La télé dans le rétroviseur
127 pages
Français

La télé dans le rétroviseur , livre ebook

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127 pages
Français

Description

L'auteur, spectateur critique et réalisateur depuis, fait revivre à travers un choix d'articles parus dans les Temps modernes et Politique Hebdo ce qui apparaît aujourd'hui comme une "proto-télévision", avant la pub, le marketing, la multiplication des chaînes ; avec ses réussites, ses échecs et surtout l'écho de ses débats (culturels, idéologiques et politiques).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 299
EAN13 9782296668010
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Télé dans le rétroviseur
Du même auteur


Le Sourire de Léonard, roman, Éditions Le Tout sur le Tout, 1987, Arléa, 1993.
Une ou plusieurs , nouvelles, Éditions Le Tout sur le Tout, 1989.
Lilith dans l’île, roman, Éditions Arléa, 1990 (Prix Astrolabe 1990).
Lettres à un aveugle sur les photos de Robert Doisneau, essai, Éditions Le Tout sur le Tout – Le Temps qu’il fait, 1990.
Aimer en d’autres lieux , nouvelles, Éditions Flammarion, 1997.
La Route de Serendip, roman, Éditions Le Passage, 2006.


Illustration de couverture : Savignac, Défense d’afficher, 1971, © Adagp, Paris, 2009.


© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07549-8
EAN : 9782296075498

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Sylvain Roumette


La Télé dans le rétroviseur

Chroniques inactuelles


L’Harmattan
Collection Audiovisuel Et Communication (AVEC)
Coordonnée par Bernard Leconte

"CHAMPS VISUELS" et le CIRCAV-GERICO (université de Lille 3) s’associent pour présenter la collection Audiovisuel Et Communication (AVEC).
La nomination de cette collection a été retenue afin que ce lieu d’écriture offre un espace de liberté le plus large possible à de jeunes chercheurs ou à des chercheurs confirmés s’interrogeant sur le contenu du syntagme figé de "communication audiovisuelle", concept ambigu s’il en est, car l’audiovisuel – et, faut entendre, ici, ce mot en son sens le plus étendu –, celui de Christian Metz qui inclut en son champ des "langages" qui ne sont ni audio (comme la fresque, , la photographie, le photo-roman ou la bande dessinée), ni visuels (comme la radio).
L’audiovisuel est, on le sait, monodirectionnel, contrairement à ce que tente de nous faire croire ce que l’on peut nommer « l’idéologie interactive ». Or, la communication implique obligatoirement un aspect multipolaire…

dernières parutions
* Jean UNGARO, André Bazin – généalogies d’une théorie, 2000.
* Isabelle JURA, Des images et des enfants, 2000.
* Françoise SOURY-LIGIER, Parle petit, la télé t’écoute , 2001.
* Odile BÄECHLER-BRENET, l’espace filmique, sur la piste des diligences , 2001.
* Nathalie DE VOGHELAER, Le cinéma allemand sous Hitler , l’âge d’or ruiné, 2001.
* Virginie SPIE La télévision dans le miroir , 2002..
* Maguy CHAILLEY, Télévision et apprentissage : l’école maternelle,, √ 2002.
* Bernard LECONTE, Télé, notre bon plaisir, énonciation télévisuelle et pédagogie, 2002.
* Érika THOMAS, Les telenovelas, entre mythe et réalités, 2003.
* Virginie SPIES, La télévision dans le miroir, 2004.,
* Jocelyne BEGUERY, Entre voir et dire – images de l’art à l’adresse des enfants, 2003.
* Jacques DEMORGON, Les sports dans le devenir des sociétés – médiation et médias, 2005.
* Yonne MIGNOT-LEFÈVRE, Communication et autonomie , 2005.
*Yannick LEBTAHI et Isabelle ROUSSEL-GILET, Pour une méthode d’investigation du cinéma de Laurent Cantet – les déplacés, vertiges de soi, 2005.
* Yves ALCA?S, L’atelier selon Luc – réflexions et vie d’un peintre contemporain, 2006.
* Jean-Max MÉJAN, (sous la direction de), Woody dans tous ses états, 2005.
* Jjean-Max MÉJAN, (sous la direction de), Comment parler de cinéma ?, 2005.
* Michel CHANDELIER, Le président des Etats-Unis vu par Hollywood, 2006.
* Jean-Jacques LEBOS, L" â ge d’or de la télévision (1945-1975, 2007.
* Philippe GAUTHIER, Le montage alterné avant Griffith – le cas Pathé, 2008.
A VANT-PROPOS
Fin des années 60. Je regarde la télé sur un poste Pizon Bros, je crois bien que c’est le premier téléviseur portable de l’époque. « Entièrement transistorisé », il est moderne, forcément moderne, ce que confirme son nom américain (bien qu’il soit fabriqué en France). Posé sur une banquette de bois blanc, il est le seul objet technique dans une pièce vide où une malle recouverte d’un tissu africain sert de table basse. Rocking-chairs suédois, luminaire japonais, briques de récupération pour supporter les étagères de bois ciré de la bibliothèque : c’est le décor des Choses de Perec, version cheap.
Regarder la télévision n’est pas si commun à l’époque, du moins pour les gens qui campent dans ce décor : étudiants prolongés, enseignants débutants, militants tiers-mondistes retour de coopération. La médiologie n’a pas encore été inventée, le mot médiatique n’existe tout simplement pas (je crois bien que je serai un des premiers à l’employer à la fin des années 70 dans une tribune du Monde ) . Pour la plupart d’entre nous la télé est simplement associée à des souvenirs de famille et de déjeuner dominical face au gros meuble en ronce de noyer d’où sortent les voix de Zitrone ou de Georges de Caunes.
Il se trouve que ce n’est pas mon cas, la télé – le meuble et la chose – était l’absente du foyer familial, et c’est peut-être ce qui justement l’affecte d’une charge positive et en fait un objet de curiosité, voire de désir. Oui, de désir, même si le mot paraît bien incongru aujourd’hui : le désir d’un territoire à explorer et à conquérir dans le prolongement de ce qui est mon espace naturel : la page blanche. Que le petit écran soit une page, c’est mon intuition première, et c’est ce qui me légitime par rapport à lui. Il y a du livre là derrière, d’ailleurs la télé de ces années-là parle souvent des écrivains, bien plus souvent qu’aujourd’hui. Son espace est intime, meublé de guéridons, de fauteuils et de lampes. Salon ou bibliothèque. Godard le dira à sa manière en notant qu’on baisse les yeux pour regarder la télévision, un peu comme on regarde un livre sur une table, alors qu’on les lève pour regarder le grand écran du cinéma, qui ouvre lui sur un autre espace. Qui fracture l’espace et y ouvre une brèche par où la violence de l’appel d’air aspire le spectateur : disons qu’avec le cinéma la dépressurisation est brutale, alors qu’avec la télé il n’y a pas de danger à rester assis à côté de la fenêtre. Entrouverte plutôt qu’ ouverte sur le monde , comme on disait volontiers alors, c’est une fenêtre qui laisse passer doucement le vent du jardin. La télé des années 60 ressemble encore un peu au monde de Bonnard, et c’est sans doute pour cela qu’il ne paraît pas absurde à un garçon bien élevé, qui a fait Normale plutôt que l’Idhec, de s’intéresser à ce qui s’y passe.
Autre chose est d’y intéresser ceux qui n’ont pas les mêmes raisons de se projeter dans les « étranges lucarnes » et d’être attirés par la pulsation de leur lumière bleue. L’époque n’est pas aux conversations nourries des programmes de la veille devant la machine à café (qui n’existe pas encore). La télé n’est tout simplement pas un sujet de conversation : ses acteurs (journalistes et présentateurs) n’alimentent pas encore les rubriques de la presse people et des suppléments des hebdos de gauche, elle n’est pas encore devenue cette énorme machine auto-référentielle qui se cite et se commente indéfiniment. Ses programmes sont peu suivis ou carrément snobés par le lecteur moyen des Temps Modernes , qui est tout de même la figure qui résume le mieux cette génération. C’est pourtant à lui – c’est-à-dire à moi – que j’entreprends de m’adresser dans le courant de l’année 67, à la suite d’une conversation avec Bernard Pingaud qui est soucieux d’ouvrir l’horizon de la revue à l’air du temps et pourquoi pas à la considération de cette machine dont on commence à soupçonner qu’elle va jouer un rôle majeur, voire le premier rôle, dans l’espace public.
Machine à quoi ? à décerveler ? sûrement, mais pas seulement. L’optimisme progressiste de l’époque incite à prendre au sérieux les quatre piliers fondateurs de la télévision « historique » : éduquer , informer ; cultiver ; distraire. Même s’il m’arrivera un peu plus tard de les détraquer par dérision et pour le plaisir d’un titre de Politique Hebdo (« Distiver, cultraire, édormer et infuquer ») je suis le premier à croire, ou à essayer de croire, aux virtualités éducatives du nouveau médium. Le regard que je porte sur lui est tout entier conditionné par cette posture, qui n’est pas seulement la mienne et qui est la seule à concilier exigence intellectuelle et souci politique, c’est-à-dire à faire de

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