Immigrations plurielles - Témoignages singuliers
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Description

Immigration choisie, immigration subie, immigration illégale, depuis le milieu des années 1970, avec la fermeture des frontières à l’immigration de travail, l’immigré est devenu l’ennemi, celui qui vient piller nos richesses, et profiter de nos acquis sociaux.Pourtant derrière ces mots vilipendés, « immigrés», « immigration » se cachent des histoires personnelles, des histoires singulières, des histoires familiales, d’individus qui ont tout laissé derrière eux pour « gagner » la France.C’est donc avant tout l’histoire d’un voyage parfois volontaire, parfois imposé mais avec un aller-simple le plus souvent. Anna, Maria, Lakhdar, Mona, Guido, Fatéma, derrières leurs trajectoires se devinent les vagues successives de l’histoire de l’immigration en France.Ce présent ouvrage a voulu rendre hommage à tous ces travailleurs venus d’ailleurs et que l'on veut à tout prix renvoyer chez eux. Mais chez eux, c'est dorénavant ici. Leurs enfants sont français et tentent de dépasser le vocable "fils, fille d'immigrés" auquel ils sont assignés malgré eux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782359300710
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0480€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nadia Hathroubi-Safsaf
Immigrations plurielles Témoignages singuliers
Les points sur les i Éditeurs
Photo 4° de couverture – Wafaa El Yazid – Droits réservés
Immigrations plurielles – Témoignages singuliers Droits réservés
ISBN : 978-2-35930-071-0 Les Points sur les i éditeurs 16 Boulevard Saint-Germain 75 005 Paris
www.i-editions.com
A mes enfants.
Qu’ils n’oublient jamais que leurs grands-parents sont venus d’ailleurs…
« Dans toute mon existence, je n’ai entendu que deux êtres parler de la France avec le même accent: ma mère et le général de Gaulle. Ils étaient fort dissemblables, physiquement et autrement. Mais lorsque j’entendis l’appel du 18 juin, ce fut autant à la voix de la vieille dame qui vendait des chapeaux au 16 de la rue de la grande Pohulanka à Wilno, qu’à celle du Général que je répondis sans hésiter ».
La promesse de l’aube, Romain Gary.
Préface Tata Milouda
Ah quelle vie les immigrés
Quelle vie, quelle vie
La moitié ici, la moitié là-bas
Mes trois filles ici, mes trois garçons là-bas
Mes quatre petits-enfants ici, mes quatre petits-enfants là-bas
Parfois ma tête ici, mon corps là-bas
Parfois mon corps ici, ma tête là-bas
Je n’étais pas la seule, ma voisine, c’était pareil
Tous les immigrés étaient dans le même bateau
Quand j’étais jeune fille, je rêvais de partir en France
Quand j’étais jeune femme, je rêvais de parler français
Je voyais dans mon village, les immigrés revenir avec leurs voitures chargées
Bien habillés, bien coiffés, bien maquillés
Je me disais que ce sera le Paradis
C’était l’enfer qui m’attendait
Ma patronne me faisait travailler au noir
Je n’avais pas de papiers comme tant d’autres
Ah quelle vie les immigrés
Quelle vie, quelle vie
La moitié ici, la moitié là-bas
Mes trois filles ici, mes trois garçons là-bas
Mes quatre petits-enfants ici, mes quatre petits-enfants là-bas
Parfois ma tête ici, mon corps là-bas
Parfois mon corps ici, ma tête là-bas
Mais je ne suis pas toute seule
Il y en a des millions comme moi
Seule la carte téléphonique pouvait sécher nos larmes
On en a usé des millions, des millions, en francs ou euros
Je travaillais pour moitié pour mes enfants,
moitié pour survivre et moitié pour la carte téléphonique
On trouve qui dans les cabines téléphoniques ?
Les immigrés, les immigrés, les immigrés…
Tous les jours, j’ai pleuré, je pleure encore maintenant.
Ah quelle vie les immigrés
Quelle vie, quelle vie
La moitié ici, la moitié là-bas
Qui est Tata Milouda ?
Milouda Chaqiq alias Tata Milouda est une slameuse de 62 ans. Cette « artiste de la vie », comme elle l’écrit sur ses cartes de visite, a reçu en juillet 2012 l’insigne de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres des mains de son ami Grand Corps malade à qui elle doit son nom de scène. Venue du Maroc en 1985, sans savoir ni lire ni écrire, elle commence à 50 ans des cours d’alphabétisation. Dix ans plus tard, la voici sur scène pour « slamer » sa vie d’immigrée en France, ses années de « sans-papiers »…
Introduction
“ Je n’ai pas une seule goutte de sang français mais la France coule dans mes veines. ” Romain Gary
Sa respiration est courte. On distingue entre deux quintes de toux, un léger sifflement. Une maladie causée par l’amiante qu’il a respiré sur les chantiers? L’asthme qui s’est développé avec l’âge? Une tuberculose contractée au foyer ? Ses mains et sa voix tremblent. Il pourrait s’appeler Mohamed, José ou même Pedro. C’est peut-être votre grand-père, votre père, votre oncle ou votre voisin. Sur ces épaules courbées, on devine le poids des années de dur labeur. Des sacs de ciments portés, des cageots de fruits déballés, des poubelles sorties. Dans ces yeux tristes se lisent l’exil, peut-être volontaire, peut-être imposé, mais l’exil tout de même…
Comment est-il arrivé en France ? A-t-il fui la guerre dans son pays ? La dictature ou plutôt la faim ? Avait-il des rêves, des espoirs ? Les a-t-il réalisés ?
Trente ans, quarante ans, cinquante ans plus tard, quelque part de l’autre côté de la Méditerranée, des femmes et des hommes s’affairent. Dans quelques heures, ils embarqueront pour rejoindre ce qu’ils croient être un eldorado, cette Europe à la fois si proche et si lointaine. Ils arriveront peut-être à bon port, peut-être pas.
Qu’importe, ils sont prêts à braver la mer, à tenter cette partie de poker menteur. Persuadés de trouver une vie meilleure.
Il est là le vœu pieux de chaque immigré : trouver une vie meilleure, vivre décemment, manger à sa faim, s’exprimer librement. Pour le voir exaucé, tous les risques sont permis. Fuir sous les balles, marcher dans la neige, naviguer de nuit, payer un passeur. La France n’est-elle pas une terre d’asile et le pays des droits de l’homme ? Ne vaut-elle pas tous les sacrifices, même au prix de la vie ?
Cent trente nationalités coexistent et vivent ensemble dans l’Hexagone. Pour les désigner, un seul vocable : immigration. Pourtant, derrière chacun de ces immigrés se cache une histoire singulière, un parcours de vie. Une dimension humaine que nos chers politiques gomment (volontairement ?) de leurs discours.
L’immigré est un anonyme, un chiffre qu’on lance pour faire peur dans un débat télévisé, un meeting électoral. Il est le bouc émissaire tout trouvé pour expliquer la montée du chômage, les crises financières, le déficit de la Sécurité sociale. Il est celui que l’on peut renvoyer chez lui. Peu importe que ses attaches soient ici, peu importe que ses enfants soient français. Il est l’Autre, l’étranger. Celui qui vient piller nos richesses et parfois nos femmes. Celui qui vient profiter de nos acquis sociaux.
Pourtant, ces hommes et ces femmes ont fait la France, au sens propre comme au figuré. Ils ont construit nos routes, creusé dans nos mines, nettoyé nos rues, nos intérieurs, bercé nos enfants, soigné nos malades, appris à fabriquer notre chère baguette.
C’est à ces anonymes venus d’ailleurs que le présent ouvrage veut rendre hommage. Ces anonymes montrés du doigt, ces anonymes au nom de qui trop souvent on s’exprime, mais auxquels on ne donne que trop rarement la parole.
Anna, Maria, Fatéma, Meriem, Mona, Guido, Jian, Lakhdar, Alain, Juan : que de vies différentes, que d’histoires personnelles. Leur seul point commun ? Ils ont choisi la France et fait la France !
Partie 1 : Immigrations plurielles
La France est un « creuset »
Ces immigrés si souvent pointés du doigt ont contribué à développer la richesse de notre pays. Ils ont de tout temps apporté leur force de travail, leur savoir-faire et leur culture. Le couscous n’est-il pas le plat préféré des Français ?
Depuis la moitié du XIXe siècle, l’Hexagone accueille au gré des circonstances historiques, politiques et économiques, des immigrés d’origines très diverses. La France est donc « un creuset » selon l’expression chère à l’historien Gérard Noiriel. Au départ, il s’agit de compenser un taux de natalité en baisse. Une des conséquences directes des guerres napoléoniennes. C’est une exception en Europe qui connaît partout ailleurs un boom démographique.
Autre facteur déterminant, en pleine Révolution industrielle, le pays manque de bras et une forte proportion des paysans résiste à l’exode rural. Comment alors faire tourner les usines ? Pour pallier à ce vide, L’Etat encourage la venue d’une immigration frontalière.
Jusqu’en 1914, les immigrés sont donc essentiellement originaires de Belgique et d’Italie, qui constituent les deux tiers des immigrants, mais aussi d’Allemagne, de Suisse et d’Espagne. Pour la première fois, le recensement de 1851 mentionne une catégorie « étranger ». Celle-ci représente alors 1 % de la population, puis à peine 2 % en 1872.
On dénombre, en 1876, 655 000 étrangers dans l’Hexagone qui devient selon la formule consacrée, « un pays d’immigrants dans un continent d’émigrants ». Leur intégration est facilitée par la loi sur le droit du sol en 1889 qui permet aux enfants nés en France de parents étrangers d’acquérir la nationalité française.
Pendant l’

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