L’image dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam
112 pages
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Description

Extrait de l'introduction : "Écoute (shema) toi l’Hébreu, vois (vides) toi le Chrétien, lis (iqra’) toi le Musulman. Par ce décret, chaque fidèle se voit gratifié d’un lieu divin qui a valeur de profession de foi, à chacun une primauté est réservée en don. Dans l’histoire, ces trois injonctions ont fait se dérouler trois récits d’une vérité unique : Dieu. "

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Date de parution 03 septembre 2018
Nombre de lectures 4
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D.L. : 2006/1324 ISBN : 9954-429-46-8 Editions AÏNI BENNAÏ 131, Boulevard d’Anfa 20000, Casablanca, Maroc
Tél : + 212 22 270907 Cell : +212 62048411 E.mail : eds.aini.bennai@wanadoo.net.ma
RACHIDBENLABBAH
L’image dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam
Editions Aïni Bennaï Collection Humanités
à Anna-Lena Centing
Introduction
Écoute (shema)toi l’Hébreu, vois (vides) toi le Chrétien, lis (iqra’) toi le Musulman. Par ce décret, chaque fidèle se voit gratifié d’un lieu divin qui a valeur de profession de foi, à chacun une primauté est réservée en don. Dans l’histoire, ces trois injonctions ont fait se dérouler trois récits d’une vérité unique : Dieu.
Dieu a inspiré dans la durée trois religions dont l’esprit est tout entier tourné vers le visible et le lisible. Un regard sur ce que serait l’histoire respective, une histoire possible, du lisible (parole, écriture et réception) et du visible (représentation, médium et réception), leur rencontre nécessaire, nous renseignerait d’emblée sur le long parcours de l’homme : magicien, mythologue, adorateur, fidèle, créateur, consommateur et enfin communicateur. Chaque époque en a privilégié un type sans exclure les autres, bien au contraire.
 C’est que le visible et le lisible ne se justifient que par rapport à une religion de l’invisible. Ce dernier atteint le croyant par le biais de représentations qui fondent pour chaque temps sa vision du monde et ainsi son image, sa parole et son écrit. L’image figure Dieu (ou les dieux) au moment où Sa présence arrive à percer à travers la langue. La manifestation de Dieu semble ainsi une affaire de médium : soit elle est matérielle et donc sensible, soit immatérielle et donc intuitive ou intelligible. Cette articulation a donné lieu à une rupture consacrant l’introduction historiquement du principe de la transcendance divine 1 et la naissance de l’écriture abstraite . L’image matérielle a depuis cédé une certaine forme de transmission, elle a abandonné à l’écrit et à la parole le pouvoir de vecteur des significations. Elle a par contre commencé à supporter une constante opération de compréhension et de contrôle, inaugurée par l’AncienTestament et le discours de la philosophie hellénique sur l’image. Cette distinction entraînera dans le temps des rapprochements et des divergences entre l’écrit et l’image, voire des polémiques à propos du bien fondé de celle-ci, qu’elle soit image-dieu, image de culte ou image d’art. L’image a ainsi commandé un commentaire impressionnant par sa diversité et son volume, bien plus saisissant que celui appliqué à la musique. Celle-ci qui n’a pas non plus, au moins depuis les Grecs, échappé aux lois
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restrictives. La société musulmane a par exemple tergiversé sur son sort. Tous les partis se sont, sur la même foi des paroles du prophète Muhammad, prononcés ou pour ou contre le chant et la musique. Les uns réagissaient sous prétexte qu’ils figurent les instruments de Satan, d’autres y consentaient lorsqu’ils n’encourageaient pas à les 2 cultiver .
L’image a plus provoqué le mot à cause peut-être de sa puissance agissante. D’un autre côté, les images n’ont jamais perdu leurmystère, malgré la sécularisation progressive de l’expérience duvoir, entaméepar la révolution artistique et l’humanisme de la 3 Renaissance . La photographie déjà, au temps de son invention, avait éveillé une hébétude collective magique, occasionné un pessimisme insoupçonné quant à l’avenir de l’art et subi des  4 autorités religieuses une réprobation immédiate pour blasphème .
 L’étude de l’évolution des images confronte l’intéressé à la constance du défi opposé à l’autorité de l’écrit-parole : querelle, prohibition, mise au pas, esthétique, critique d’art, littérature, slogan… Au point qu’il a été demandé à la lettre et au mot de faire image, à l’exemple, chez les musulmans, des arborescences des poètes sous la dynastie des Mamelouks et , au Maroc, de certains poèmes visuels du e 5 XIV siècle , ou en core les calligraphies expressives et figuratives.
 Mais l’image calligraphique arabe avait pour mission la vérité. Sa fin en soi est le sens révélé par Dieu. Elle est l’auxiliaire de la religion. Son office est la beauté de la Parole, parole révélée consignée par et dans la langue et l’écriture qu’elle sanctifie par la force des choses.
L’arabe n’est pas l’unique langue à avoir été sacrée idiome d’origine divine. Les Hébreux et les Chrétiens avaient déjà soutenu l’élection de l’hébreu. L’enjeu métaphysique de la langue, étendu à l’écriture, a néanmoins provoqué des polémiques et des oppositions, a donné lieu à des positions réfléchies et des approches rationnelles qui cherchaient à relativiser les explications volontaires qui défendaient l’émanation divine. C’est dire que la querelle religieuse, lorsqu’elle ne touche pas au statut de l’image, cristallise autour de la question de la provenance de la langue et de l’écriture choisies pour transmettre le message de Dieu. L’objet de l’étude qui suit se situe en amont. Là où l’image est livrée aux décrets religieux, là également où le zèle et la raison disputent de la langue de Dieu. Le cas ponctuel
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de l’image sur lequel se sont exprimés successivement les trois monothéismes révélés, Judaïsme, Christianisme et Islam. Le long procès de l’image entretenu par le discours des traditions respectives aux trois religions, dans lequel la sentence se réduisait à l’alternative licite/illicite. De même pour l’origine de la langue (des langues) et de l’écriture, l’éprouver à la lumière des textes révélés, suivre les mobiles qui nourrissent la controverse et exposer les argumentations des partisans et des détracteurs.
Notes : 1 ฀ ฀ -฀ 5000฀ ans,฀ ฀ à฀ Sumer,฀ première฀ civilisation฀ de฀ Més opotamie,฀ au฀ même฀ moment฀ où฀ en฀ Égypte฀ pharaonique฀ l’on฀ utilisait฀ les฀ hiéroglyphes, ฀ système฀ uni฀ d’image฀ et฀ d’écriture,฀ et฀ en฀ Chinelesidéogrammes.Lesspécialistessaccordentgénéralementàdéterminerloriginedespressentimentsannonciateursdelécrituredanslesdessinsdesgrottes,lesdessinsinciséssurla฀pierre฀(pétroglyphes)฀et฀la฀peinture฀rupestre฀de ฀l’âge฀dit฀préhistorique.฀De฀fil฀en฀aiguille฀et฀ suivant฀un฀processus฀long฀et฀complexe,฀s’est฀opérée ,฀selon฀ces฀derniers,฀la฀distinction฀des฀signes฀ (formes,฀motifs,฀caractères,฀lettres)฀de฀manière฀à฀ les฀faire฀correspondre฀chacun฀à฀un฀mot฀précis. 2฀ -LauteurmusulmanduIXesiècleIbnKhurdâdhbeh(861-911),contemporaindesAbbassides,donne฀un฀aperçu฀sur฀cette฀polémique฀dans฀son฀livre฀ sur฀les฀artistes฀musiciens฀de฀son฀temps฀:฀ Kitâb฀al-lahw฀wa฀al-malâhî.฀La฀première฀édition฀dans฀l’histoire฀de฀morceaux฀choisis฀de฀ce฀ livreesttouterécente(Beyrouth,imprimeriecatholique,1961,cf.pp.12-13). 3 -฀Cf.฀Luis฀Monreal,฀Chefs-d’œuvre฀de฀la฀peinture,฀Paris,฀Fernand฀Nathan,฀1981,฀pp.26-66;฀ Pierre฀ Francastel,฀ peinture฀ et฀ société,฀ Naissance฀ et฀ destruction฀ d’un฀ espace฀ plastique,฀ de฀ la฀ Renaissanceaucubisme,Paris,Denoël-Gonthier,1977. 4 -฀ ฀ Cette฀ image฀ “diabolique”฀ avait฀ fait฀ dire฀ à฀ un฀ écrivain฀ paniqué฀ de฀ la฀ gazette฀ chrétienne฀ allemande฀du฀XIXe฀siècle,฀le฀Leipziger฀stadtanzeiger฀:฀“prétendre฀fixer฀de฀fugitives฀images฀de฀ miroir฀n’est฀pas฀seulement฀une฀impossibilité,฀comme฀l’ont฀solidement฀prouvé฀les฀travaux฀de฀ la฀science฀allemande฀mais฀le฀projet฀lui-même฀est฀déjà฀blasphématoire.฀L’homme฀a฀été฀créé฀à฀ l’image฀de฀Dieu฀et฀cette฀image฀ne฀peut฀être฀fixée฀par฀aucune฀machine฀humaine.฀Au฀maximum฀ l’artiste฀divin,฀inspiré฀par฀un฀don฀céleste,฀peut฀essayer,฀à฀l’instant฀suprême฀de฀bénédiction,฀sur฀ l’ordre฀supérieur฀de฀son฀génie,฀de฀rendre฀les฀traits฀divino-humains฀sans฀le฀secours฀d’aucune฀ machine.”฀Cf.฀Walter฀Benjamin,฀«Petite฀histoire฀de฀la฀photographie»฀(1936),฀Œuvres฀II,฀Poésie฀ etRévolution,Paris,ÉditionDenoël,1971(trad.française),p.16,voiraussip.34.5 -฀ ฀ La฀ poésie฀ calligrammatique฀ est฀ apparue฀ au฀ temps฀ de฀ la฀ dynastie฀ des฀ Mérinides฀ (1258-1465),฀témoignant฀d’un฀penchant฀plutôt฀baroque.฀Le฀poème฀décrivait฀plastiquement฀une฀figure฀ végétale฀ou฀animale.฀Des฀fois,฀pour฀faire฀l’éloge฀du฀règne฀d’un฀sultan,฀le฀poète฀avait฀recours฀à฀ l’illustration฀visuelle฀en฀concevants฀ on฀poème฀sous฀forme฀d’un฀arbre,฀symbole฀del฀ ’enracinement฀ de฀ la฀ grandeur,฀ et฀ donc฀ le฀ lecteur,฀ semble-t-il,฀ devait฀ commencer฀ sa฀ lecture฀ par฀ en-bas฀ et฀ poursuivre฀dans฀les฀parcours฀sinueux฀des฀branches.฀L’image฀seule฀signifiait฀l’objet฀du฀poème฀ (cf.฀ Mohamed฀ Manouni,฀ «฀At-taswîr฀ bi-l’Maghrib฀ al-islâmî฀ fî฀ l’qadîm฀ »,฀Abhât฀ mukhtâra,฀ Rabat,PublicationduMinistèredesAffairesculturelles,2000,p.209.ManounirenvoieaupoèteégyptienAl-Bûsayrî,lequelréféraitàuncalligrammepoétiquecomposéparunpoètemarocain฀de฀cette฀époque).฀Au฀même฀moment,l฀ es฀poètes฀sous฀les฀Mamelouks฀d’Égyptef฀ aisaient฀ un฀ large฀ usage฀ de฀ ce฀ procédé,฀ créant฀ une฀ poésie฀ calligraphiée฀ et฀ ornementale฀ par฀ l’image.
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