Requiem ou Te Deum pour les médias ?
210 pages
Français

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Requiem ou Te Deum pour les médias ? , livre ebook

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Description

L'auteur analyse les conditions de production de l'information et la marginalisation du citoyen dans ce processus. Il s'interroge sur la crise de confiance aux medias par des citoyens quelquefois désabusés. Quels sens alors pour un journalisme citoyen ou civique, qui prône une démarche alternative ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336384313
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

O UMAR S ECK N DIAYE






Requiem ou Te Deum
pour les médias ?
Copyright























© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73442-2
Citations

« Nos radios en Afrique étaient des instruments d’information pour les tâches à accomplir et non des médias qui suscitent la participation des populations dans le sens d’une promotion des droits de l’homme et de la démocratie ».
« Vu l’évolution de la démocratie au Sénégal, le temps est fortement venu que le contribuable qui paye pour le service public de l’audiovisuel notamment soit également le principal bénéficiaire de ce service ».
Mame Less Camara Journaliste-Analyste politique
« Notre profession va se réveiller avec une belle gueule de bois à force d’accepter des breuvages frelatés ». Pour ne pas en arriver à cet extrême, prenons aux mots le sociologue des médias Jean-Marie Charron, « il manque d’idées, de réflexions, d’espaces de critique pour que se conduise un débat public permanent sur les conditions de production de l’information ».
Yves Agnès a été rédacteur en chef au Monde, chef de rédaction à Ouest France et directeur général du CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes)

« Le grand public ne connaît généralement du journalisme que sa vitrine la plus clinquante. Il ignore, ou du moins sous-estime gravement à quel degré de médiocrité intellectuelle et d’imposture morale est parvenue, sous la conduite de ses “élites” autoproclamées, cette corporation où une minorité privilégiée, brillante et talentueuse, régente avec arrogance et sans compassion excessive une masse de jeunes hommes et de jeunes femmes auxquelles quelques années d’études post baccalauréat sans véritable substance et le passage par les écoles de journalisme ont permis d’atteindre ce niveau officiellement certifié d’inculture branchée et culottée, bavarde et narcissique, que les métiers de la communication, de la relation et de la présentation semblent apprécier et favoriser. Les cadres supérieurs des rédactions et des directions trouvent d’ailleurs dans les insuffisances de formation (tant professionnelle que générale), hypocritement déplorées, de leurs jeunes collègues un argument supplémentaire pour justifier le peu de prix accordé à leur travail et le peu de considération accordé à leur personne. Jamais sans doute cette caste dirigeante n’a mérité autant qu’aujourd’hui l’appellation de “journaille” que lui donnait Karl Kraus ».
Ce texte cité de la préface de « Journalistes précaires, journalistes au quotidien » écrit par Alain Accordo, évoque le statut actuel du journaliste traditionnel
P RÉAMBULE
« Je détournerai mon regard. Ce sera désormais ma seule négation ». Ainsi parlait le simulateur de Bacon.
Moi, je prêterai mes oreilles. Je les prêterai au gazouillement des mots. Je les prêterai à ce logosphère bigarré par la voix des auditeurs anonymes, le silence des lecteurs et le regard des téléspectateurs.
Après la lune de miel sommes-nous en train de traverser le soleil de fiel ?
Les médias font-ils face à un dilemme ? Ils ont promis d’être un ciment pour l’enracinement démocratique, un espace pour construire une citoyenneté active et un écho pour porter loin la voix des couches les plus vulnérables de la communauté. Noble dessein !
Mais que deviennent ces médias sans audience ? L’audience, ce fameux concept dont dépend leur viabilité économique et qui rime avec l’impératif de conquérir les annonceurs ; ce qui impose une démarche marchande, voire opportuniste.
Dès lors, ces deux logiques risquent d’entrer en conflit ouvert.
D’un côté, on perçoit la volonté de faire des médias un outil qui permet aux citoyens de mieux comprendre les enjeux qui les interpellent au quotidien, un outil d’éducation, d’information qui forge les opinions, favorise l’émergence de courants d’expression marginaux et l’affirmation de pôles de contre-pouvoirs.
D’un autre côté, le souci pressant de boucler les fins de mois, l’espoir de caracoler en tête des sondages, les rêves de pouvoir, de puissance et la volonté des promoteurs qui font passer le profit au détriment de la qualité
On peut légitimement se demander si l’information est un bien public ou un produit marchand. Si le lecteur, l’auditeur et le téléspectateur sont des produits à vendre aux annonceurs ou des acteurs du débat démocratique.
Certains n’hésitent pas à affirmer que les médias ne sont rien d’autre que des entreprises qui cherchent la rentabilité ou l’influence sur les tenants du pouvoir politique distributeurs de privilèges de toutes sortes.
L’information devient ainsi une marchandise et un investissement qu’il faut rentabiliser au mieux.
Les journalistes sont-ils alors réduits au statut de simples producteurs de contenus pas toujours rémunérés à la hauteur de leurs performances ? Dans ce cas, adieu l’analyse, l’explication et la critique du monde.
On comprend mieux, dans les grilles de programmes, la place prépondérante du divertissement qui illustre le mépris réel vis-à-vis du public relégué alors dans une position de faire-valoir.
Cette situation crée un hiatus entre la volonté déclarée des médias et la réalité de la gestion quotidienne des entreprises de presse. Ce grand écart ne conduit-il pas à une logique incompatible avec la mission de servir communauté ?
Le citoyen n’est-il pas sacrifié sur l’autel de la recherche effrénée d’audience qui implique une programmation privilégiant principalement l’auditeur ?
Dans le cas de la radio, le citoyen est auditeur, mais l’auditeur n’est pas forcément citoyen. On entend par auditeur, la personne qui n’a pour autre préoccupation que le divertissement. La radio est pour lui un espace de socialisation, Il veut s’intégrer à un monde virtuel, le royaume des ondes.
Il arrive heureusement que le citoyen et l’auditeur se confondent en une seule personne.
Quant au citoyen, il a un comportement d’écoute plus exigeant. La radio pour lui est un cadre d’expression critique, un cadre de réflexion partagée pour mettre en chantier des choix de société. Il veut participer à la transformation du monde réel.
L’auditeur est aujourd’hui utilisé à son insu. Il est mis au-devant de la scène pour des raisons inavouées. La partie que nous développerons plus loin sur la radio comme facteur de socialisation nous permettra de mettre en exergue les types de scènes sur lesquels l’auditeur est appelé à se produire sans toujours comprendre le scénario.
Il faut conquérir l’auditeur, le lecteur ou le téléspectateur, leur faire croire qu’ils sont le centre de toutes les attentions, alors qu’ils sont au cœur de toutes les intrigues. L’accent est mis sur l’information polémique et le ludique. On chasse le croustillant pour l’épater ou l’appâter. On devient inquisiteur, on tend des traquenards pour faire saliver les auditeurs et accroître son audience. Les chiens de garde se transforment en meute de loups auraient dit Halimi.
Au-delà de ce débat, se pose aussi toute la problématique d’une nouvelle forme de médias, plus en adéquation avec nos sociétés en construction démocratique. Des médias articulés sur la participation effective des auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs.
La question est de savoir si les médias nourrissent véritablement cette ambition. Si oui, en ont-ils les moyens ?
Par ailleurs, le journaliste est-il encore un chien de garde de la démocratie ou plutôt un chien de garde des intérêts économiques des promoteurs d’entreprises médiatiques.
En effet, la fonction toujours présumée du journaliste est de promouvoir le débat démocratique autour des aspirations du public, de favoriser un espace politique critique, d’organiser une prise de parole sur les choix collectifs de société et décider du sens à donner à l’avenir commun.
Que reste-t-il de cette noble mission ?
Nous verrons que beaucoup d’obstacles pourraient

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