Images de l étranger
200 pages
Français

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Description

Dans les sociétés de l'hémisphère Nord, on assiste à un brouillage des frontières de l'altérité. Le développement de mouvements d'émigration et de diaspora contribue à une redéfinition des identités. La multiplication des voyages professionnels et touristiques ainsi que l'internationalisation des médias provoquent comme une mondialisation des imaginaires et de nouvelles formes de proximité.

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Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 16
EAN13 9782296502390
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98065-5
EAN : 9782296980655
Titre
Sous la direction de
Guy Lochard & Marie-Dominique Popelard






IMAGES DE L’ÉTRANGER
Nous adressons nos remerciements
à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3
et à l’Institut National de l’Audiovisuel pour l’accueil qu’ils ont réservé au colloque dont ce livre est issu.

Jamais le colloque n’aurait pu avoir lieu sans l’aide généreuse, patiente et souriante de Sirin Dilli.
Qu’elle trouve ici notre reconnaissance.

Le soutien matériel assuré par l’EA 1484 (Communication, Information, Médias) fut précieux.
Présentation
Impossible aujourd’hui de parler d’image de l’étranger autrement qu’au pluriel. Surtout peut-être dans les sociétés des pays de l’hémisphère Nord, on assiste à un brouillage des frontières de l’altérité, dû essentiellement à deux processus réciproques. D’une part, le développement de mouvements d’émigration et de diaspora contribue à une redéfinition des identités, de plus en plus marquées par l’hybridité et la fluidité. D’autre part, la multiplication des voyages professionnels et touristiques ainsi que l’internationalisation des médias provoquent comme une mondialisation des imaginaires et de nouvelles formes de proximité (le tourisme qu’on dit solidaire, les programmes artistiques à visée interculturelle) entre des groupes humains inscrits dans des espaces géographiques éloignés.
Ces situations engendrent et sous-tendent une littérature plus ou moins lénifiante où dialogue rencontre valent métaphoriquement entre les cultures en déniant pourtant que c’est bien souvent par la médiation d’images matérielles que ces rencontres ont lieu : des images péjoratives lors de certaines crises événementielles comme celle déclenchée en 2004 par la publication en Europe de caricatures de Mahomet ; des images euphorisantes et à volonté d’exotisme engendrées tant par certaines productions médiatiques (principalement les magazines écrits et audiovisuels de voyages et/ou d’aventures) que par les supports de communication touristique ; des images traumatisantes telles que celles des catastrophes naturelles qui placent un spectateur à distance face à des populations démunies ; ou les images du surgissement, sur les côtés italiennes ou espagnoles, de groupes de migrants en perdition ; des images plus ambivalentes encore de solidarité entre des nantis et des étrangers en situation de détresse (le soutien de vedettes du spectacle aux luttes des « sans-logis »). Ainsi, dans une oscillation entre des effets de différence et d’assimilation, d’exclusion et d’idéalisation, c’est à un ensemble de plus en plus hétérogène et diversifié d’images de l’étranger que les sociétés du Nord sont confrontées.
À l’origine de cet ouvrage, un colloque organisé en octobre 2010 à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 par quatre responsables (Guy Lochard, Eric Maigret, Michael Palmer, Marie-Dominique Popelard) d’équipes de recherches du CIM (Communication, Information, Médias). Conçu dans un esprit trandisciplinaire, il ne s’agit pas seulement de questionner les logiques de stéréotypie négative portant sur la figure de l’étranger étayées par certains discours médiatiques ordinaires. Prenant en compte tant les images de l’étranger « du dedans » que celles « du dehors », on se propose d’interroger dans leur complexité et leur historicité les processus de construction et de circulation de ces images contradictoires et ambivalentes en se plaçant tant sur un axe diachronique que synchronique et en ouvrant le champ d’observation aux images artistiques autant que médiatiques.
Le texte d’ouverture de Patrick Imbert aide à prendre une distance salutaire avec une vision trop focalisée sur le vieux continent où, à partir du XVIII e siècle, la figure de l’étranger s’est définie négativement par rapport au modèle normatif du citoyen. Nous invitant à déporter notre regard sur les Amériques, il oppose à ce rapport dualiste entre insiders et outsiders, un modèle politique et culturel plus fluide caractérisé au plan artistique par un processus de « caméléonage ».
C’est à ce type d’images que sont pour l’essentiel consacrés un premier ensemble de textes. Avec Anthony Wall, on regarde des portraits dus à un peintre des Lumières, Jean-Étienne Liotard, qui peint des Turcs mais aussi – c’est la mode à l’époque – des Occidentaux et lui-même « en Turcs ». Convoquant Mikhaïl Bakhtine pour conduire une analyse dialogique de l’étranger comme autre que soi, on est loin de l’idée d’un autre familier, tel qu’on pourrait se mettre à sa place, car on manquerait ainsi l’altérité. La notion d’exotopie temporelle, spatiale et culturelle engage à comprendre l’événement de la rencontre avec autrui. L’enjeu d’Anthony Wall consiste à appliquer cette théorie aux images et de manifester qu’elle permet de distinguer de nombreux types d’étrangers.
Autonomes mais liées deux contributions soulignent le poids de l’imaginaire orientaliste. Lydie Dalmais Haine parcourt les représentations faites du Maghrébin entre 1850 et 1950, nourries de l’imaginaire que le photographe occidental construit à partir des images littéraires et picturales. La littérature, et spécialement anglaise autour du Maghreb, contribue au goût pour l’orientalisme, les voyages en Orient, la littérature coloniale connaissent un réel succès. La peinture sait aussi montrer scènes historiques et de conquêtes, ainsi que la vie quotidienne. Ainsi des sujets plus « ethnographiques » sont traités par peinture et littérature, stéréotypant en particulier la femme dans des postures et des habits rappelant l’antique. La photographie servira d’outil documentaire pour les peintres et graveurs avant de revendiquer un statut d’art en empruntant à la peinture compositions et cadrages, et même ses modèles et leurs poses.
Bruno Nassim Aboudrar prend naturellement la suite en relisant le Voyage pittoresque en Algérie de Théophile Gautier pour approfondir la question du voile corporel : le soulever pour dénuder ou le disposer pour dissimuler ? couvrir pour exciter la concupiscence ou pour soustraire au regard ? L’examen de l’esclave et la scène au hammam fournissent des thèmes picturaux privilégiés, faisant voir ce qui n’est précisément pas visible par l’étranger. Voilà qui sera repris par la photographie déshabillant les femmes voilées, fussent-elles femmes-enfants, dans un geste pornographique. Jugé drôle ou pittoresque par les colons, le blanc haïk – vêtement traditionnel plus que religieux – symbolise sans doute une résistance de la part des femmes, dont pourtant certaines s’émanciperont dès la fin du XIX e siècle. La noire burqa a une signification religieuse, même si le Coran ne la prescrit pas.
Deux contributions soulignent enfin, dans cette séquence de l’ouvrage, que la production de la figure de l’étranger dans l’imaginaire collectif emprunte d’autres voies que les images fixes et isolées. Les guides de voyage par exemple allient dès leur émergence textes et images. Catherine Bertho Lavenir rend compte ainsi des résultats d’une étude de trois « proto-guides » de voyage édités aux XVIIe et XIX e siècles à l’intention des visiteurs de Paris. En se penchant sur trois projets de patrimonialisation de sites architecturaux et industriels de Franche-Comté, Noël Barbe et Emilie Notteghem démontrent quant à eux que les enjeux de visibilité des immigrés ne se limitent pas aux seuls modes de représentation visuelle. Ils sont conditionnés par les dispositifs de médiation (brochures, sites Internet) mis en œuvre par des institutions ou des acteurs intellectuels, les intégrant ou les effaçant de la mémoire collective, bloquant ou favorisant chaque fois des effets de reconnaissance de ces populations.
Organisé en collaboration avec l’INAthèque, ce colloque a accordé une place non négligeable au média télévisuel. Comment les émissions d’information mais aussi les fictions télévisées configurent-elles la figure de l’étranger dans différents contextes nationaux europé

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