Contador toujours sur la sellette

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• Publié par: le-sport-
• Publié le: 03 mai 2011
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Contador toujours sur la sellette

C'est la dernière grande affaire de dopage du cyclisme mondial. Accusé d'avoir pris un produit interdit, le clenbutérol, lors du dernier Tour de France, Alberto Contador a connu un début de saison mouvementé. Tout d'abord suspendu à titre provisoire à la suite des révélations d'un échantillon positif le concernant, l'Espagnol s'est ensuite vu con-firmer une suspension d'un an par sa fédération de cyclisme. Ce qui lui permettait de reprendre la compétition lors de la Vuelta 2011. C'était en janvier dernier. Mais depuis les évènements se sont succédés à vitesse grand V. Contador a décidé de faire appel de sa suspension. "C'est un jour très triste pour moi, expliquait-il à l'issue de l'annonce de sa suspension. C'est une grande désillusion, je suis très affecté. Comme vous le savez, j'ai reçu cette proposition d'une suspension d'un an de la part de la Fédération espagnole. Mais je ne me suis jamais dopé. Je me considère comme un exemple de propreté. C'est triste d'en arriver à devoir analyser une viande avant de la manger. Je vais tout faire avec mes avocats dans les dix jours à venir pour que justice soit faite. Mais je suis dégoûté par la proposition de la Fédération." Alberto Contador en faisait même "une question d'honneur" de prouver son innocence à la terre entière dans un sport déjà trop gangrené par les révélations de dopage. Soutenu par sa nouvelle équipe et son manager, Bjarne Riis, le dernier vainqueur du Tour relançait alors cette affaire qui aurait pu se terminer. Au sein du peloton, son cas n'a pas manqué de diviser. Rapidement, les "pros" et les "antis" ne manquent pas d'afficher leurs opinions publiquement. Le premier est Alexandre Vinokourov. Le Kazakh, qui a également été confronté à des affaires de dopage, a tout de suite apporté son soutien à son ancien coéquipier chez Astana. "Je pensais qu'il arriverait à prouver que son contrôle positif était vraiment dû à la viande qu'il avait mangé. Je connais Alberto depuis 2006 et j'ai toujours côtoyé un garçon formidable. Dans l'équipe, on a tout fait pour s'opposer au dopage et Alberto disait toujours qu'il ne fallait pas qu'un coureur de l'équipe soit positif. Personnellement, je crois toujours qu'il est innocent." Avant de rajouter malgré tout que "si sa sanction est maintenue à un an, il peut revenir. Il a déjà repris l'entraînement avec sa nouvelle équipe, ça peut l'aider." Pour les autres comme Boonen ou Voeckler, il est difficilement concevable de voir Contador seulement suspendu un an alors que d'autres comme Alejandro Valverde ou Mikel Astarloza ont été reconnus coupable pour des faits de dopage et sanctionnés deux ans. Cyrille Guimard ne le comprend toujours pas non plus. "Dans la logique des choses, il devrait même être suspendu deux voire trois ans pour nous avoir raconté une histoire auquel personne n'a jamais cru. Il serait bon, à l'avenir, de mettre des sanctions par rapport à des affabulations données par l'ensemble des sportifs. Si la suspension se confirme, j'espère qu'il aura la décence de ne pas continuer à faire des appels et des contre-appels. Il aurait plutôt intérêt à dire merci à la Fédération espagnole de le suspendre si peu. Il aura gâché notre Tour de France et tout le plaisir que l'on a pu avoir à suivre l'épreuve 2010. J'espère qu'il ne sera pas là au départ de l'édition 2011. S'il avait été français, il aurait pris au minimum deux ans." Un discours amer qui reflète bien le malaise qui entoure le cas du triple vainqueur du Tour (2007, 2009, 2010). Pour les organisateurs de la Grand Boucle, cette affaire vient encore ternir l'image d'un sport qui n'en avait pas besoin. Christian Prudhomme ne cache pas son agacement derrière la succession de ces affaires et espère enfin que les décisions futures entérineront une bonne fois un dossier comme celui de Contador. "On espère surtout que le feuilleton va se finir le plus vite possible. Il a été contrôlé positif à une substance interdite. Je vois donc mal comment on pourrait arriver à une non-sanction." Néanmoins, le directeur du Tour concluait son a-nalyse d'un doute qui s'est révélé vrai depuis. En février, Alberto Contador est autorisé à courir par la Fédération espagnole de cyclisme. Un vice de forme serait à l'origine de la surprenante décision de blanchir El Pistolero. En prenant le risque de s'opposer à la première décision de la RFEC, Contador allait au bout de ses idées. Pour lui, accepter la peine serait comme reconnaître être coupable. Et ses avocats ont réussi là où beaucoup auraient échoué. Il faut dire que le vainqueur du Tour avait même réussi à rallier le Premier Ministre espagnol, José Luis Zapatero, à sa cause. Entre-temps, Alberto Contador a repris la compétition avec succès. Après une mise en route sur le Tour de l'Algarve, ce dernier s'est offert de beaux succès au Tour de Murcie, au Tour de Catalogne ainsi qu'au Tour de Castille et Léon. Pour sa première course en dehors d'Espagne, Contador s'est attaqué au Mur de Huy sur la Flèche Wallonne où il a terminé 11ème au final. L'ambition du champion espagnol est restée intacte malgré les dernières épreuves qu'il a vécues. Et même les récents appels de l'UCI (Union Cycliste Internationale) et l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) qui envoient le dossier au TAS (Tribunal Arbitral du Sport) ne pourraient le perturber. Maintenant, ce dernier court avec une épée de Damoclès au-dessus de lui et tout pourrait s'arrêter dans les prochains mois. Désormais tout se jouera en Suisse. "Le TAS est la plus haute juridiction sportive, explique Christian Prudhomme. Nous voulons non pas une réponse, mais la réponse. Nous avons déjà trop attendu. Je ne peux pas imaginer que nous n'ayons pas de réponse avant le départ du Tour." En effet, c'est la présence de Contador au prochain Tour de France qui se jouera notamment dans les prochaines semaines. Aujourd'hui, la machine juridique et sportive est en route. Ce qui n'est pas pour déplaire à Alberto Contador. "J'aurais souhaité que cela se passe autrement, mais j'ai confiance en les arguments que vont donner mes avocats. Cela va me permettre de rendre encore plus claire mon innocence." Soutenu maintenant par sa Fédération, l'Espagnol sera également défendu par Maître Jean-Louis Dupont qui reste connu pour être l'avocat de Jean-Marc Bosman, l'homme du fameux Arrêt Bosman, surtout connu des footballeurs.

Accepter la peine serait reconnaître être coupable

Avant de penser au TAS, Contador compte bien s'offrir un nouveau challenge à sa hauteur en remportant le prochain Giro. Déjà vainqueur en 2008 dès sa première participation, l'Espagnol veut continuer à briller sur la route pour prouver que ses résultats passés ne sont pas des accidents. Aujourd'hui, c'est le président de la RFEC, Juan Carlos Castano qui résume le mieux la situation. "Tout reprend de zéro. L'une et l'autre des parties peuvent maintenant fournir de nouvelles preuves et documents. Tout dépendra des critères pris en compte par les trois juges du TAS, et de l'application du code mondial antidopage. La clé est de savoir s'ils penseront qu'il y a eu négligence ou pas. Il est difficile de prédire ce qu'il va arriver." C'est la clef de l'équation. Le TAS suivra-t-il les derniers exemples du tennisman Richard Gasquet et du pongiste Dimitri Ovtcharov qui ont été blanchis après avoir été accusés de dopage ? Rien n'est moins sûr. Mais derrière, la décision du TAS pourrait faire découler un lot impressionnant de conséquences. D'un point de vue sportif, les derniers résultats d'Alberto Contador depuis la révélation de son échantillon positif pourraient lui être retirés. D'un point de vue financier, El Pistolero devrait reverser 70 % de son salaire aux instances internationales (3,1 M€ annuels) si sa suspension dépasse les deux ans. Si elle est confirmée sur un an, le pourcentage redescendrait à 0 %. Cet hiver, son ancien directeur sportif chez Astana, Guiseppe Martinelli, avait été le seul à conseiller Contador d'accepter la suspension d'un an qui lui aurait permis de revenir pour la Vuelta 2011. Un conseil qui pourrait se révéler juste. Surtout que depuis, le journal Marca a affirmé que Contador n'aurait pas été positif qu'à une seule reprise, mais à quatre occasions lors du Tour 2010 ! Le dossier reste complexe, mais alors que tout le monde s'enthousiasmait déjà de revoir le duel Contador-Schleck sur les routes de France cet été, cette affaire rejette encore le cyclisme dans le doute. Et pour enfin en connaître la con-clusion, rendez-vous en juin prochain.

FICHE COUREUR Né le 6 décembre 1982 à Madrid (Espagne) 1m76 - 62 kg - Coureur de courses par étapes, Grimpeur Professionnel depuis 2003, 2 participations au Giro (2008 et 2011), 4 au Tour (2005, 2007, 2009 et 2010) et 1 à la Vuelta (2008). Equipes : Once-Eroski (2003, Esp.), Liberty-Seguros (2004-2006, Esp.), Astana-Wurth (2006, Esp.), Discovery Channel (2007, USA.), Astana (2008-2010, Kaz.), Saxo Bank-Sungard (depuis 2011, Dan.). Palmarès : Champion d'Espagne du Contrela-Montre Espoirs (2002) et du du Contre-la-Montre Seniors (2009); Vainqueur de la Semaine Catalane (2005), du Paris-Nice (2007 et 2010), du Tour de Castille-et-Léon (2007, 2008 et 2010), du Tour de France (2007, 2009 et 2010), du Tour du Pays basque (2008 et 2009), du Tour d'Italie (2008), du Tour d'Espagne (2008), du Tour de l'Algarve (2009 et 2010), du Tour de Murcie (2011) et du Tour de Catalogne (2011); Vainqueur du Classement du Meilleur Jeune du Tour (2007), du Tour d'Espagne (2008), et du Classement UCI (2009), Vainqueur d'étapes sur le Tour de Pologne (2003), Tour Down Under (2005), Semaine Catalane (2005), Tour du Pays basque (2005, 2008, 2009), Tour de Romandie (2005, 2006), Tour de Suisse (2006), Tour de Valence (2007), Paris-Nice (2007, 2009 et 2010), Tour de Castille-et-Léon (2007, 2008, 2010 et 2011), Tour de France (2007 et 2009), Tour du Pays basque (2008 et 2009), Tour d'Espagne (2008), Tour de l'Algarve (2009 et 2010), Critérium du Dauphiné Libéré (2010), Tour de Murcie (2011), et Tour de Catalogne (2011). Site officiel : www.albertocontador.com