès sont trop lents, et le bien est toujours à l’extrémité de ses conséquences. Cet homme-ci ne sait pas encore assez bien notre langue, il fera peut-être des vers médiocres, mais la philosophie demande plus de précision. Le paradoxe n’est point une opinion contraire à une vérité d’expérience, car le paradoxe serait toujours faux : or il arrive assez souvent que c’est une vérité. Le paradoxe n’est donc qu’une proposition contraire à l’opinion commune ; or l’opinion commune pouvant être fausse, le paradoxe peut être vrai. Quand on est pointilleux, il faut au moins montrer de la justesse. C’est un avis que l’auteur nous permettra de donner à ceux qui ont l’humilité de s’abaisser au métier de critiques.
Je ne sais si l’auteur a dit bien positivement que son projet était de renverser la superstition dominante de son pays ; mais voici un fait très positif, c’est que grâce à ses efforts et aux efforts de ses semblables, l’empire du fanatisme est très affaibli

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