Le téléphone portable et nous
172 pages
Français

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Le téléphone portable et nous , livre ebook

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Description

L'auteur s'attache à comprendre le succès du téléphone portable en s'intéressant aux logiques de l'usage. Grâce à une enquête qualitative, les pratiques sont analysées dans trois sphères, familiale, amicale et professionnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 332
EAN13 9782336258409
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Communication et Civilisation
Collection dirigée par Nicolas Pelissier
La collection Communication et Civilisation, créée en septembre 1996, s’est donné un double objectif. D’une part, promouvoir des recherches originales menées sur l’information et la communication en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large. D’autre part, valoriser les études portant sur l’internationalisation de la communication et ses interactions avec les cultures locales.
Information et communication sont ici envisagées dans leur acception la plus large, celle qui motive le statut d’interdiseipline des sciences qui les étudient. Que l’on se réfère à l’anthropologie, aux technosciences, à la philosophie ou à l’histoire, il s’agit de révéler la très grande diversité de l’approche communicationnelle des phénomènes humains.
Cependant, ni l’information, ni la communication ne doivent être envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants.
Dernières parutions
Philippe J. MAAREK (dir.), Chronique d’un « non » annoncé : la communication politique et l’Europe (juin 2004 — mai 2005), 2007.
Alberto ABRUZZESE, La splendeur de la télévision, 2006.
Arlette BOUZON et Vincent MEYER (dir.), La communication organisationnelle en question : méthodes et méthodologies, 2006.
Philippe VIALLON (Ed.), Communication et médias. En France et en Allemagne, 2006.
Claire NOY, CD-mômes : l’enfant et les technologies éducatives, 2006.
Sébastien GENVO (sous la dir.), Le game design des jeux vidéo, 2005.
Guy LOCHARD (dir.), Les débats publics dans les télévisions européennes, 2005.
Stéphane OLIVESI, la communication selon Bourdieu, 2005.
Serge AGOSTINELLI (sous la dir.), L’éthique des situations de communication numérique, 2005,
Le téléphone portable et nous
En famille, entre amis, au travail

Corinne Martin
Sommaire
Communication et Civilisation Dernières parutions Page de titre Page de Copyright Préface Introduction Première partie - Un objet de médiation avec la famille
1. Un outil de réassurance 2. Un outil de microcoordination 3. Un instrument de contrôle social
Deuxième partie - Le portable comme objet de médiation avec les amis et les relations de travail
4. Le portable et les liens amicaux : un outil d’autonomisation 5. Le portable dans la sphére professionnelle
Conclusion Bibliographie
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanl @wanadoo.fr
9782296029224
EAN : 9782296029224
Préface
Nous sommes étonnés par la consommation massive que font enfants et adolescents du téléphone portable. Déjà, quand celui-ci n’existait pas, les parents étaient agacés par les longs moments de dialogues apparemment filandreux que ces derniers passaient sur le poste familial. Corinne Martin a eu l’excellente idée d’en savoir plus. Grâce à ce livre, elle ouvre des pistes. Elle évite le piège d’une explication par un argument centré sur la technologie qui, seule, dicterait sa loi au moyen de « révolutions » que vanteraient des marchands, toujours prompts à dominer un marché. Elle adopte une problématique de logique de l’usage pour le faire. Je ne rappellerai jamais assez que « logique de l’usage » et « usage » ne se superposent pas ; Corinne Martin le fait très bien. Que veut dire en effet logique de l’usage ? Que l’usage, c’est-à-dire une pratique récurrente, stabilisée pendant un certain temps dans un milieu social déterminé, obéit à une logique paramétrable qu’adoptent les utilisateurs. « Logique » signifie que c’est un comportement cohérent et non pas aléatoire. Ce n’est pas toujours facile à mettre en évidence. Il a fallu, par exemple, du temps pour que les psychologues qui observent les très jeunes enfants comprennent que ceux-ci ne jettent pas tout ce qui leur tombe sous la main pour s’en débarrasser mais pour apprécier par l’expérience l’espace qui les environne. « Paramétrable » signifie que ce comportement a des paramètres, c’est-à-dire des variables qui peuvent prendre diverses valeurs essentiellement qualitatives. Dans la définition que j’ai proposée de la logique de l’usage, (Jacques Perriault, 1989, La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer, Paris, Flammarion), j’incluais initialement comme paramètres la représentation d’usage, la norme d’usage dans le milieu, la source et la valeur positive ou négative de la légitimation, la fonction accordée par l’usager à l’instrument et l’objectif de l’acte pour lequel il s’en sert. Depuis, la liste des paramètres s’est allongée, mais des combinaisons diverses selon leurs valeurs permettent de qualifier le caractère instrumental ou symbolique de l’acte technique ainsi que l’intention : conformité ou détournement notamment.
Corinne Martin retient de telles variables dans ses enquêtes et en tire d’intéressantes leçons. Elle identifie, dans une période qu’elle prend la précaution de dater, car tout cela évolue très vite, trois principales sphères d’usage. La première est le besoin de rassurer. J’ai souligné cet invariant dans de nombreux travaux et La logique de l’usage devait initialement s’intituler Les machines rassurantes. Pourquoi ? Parce qu’on trouve de façon constante dans les discours des inventeurs la volonté de réguler un déséquilibre par la nouvelle machine à communiquer qu’ils proposent au monde. Ce déséquilibre est très souvent affectif (Graham Bell inventa le téléphone pour s’entretenir avec sa fiancée sourde), beaucoup de journalistes parlèrent au moment de la présentation du téléphone au public d’une machine qui « supprimerait l’absence ». On retrouve cet objectif dans le « T’es où ? » qui a remplacé le « Allô », qui marque aussi le fait que l’interlocuteur lointain n’est plus localisable, comme il l’était avec un appareil fixe. La réponse précise au « T’es où ? » le rassure.
La seconde sphère que propose Corinne Martin est celle de la sociabilité amicale et de la construction de l’identité. Pierre Schaeffer rappelait sans cesse que sans identité clairement perçue par les interlocuteurs, il n’y a pas de véritable communication. Ce couplage que relève l’auteur contribuera-t-il à affirmer l’identité des jeunes ? Voilà une piste de recherche sur le long terme.
La troisième sphère est en fait la réunion de la sphère de la vie professionnelle et de celle de la vie familiale, dont ces portables mettent en péril les étanchéités respectives. Corinne Martin relève — cela est un des points les plus intéressants de sa recherche — un aspect paradoxal du téléphone portable. Censé améliorer la communication (et implicitement : libérer celui ou celle qui s’en sert), cet appareil permet aux hommes de laisser à leur conjointe la charge de gérer à distance la cohésion du groupe familial et reportent ainsi une fois de plus sur elle l’entière responsabilité des rapports familiaux et de la production domestique. Comme quoi l’analyse des logiques d’usage contribue à la meilleure connaissance sociologique des rapports humains.
Que souhaiter ? Sinon que Corinne Martin continue à surveiller les évolutions de ces machines nomades à communiquer et nous informe des évolutions éventuelles, non pas des techniques, mais des gens.
Jacques Perriault
Février 2007
Introduction
En une décennie, le téléphone portable est devenu un objet banal, totalement intégré dans le quotidien de plus de 49 millions de Français 1 . En 1994, ils étaient 803 000 pionniers, soit 1,3 % de la population française équipée, en septembre 2006, ce taux est passé à 81,4 %. Comment expliquer un tel engouement ? Il n’existe pas d’équivalent dans les autres TIC (technologies de l’information et de la communication). Francis Jauréguiberry (2003) note que « seule la conjonction de trois éléments peut expliquer le succès des portables : l’offre technologique à un coût acceptable, le désir d’ubiquité depuis toujours présent et, surtout, l’évolution récente de nos sociétés qui a rendu ce désir d’être “ici et ailleurs” à la fois de p

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