L imagerie médicale
174 pages
Français

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L'imagerie médicale , livre ebook

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Description

La découverte des rayons X par le physicien Roentgen (1895) génère un bouleversement dans le monde médical : sans effraction cutanée, les intérieurs du corps humain vivant sont rendus visibles. Les techniques d'exploration prennent un essor considérable, devenant un outil diagnostique indispensable mais d'un usage dont la banalisation risque d'en négliger la réflexion. Le corps devenu mathématisable à la culture numérique appliquée aux images ne doit pas nous faire oublier la dimension humaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2013
Nombre de lectures 119
EAN13 9782336661902
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66190-2
Titre
Laurence Briois Vilmont






L’IMAGERIE MÉDICALE

La fabrique d’un nouveau malade imaginaire
Sciences et Société
fondée par Alain Fuchs et Dominique Desjeux et dirigée par Bruno Péquignot
Déjà parus

Olivier NKULU KABAMBA, L’assistance médicalisée pour mourir. Les soignants face à l’humanisation de la mort , 2013.
Jean-Pierre BENEZECH, Une éthique pour le malade. Pour dépasser les concepts d’autonomie et de vulnérabilité , 2013.
Suzy COLLIN-ZAHN et Christiane VILAIN, Quelle est notre place dans l’univers ? Dialogues sur la cosmologie moderne , 2012.
Blanchard MAKANGA, Nature, technosciences et rationalité. Le triptyque du bon sens , 2012.
Béatrice GRANDORDY, Charles Darwin et « l’évolution » dans les arts plastiques de 1859-1914 , 2012.
Ali RECHAM, De la dialyse à la greffe. De l’hybridité immunologique à l’hybridité sociale , 2012.
Simon BYL, La médecine à l’époque hellénistique et romaine. Gallien. La survie d’Hippocrate et des autres médecins de l’Antiquité , 2011.
Simon BYL, De la médecine magique et religieuse à la médecine rationnelle. Hippocrate , 2011.
Raymond MICOULAUT, Le Temps, L’Espace, La Lumière, 2011.
S. CRAIPEAU, G. DUBEY, P. MUSSO, B. PAULRÉ, La connaissance dans les sociétés techniciennes , 2009.
François LAROSE et Alain JAILLET, Le numérique dans l’enseignement et la formation. Analyses, traces et usages , 2009.
Martine QUINIO BENAMO, Probabilités et statistique aujourd’hui. Nouvelle édition 2009 , 2009.
Sezin TOPÇU, Cécile CUNY, Kathia SERRANO-VELARDE (dir), Savoirs en débat. Perspectives franco-allemandes , 2008.
Jean-David PONCI, La biologie du vieillissement, une fenêtre sur la science et sur la société , 2008.
Citation

« Ce ne sont pas les techniques d’exploration qui sont compliquées, ce sont les images. »

Jean-Marie Caillé,
chef de service de neuroradiologie
de l’hôpital Pellegrin de Bordeaux.
INTRODUCTION
La fascination de l’homme par l’image est indéniable. L’organisation de la vie sociale, l’extension de la connaissance ont pu se faire grâce aux supports qui font exister les images. Les grottes, les tablettes d’argile, le sable, le bois, les films argentiques en sont quelques exemples. De l’image est née l’écriture, toutes deux outils de communication. Entre peinture et écriture une relation s’instaure, l’une commentant l’autre.
La science médicale a utilisé la peinture, la photographie puis la radiographie qui a bouleversé l’approche diagnostique. C’est de la rencontre de la connaissance anatomique et du progrès des sciences fondamentales que naît la radiologie. L’histoire de l’imagerie médicale se situe à la croisée des histoires socioculturelle, médicale, industrielle, scientifique ou philosophique et s’inscrit dans la continuité de celle de la photographie. L’imagerie médicale ou « iconographie du vivant 1 » consiste en la réalisation d’images à partir de rayonnements. L’approche diagnostique en a été bouleversée : il n’était plus nécessaire d’attendre la mort pour confirmer une pathologie.
Cette nouvelle discipline puise son pouvoir non dans le contrôle de la vie, mais dans la mise à nu de la vie des intérieurs et, essentiellement, la vie qui va mal. Elle a rendu visible l’invisible du corps, s’évertuant à en maîtriser l’insaisissable. Avec les rayons X, on découvre « qu’il est d’autres représentations du réel que le réel visible 2 ».
C’est une révolution technique mais aussi et surtout une révolution dans notre anthropologie coutumière qui répond à l’avidité de transparence de notre époque. « La surenchère d’un surprenant effeuillage dévoile les tissus, les cellules, éclaire l’opacité du corps sans rien laisser en friches 3 ». Cette fabuleuse technologie offre la possibilité de mettre en images les organes d’un corps et ainsi de les observer in vivo et non plus uniquement sur le cadavre. La dissection n’est plus indispensable pour dévoiler les mystérieux intérieurs fidèlement reproduits sur les planches anatomiques. Les rayons X ont remplacé la palette du peintre.
Une manière nouvelle de regarder va émerger de ce procédé. Il arrive que les images obtenues pointent vers ce qui est représenté, mais qui est absent : la maladie. Ce manque est comblé par le discours, l’interprétation qui analyse, le langage « qui nomme, qui découpe, qui combine, qui noue et dénoue les choses en les faisant voir dans la transparence des mots 4 ». Lisible et visible se tiennent à distance mutuelle dans une relation de complémentarité fondée sur leurs différences : le texte commente l’image qui illustre.
Quel regard porte-t-on sur une image ? Ne fait-on pas abstraction du sujet-modèle-patient ? Devenu objet de science, le corps de ce dernier semble faire obstacle et devenir encombrant. « De ce corps, je ne puis dire ni qu’il est moi, ni qu’il n’est pas moi, ni qu’il est pour moi (objet) 5 ». Il reste toujours une partie inconnaissable du vécu de la personne mise en images et des problèmes de relation, de communication entre imagé et imageur. En témoigne l’échange classique entre le médecin et son patient, tel par exemple, le « on ne voit rien » de l’un des protagonistes, compris comme « vous n’avez rien » par l’autre.
La découverte et l’application médicale des rayons X offrent des points de vue nouveaux sur les corps rendus transparents au regard.
« J’avais beau dîner en ville, je ne voyais pas les convives, parce que, quand je croyais les regarder, je les radiographiais 6 ». Marcel Proust a pointé là parfaitement le sens de radiographier ; acte gommant l’homme sur l’image d’où il semble exclu. Les clichés sont analysés par l’interprète avec une mise à distance de la personne comme lors d’une dissection que raconte Zénon. « Dans la chambre imprégnée de vinaigre où nous disséquions ce mort qui n’était plus le fils ou l’ami, mais seulement un bel exemplaire de la machine humaine, j’eus pour la première fois le sentiment que la mécanique d’une part et le Grand Art de l’autre ne font qu’appliquer à l’étude de l’univers les vérités que nous enseignent nos corps 7 ».
Nous allons en cheminant au fil de l’image, identifier les diverses interactions entre elle, les hommes, les sciences. Au cours de cette déambulation, nous croiserons artistes, savants, philosophes et médecins. Nous évoquerons les bouleversements générés par les rayons X et comment la médecine a été séduite par cette découverte. Les techniques des appareillages n’ont depuis lors cessé d’évoluer, de se diversifier, grâce, entre autres, aux fulgurants progrès informatiques.
Impossible désormais de concevoir la médecine sans l’imagerie qui a pour mission d’extérioriser ce qui est enfermé dans le corps, comme un sculpteur le fait d’un bloc de marbre. « A croire que l’œuvre était déjà enfermée dans la pierre, et que le travail de l’artisan consistait juste à l’en libérer, sans l’abîmer. Comme s’il avait dans l’œil un rayon particulier pour voir à travers le roc 8 ».
1 Philippe Quéau, Eloge de la simulation , Paris, Champ Vallon, 1993, p. 205.
2 Id , p. 186.
3 David Le Breton, Anthropologie du corps et modernité , Paris, PUF, 2008, p. 246.
4 Michel Foucault, Les mots et les choses , Paris, Gallimard, 2002, p. 322.
5 Gabriel Marcel, Etre et avoir , Belgique, Editions universitaires, 1991, p. 15.
6 Marcel Proust, Le temps retrouvé , Paris, Folio, 2007, p. 25.
7 Marguerite Yourcenar, L’œuvre au noir , Paris, Folio, 2001, p. 145.
8 Sophie Chauveau, La passion Lippi , Paris, Folio, 2008, p. 16.
C HAPITRE PREMIER F ONDEMENTS DE L’IMAGERIE MÉDICALE
« Il est vrai qu’une science ne saurait être parfaitement comprise si l’on n’en connaît l’histoire 9 ».
« Toutes les connaissances humaines ont forcément commencé par des observations fortuites 10 ».
La découverte des rayons X a été vécue comme fantastique et a eu un impact fulgurant quasi immédiat sur la société. La médecine a su par la suite utiliser ces rayonnements avec ingéniosité et développer une nouvelle discipline dont l’intérêt reste indéniable.
L’avènement de ces rayons invisibles connut un succès analogue à celui des premières images cinématographiques projetées quelques semaines auparavant par les frères Lumière dans le sous-sol du Grand Café.
I- La découverte de Rœntgen et ses implications
L’histoi

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